« La Nouvelle Peur des autres » : Etes-vous un anxieux social ?
Le livre. « Imaginez qu’en rentrant dans cette salle, vous vous aperceviez soudain que vous êtes tout nu. (…) C’est ce que vivent, avec plus ou moins d’intensité il est vrai, les anxieux et les phobiques sociaux. » Voici quelques années, la présidente de l’Association américaine des troubles anxieux avait saisi, avec ces mots, l’assistance d’un Congrès mondial de psychiatrie. Et mis le doigt sur les douleurs intenses que peuvent ressentir les personnes touchées par l’anxiété sociale, sans que leur entourage le remarque forcément.
De fait, cette peur du regard et du jugement d’autrui qui se décline en trac, timidité ou phobie sociale, peut handicaper lourdement ceux qui la subissent. Dans les cas extrêmes, elle envahit tous les compartiments d’une vie où des efforts démesurés sont déployés pour éviter tout contact.
Cette anxiété sociale est l’objet d’un essai mené par trois psychiatres, Christophe André, Patrick Légeron et Antoine Pelissolo, La Nouvelle Peur des autres (Odile Jacob), qui explorent ses manifestations, ses ressorts, mais aussi les moyens de s’en libérer (médicaments, psychothérapie). Ce faisant, ils mettent en lumière combien cette crainte d’autrui peut peser sur la vie professionnelle des personnes concernées.
L’angoisse de s’exprimer en réunion, de s’affirmer et d’imposer ses vues à des prestataires ou même l’appréhension d’échanges informels autour de la machine à café… Cette peur des autres peut se manifester en de multiples occasions, jusqu’à influer les choix de carrière des personnes touchées. Ainsi, « 58 % des employés disent appréhender d’occuper un poste de direction par peur de devoir s’exprimer en public », expliquent les auteurs. De quoi pousser certains salariés à décliner une promotion.
Usage à double tranchant
D’autres professionnels ont ressenti le besoin d’adapter leur carrière : « Des médecins phobiques sociaux optent ainsi pour une spécialité qui ne les oblige pas à discuter avec leurs patients, comme l’anesthésie ou la radiologie », indiquent les auteurs, citant aussi le cas de ce « professeur d’histoire qui finit par renoncer à son métier pour travailler comme vigile de nuit dans une grande usine, seul moyen de ne pas se rendre quotidiennement malade en affrontant élèves, parents et collègues ».
L’époque ne facilite pas les choses pour les anxieux sociaux. Si les technologies peuvent parfois constituer un refuge, leur usage est à double tranchant, rendant les interactions physiques plus rares… Et plus angoissantes. Nombre de salariés ont d’ailleurs eu des difficultés à reprendre une activité professionnelle en présentiel après les périodes de confinement, « ayant perdu l’habitude des confrontations directes et des prises de parole lors de vraies réunions ».
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