Emploi, marques, gouvernance… les questions que posent la fusion PSA-FCA
L’union à 8,7 millions de véhicules entre PSA et Fiat-Chrysler (FCA), dévoilée mercredi 18 décembre par les deux constructeurs automobiles, ne sera pas concrétisée avant le début 2021. Elle soulève pourtant déjà questions et inquiétudes, à commencer par celle de sa réalisation effective. Le projet traversera-t-il les validations indispensables à sa concrétisation : assemblées générales, autorités de la concurrence américaine et, surtout, européenne ? « En matière d’antitrust nous n’anticipons aucune difficulté particulière », a commenté ce même 18 décembre, Carlos Tavares, le président de PSA et futur patron de la nouvelle entité. Dont acte. Mais d’autres points méritent d’être examinés.
Le projet comporte-t-il des risques pour l’emploi en Europe ?
C’est l’interrogation numéro un en France, en Italie mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni, autrement dit partout où les marques de FCA-PSA ont laissé une trace industrielle historique. Pourtant, les nouveaux mariés l’ont promis : les 3,7 milliards d’euros de synergies générées par cette fusion n’impliqueront aucune fermeture d’usine. Il n’empêche : côté PSA, Force ouvrière, premier syndicat de l’entreprise, a réclamé la création d’un « comité de suivi de la fusion » et « entend obtenir (…) des garanties sur les volumes de production de l’ensemble des sites français ».
Ce n’est pas dans l’Hexagone que la situation est la plus préoccupante, les usines françaises, hors Poissy, tournent à plein régime. En Italie, en revanche, les surcapacités sont fortes. La première priorité est « la question de l’emploi », a déclaré, mercredi, Rocco Palombella, secrétaire général du syndicat italien UILM. « Les usines FCA fonctionnent toutes à moins de 75 % de leur capacité, valeur que l’on considère comme économiquement problématique », explique un consultant.
L’angoisse est palpable aussi au Royaume-Uni où les salariés de la marque Vauxhall, rachetée par PSA en 2017, redoutent que le Brexit ne devienne un prétexte pour rompre la promesse du zéro fermeture. Le syndicat britannique Unite a demandé une « réunion d’urgence » avec les responsables du groupe pour obtenir des « garanties sur l’avenir à long terme sur la fabrication au Royaume Uni ».
L’inquiétude est-elle fondée ? « Avec Peugeot-Citroën, puis avec Opel, à chaque fois, Carlos Tavares a fait la même chose, explique Franck Don, délégué CFTC de PSA. Il a compacté les usines, chassé les dépenses superflues, négocié des accords de modération salariale, le tout avec l’œil rivé sur un indicateur : le rapport entre le coût du travail et la production écoulée. »