Covid-19 : « Sur la réforme de la médecine du travail, un accord entre patronat et syndicats semble loin d’être en vue »
Tribune. Tous concernés ! Salariés, agents de l’Etat ou des entreprises publiques, soignants, fonctionnaires territoriaux, ont peu de chances de ne pas avoir besoin, au moins une fois dans leur vie professionnelle, de recourir à la médecine du travail. Ce ne sont pas les raisons qui manquent : l’épidémie de Covid-19, qui touche aussi des travailleurs et a des conséquences sur la prévention des risques en entreprise ; la pénibilité, dont les effets sont démultipliés avec le recul de l’âge de la retraite et le vieillissement de la population ; l’explosion des risques psychosociaux… Ce que peut ou ne peut pas faire un service de santé au travail (SST) pour gérer la situation sanitaire, mais aussi sociale, des salariés est lourd de conséquences pour l’avenir personnel et professionnel de chacun d’entre eux.
C’est dire si les négociations entre partenaires sociaux sur la prochaine réforme de la santé au travail, qui se sont ouvertes au mois de juin et devraient se conclure d’ici quelques semaines, sont importantes. C’est une seconde tentative, après l’échec de la précédente négociation en 2019, lancée à la suite du rapport de la députée (LRM) du Nord Charlotte Lecocq.
Or, un accord entre patronat et syndicats semble loin d’être en vue. Les employeurs ne veulent pas entendre parler de la fin de la gestion patronale des SST, que le rapport Lecocq proposait de remplacer par une gestion tripartite d’établissements régionaux. Les syndicats, eux, se méfient de la priorité que la députée du Nord suggère de donner à l’amélioration de la prestation de service et de conseil à la seule disposition des employeurs.
Sentiment d’impuissance
Quand on interroge les médecins et infirmiers du travail, les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), leur constat est sans appel (« Leur réforme de la santé au travail », Santé & Travail, octobre 2020). Face à des contraintes qui n’ont cessé de se renforcer depuis une trentaine d’années, avec notamment l’intensification des rythmes de travail, face à des salariés de plus en plus souvent malades de leurs expositions à ces risques, les professionnels de la santé au travail se disent impuissants. Impuissants à impulser une dynamique de prévention primaire, alors que c’est l’un des fondements de leur mission. Impuissants à faire agir les entreprises pour réduire les risques à la source, aménager l’organisation, changer les modes de management. Impuissants, trop souvent, à faire accepter des aménagements de poste pour des salariés atteints, par exemple, de troubles musculosquelettiques (TMS) dus aux gestes répétitifs sous contraintes de temps. Et finalement impuissants à éviter les licenciements pour « inaptitude ».
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