La lingette, « nouvel accessoire de travail », déjà polluant

La lingette, « nouvel accessoire de travail », déjà polluant

Un employé nettoie les chaises du Sénat entre chaque audience, le 6 mai à Washington.
Un employé nettoie les chaises du Sénat entre chaque audience, le 6 mai à Washington. JONATHAN ERNST / POOL / AFP

Carnet de bureau. Au début de la crise, la lingette a été la planche de salut des salariés envoyés au travail sans protection sanitaire ou presque. « Mon chef devait me donner des gants, mais quand il est venu me voir, il n’en avait pas : il m’a seulement fourni des lingettes », témoignait ainsi un technicien de maintenance fin mars. C’était aussi le talisman des employés de bureau, qui gardaient leur pochette de lingettes à portée de main pour se protéger d’un virus encore trop mal connu.

Dans une enquête publiée le 21 avril, l’UFC-Que choisir signalait les premières ruptures de stock : 55 % des références de lingettes désinfectantes avaient disparu des supermarchés. En quatrième semaine de confinement, elle était le deuxième produit que s’arrachaient les consommateurs après le gel hydroalcoolique.

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Au fil des semaines, dans les entreprises, la sécurité sanitaire s’est progressivement organisée, et la lingette a gagné son droit de cité. Elle a été officialisée par le ministère du travail, comme équipement de protection individuelle pour assurer les gestes barrières, au même titre que le gel hydroalcoolique. « Pour le nettoyage des téléphones, des stylos et du matériel informatique (a minima en début et fin de poste pour chaque opérateur) », précise le ministère.

Intégrée aux kits sanitaires

Depuis le 11 mai, elle accompagne le déconfinement. Au bureau comme sur les chantiers, elle est intégrée aux kits sanitaires individuels fournis par de nombreuses entreprises. Mise à disposition des salariés, des formateurs, des stagiaires, des commerciaux se rendant chez les clients, bref de tous les utilisateurs potentiels. Elle sert évidemment d’élément de preuve pour l’employeur qui remplit sa responsabilité juridique d’assurer la sécurité physique de ses salariés. Même si la préoccupation première du salarié est d’avoir l’esprit à ce qu’il fait. Les syndicats rajouteront que l’entretien n’est pas de son ressort.

La lingette est bel et bien devenue le nouvel accessoire de travail. Les responsables achats peuvent même en commander des modèles personnalisés aux couleurs de l’entreprise, pour entretenir la marque employeur. Les génies du marketing n’ont pas perdu de temps pour proposer des kits complets avec logo.

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Mais la popularité donnée à ce qui n’était hier qu’un vulgaire produit de nettoyage inquiète le Centre d’information sur l’eau (CIEau), qui tire la sonnette d’alarme dans son communiqué du 13 mai : « Le recours aux lingettes désinfectantes et aux masques jetables s’est amplifié, avec des effets néfastes sur les réseaux d’assainissement et sur notre environnement. »

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