Face à la grève de ses salariés, Boeing annonce réduire ses dépenses et envisage du chômage technique

Face à la grève de ses salariés, Boeing annonce réduire ses dépenses et envisage du chômage technique

Des salariés de Boeing en grève brandissent des pancartes, le 15 septembre 2024, près de l’usine d’Everett (Washington).

Le constructeur aéronautique américain Boeing, touché depuis le 13 septembre par une grève paralysant notamment la production du 737 MAX et du 777, a annoncé, lundi 16 septembre, réduire ses dépenses.

Selon son directeur financier, Brian West, l’avionneur a décidé de geler tous les recrutements ; il se prépare à réduire « de manière importante » les dépenses d’approvisionnement et il envisage de mettre en place « dans les prochaines semaines » des mesures temporaires de chômage technique.

« Nous travaillons de bonne foi pour parvenir à un nouvel accord de convention collective qui tienne compte des réactions et qui permette à l’activité de reprendre », a rapporté M. West dans un message aux employés. « Cependant, notre groupe traverse une période difficile, a-t-il poursuivi. [Le débrayage] menace notre reprise d’une manière importante. » La direction a pris des « mesures nécessaires pour préserver les liquidités et protéger notre avenir commun », a-t-il déclaré, et pour assurer le financement de la « sécurité, de la qualité et de l’assistance directe aux clients ».

Une « étape difficile »

Boeing a ainsi gelé tous les recrutements et les hausses salariales liées à des promotions, suspendu tous les voyages « non essentiels », supprimé les voyages en première classe et en classe affaires y compris pour les membres de sa direction.

L’avionneur a également mis sur pause toutes les dépenses de conseil, caritatives, publicitaires et marketing, parmi les nombreuses actions déjà entreprises. Par ailleurs, le groupe devrait ne plus passer de commandes liées aux programmes du 737, du 777 et du 767 qui sont fabriqués dans les usines de Renton et d’Everett, dans la région de Seattle (Etat de Washington), dont la production est à l’arrêt depuis vendredi.

M. West a ajouté que le groupe envisageait une « étape difficile » : la mise en place « dans les prochaines semaines » de mesures temporaires de chômage technique pour de nombreux salariés, responsables et dirigeants. Les négociations entre Boeing et l’antenne locale du Syndicat international des machinistes et des ouvriers de l’aérospatial (IAM) doivent reprendre mardi, sous l’égide d’une médiation fédérale.

Multitude de problèmes de qualité

Les plus de 33 000 adhérents représentés par l’IAM-District 751 (sur quelque 170 000 employés du groupe) ont rejeté, jeudi, le projet de convention collective annoncé le 8 septembre à 94,6 % et approuvé un débrayage à 96 %.

Leur mouvement de grève a entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage dans la région de Puget Sound, paralysant la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d’autant plus problématique pour l’avionneur qu’il encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

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Boeing traverse une situation financière précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production. Les mécontents jugent toutefois la hausse salariale trop éloignée des demandes du syndicat (+ 40 % initialement) et le volet sur les retraites, insatisfaisant.

Boeing fait l’objet d’une supervision accrue depuis un incident en vol au début de janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashs.

La dernière grève chez l’avionneur américain remonte à 2008 et avait duré cinquante-sept jours. Selon la société d’analyse financière TD Cowen, une grève de cinquante jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires.

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Le Monde avec AFP

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