« Depuis trente ans, les gouvernements abordent la question du risque par le seul prisme de la baisse des charges sur les entreprises »

« Depuis trente ans, les gouvernements abordent la question du risque par le seul prisme de la baisse des charges sur les entreprises »

L’intervention économique de l’Etat pour promouvoir une politique de plein-emploi est essentielle à la cohésion sociale, et donc au fonctionnement de nos sociétés démocratiques et libérales. La difficulté de l’exercice tient au fait que, dans le secteur privé, ce sont les entreprises, et non l’Etat, qui, au bout du compte, décident d’embaucher ou pas. Lorsqu’une entreprise embauche, elle s’engage par avance à payer un salaire au travailleur en espérant que l’apport de ce dernier rapportera plus que son coût salarial.

En embauchant, l’entreprise réalise un pari sur un avenir dépendant de multiples paramètres qu’il est difficile de contrôler, tels que le maintien d’une demande et un état de la concurrence, qui déterminent un carnet de commandes. Ce pari n’est jamais garanti et, lorsque l’entreprise a un doute sur sa probabilité, elle préfère s’abstenir d’embaucher, ce que tous les entrepreneurs, dont celui que j’ai été, confirmeront.

Une politique publique du plein-emploi ne sera pleinement efficace que si elle réduit de façon effective le risque des entreprises lié à l’embauche. Or voilà plus de trente ans que les gouvernements successifs abordent cette question du risque par le seul prisme de la baisse des charges sur les entreprises. Il ne fait aucun doute qu’en réduisant le coût du travail on diminue le risque de l’embauche. Mais on le fait aux dépens des budgets publics ou en diminuant les dépenses sociales.

Le plein-emploi ne sera pas atteint à la fin du quinquennat

Aujourd’hui, le total des exonérations de cotisations sociales avoisine les 88 milliards d’euros. Cette somme est équivalente à celle du budget de l’éducation et représente le double de celui de la transition écologique des territoires. Une somme d’autant plus coûteuse pour le bien public que les différentes mesures qui se sont succédé se sont révélées peu efficaces.

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Tout le monde comprend qu’en diminuant de 10 % le coût du travail on ne fait jamais que réduire le risque de 10 %, ce qui laisse 90 % du risque, c’est-à-dire la quasi-totalité, à la charge de l’entreprise. C’est sans doute ce qui explique que, en dépit de trente ans de politique de baisse des charges sur les salaires, l’objectif du plein-emploi n’ait jamais été atteint.

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En ce troisième trimestre 2023, l’emploi privé a stagné, et l’on peut raisonnablement – et malheureusement – prévoir que le plein-emploi, assimilé à un taux de chômage de 5 % maximum, ne sera pas atteint à la fin du quinquennat. Il existe pourtant une solution éprouvée pour réduire le risque : l’assurance par la mutualisation.

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LJD

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