Jeunes cadres fatigués cherchent une heure de sieste : le sommeil, un marché en plein essor

Jeunes cadres fatigués cherchent une heure de sieste : le sommeil, un marché en plein essor

Une à deux fois par semaine, à midi, Julien quitte son bureau, situé dans le quartier de l’Opéra, à Paris. A ses collègues, il dit partir en pause déjeuner. En réalité, le quadra, employé dans une banque, s’engouffre dans un passage couvert et pousse discrètement la porte d’un bar singulier. Il monte à l’étage, s’installe sur un matelas douillet à mémoire de forme… et dort vingt-cinq minutes : « Je suis un adepte de la sieste, elle me permet de reprendre le travail avec une nouvelle énergie. Mais, dans mon entreprise, le sommeil, c’est tabou. Quand il fait bon, je vais dormir sur un banc, au parc. Le reste du temps, je viens ici. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les jeunes de la finance dans la machine de l’« overwork » : « Tu es dans les tranchées avec tes compères »

Ici, c’est le Zen Bar, un espace de détente qui propose à ses clients différentes formules consacrées au repos. On y croise Jennifer Toussaint, 29 ans. Manageuse à la Samaritaine, elle roupille sur le Zen Gravity, un fauteuil en apesanteur avec massage intégré. Ou encore Jade He, 26 ans. Cette comptable vient trois à quatre fois par semaine libérer ses tensions grâce aux vertus relaxantes des pierres de jade chauffées aux infrarouges du lit shiatsu. « Plusieurs de nos clients sont issus du monde de la finance, comme ce dirigeant qui incite ses salariés à venir nous voir, en leur proposant des tarifs préférentiels, pour qu’ils se reposent davantage », se réjouit Virginie Yang, 40 ans.

Au début de sa carrière, la fondatrice du Zen Bar pratiquait la sieste sauvage, à califourchon sur les toilettes de son bureau, ou dans des cabines UV : « Mon dermatologue a fini par s’inquiéter pour ma peau. Je lui ai expliqué que ce n’est pas le bronzage qui m’intéressait, je voulais juste dormir ! Les entreprises proposent des cantines, des salles de sport, mais aucun endroit pour être au calme avec soi-même. »

Où est passée Morphée ?

En 2011, cette ancienne chargée de développement chez Guerlain fonde le premier bar à siestes de France. « On nous regardait comme des extraterrestres. Puis, rapidement, des entreprises nous ont sollicités pour qu’on aide leurs salariés à se reposer », raconte Virginie Yang. Depuis, elle s’est formée à la sophrologie et a aussi lancé le Zen Truck, un centre de bien-être mobile qui s’installe au pied des bureaux, de L’Oréal à BNP Paribas en passant par Renault, Google et EDF.

Si ces entreprises s’arrachent ses services, c’est que Morphée se fait de plus en plus désirer. Une étude publiée par Santé publique France en 2019 montrait que les Français dorment désormais en moyenne six heures quarante-deux minutes par nuit seulement, soit moins de sept heures, la durée minimale recommandée pour une bonne récupération.

Il vous reste 70.42% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.