Conditions de travail : les raisons d’un dérapage

Conditions de travail : les raisons d’un dérapage

Des manageurs tiraillés entre le téléphone, la messagerie WhatsApp, les réunions en visioconférence, la gestion des salariés à distance et la préparation du rendez-vous de 13 heures, des intérimaires qui arrivent sur un chantier sans connaître l’identité réelle de leur employeur, des préparateurs de commandes guidés par une oreillette et gérés par un algorithme… Le monde du travail en France semble vivre une tension perpétuelle.

« La dégradation des conditions de travail est aujourd’hui une évidence. Il n’y a pas de débat », souligne l’économiste Thomas Coutrot. Une évidence qui constitue une menace pour la santé publique et toute l’économie, affectant au passage la productivité et les comptes sociaux. Le coût moyen du désengagement des employés était de 10 070 euros par an et par salarié en 2022, selon le baromètre annuel du cabinet Mozart Consulting.

Cette même année, « le coût des mauvaises conditions de travail sur le financement de la branche accidents du travail-maladies professionnelles de l’Assurance-maladie est de 11,7 milliards d’euros pour les prestations nettes », précise Maëlezig Bigi, chercheuse affiliée au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET). Le montant des indemnités journalières pour maladie et par salarié a augmenté de 12 % en dix ans, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie.

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A tout le moins, les conditions de travail ne s’améliorent plus depuis plus d’une décennie. S’agissant des accidents du travail, après une forte baisse d’un tiers entre 1950 et 2010, on constate une stagnation autour de 650 000 par an, précise l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail.

Ce triste bilan de l’environnement de travail s’est aggravé depuis 2017 avec une augmentation de la pénibilité et des risques psychosociaux (RPS) : « Le nombre d’assurés partis en retraite ayant acquis au moins 1 point [de pénibilité sur le compte professionnel de prévention] au cours de leur carrière est en constante progression : il est passé de 6 610 en 2016 à 21 380 en 2021 », soulignait, en mars, le Conseil d’orientation des retraites, alors même que tous les facteurs de pénibilité ne sont pas pris en compte par ce dispositif.

Quant au baromètre des RPS publié par le cabinet Empreinte humaine, réalisé auprès de 2 000 salariés et publié fin novembre, il révèle que 48 % des salariés sont en détresse psychologique. Sept sur dix affirment que cette situation est due à leur activité professionnelle. « Tous les indicateurs de santé mentale que nous mesurons depuis 2020 se dégradent », alerte Christophe Nguyen, sociologue du travail et cofondateur du cabinet.

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LJD

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