La Fondation Aventinus rachète le quotidien suisse « Le Temps »

La Fondation Aventinus rachète le quotidien suisse « Le Temps »

Rassemblement, en 2017, à l’occasion de la suppression du magazine « L’Hebdo » par le groupe Ringier Axel Springer, également propriétaire du « Temps ».

C’est une première en Suisse. Une fondation à but non lucratif s’est emparée, mardi 3 novembre, du quotidien Le Temps, titre de référence de la presse francophone en Suisse, en grande difficulté financière depuis de nombreuses années. Il luttait pour sa survie dans un contexte publicitaire déprimé et sur fond de chute continue de son nombre d’abonnés – estimé à 20 000, deux fois moins qu’il y a cinq ans –, sans compter que, dans la Confédération, les ventes en kiosque sont traditionnellement anémiques.

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Récemment, le journal a certes amélioré son offre en ligne, mais sans parvenir encore à attirer un nombre d’abonnés suffisant pour changer de modèle d’affaires. Pour l’instant, il n’en compte que 14 000. Pire, avec le SARS-CoV-2, les rentrées publicitaires ont encore chuté de 80 % au premier semestre dans la presse romande. Urgente pour pouvoir sauver le patient, l’opération de rachat était en cours depuis près d’une année, mais il a fallu des mois pour dénouer les fils d’une négociation complexe entre la Fondation Aventinus et le propriétaire du journal, le groupe Ringier Axel Springer, coentreprise entre le premier éditeur helvétique (Ringier), installé à Zurich, et le géant berlinois (Axel Springer).

Ni le montant de la transaction – estimé par la Radio télévision suisse à 6,5 millions d’euros – ni le montant de la dette reprise au passage ne sont connus, quand bien même le président de la Fondation Aventinus, l’ex-ministre genevois François Longchamp, a précisé que l’un des objectifs du nouvel équipage était « la transparence ».

Trouver un modèle

Pour Le Temps, c’est plus qu’un bol d’air, presque une intervention divine. Comme l’ensemble des titres de presse du pays, il vivait sous la menace permanente de plans sociaux successifs, alors que la pression, sur la rédaction, de l’éditeur, obsédé par le rendement et les marges bénéficiaires, n’avait jamais cessé. « L’objectif financier n’est pas prioritaire, confirme M. Longchamp, mais cela ne veut pas dire que la fondation est un puits sans fond. Nous demanderons aux équipes d’établir un projet qui corresponde à un budget établi, et qui doit surtout trouver son marché et son public. Nous ne voulons pas subventionner le journal d’une génération qui s’en va, mais développer un titre ambitieux. »

Lancée en 2019, la Fondation Aventinus est abondée par trois autres fondations. Elle a pour objectif d’aider une presse indépendante et de qualité. Derrière elle, on retrouve les fondations genevoise Hans Wilsdorf (montres Rolex) et vaudoise Leenaards (vieille fortune belge du « roi de la capsule de bouteille » installé à Lausanne il y a des décennies), ainsi que la Fondation Jan Michalski, de Vera Michalski, une héritière du groupe pharmaceutique Hoffmann-La Roche, à Bâle, elle-même propriétaire du groupe d’édition Libella. En plus d’Aventinus, cinq banquiers privés genevois, désireux de garder l’anonymat, participent à l’opération.

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LJD

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