Geoffroy Roux de Bézieux : « Il faut rouvrir tous les commerces le plus rapidement possible »
Alors que les commerces jugés « non essentiels » sont de nouveau fermés depuis le reconfinement, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui assure avoir mis en garde l’exécutif, estime que le gouvernement « ne peut pas prendre des décisions en quarante-huit heures », auxquelles les entrepreneurs ne sont « ni préparés ni associés ».
Comprenez-vous la colère qui monte autour de la question de l’ouverture des commerces ?
Je ne suis pas surpris car j’avais prévenu le gouvernement avant la décision. Il y a une profonde colère, un profond désespoir, qui s’est installé chez des centaines de milliers d’entrepreneurs, particulièrement les commerçants qui sont confrontés parfois à des situations kafkaïennes. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en leur imposant ces nouvelles mesures de confinement, on met en péril, dans beaucoup de cas, ce qui constitue leur patrimoine, le travail de toute une vie. Dans certains cas, ils ne se remettront pas de cette crise.
Qu’allez-vous demander au cours de la réunion qui doit se tenir jeudi 12 novembre à Bercy sur le sujet ?
La bonne solution, c’est de rouvrir tous les commerces, le plus rapidement possible. Peut-être avec des conditions sanitaires plus strictes, peut-être avec des jauges à revoir, peut-être avec un système de rendez-vous. Mais on ne peut pas passer le mois de décembre avec des magasins fermés. Ce serait un tsunami économique. Et j’ajoute que l’impact va au-delà des commerces : quand les magasins de jouets sont fermés, ce sont des fabricants qui sont touchés.
A quelle date faut-il rouvrir ?
Le plus important est de donner rapidement un signal, une perspective. Les entrepreneurs ont besoin d’anticiper et d’espoir pour vivre. Il y a un risque que cette colère se tourne vers le gouvernement. Si en décembre, les commerces non alimentaires sont fermés, il sera difficile de maîtriser ce que l’on voit monter.
Ce sera plus difficile pour les restaurants…
Regardez l’exemple de Singapour. Pourquoi ne pas demander aux gens qui veulent aller au restaurant d’accepter d’être géolocalisés ? Il faut qu’on accepte que cette technologie soit mise temporairement au service de la lutte contre la pandémie.
Comment redonner aujourd’hui des perspectives aux entreprises ?
Soyons justes : on a tous été pris de court par l’ampleur de cette deuxième vague. Maintenant, ce qui semble se dessiner, c’est que l’on va devoir vivre et travailler avec le virus jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible. C’est ça la réalité. Le gouvernement ne peut pas prendre des décisions en 48 heures, auxquelles nous ne sommes ni préparés ni associés. Ce qu’on attend de l’exécutif, c’est une stratégie sanitaire et économique de long terme. Dans ce contexte, la parole publique est très importante, et le « stop and go » est dévastateur pour la confiance.
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