Des facteurs font valoir leur droit de retrait par crainte d’être contaminés
La distribution du courrier était maintenue, mardi 17 mars, mais des facteurs ont fait valoir leur droit de retrait partout sur le territoire, estimant que les mesures prises par La Poste sont insuffisantes pour protéger leur santé et celle du public face au coronavirus.
Interrogée mardi matin par l’Agence France-Presse (AFP), la direction de La Poste a fait savoir qu’elle était en train de faire le point de la situation. Elle a précisé que « 1 600 bureaux de poste étaient ouverts mardi » sur 7 740, assurant « les opérations prioritaires : retrait-dépôts d’espèces, mandat cash, retraits de courriers-colis en instance ». « 80 % des factrices et des facteurs, soient environ 55 000, assurent leurs tournées ce jour. L’appareil industriel de La Poste fonctionne normalement [centre de tri pour les courriers et les colis] », a-t-elle ajouté.
Une vingtaine de départements concernés
Des postiers « ont exercé leur droit de retrait à Marseille, Lille, Lorient, Toulouse, Caen, Vitrolles, Paris, Chambéry, Le Mans, Bayonne, Bergerac, Montpellier, Sarlat, en Seine-Saint-Denis, dans le Puy-de-Dôme, l’Aube, la Haute-Normandie, en Gironde, dans le Finistère, le Val-de-Marne, la Sarthe et les Hauts-de-Seine, et la colère monte un peu partout sur le territoire pour les mêmes raisons, certains directeurs locaux tentant de s’y opposer », a affirmé, de son côté, SUD-PTT, qui dénonce « un manque de protection élémentaire ». « A Paris, l’ensemble des fédérations syndicales (CGT, CFDT, FO, SUD-PTT, UNSA, CFTC, CGC) ont dénoncé les pressions exercées sur les salariés dans l’exercice de leur droit de retrait », a déclaré à l’AFP Eddy Talbot (SUD-PTT).
Lors d’une réunion avec la direction des ressources humaines du groupe, elles ont aussi demandé « que les missions indispensables soient redéfinies avant toute chose mais la direction a estimé que toute l’activité devait être assurée », a-t-il déploré, évoquant un « silence au sujet des personnes contaminées ».
« Un paquet de mouchoirs jetables et un sac-poubelle »
« Une bouteille d’eau, un paquet de mouchoirs jetables et un sac-poubelle : c’est tout ce que La Poste a fourni aux facteurs au lendemain de l’allocution du président de la République annonçant le confinement [des Français] », a dénoncé auprès de l’AFP François Marchive, responsable de SUD-PTT Isère-Savoie. Chargé de la distribution du courrier, il s’insurge : « Des mesures ont été prises dans les bureaux de poste mais, du côté des facteurs, rien n’est fait ! Les agents mettent leur vie en danger. » « On va demander à être reçu par le préfet et à avoir un contact avec le cabinet du ministre de la santé [Olivier Véran] », également ancien député de l’Isère, a-t-il ajouté.
Dans les Hauts-de-Seine, « 200 postières et postiers exercent depuis lundi leur droit de retrait, majoritaire dans les établissements courrier d’Asnières, Gennevilliers, Levallois, Villeneuve-La-Garenne, Clichy, Fontenay-aux-Roses, Malakoff, Courbevoie » et de nombreux facteurs ont aussi cessé le travail à Boulogne, Nanterre et Neuilly, précise SUD-PTT 92 dans un communiqué.
Selon Serge Bourgin, secrétaire départemental SUD-PTT 35, « le mécontentement est fort à la plate-forme industrielle courrier [PIC] de Rennes, un établissement qui compte 410 salariés, maintenus au travail sur les machines de tri, malgré les demandes de droit de retrait et alors qu’il y a des cas de contamination avérés ». « La direction de La Poste veut maintenir l’activité. Hier, il y avait un peu plus de 350 bureaux de poste ouverts, aujourd’hui 69, il y a eu quatre bureaux avec des gens malades, fermés en catastrophe », a ajouté ce syndicaliste.
Notre sélection d’articles sur le coronavirus