La difficile équation des congés payés 2020
Carnet de bureau. L’accumulation des congés payés tourne au casse-tête. Début octobre déjà, l’AP-HP adressait une note à ses responsables des ressources humaines pour annuler la majorité des congés payés programmés. En compensation, le personnel mobilisé pour faire face à l’épidémie serait rémunéré au tarif des heures supplémentaires.
A l’image de l’AP-HP, de très nombreuses entreprises publiques et privées sont mises en difficulté en cette fin d’année par les jours de congés payés non pris, à cause de la crise sanitaire. « Il n’y a pas une entreprise qui ne soit confrontée au problème de report. Entre 5 % et 10 % ont des soldes de jours importants », estime Aymeric Hamon, directeur associé du département de droit social du cabinet d’avocats d’affaires Fidal.
Le Covid-19 et l’ordonnance du 25 mars ont produit cette bombe à retardement. Pour soutenir la reprise durant le déconfinement estival, les employeurs ont pu demander à leurs salariés de limiter leurs congés d’été, comme ce fut le cas chez PSA par exemple : « Sur le site d’Hordain, dans le Nord, les congés ont été limités à deux semaines consécutives cet été. C’est compliqué de consommer le reste en fin d’année », reconnaît Olivier Lefebvre, délégué syndical central FO de PSA. « Sur les autres sites, on y arrive bon an, mal an, des congés ont été pris pendant les périodes d’activité partielle », précise-t-il.
0,4 jour perdu par personne
Les entreprises ont abordé le sujet dès le printemps. PSA, comme d’autres grands groupes, a multiplié par accord collectif les possibilités de solder ses congés : poser jusqu’à cinq jours sur un compte épargne-temps, en donner à des collègues pour leur éviter du chômage partiel, d’autres ont organisé un report exceptionnel sur le premier semestre 2021.
Chez Schneider Electric, le solde était de 10 028 jours au 31 mai. « Contrairement à l’usage maison, on a interdit les reports 2019 sur 2020. Les 14 160 salariés ont perdu en moyenne 0,4 jour par personne », explique Dominique Laurent, le DRH France de Schneider Electric. Avant même l’ordonnance du 25 mars autorisant les employeurs à imposer des jours, « on avait décidé de forcer la prise de congés au printemps, dans l’idée d’assurer la reprise à l’issue du Covid, on espérait reprendre à l’été », témoigne M. Laurent. « Nombre d’entreprises ont fait une note de rappel aux salariés en septembre, les incitant à prendre leurs jours pour ne pas les perdre », se souvient M. Hamon. Mais « on ne voyait pas la deuxième vague arriver », reconnaît Dominique Laurent le DRH de Schneider Electric.
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