Conférence « Qui travaillera demain ? » : « L’économie de la confiance se développe »

Conférence « Qui travaillera demain ? » : « L’économie de la confiance se développe »

Après avoir mené la stratégie de développement durable de plusieurs entreprises, Miniya Chatterji a fondé sa structure de conseil à New Delhi, d’où elle est originaire, mais aussi à Paris, où elle a fait ses études.

Dans les années qui viennent, voyez-vous plutôt dominer un modèle ultralibéral, fondé sur la concurrence, ou un modèle différent, axé sur la collaboration ?

Miniya Chatterji : Il est intéressant de voir que, dans le monde de l’entreprise et dans le privé, l’économie de la confiance se développe. Plus que la nature des objets échangés, c’est la confiance des gens qui sous-tend ce modèle économique d’un nouveau genre.

Je le vois de plus en plus, et dans les modes d’organisation aussi. Parmi les exemples que j’ai en tête, il y a Zappos [entreprise de vente en ligne de chaussures, filiale d’Amazon], qui a opté pour un mode d’organisation particulier, l’« holacratie ». En résumé, c’est une entreprise sans patron, plus ouverte, et donc plus transparente. Il y a aussi Lego, qui collabore avec ses clients. Si l’un d’entre eux propose un design intéressant pour une pièce, il touchera un pourcentage sur les recettes.

De plus en plus, je constate une évolution vers la transparence, la confiance, entre les services et entre les clients et les entreprises. Bien sûr, l’essor des nouvelles technologies – comme le cloud – a contribué à développer cette économie de la confiance.

Voyez-vous une différence dans la manière de gérer cette évolution entre la France et l’Inde, où vous êtes installée ?

La France arrive assez bien à tirer parti de la technologie pour améliorer la transparence. Les choses avancent. Mais la transparence est une question souvent plus politique et culturelle que technologique. C’est un défi que le pays doit encore relever. C’est un peu comme en Inde, où la question culturelle influe sur la manière de collaborer, tout comme l’application du droit des sociétés, qui laisse à désirer. C’est ce qui explique la culture du secret ambiante.

Pensez-vous que l’économie sociale et solidaire soit l’avenir ?

Elle ne va pas conquérir tout le secteur privé. Mais elle fera toujours partie intégrante du fonctionnement des entreprises. C’est un modèle économique. Donc, oui, les choses vont évoluer, ce modèle est parti pour durer. Il coexistera avec de nombreux autres modèles économiques, mais il va se développer, c’est une certitude.

Vous avez fondé Sustain Labs, qui a une antenne à Delhi, une à Paris, une autre à Auckland, vous vivez à Goa et vous travaillez également à Dubaï. Pensez-vous que ce type d’entrepreneuriat nomade va devenir la norme ?

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LJD

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