Face à l’inflation, les augmentations générales sont au centre des négociations avec les DRH
Comment l’entreprise, elle-même touchée par l’inflation, peut-elle répondre à la baisse de pouvoir d’achat de ses salariés ? Une vingtaine de responsables des ressources humaines ont partagé leurs réponses à cette question centrale, mardi 11 octobre à Paris, à l’occasion des Rencontres RH, rendez-vous mensuel de l’actualité du management organisé par Le Monde, en partenariat avec ManpowerGroup et Malakoff Humanis.
En introduction, Mathieu Plane a dressé un tableau macroéconomique du climat actuel : un « choc inédit, lié à la crise Covid, à la reprise très forte qui a suivi, puis à la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le marché de l’énergie », a résumé l’économiste, directeur adjoint du département analyse et prévisions de l’Observatoire français des conjonctures économiques.
La résultante est connue de tous : une hausse généralisée des prix, durable, qui coûte, selon le chercheur, 3 points de produit intérieur brut à la France. Et si l’Etat absorbe une partie de ces coûts, « il reste 30 à 40 milliards d’euros : est-ce que les entreprises doivent voir leurs marges réduites, ou les salariés voir leur salaire ne pas augmenter autant que l’inflation ? ».
La question vue sous ce prisme, c’est bien un rapport de force qui apparaît entre salariés et employeurs, et qui se tend inexorablement. Si les salaires augmentent de façon significative, avec une hausse du salaire mensuel de base de 3,1 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2022, l’inflation dépasse les 5 %, rappelle enfin M. Plane.
Première augmentation générale en dix ans
Pour la rattraper, les augmentations générales sont au centre des négociations annuelles obligatoires (NAO), et la plupart des DRH disent avoir mis les moyens à ce sujet depuis un an. Dans l’industrie agroalimentaire, au Groupe Bel, « sur la NAO du début d’année, on a déjà doublé notre budget d’augmentation, et on a repris les échanges en septembre », explique Jérémy Sourd, responsable performance et coordination RH.
Chez SFIL, banque publique du groupe Caisse des dépôts, une augmentation générale a été décidée, la première en dix ans d’existence (combinée à des primes), dérogeant à une tradition d’augmentations individuelles considérables. Pour conserver ses collaborateurs, le cabinet de conseil Wavestone dit avoir opéré une refonte complète de sa grille des salaires à l’été 2022.
A mesure que les responsables s’expriment, il apparaît que les situations sont hétérogènes, et que toutes les entreprises n’ont pas les mêmes enveloppes à disposition, comme en témoigne Solène Hébert, DRH d’Harmonie Mutuelle : « On nous demande d’agir sur le salaire en tant que tel, mais Harmonie ne pourra pas tout financer cette année… » Tous s’accordent sur une stratégie des petits pas, où les augmentations se succèdent tous les trois ou six mois.
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