Coronavirus : « L’inégalité devant le numérique devient un facteur majeur d’exclusion »

Tribune. L’épidémie du Covid-19, au-delà de ses effets dramatiques, et son corollaire, le confinement, révèlent à quel point la révolution numérique que nous connaissons transforme nos vies. Qui aurait imaginé un basculement aussi subit et aussi général ? Il est certain par exemple que le télétravail ne rentrera pas dans sa boîte.
Chez Capgemini, plus de 95 % des collaborateurs télétravaillent en étant tout aussi efficaces. Et de nombreuses entreprises ont réussi le même basculement. Mais si, selon une note publiée par Terra Nova, le 6 avril, près des deux tiers des télétravailleurs considèrent qu’ils ont plutôt eu de la facilité à travailler à distance et que cette expérience a renforcé les liens de confiance avec leur manager, elle est aussi à l’origine d’une nouvelle forme de discrimination puisqu’elle est loin de concerner tous les emplois.
Cette révolution numérique, qui concerne-t-elle alors ? En fait, on n’imagine pas le nombre de populations qui restent au bord de la route, et qui ne sont pas prêtes de la rejoindre si nous n’agissons pas. Le Covid-19 met en lumière les inégalités qu’entraîne ce basculement. Le baromètre du numérique indiquait en décembre 2019 que 12 % des Français n’ont pas Internet. Ce chiffre prend aujourd’hui une dimension particulière.
L’absence d’Internet accélère l’exclusion sociale
Trois populations sont particulièrement concernées, les jeunes – pour des raisons financières – les personnes âgées – par manque d’intérêt, disent-ils –, et le monde rural – ce qui s’explique en partie par des questions de qualité du réseau et d’équipement, un Français sur deux vivant hors des grandes villes n’estimant pas sa connexion satisfaisante.
Ce constat est valable en France comme à l’étranger.
Selon une enquête et des sondages menés, par nos équipes, en France, en Allemagne, en Suède, aux Etats Unis, en Angleterre mais aussi en Inde, le manque d’accès aux outils numériques catalyse aujourd’hui l’exclusion sociale en limitant l’accès aux services publics, ou à la mobilité professionnelle.
Les personnes âgées n’en sont pas les seules victimes ! 56 % des non-connectés à Internet depuis plus d’un an dans la tranche d’âge 22 à 36 ans déclarent que le coût de l’équipement ou de l’abonnement est la raison principale pour laquelle ils ont décroché des réseaux. Et ils ne sont pas nécessairement sans emploi, puisqu’un tiers des personnes non connectées sont employées à temps plein !
Les pistes pour réduire la fracture numérique
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