Covid-19 : « Le gouvernement ne met pas tout en œuvre pour rendre effective la protection des travailleurs vulnérables »
Tribune. Dans son adresse aux Français du 28 octobre, Emmanuel Macron fixait les objectifs de son action en ces termes : « D’abord, c’est le premier, protéger les plus âgés, les plus fragiles, celles et ceux qui sont atteints de diabète, d’obésité, d’hypertension, de maladies chroniques et qui sont les premières victimes du Covid-19. »
Comme l’a rappelé le président de la République, « 85 % des malades décédés ont plus de 70 ans ». Mais plus d’un tiers des personnes en réanimation ont moins de 65 ans et, parmi elles, la plupart sont atteintes de maladies chroniques [hypertension artérielle, diabète, etc.] ou d’obésité, indiquait Santé publique France le 22 octobre.
L’hypertension et l’hypercholestérolémie sont les facteurs de risque les plus fréquents des patients entrant en réanimation et sont associées, surtout pour l’hypertension, à un risque accru de décès. Plusieurs pathologies sont également associées à des formes plus sévères de la maladie et des risques de décès plus élevés : maladies respiratoires chroniques, maladies cardio-vasculaires, diabètes, cancers, maladies rénales chroniques, maladies du foie, troubles de l’immunité, transplantations d’organes.
L’obésité, en particulier l’obésité sévère (lorsque l’indice de masse corporelle est supérieur ou égal à 35), est également un facteur de risque important et qui semble jouer, indépendamment des maladies chroniques qui y sont associées.
Très peu de recours
Dans une étude publiée le 26 juin [issue d’un travail collaboratif entre l’Observatoire français des conjonctures économiques et le Collège des économistes de la santé], nous estimions à 12,6 millions le nombre de personnes à risque de forme de grave de Covid-19 du fait de leur pathologie, hors critère d’âge [soit un peu moins de 20 % de la population française]. Alors que la protection de ces publics a été fixée comme priorité du président de la République, l’appel à poursuivre l’activité « avec plus d’intensité » qu’au printemps interroge.
Toujours selon nos calculs, 4,8 millions de personnes vulnérables occupaient alors un emploi et, parmi elles, 3,5 millions se trouvaient en incapacité de télétravailler. C’est le cas, par exemple, des personnels de l’enseignement primaire et secondaire, de certains agents de la fonction publique, de travailleurs du secteur de la construction ou de l’industrie mais aussi de certains salariés des commerces qualifiés d’« essentiels », en contact direct avec le public.
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