La filière nucléaire veut recruter de 10 000 à 15 000 personnes par an jusqu’en 2030
« Cherche soudeurs désespérément. » Comme de nombreux autres secteurs d’activité, mais avec des conséquences encore plus sensibles en pleine crise de l’énergie, la filière du nucléaire compte aujourd’hui de nombreux métiers en tension, dans lesquels elle peine à recruter.
Une situation doublement problématique, alors qu’EDF doit répondre aux besoins de son parc de centrales existant – en proie à des problèmes de corrosion –, tout en menant à bien, en parallèle, son projet de construction de six nouveaux EPR, dits « EPR2 », avec une option pour huit supplémentaires, selon la feuille de route présentée par le président Emmanuel Macron, en février.
Dans ce contexte, explique la compagnie nationale, le secteur souhaite recruter, sur la période 2023-2030, un minimum de 10 000 à 15 000 personnes par an, au lieu des 5 000 annuels entre 2019 et 2022. « Un salarié sur deux qui travaillera dans la filière en 2030 n’y travaille pas aujourd’hui, donc il y a un challenge majeur d’attirer, de former, de recruter, d’accélérer l’expérience et les compétences des nouveaux arrivants », a déclaré Alain Tranzer, délégué général à la qualité industrielle et aux compétences nucléaires d’EDF, lors d’une conférence de presse, mardi 15 novembre.
Le programme « Match »
« Je crois qu’il n’y a pas d’autre grande filière industrielle qui ait (…) autant d’augmentation de charges dans les années qui viennent », a-t-il ajouté. De son côté, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire évoque 10 000 recrutements annuels. Il a mis sur pied un programme, « Match », un outil qui vise à l’adéquation entre les besoins et ressources du secteur dans plus de 80 métiers, et dont les conclusions sont prévues pour mars 2023.
S’agissant des projets d’EPR2, le site de Penly (Seine-Maritime), envisagé pour construire la première paire de nouveaux réacteurs, pourrait représenter, s’il franchit les étapes du débat public et s’il obtient le feu vert parlementaire, 7 500 salariés lors de son pic d’activité, en 2029. « Si la décision [politique] est prise rapidement, on table sur la possibilité de commencer les travaux préparatoires sur ce site à la mi-2024, pour une mise en service à l’horizon 2035-2037 », a détaillé Gabriel Oblin, le directeur de projet pour les réacteurs nucléaires EPR2.