La crise du logement « qui s’installe durablement » en France s’accompagnera d’une crise de l’emploi, prédisent les professionnels du bâtiment

La crise du logement « qui s’installe durablement » en France s’accompagnera d’une crise de l’emploi, prédisent les professionnels du bâtiment

Sur un chantier, dans le nouveau quartier de La Cartoucherie à Toulouse, le 13 octobre 2022.

Pour rédiger la lettre ouverte qu’ils ont adressée au président de la République, lundi 15 mai, et le communiqué qui l’accompagne, les professionnels de la construction et de l’immobilier n’ont pas lésiné sur l’emploi des adjectifs et des adverbes. C’est qu’ils ont déjà mal pris le report des conclusions du Conseil national de la refondation logement, dont ils attendent, après des mois de concertation, de « puissantes mesures d’urgence » pour faire « face à la crise du logement qui s’installe durablement dans notre pays ».

La présentation des arbitrages programmée le 9 mai a été reportée au 5 juin. Alors, quand, dans un entretien donné à Challenges, Emmanuel Macron a appelé, le 10 mai, à une nouvelle « conférence des parties » pour répondre à cette « crise multifactorielle », tous ont bondi. « L’heure n’est plus aux constats, aux atermoiements ni aux hésitations. Quand l’Etat prendra-t-il la véritable mesure du risque de bombe économique, sociale et sociétale ? », tempêtent-ils.

La Fédération française du bâtiment (FFB), les promoteurs, les syndicats de l’immobilier se disent découragés, exaspérés, et brandissent désormais la menace de l’emploi pour être entendus. Mi-avril, lors d’une conférence de presse, Olivier Salleron, le président de la FFB, prédisait déjà un avenir sombre : « Dans le logement neuf, la crise est amorcée. » Depuis 2020, le nombre de permis a chuté. « Or l’avantage, dans le bâtiment, c’est qu’on sait trois ou quatre ans à l’avance ce qui va se passer. » Ces derniers mois, tout s’est accéléré. Dans ce contexte, sans aides supplémentaires, avec des conditions de crédit aussi tendues, la FFB prévoit une production en recul de 4 % entre 2022 et 2025, et la destruction de « près de 100 000 postes ». Voire « 150 000 » « dans les prochains mois », est-il écrit dans la lettre au président.

Le gouvernement tarde à rendre ses arbitrages ? Les professionnels redisent les « mesures applicables immédiatement et puissantes », qui, selon eux, devraient être mises en œuvre. Et de citer, en vrac, l’allégement des contraintes bancaires, le rétablissement du prêt à taux zéro dans sa version antérieure, celle du dispositif Pinel, « avant son verdissement », complète Olivier Salleron. En matière de rénovation énergétique, les moyens doivent être « à la hauteur des enjeux et des ressources des ménages », sinon, il faudra « assouplir le calendrier » imposé par la loi climat et résilience de 2021, préviennent-ils. Lundi 15 mai, dans son interview au journal de 20 heures de TF1, Emmanuel Macron n’a, à aucun moment, explicitement abordé la question du logement.

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LJD

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