Grandes entreprises et start-up, je t’aime moi non plus
Le meilleur des deux mondes : c’est ce que recherchent grands groupes et start-up lorsqu’ils décident de travailler ensemble. « Les grandes entreprises rêvent de l’agilité des jeunes pousses et celles-ci veulent se structurer comme les groupes. Chacun des protagonistes voudrait avoir les qualités de l’autre », explique Christophe Garonne, professeur d’entrepreneuriat et directeur du Centre d’expertise Innovation et entrepreneurship de Kedge Business School. Plus de huit groupes sur dix ont d’ailleurs réalisé un programme avec une start-up, selon le baromètre de la relation start-up/grand groupe 2020, réalisé par The Village by CA avec Capgemini.
A travers ces partenariats, « les grands groupes veulent tester de nouveaux produits. Certains sont dans une démarche de veille afin d’anticiper les tendances, tandis que d’autres ont une approche de vente commune permettant ainsi d’accroître la valeur ajoutée dans la relation avec leurs clients » , explique de son côté Marwan Elfitesse, responsable des programmes start-up de Station F, à Paris, un campus qui a abrité plus de 5 000 jeunes pousses innovantes depuis sa création, en juin 2017.
Sur la trentaine de programmes partenaires de Station F, un tiers est porté par de grandes entreprises, dont BNP, Thales, Microsoft, Ubisoft et la Compagnie européenne de gestion par l’informatique décentralisée (Cegid), solutions de gestion cloud pour les professionnels des métiers de la finance, des RH et des secteurs de l’expertise comptable et du retail. La Cegid vient de lancer en octobre son deuxième programme d’accompagnement et de mentorat auprès de sept nouvelles jeunes pousses.
L’importance de la temporalité
« La proximité avec les start-up est dans notre ADN, explique Pierre-Antoine Roy, directeur de l’innovation de la Cegid et chargé du Data Lab, lui-même ancien start-upeur. Nos mentors apprennent eux aussi. Ils découvrent de nouveaux outils, de nouvelles méthodes… Ce qui participe à la transformation de la Cegid. » Pour Hélène Jonquoy, directrice Digital France du groupe Adecco : « Ces partenariats sont pour nous des leviers de transformation afin de répondre aux besoins et attentes de nos clients et de nos candidats, ainsi qu’aux nouveaux usages liés à l’évolution du monde du travail. Nous sommes en veille permanente sur le marché de la HR Tech ».
Côté start-up, ces partenariats répondent, pour reprendre le terme de Christophe Garonne, à un « besoin impérieux » : celui d’accéder aux clients, aux données et aux marchés des grandes entreprises. Selon l’étude « David avec Goliath » 2021 de Raise et Bain & Company, 25 % des start-up interrogées voient dans une alliance avec un grand groupe des opportunités commerciales, 10 % un partage d’expérience et 9 % un renforcement de leur crédibilité.
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