En difficulté, Air Canada suspendu à l’aide sous condition du gouvernement
Dans le rouge, forcément. En présentant, lundi 9 novembre, ses résultats financiers pour le troisième trimestre de 2020, Air Canada a fait état d’une baisse de 86 % de ses revenus par rapport à la même période de 2019, de pertes d’exploitation s’élevant à 785 millions de dollars canadiens (505 millions d’euros) et d’un trafic passagers toujours durement affecté par la pandémie de Covid-19 (– 88 %) en raison des restrictions sanitaires mises en place dans le pays, à savoir une quatorzaine obligatoire.
Air Canada a annoncé l’annulation de la commande de dix appareils 737-8 de Boeing et de douze appareils A220 d’Airbus, afin de parer « aux répercussions sans précédent de la pandémie (…) sur le secteur du transport aérien à l’échelle mondiale et sur Air Canada pour le trimestre, qui est d’ordinaire le plus productif et lucratif pour la société », a déclaré son président, Calin Rovinescu.
Une annulation qui a eu des répercussions immédiates pour l’usine d’Airbus de Mirabel, dans la banlieue de Montréal. Le site a annoncé dans la foulée le licenciement de 200 employés supplémentaires, après s’être déjà séparé, en octobre, d’une centaine de salariés. Par ailleurs, pour amortir la chute brutale du trafic passagers et profiter de l’essor du commerce en ligne, la compagnie entend donner au transport de fret international une importance grandissante, en convertissant de manière permanente des Boeing 767 en avions-cargos.
Si Air Canada a bénéficié, comme de nombreuses entreprises du pays, de la subvention salariale d’urgence mise en place par le gouvernement (75 % du salaire pris en charge par l’Etat), elle a également fait partir près de 20 000 employés (licenciements, départs en retraite non remplacés, mises à pied, etc.), soit plus de 50 % de son personnel. En revanche, la première compagnie aérienne nationale n’a pas obtenu d’aide spécifique, comme cela a pu être le cas ailleurs.
Nécessaire continuité territoriale
Le 8 novembre, le ministre fédéral des transports, Marc Garneau, s’est dit prêt à envisager un tel plan d’aide. Mais il a aussitôt posé deux conditions : « Avant de dépenser un sou de l’argent des contribuables pour les compagnies aériennes, nous veillerons à ce que les Canadiens obtiennent leur remboursement », a-t-il souligné, avant d’ajouter : « Nous veillerons à ce que les Canadiens et les collectivités régionales conservent les liaisons aériennes avec le reste du Canada. »
A ce jour, la compagnie continue en effet de refuser de rembourser 2,4 milliards de dollars canadiens à ses clients dont les vols ont été annulés au printemps en raison de la crise sanitaire, se contentant de crédits à faire valoir sur des voyages ultérieurs. Un refus qui l’expose au risque de devoir faire face à des recours collectifs en justice intentés aux Etats-Unis, avec 3 760 plaintes déjà déposées. Les autorités d’Ottawa n’avaient jusque-là que mollement condamné l’entreprise.
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