« La Provence » prévoit 18 licenciements économiques
A quelques minutes d’entrer en comité social et économique (CSE), jeudi 5 novembre après-midi, la direction de La Provence s’est vu remettre une motion de défiance. Un texte énergique, apporté en réponse de l’annonce, le 22 octobre, de la prochaine mise en œuvre de deux procédures de licenciement pour raisons économiques de neuf personnes en deux exemplaires : l’un, pour la société éditrice La Provence, l’autre, adressé à la régie du groupe, La Provence Media. Consultés, les élus doivent rendre leur avis, purement consultatif, le 23 novembre au plus tard.
« De nombreux collègues de la rédaction, et au sein de l’entreprise, ont dit être choqués, abasourdis par cette procédure inhumaine, abjecte et brutale », s’insurgent les 124 signataires (sur 182 journalistes en CDI) de la motion. Au-delà de ce plan de licenciement économique, le premier depuis 1997, c’est la manière dont l’information a circulé qu’ils fustigent. « Tandis que les élus du CSE sont tenus à la confidentialité, détaillent-ils, des médias ont publié dès le lendemain qu’il s’agissait de quatre cadres de la rédaction en chef. Aucun démenti n’a été fait par la direction, et la rumeur ne fait qu’enfler depuis. »
Evénementiel à l’arrêt
La hiérarchie du journal se résumerait à la seule personne du directeur des rédactions, Guilhem Ricavy, sans qu’« aucun plan cible de réorganisation » n’ait été présenté pour pallier les manques, blâme Audrey Letellier, déléguée syndicale SNJ, majoritaire dans l’entreprise. Contacté, le PDG Jean-Christophe Serfati n’a pas souhaité faire de commentaire.
Ces annonces interviennent au moment où le deuxième confinement s’apprête à tendre un peu plus une situation économique déjà compliquée. Selon plusieurs sources internes, la direction anticiperait des pertes d’environ sept millions d’euros en 2020, après en avoir perdu 2,8 millions l’an dernier. Comme au printemps, les éditions régionales sont de nouveau passées de 10 à 6, tandis que les difficultés de la distribution de la presse nationale dans la région de Marseille, consécutive à la liquidation de Presstalis, n’aurait pas permis au quotidien régional d’en tirer parti pour lui-même. Enfin, la crise sanitaire a sévèrement touché la partie événementielle du groupe, pratiquement à l’arrêt. Autant d’inquiétudes que la mise en liquidation de l’actionnaire majoritaire de La Provence, Groupe Bernard Tapie, le 30 avril 2020, ne permet pas d’apaiser.
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