La BCE s’inquiète des faillites des entreprises et de la fragilité des banques

La BCE s’inquiète des faillites des entreprises et de la fragilité des banques

Que se passera-t-il quand on enlèvera la perfusion inédite dont bénéficie actuellement l’économie ? Mercredi 25 novembre, la Banque centrale européenne (BCE), dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, s’est inquiétée des bulles financières qui gonflent pendant la pandémie et de la fragilité à venir des entreprises et des banques.

Elle craint un scénario du pire, avec une accélération des faillites des entreprises, qui entraînerait à son tour un affaiblissement des banques. « Nous avons évité une crise de liquidités mais le risque est que cela se transforme en crise de solvabilité », avertit Luis de Guindos, le vice-président de la BCE.

Une photographie des risques

A court terme, souligne la BCE, le risque est minime. Le plan d’achat de dette mené par la Banque centrale, et les dépenses exceptionnelles des gouvernements − chômage partiel, prêts garantis par l’Etat, aides d’urgence… − permettent de maintenir les entreprises à flot artificiellement. Mais après, quand les aides seront retirées ?

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Comme toujours, ce rapport n’est pas une prévision, mais une photographie des risques potentiels. Il commence par souligner les conséquences de la brutalité du choc subi depuis le début de la pandémie. La dette des Etats a fait un bond historique. De janvier à septembre, les gouvernements des pays de l’UE ont émis pour 1 000 milliards d’euros de dette, battant largement tous les précédents historiques. Dans le même temps, les entreprises se sont beaucoup endettées, à hauteur d’environ 500 milliards d’euros.

Ce double endettement Etats-entreprises est particulièrement inquiétant dans cinq pays. La Grèce et l’Italie sont exposées à la dette publique, dont le niveau frôle respectivement 150 % et 200 % du produit intérieur brut (PIB). Le Portugal, la France et la Belgique sont (un peu) moins touchés par la dette publique (autour de 120 %) mais la dette privée des entreprises oscille entre 150 % et 200 % du PIB.

« Une réponse continue, forte et ciblée est vitale pour protéger l’économie jusqu’à ce que l’épidémie soit passée », recommande le rapport

Pour l’instant, Etats comme entreprises peuvent continuer à facilement se financer, grâce à l’intervention massive de la BCE. Après une soudaine poussée au printemps, les taux d’intérêt des entreprises sont revenus à leur niveau d’avant-crise sur les marchés. Au risque d’être trop bas ? « Il y a une déconnexion avec les fondamentaux », s’inquiète M. de Guindos. En clair, il craint la création d’une bulle financière, avec des marchés qui prêteraient trop facilement à des entreprises pourtant très sérieusement fragilisées.

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LJD

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