Crise des urgences pédiatriques : le gouvernement lance un « plan d’action », sans convaincre

Crise des urgences pédiatriques : le gouvernement lance un « plan d’action », sans convaincre

Devant les urgences pédiatriques du centre hospitalier de Corbeil-Essonnes (Essonne), le 16 octobre 2022.

Il est le symbole d’une série de « dysfonctionnements » que les acteurs des urgences pédiatriques ne sont plus prêts à accepter : le nombre de jeunes patients transférés hors d’Ile-de-France, où les services adaptés ne sont pas en mesure de les prendre en charge, vers des hôpitaux en région (Reims, Rouen, Orléans, Amiens…), est passé, le temps d’un week-end, de quatorze à seize enfants. Durant l’hiver 2019, avant le Covid-19, le record de vingt-cinq transferts avait été atteint. A l’époque, déjà, la sonnette d’alarme avait été tirée. « On est bien parti pour dépasser ce chiffre », pronostique Gilles Jourdain, coordinateur des quatre structures mobiles d’urgence et de réanimation pédiatriques d’Ile-de-France.

Ce médecin n’en est plus à sa première crise : il est habitué à « réguler », selon l’expression consacrée, les hospitalisations d’enfants entre les cinq services franciliens de réanimation susceptibles de les accueillir (Necker, Raymond-Poincaré, Debré, Trousseau et Bicêtre). Avec l’objectif de leur trouver, explique-t-il, « une place au plus vite et au plus près ». « L’hiver est devant nous, et le système est déjà au bord de l’explosion, constate-t-il. Et non, ce n’est pas l’épidémie de bronchiolite, prévisible et habituelle, même si elle déferle un peu plus tôt cette année, qui est en cause : les ressorts de cette crise sont bien plus profonds. »

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Hémorragie de personnel, lits fermés, manque de moyens, gouvernance bureaucratique, perte de sens… Dans une lettre ouverte publiée par Le Parisien, samedi 22 octobre, plus de 4 000 soignants (dont le docteur Jourdain) ont couché sur le papier ce qui se joue dans des services pédiatriques saturés, et sommé le chef de l’Etat d’intervenir sans tarder. Une démarche portée par des collectifs de soignants – comme le Collectif inter-hôpitaux (CIH) –, de nombreuses sociétés savantes et de nombreuses associations de patients. « Notre objectif n’est pas d’affoler la population, mais de réclamer une réponse politique immédiate et forte », explique Mélodie Aubart, neuropédiatre à Necker, coordinatrice de ce courrier. Onze régions métropolitaines sont en alerte rouge pour la bronchiolite.

« Mise en danger des enfants »

Transferts d’enfants, donc, mais aussi hospitalisations dans des lieux inadaptés, reports d’interventions programmées, sorties prématurées… La situation, écrivent les signataires, conduit à « des retards de soins » et à « la mise en danger des enfants ». Cette lettre qui, dimanche soir, dépassait les 6 500 paraphes, a été accompagnée de la diffusion d’un communiqué collectif. Le titre donne le ton : « Santé des enfants : l’inaction politique est irresponsable ». « Nous sommes contraints de trier nos patients par manque de place », peut-on y lire.

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LJD

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