Coronavirus : comment les transports doivent s’adapter à la baisse de fréquentation et assurer le service
Assurer la continuité du transport tout en dissuadant la plupart des Français de se déplacer. Voilà l’équation que doivent désormais résoudre les pouvoirs publics et les principaux opérateurs de la mobilité, alors que l’épidémie de Covid-19 s’accélère dans le pays.
La France a atteint le stade 3 épidémique, dimanche 15 mars. Et les commerces non essentiels ainsi que les établissements scolaires et universitaires sont désormais fermés.
Dans cette optique, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et le secrétaire d’Etat aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, ont détaillé, dimanche matin, plusieurs mesures d’adaptation à cette nouvelle donne. « Les transports en commun en agglomération seront maintenus pour permettre aux Français d’accomplir les déplacements strictement nécessaires, a expliqué Elisabeth Borne. Les transports de plus longue distance entre les agglomérations – par train, car et avion – seront progressivement réduits afin de limiter la propagation du virus sur le territoire national. Mais tout le monde pourra retourner vers son domicile, il n’y aura pas d’arrêt brutal et pas d’arrêt complet. »
Programme très réduit chez Air France
Lundi 16 mars, sept trains sur dix devaient circuler sur les réseaux SNCF : TGV, TER et Transilien. Le lendemain, mardi 17 mars, l’ensemble du trafic ferroviaire sera divisé par deux par rapport à la normale. « Des solutions de déplacement de rechange seront trouvées pour 100 % de nos clients sans frais supplémentaires », a assuré un porte-parole de la société publique.
Dans l’aérien, le tableau est similaire. L’offre s’amenuise considérablement, en particulier chez Air France, qui présentera un programme très réduit, se contentant surtout d’assurer la continuité territoriale avec l’outre-mer. Si les aéroports restent ouverts, des fermetures progressives de terminaux sont à prévoir : Orly 2 et les S4 et 2G de Roissy en région parisienne, le terminal 1 de l’aéroport de Nice.
Derrière cette réduction de la voilure, il y a plusieurs objectifs : s’adapter à la baisse de fréquentation prévisible, liée au télétravail et à la fermeture des écoles et des facultés ; envoyer un message cohérent avec la demande gouvernementale de réduction des déplacements ; anticiper le risque de réduction du personnel coincé chez lui par ses enfants à garder ou confiné pour raisons sanitaires.
Si, à la SNCF, on dit ne compter que deux agents atteints par le nouveau coronavirus, en revanche, selon nos informations, plusieurs centaines de cheminots ont été, par précaution, mis en quarantaine pour avoir potentiellement été en contact avec un porteur du SARS-CoV-2.
Droit de retrait massif à Bordeaux
« La direction de la SNCF a pris vite des mesures énergiques, admet Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, le premier syndicat de l’entreprise. Par contre, la communication gouvernementale, précipitée et incohérente, a semé la panique. Nous avons dû rassurer pas mal de collègues. Quant à l’idée de réduire de 50 % le trafic Transilien, elle ne nous paraît pas pertinente. Ce n’est pas le moment d’entasser des gens dans les RER. »
« C’est vrai qu’il y a de l’inquiétude, en particulier chez les personnels en contact avec le public », ajoute Florent Monteilhet, secrétaire général adjoint de l’UNSA-Ferrioviaire, deuxième syndicat de la SNCF. Les représentants des salariés bataillent pour obtenir des masques et du gel hydroalcoolique. Plusieurs cas de droit de retrait ont dû être gérés, dans le Sud-Ouest et à Paris, gare du Nord en particulier.
Côté transports urbains, l’angoisse est aussi présente. A Bordeaux, la contamination d’un couple de salariés du réseau de transport métropolitain (un conducteur de tram et son épouse, conductrice de bus) a provoqué un droit de retrait massif et un arrêt presque total de la circulation des tramways dimanche. Selon Keolis, la filiale de la SNCF qui opère dans la métropole girondine, un accord a été trouvé sur le nettoyage des salles de relève permettant le redémarrage du service. La difficulté pour les transporteurs du quotidien est donc d’assurer une continuité du service avec des personnels passablement inquiets.
Protéger davantage les chauffeurs
A la RATP, où le trafic devait être normal, lundi 16 mars, à l’exception du métro (quatre trains sur cinq), on a augmenté les fréquences de nettoyage et autorisé les chauffeurs de bus à rouler avec la vitre de sécurité relevée.
Keolis, qui a pris des mesures équivalentes, et son concurrent Transdev ont, pour protéger davantage les chauffeurs, arrêté la vente de tickets à bord et font monter les usagers des bus par la porte arrière. « Nous demandons que les enfants des personnels du transport public puissent bénéficier des dispositifs de garde qui existent pour les enfants de soignants, ajoute Frédéric Baverez, directeur exécutif France de Keolis. Cela nous aiderait à remplir notre mission. »
Notre sélection d’articles sur le coronavirus