En Allemagne de l’Est, le retour au pays des « revenants » signe la fin de l’exode

En Allemagne de l’Est, le retour au pays des « revenants » signe la fin de l’exode

Les « Länder » d’ex-RDA connaissent un timide rebond migratoire, mais restent menacés par un fort déclin démographique pour les prochaines décennies.

Par Publié aujourd’hui à 11h15

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Un ouvrier dans un entrepôt du centre de logistique de l’entreprise de jouets Simba Dickie, à Sonneberg (Thuringe, en ex-RDA), en 2014.
Un ouvrier dans un entrepôt du centre de logistique de l’entreprise de jouets Simba Dickie, à Sonneberg (Thuringe, en ex-RDA), en 2014. Michelle Martin / REUTERS

Marcel Schibull s’était presque résigné à ne jamais revenir vivre dans sa région d’origine. En 2001, les débouchés se faisant rares dans l’Uckermark, une province champêtre du nord du Brandebourg, il avait décroché une place en apprentissage à Bonn, l’ancienne capitale de l’Allemagne de l’Ouest. Mais, après plusieurs années à l’autre bout du pays, il souhaitait se rapprocher de sa famille.

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« En huit ans, j’ai dû envoyer une bonne centaine de CV dans tout le Brandebourg », se souvient le trentenaire. Début 2016, une aubaine se présente enfin : un poste se libère dans un centre social de Prenzlau. Après un long exil, M. Schibull revient dans la ville où il a grandi. Le quotidien régional consacre même un article à ce retour inespéré. « Il plaque son job à Bonn et rentre au pays », titre le Nordkurier.

Les flux se sont inversés

Outre-Rhin, les destins semblables à celui de M. Schibull sont de moins en moins rares. Trois décennies après la réunification allemande, une révolution discrète est en cours. Elle ne se joue pas devant la majestueuse porte de Brandebourg, mais dans les quartiers résidentiels de villes comme Rostock, Potsdam ou Dresde. En janvier, l’Institut fédéral allemand de recherche démographique révélait que, en 2017, l’ensemble des régions d’Allemagne de l’Est avait enregistré, pour la première fois, un solde migratoire positif en provenance des riches Länder de l’ouest du pays.

Après des décennies d’émigration de l’Est vers l’Ouest, les flux se sont donc inversés, avec 4 000 arrivées de plus que de départs, dans les cinq Etats régionaux qui constituaient autrefois la République démocratique allemande (RDA). En incluant Berlin, la différence totale s’accroît à + 14 000. Une situation inédite depuis la réunification. C’est même du jamais-vu depuis la création de la République fédérale d’Allemagne (RFA) et de la RDA, il y a soixante-dix ans. Cette dernière, qui comptait 19 millions d’habitants en 1949, a vu sa population tomber à 16 millions en 1990.

L’unité allemande n’a nullement mis fin à l’exode, bien au contraire

L’unité allemande n’a nullement mis fin à l’exode, bien au contraire. « Depuis 1989, les Länder est-allemands cumulent un solde migratoire négatif de 1,8 million d’habitants », rappelle Susanne Dähner, chercheuse à l’Institut pour la population et le développement de Berlin (BIBE). Après s’être atténuée à partir de 2010, cette tendance s’est finalement inversée en 2017. Ce retournement s’explique par l’amélioration de la conjoncture économique dans l’ex-RDA. Le chômage a fortement baissé, les universités de la région ont acquis une solide réputation et attirent désormais des étudiants de tout le pays et, dans les centres-villes élégamment rénovés, le niveau de vie a sensiblement augmenté.

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