La régulation de la charge de travail : la grande oubliée du management
Notion floue pour certains, relative uniquement à la santé ou purement juridique pour d’autres, et trop souvent assimilée à la surcharge ou au burn-out, la charge de travail ne bénéficie pas de toute l’attention qu’elle mérite de la part des entreprises. Pourtant sa régulation est un véritable enjeu de performance. Il s’agit de rien moins que de mettre en adéquation les objectifs de l’entreprise et les moyens qu’elle donne à ses employés et à ses manageurs pour les atteindre.
Les moyens en question vont du nombre de salariés dédiés à un projet aux délais de réalisation en passant par les outils, les méthodes, l’équipement nécessaire, etc. Un logiciel mal paramétré, et c’est la frustration des utilisateurs qui ralentit le traitement des dossiers ; une formation à une nouvelle organisation du travail bâclée ou mal conçue, et le désengagement s’installe ; une ligne de production conçue sans solliciter ceux qui vont y travailler, et le nombre de pannes ou d’erreurs augmente…
La notion de charge de travail est apparue dans le code du travail au début des années 2000. En 2001, la loi Aubry fait obligation aux entreprises de l’évaluer régulièrement pour les salariés au forfait jour. Au fil des années, le principe de charge de travail et de sa régulation est un peu passé sous le radar au profit de sujets plus ciblés comme les risques psychosociaux, le droit à la déconnexion ou la qualité de vie au travail. Il est revenu sur le devant de la scène en 2020 avec la pandémie de Covid-19 et le recours massif au travail à distance, qui a mis en exergue les questions de productivité et d’équilibre vie professionnelle-vie personnelle pour éviter les burn-out.
Une définition précise
Précisément, la charge de travail désigne les ressources physiques, mentales et cognitives sollicitées pour accomplir une tâche. Bien que l’on parle parfois de charge raisonnable, perçue ou ressentie, elle trop souvent traitée sous le seul angle quantitatif comme lorsqu’on parle de « sur » ou de « sous-charge ».
Pour l’observer et pouvoir suivre sa régulation dans les entreprises, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a élaboré un modèle qui en distingue trois composantes : la charge prescrite, la charge réelle et la charge vécue.
La première désigne ce que le prescripteur demande à l’employé de réaliser, le travail à faire ; la deuxième correspond aux conditions, aux outils mis à disposition et à la façon de faire ce travail ; la troisième enfin, plus subjective, est la perception par le salarié de ce travail et de sa réalisation.
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