La Cavale, une des rares librairies coopératives de France

La Cavale, une des rares librairies coopératives de France

A Montpellier, deux libraires et une quarantaine de coopérateurs font vivre un lieu de culture où tous ont voix au chapitre.

Par Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 10h22

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La Cavale, une librairie coopérative à Montpellier.
La Cavale, une librairie coopérative à Montpellier. Librairie La Cavale

Tout est discuté, mis en commun, décidé de façon collective dans la librairie La Cavale à Montpellier, l’une des rares dans l’Hexagone à avoir choisi un statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). « Quand la librairie a ouvert, le 1er décembre 2018, dans le quartier des Beaux-Arts, nous étions 135 à avoir investi un ticket minimum de 20 euros par part sociale, explique Sylvain Bertschy, président et gérant de la SCIC. Nous sommes 370 aujourd’hui. Et dans ce jeune collectif, on est encore contents de se voir ! », se félicite-t-il.

Cela ne va pas de soi. Evoquant un petit phalanstère utopiste digne de Charles Fourier, tout est partagé : le capital, les décisions et les compétences. Au quotidien, deux libraires, Marion Floris et Julien Haution, sont employés à plein temps, mais une quarantaine de coopérateurs s’impliquent aussi directement dans le fonctionnement du lieu. « Pour qu’un jour, La Cavale ne soit pas qu’un lieu de culture aussi mais d’éducation populaire hors les murs », espère M. Bertschy.

« Pour ce type de magasin de 90 mètres carrés, le syndicat de la librairie de France estime que le taux de rentabilité à cinq ans s’élève à 0,3 % », selon Sylvain Bertschy

Entre quatre et trente coopérateurs argumentent et convainquent leurs pairs dans une douzaine de « comités » consacrés au pilotage, à la commercialisation, à la communication, aux demandes de subventions, à la médiation, aux travaux, à l’animation, aux activités hors les murs, à la gestion du fonds et au choix des ouvrages, ou encore à la stratégie et la finance… L’accès aux débats reste libre, selon un principe fort démocratique : chaque coopérateur détient la même voix en assemblée générale, quel que soit le montant de son investissement.

« Je ne prends aucune décision seul », indique le président de la SCIC, dont le mandat sera remis en jeu chaque année. Il a les pieds sur terre, rappelant qu’ouvrir une librairie n’est pas le moyen idoine pour gagner des flots d’or. « Pour ce type de magasin de 90 mètres carrés, le syndicat de la librairie de France estime que le taux de rentabilité à cinq ans s’élève à 0,3 % », précise-t-il…

Ce lieu est né d’une déconvenue. Le propriétaire d’une autre plus petite librairie de Montpellier, L’Ivraie, a décidé de partir en Bretagne sans trouver d’accord avec un repreneur. D’où l’idée d’en créer une nouvelle, de façon collective, grâce à « un tiers de fonds propres, un tiers d’emprunt et un tiers de subventions », détaille Sylvain Bertschy. La librairie propose désormais un choix de 11 000 ouvrages, avec un assortiment très fourni dans les sciences sociales mais aussi de la littérature générale, des livres jeunesse et de la BD. Pour l’heure, La Cavale n’est pas encore rentable, mais son chiffre d’affaires (360 000 euros par an) est en ligne avec les prévisions.

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec France Active
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LJD

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