Covid-19 : Airbus se met en configuration de crise
Airbus a annoncé, mardi 17 mars, la suspension de sa production sur deux de ses quatre sites espagnols et à Toulouse. L’objectif de l’avionneur européen est de « mettre en place les directives » de confinement de la population annoncées, lundi 16 mars, par le gouvernement pour lutter contre la propagation du Covid-19. La direction du groupe veut mettre à profit les quatre jours qui viennent pour définir « les conditions de transports » de ses salariés qui seront obligés de retourner à l’usine dès lundi 23 mars. Seuls les personnels nécessaires au maintien de la production reviendront à leurs postes. Les autres devront poursuivre leurs activités via le télétravail.
D’ici lundi, la direction veut désinfecter préventivement les deux sites. Pour préparer « le retour des équipes », elle veut d’abord assurer sa fourniture en blouses, masques et charlottes de protection contre le coronavirus. Le siège de l’avionneur européen, à Toulouse, rassemble chaque jour environ 40 000 salariés, dont 30 000 employés directs d’Airbus.
Feuille de route maintenue
Jusqu’à aujourd’hui, le constructeur semble relativement épargné par la propagation de l’épidémie. « Un seul cas positif » a été détecté en Espagne et un autre parmi la myriade de sous-traitants d’Airbus en France. Toutefois, la décision du groupe semble faire écho à l’appel lancé, lundi, par le syndicat Force ouvrière (FO), la première organisation chez Airbus et notamment à Toulouse. Dans un tract, « FO demande le confinement total pour protéger nos salariés et notre industrie ». Une demande qui, si elle était acceptée par la direction, aurait comme conséquence directe l’arrêt total de la production. Une issue que les dirigeants de l’avionneur veulent absolument éviter.
Un ralentissement de l’activité à cause du développement de la pandémie n’a pas été décidé
De même, un ralentissement de l’activité à cause du développement de la pandémie n’a pas été décidé. Airbus devrait évoquer cette question, « fin mars », à l’occasion de la publication de ses résultats pour le premier trimestre de 2020.
Depuis le début de l’année, l’avionneur n’a pas dévié de sa feuille de route et a poursuivi sa montée en cadence pour produire, chaque année, plus d’avions que la précédente. C’est ainsi que lors des deux premiers mois de 2020, il a produit plus d’appareils que lors de la même période un an plus tôt. En février, les chaînes d’assemblages ont ainsi sorti six unités de plus qu’il y a un an. En mars, Airbus a même « livré à Aeroflot le premier des vingt-deux long-courriers A350 » commandés par la compagnie aérienne russe.
L’objectif d’Airbus est de « maintenir l’activité » de ses usines, assurer « la continuité des opérations » pour livrer ses clients. Aujourd’hui, une compagnie doit patienter en moyenne cinq ans avant de prendre livraison d’un avion. Un délai qu’Airbus ne souhaite pas allonger. Déjà ultra-dominateur sur le secteur des moyen-courriers avec plus de 60 % de part de marché, le constructeur aéronautique a vu celle-ci augmenter au-dessus de 70 % à cause des déboires de Boeing dont le 737 MAX, concurrent direct de l’Airbus 320, est cloué au sol de puis le 13 mars 2019, après deux catastrophes qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipages.
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