De crédits revolving en découverts bancaires, la spirale du surendettement
La réponse positive de la commission de surendettement a été comme une renaissance pour Martine et Laurent (tous les prénoms ont été modifiés), un couple de quadragénaires du nord de la France, et pour Brigitte, une arrière-grand-mère retraitée de 65 ans, dans le Midi. Leurs dossiers ont été acceptés mi-janvier et les actions judiciaires à leur encontre, stoppées. Le remboursement des 22 000 euros de dettes du couple sera réaménagé, tandis que la dette de Brigitte, de 8 000 euros, sera effacée. Une nouvelle vie s’ouvre à eux.
Leur histoire est celle d’« un engrenage » de crédits et de découverts bancaires qui les a amenés à une impasse. Jusqu’à avoir « envie de me foutre en l’air », dit Brigitte. usqu’en 2018, Martine et Laurent, parents de Laury, 10 ans, et de Maëlle, 17 mois, étaient « dans une bonne situation », disent-ils. Le père, fonctionnaire, perçoit un salaire mensuel de 1 300 euros net, égal à celui de son épouse, téléconseillère en contrat à durée indéterminée. Des allocations familiales de 300 euros s’ajoutent au budget. Leur loyer est de 660 euros par mois.
Mais la mécanique s’enraye. En mai 2018, le couple, qui vit dans un quartier résidentiel mal desservi par les transports en commun, achète une voiture d’occasion grâce à un prêt de 11 000 euros de leur banque, remboursé à hauteur de 242 euros par mois. Après la naissance de Maëlle, Martine prend un congé parental de deux ans, fin 2018, ce qui divise par deux son revenu. « On l’a décidé ensemble, précise Laurent. On n’avait pas pu voir grandir Laury jusqu’à ses 3 ans. » « On s’est autorisés à profiter de nos filles », renchérit Martine. Ils font leurs comptes, sans oublier les primes de Laurent, qui tombent deux fois par an, ni l’allocation logement de 177 euros – qu’ils n’ont pas encore demandée – et concluent que « ça devrait passer ».
C’est alors l’impasse
Mais « de fil en aiguille, raconte Laurent, on n’arrivait plus à honorer les mensualités du prêt, on avait parfois des difficultés pour payer la cantine de Laury. Nos découverts ont été très importants ». « Devant l’urgence », ils contractent un crédit revolving. Nouveau grain de sable : leur bailleur exige le paiement immédiat des deux mois d’arriérés de loyer alors qu’un étalement avait été signé entre eux. C’est le point de rupture.
Brigitte, dont la pension n’est que 950 euros par mois et le loyer de 240 euros, vivait grâce à des crédits revolving depuis dix ans. Toute sa retraite passait dans son loyer, l’assurance, la facture EDF, etc. « Pour faire face aux aléas, comme les pannes de ma voiture vieille de 17 ans », explique-t-elle, elle avait contracté ces crédits auprès de trois organismes financiers. Puis s’est ajouté un découvert, qui est monté « jusqu’à 1 200 euros. Ma banque me prenait des frais énormes ». Avec culot, un de ces organismes, bien au fait de sa situation, lui propose, début 2019, un nouveau crédit revolving de 2 500 euros. « Ça a fait tilt dans ma tête. J’ai dit stop ! » Pour elle aussi, c’est alors l’impasse. Lors de la visite de sa belle-fille, elle s’effondre en larmes et se confie enfin sur sa situation, qu’elle cachait à ses enfants « par honte, par peur de les inquiéter, de me faire gronder ». L’inverse se produit. Pendant trois mois, « je me suis alimentée grâce à eux ». Puis elle constitue un dossier de surendettement, accompagnée par l’association Cresus.