Formation des hauts fonctionnaires des missions
Thibaut Guilluy et Stéphanie Goujon, de l’association Le French Impact, suscitent d’arranger une mobilité éducatrice entre haute fonction publique et entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire.
Un air populiste souffle de plus en plus fort, huant nos élites, regardées comme désarmées et débranchées des réalités habituelles du peuple français. Ce discours, très ancré dans notre culture depuis longtemps, a trouvé un récent écho dans les requêtes du mouvement des « gilets jaunes », puis dans le cadre du grand débat national, qui a fait ressortir des interrogations, voire du ressentiment et de la « défiance » (17 %) des citoyens vis-à-vis de notre haute administration, dont les préjugés privilèges et les rétributions ont fini par porter la suspicion sur leur sens de l’intérêt général.
Le procès intenté est excessif et abusif en regard de l’abnégation et de l’honnêteté d’une grande majorité des serviteurs de l’Etat, mais il traduit une coupure dangereuse et accentuée avec une technocratie jugée insolente et fermée sur elle-même.
Fautif ou bouc émissaire, l’énarchie a vu son scalp offert par le président de la République au peuple qui semblait le supplier. La cession de l’Ecole nationale d’administration est une bannière forte et les symboles comptent. Mais elle n’apaisera pas à retisser de la confiance et à renouer le fil entre la haute administration républicaine et les citoyens au service desquels elle est admise agir. Alors, comment incarner le renouveau ? Quels leviers pour poursuivre demain à former des élites mais qui soient entièrement connectées avec les réalités de la société française ?
Alors que notre cohérence sociale est tourmentée, trois pistes d’actions concrètes devraient être aperçues pour rapprocher la haute fonction publique avec les citoyens.
Très faibles intérêt et inventivité
La première vise à remplacer une culture de l’action et de la solution à la culture du contrôle actuellement prédominante. Comment ne pas s’étonner que la France oriente régulièrement ses meilleurs élèves vers des corps – l’Inspection des finances, le Conseil d’Etat, la Cour des comptes – dont la mission première est d’ordonner des normes ?
Nous avions certainement besoin de normes et de contrôle dans la société des « trente glorieuses », mais, actuellement, elles viennent dans bien des cas brider l’innovation. Or, les rapports du jury de l’ENA dirigent, chaque année, cette réalité : les candidats se distinguent tous par la rigueur de leurs références et la célérité de leur raisonnement, mais aussi par une curiosité et une inventivité très faibles. Pour récapituler, tous pensent très vite, mais peu raisonnent différemment.