« Gilets jaunes » : « Augmenter la prime d’activité est plus efficace contre la pauvreté »

« Gilets jaunes » : « Augmenter la prime d’activité est plus efficace contre la pauvreté »

L’économiste Gilbert Cette, à Paris, en 2014.

Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille, évalue les mesures annoncées par Emmanuel Macron pour résoudre la crise des « gilets jaunes ».

Quel jugement portez-vous sur le dispositif annoncé le 10 décembre ?

Ce sont des mesures très fortes. Donner du pouvoir d’achat à des ménages assez contraints financièrement, c’est forcément bon pour la consommation. Il y aura un effet sensible sur le niveau du produit intérieur brut (PIB) en 2019, de l’ordre de 0,2 à 0,5 point selon mes calculs. Cela devrait en partie compenser, ou du moins atténuer, les pertes économiques enregistrées au quatrième trimestre de 2018 du fait des événements.

Seulement, il faudra bien financer ces mesures. Elles devraient coûter entre 10 et 12 milliards d’euros. Soit on passe par la dette, et ce seront nos enfants qui hériteront du problème. Soit on finance par des transferts. Dans ce cas, l’effet brut du stimulus sur le PIB sera amoindri.

Le gouvernement envisage d’augmenter la prime d’activité. Pourquoi agir sur ce levier plutôt que par une hausse du smic ?

C’est, d’une part, plus efficace pour lutter contre la pauvreté, et, d’autre part, non pénalisant pour l’emploi puisque ça n’augmente pas le coût du travail. Aujourd’hui, 19 % des bénéficiaires du smic sont sous le seuil de pauvreté. Parce qu’elle tient compte de l’ensemble des revenus du ménage, la prime d’activité a le mérite de cibler justement ces personnes-là.

La défiscalisation des heures supplémentaires, déjà testée sous Nicolas Sarkozy, s’inscrit dans cette logique ?

L’ancien dispositif avait eu un petit effet positif sur le niveau du PIB, mais un impact défavorable sur l’emploi. Cet aspect devrait être moindre, cette fois, parce que les heures supplémentaires seront toujours soumises aux charges sociales acquittées par les employeurs.

J’ai néanmoins quelques réserves parce que les travailleurs les plus défavorisés n’en profiteront pas. Je pense, par exemple, à la caissière de supermarché qui est à mi-temps contraint. Elle voudrait déjà faire la durée légale, mais ne peut pas. Cette mesure n’est pas appropriée dans un pays en chômage massif.

Quel effet aura la suppression de la hausse de la CSG pour les pensions inférieures à 2000 euros ?

Les retraités les plus défavorisés vont en profiter. Mais cela introduit un seuil, ce qui est toujours problématique. Dans ce cas, une personne qui touche 2 050 euros gagnera in fine moins qu’une autre qui dispose de 1950 euros puisqu’elle devra s’acquitter de la hausse de la CSG.

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LJD

1 commentaire pour l’instant

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iconicET Publié le11:39 - Déc 19, 2018

L’augmentation de la prime d’activité est une meilleur solution qu’une hausse du smic car elle est davantage centrée sur les travailleurs pauvres.

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