Des experts conseillent de ne pas donner de « coup de pouce » au smic
Dans un contexte de récession exceptionnelle, la protection de l’emploi doit, plus que jamais, primer sur l’amélioration du pouvoir d’achat. C’est l’un des arguments invoqués par un groupe d’experts pour plaider en faveur d’une augmentation limitée du smic. La recommandation figure dans un rapport transmis, mardi 1er décembre, au ministère du travail ainsi qu’aux partenaires sociaux, et que Le Monde a pu consulter.
Tous les ans, peu avant Noël, le gouvernement fixe le pourcentage de revalorisation du salaire minimum, à compter du 1er janvier suivant. Sa décision, qui fait l’objet d’un décret en conseil des ministres, est prise après avoir recueilli l’avis, purement consultatif, de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle, dans laquelle siègent les organisations d’employeurs et de salariés. Cette année, elle doit se réunir vers le 15 décembre.
La règle veut que le smic progresse, tous les douze mois, en se calant sur l’addition de deux valeurs : l’inflation (telle qu’elle est mesurée pour les 20 % de ménages les plus modestes) et la moitié de l’accroissement annuel du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE). En plus de cette augmentation, qui est de droit, l’exécutif peut donner un bonus supplémentaire. Pour rendre cet arbitrage, il dispose d’un rapport, remis à la veille de chaque hiver, par un comité de « sachants » que l’économiste Gilbert Cette préside.
Une hausse estimée à 0,99 %
Ces experts préconisent, tout comme les années précédentes, « de s’abstenir de tout coup de pouce sur le smic au 1er janvier 2021 ». En d’autres termes, les pouvoirs publics sont invités à relever le salaire minimum « selon les seuls mécanismes de revalorisation automatique » : l’inflation et le SHBOE.
De combien sera la hausse ? Il est trop tôt pour le dire avec exactitude, faute d’avoir toutes les informations requises. Le rapport livre toutefois une « estimation provisoire » : + 0,99 %, contre + 1,2 % l’an passé, ce qui garantirait tout de même une majoration du pouvoir d’achat supérieure à celle de début 2020, grâce à une évolution des prix plus avantageuse pour le consommateur qu’il y a douze mois. Pour mémoire, le smic brut horaire s’élève, depuis le 1er janvier, à 10,15 euros, soit 1 539,42 euros brut par mois pour une personne travaillant 35 heures par semaine (ce qui correspond à un peu plus de 1 200 euros net).
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