Gilets Jaunes, Un délégué représentatif ?

Gilets Jaunes, Un délégué représentatif ?

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« En France, depuis la loi du 20 août 2008, la représentativité syndicale n’est plus fondée sur le nombre d’adhérents mais sur un pourcentage minimum d’électeurs. »

 

 

L’histoire semble repasser les plats. Car les brûlantes questions posées en décembre 2018 rappellent les débats ayant précédé la loi de la création des syndicats par Pierre Waldeck-Rousseau et votée le 21 mars 1884. En acceptant de « légaliser la classe ouvrière », le ministre de l’intérieur de Jules Ferry leur avait aussi donné un rôle d’encadrement d’éventuelles dérives : leurs statuts, où figurerait le nom des « responsables », devaient ainsi être transmis au préfet et au procureur…

Alors que la critique des syndicats et plus largement des corps « intermédiaires » structurés est tendance, l’éruption des « gilets jaunes » a rappelé leur nécessité : depuis soixante ans, aucune manifestation syndicale n’a entraîné la mort de six personnes, et aucun employeur ne peut négocier avec des contestataires inorganisés.

Que des citoyens ne se sentant pas représentés aient du mal à désigner leurs mandants n’est guère étonnant. Mais si leur mouvement perdure, ils n’échapperont pas à l’exigence d’une « représentation ». D’abord, car il est physiquement et temporellement impossible de négocier avec plusieurs personnes. L’intérêt d’une présence syndicale est de faire la synthèse, hiérarchiser les revendications, expliquer que « Tout, ou rien » mène rarement au succès.

Ensuite, car une multiplication de négociations individuelles conduisant à des résultats différents, surgit la question de l’égalité de traitement, source de nouveaux conflits. Pour ces raisons très terre à terre, à la fin du XIXe siècle, des employeurs ont, pour négocier un accord de fin de conflit, demandé aux grévistes de désigner leurs « délégués du personnel » légalisés en 1936, permettant la signature des très égalitaires « conventions » littéralement « collectives ».

Mais comment choisir ces délégués ? Faut-il privilégier les charismatiques « porte-parole » du mouvement, aujourd’hui les bons clients des journaux télévisés ? Excellente pour populariser les revendications à notre époque où le soutien de l’opinion est essentiel, cette fonction tribunitienne se révèle insuffisante lorsqu’il s’agit de négocier une sortie de crise.

Représentativité

Car, côté puissance publique comme côté employeur, une éventuelle signature comportant des contreparties doit être suivie d’effets. Se pose donc la question de la représentativité réelle des futurs négociateurs, dans notre monde beaucoup moins vertical y compris côté syndical, et dominé par les réseaux sociaux à l’horizontalité offensive : aucune tête ne doit dépasser, et le référendum est permanent.

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LJD

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Violet_ELF Publié le10:40 - Déc 19, 2018

Il faut bien choisir ses délégués pour que les manifestations arrivent aux objectifs sans dégas

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