La chaîne britannique Channel 4 veut « normaliser ce tabou » qu’est la ménopause au travail

La chaîne britannique Channel 4 veut « normaliser ce tabou » qu’est la ménopause au travail

Pour la Journée mondiale de la ménopause, vendredi, elle a présenté un plan pour une meilleure prise en charge de cette période de transition dans la vie des femmes sur leur lieu de travail.

Par Publié hier à 18h27, mis à jour à 09h34

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Bouffées de chaleur, fatigue, irritabilité… Les symptômes qui apparaissent à la ménopause sont connus, mais le sujet reste largement occulté, confiné à la vie privée des femmes. C’est pour briser ce tabou que Channel 4 a annoncé, vendredi 18 octobre, lors de la Journée mondiale de la ménopause, un plan pour une meilleure prise en charge de cette période de transition dans la vie des femmes au sein de la chaîne de télévision britannique.

Dans un communiqué, Alex Mahon, la première femme à diriger la chaîne en trente-sept ans d’histoire, a déclaré : « Channel 4 est dans sa mission [d’information] en normalisant ce tabou, en le rendant plus visible. » Alex Mahon a ajouté qu’elle espérait que cette politique inspirerait d’autres entreprises médiatiques à soutenir les femmes dans leur environnement professionnel pendant ce moment de leur vie où les règles s’arrêtent définitivement.

Horaires flexibles, congés, espace frais

La ménopause intervient entre 45 et 55 ans et en général aux alentours de 50 ans. Ce phénomène naturel survient lorsque les ovaires arrêtent leur sécrétion hormonale (œstrogènes et progestérone) et la formation d’un ovule chaque mois. On dit que la ménopause est véritablement « installée » lorsque les règles sont absentes depuis une année.

Si chaque femme traverse la période de manière singulière, la ménopause s’accompagne généralement de troubles dits « climatériques » (bouffées de chaleur, sueurs, fatigue…). Une fois la ménopause installée, d’autres troubles peuvent par ailleurs survenir (sécheresse vaginale, troubles génito-urinaires, prise de poids, assèchement de la peau, ostéoporose, troubles cardiovasculaires). Channel 4, qui se veut pionnière, signale ainsi que 59 % des femmes présentant des symptômes de la ménopause sur leur lieu de travail affirment qu’elle a un impact négatif sur leur activité, et un quart d’entre elles estiment que ces symptômes sont handicapants.

La chaîne propose donc à ses collaboratrices des horaires de travail flexibles, des congés payés si les symptômes de la ménopause les empêchent de travailler, l’accès à un espace privé, frais et calme ou encore une évaluation de leur environnement de travail pour s’assurer qu’il ne contribue pas à l’aggravation de leurs symptômes. Enfin, une femme membre de la direction des ressources humaines a été désignée « championne de la ménopause » et la chaîne va organiser des séances d’information pour sensibiliser les cadres à cette problématique. L’objectif est de soutenir « les employées qui éprouvent des symptômes de la ménopause tout en fournissant des conseils aux collègues et aux responsables hiérarchiques sur la façon dont ils peuvent aider celles qui la traversent ».

Sujet tabou en entreprise

Alors que le Japon, Taïwan, la Corée du Sud ou l’Indonésie proposent un « congé menstruel », qui permet aux femmes de prendre un jour de congé payé pour leurs règles, que de plus en plus d’entreprises commencent à tenir compte des contraintes parentales de leurs salariés et investissent dans quelques berceaux pour les enfants de moins de 3 ans, la question de ménopause, elle, reste largement ignorée et taboue dans le monde du travail, comme le notait Le Figaro en 2016. Au Royaume-Uni, par exemple, moins de 5 % des entreprises ont une « politique de la ménopause ». Un paradoxe, alors que le vieillissement démographique constitue une tendance à long terme en Europe.

L’initiative de Channel 4 a eu le mérite d’attirer l’attention sur la question, qui s’invite à présent dans le débat public : lors de sa conférence annuelle, en septembre, le Parti travailliste a annoncé qu’il se fixerait notamment comme objectif d’introduire des aménagements au travail pour les femmes souffrant des effets de la ménopause. Ce plan concernerait toutes les entreprises de plus de 250 salariés.

Mais si Channel 4 veut être en pointe en matière de gestion des effets de la ménopause, il reste un domaine dans lequel elle peut mieux faire : celui de l’écart de rémunération entre hommes et femmes. Au sein de l’entreprise, les deux tiers des plus gros salaires sont des hommes et l’écart de rémunération moyen entre homme et femme était de 28,6 %, en 2018.

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