« Dès qu’il y a une annonce, 1 000 personnes postulent » : dans le secteur du marketing, le cauchemar des jeunes diplômés
Marie-Valentine, jeune diplômée de l’Essec, devait signer en juillet un CDI à la direction marketing d’un grand groupe hôtelier, où elle avait été en apprentissage pendant les deux années de son master. « Quinze jours avant le début du contrat, ils ont annulé mon recrutement, à cause du Covid-19. Il y a eu un plan de licenciement dans l’entreprise qui a préféré me dédommager financièrement plutôt que de m’embaucher. » Pour Marie-Valentine, comme pour nombre de jeunes diplômés en marketing, la quête d’un premier emploi est devenue un cauchemar.
Frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, le secteur du marketing connaît une perte nette d’emploi depuis le début de la crise. « Face à la contraction de la demande, l’un des premiers réflexes des entreprises a été de couper les budgets dans le marketing et la communication », observe Maurice N’Diaye, coprésident de l’Association nationale des professionnels du marketing (Adetem). Les embauches dans le marketing ne sont donc plus la priorité des recruteurs, a fortiori pour les jeunes diplômés. Les derniers chiffres de l’Agence pour l’emploi des cadres (APEC) sont clairs : entre janvier et septembre 2020, les offres d’emploi dans le marketing ouvertes aux cadres ayant moins d’un an d’expérience ont chuté de 55 % par rapport à la même période en 2019. Une dégringolade brutale pour ce secteur qui figure dans le top 4 des débouchés pour les étudiants des écoles de commerce : 16 % des diplômés 2019 travaillent dans ce domaine, selon la dernière enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles qui date de juin.
« Face à la contraction de la demande, l’un des premiers réflexes des entreprises a été de couper les budgets dans le marketing et la communication », Maurice N’Diaye, coprésident de l’Adetem
De la diminution des offres découle l’augmentation de la concurrence entre les candidats. « Dès qu’il y a une annonce, elle reste deux jours en ligne et il y a 1 000 personnes qui postulent », se désole Charlotte, 24 ans titulaire du master 2 en communication et marketing de l’université Paris-Dauphine, qui cherche un emploi dans le retail marketing (commerce de détail), l’une des activités les plus touchées.
La compétition se vit aussi entre les diplômés des grandes écoles de commerce et ceux d’autres formations en marketing, parfois au détriment des premiers. Marie-Valentine s’inquiète que son diplôme de l’Essec ne la pénalise : « A cause du Covid-19 et des coupes budgétaires, les entreprises semblent un peu frileuses vis-à-vis des diplômés des toutes meilleures écoles. Elles craignent que mes prétentions salariales soient inabordables ou que je les laisse sur le carreau. On m’a dit à deux reprises que je trouverai mieux ailleurs. »
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