Chefs d’entreprise et administration dénoncent la paperasserie : « Les aides à l’export, c’est tellement compliqué que je ne les demande même plus ! »

Chefs d’entreprise et administration dénoncent la paperasserie : « Les aides à l’export, c’est tellement compliqué que je ne les demande même plus ! »

Les ministres Bruno Le Maire (économie) et Olivia Grégoire (PME), au ministère de l’économie, à Paris, le 1ᵉʳ  juillet 2023.

« Vous êtes ici dans votre maison, ce ministère est le vôtre, celui de ceux qui prennent des risques, qui créent des emplois, qui font grandir notre pays. » L’introduction de la ministre des petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, a de quoi mettre à l’aise le parterre d’entrepreneurs franciliens, cent cinquante hommes et femmes de générations différentes, réunis au ministère de l’économie en ce 18 décembre pour les « rencontres de la simplification ».

Cette grande consultation de visu et en ligne lancée en novembre avec le ministre de l’économie et des finances doit permettre d’identifier ce qui pourrait leur simplifier la vie, dans leurs démarches quotidiennes ou l’application de la réglementation.

Dix ans après le « choc de simplification » déjà promis par François Hollande en 2013. Et quatre ans après la loi Pacte et son « guichet unique », plate-forme en ligne censée regrouper l’ensemble des formalités administratives pour les entreprises mais dont les premiers pas se sont révélés si « chaotiques », selon la Cour des comptes, que les anciennes procédures, via Infogreffe ou sur papier, ont dû être ressuscitées. Donnant à quelques-uns des participants l’occasion d’ironiser poliment sur les risques collatéraux de la simplification, sans s’y attarder.

« Ça part du terrain »

Cette fois « ça part du terrain, du très concret, c’est une nouvelle méthode », affirme-t-on dans l’entourage de la ministre. « Plus vous entrez dans le détail, tel numéro de Cerfa [formulaire administratif] ou telle norme B12 alinéa 4 qui vous complique la vie, plus on sera efficient », encourage Olivia Grégoire aux côtés des députés Renaissance Louis Margueritte et Alexis Izard.

« Le temps qu’on passe pour une embauche… », commence le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) d’Ile-de-France (artisans, commerçants, professions libérales), Antony Hadjipanayotou. « C’est une journée, une journée et demi à prendre sur notre travail pour faire les déclarations à toutes les caisses. Quand on n’a que quatre salariés, c’est trop lourd. » Les contraintes réglementaires et administratives pèsent particulièrement sur les PME, qui ne sont pas aussi bien « équipées » en ressources humaines que les grands groupes, souligne le président du Medef francilien, Daniel Weizmann.

« 80 % de mon activité se fait à l’international, mais les aides à l’export c’est tellement compliqué que je ne les demande même plus, je préfère payer les taxes », témoigne ainsi un brocanteur des Puces. « Devant les démarches pour obtenir le label RGE [reconnu garant de l’environnement], beaucoup de professionnels du bâtiment laissent tomber », renchérit Antony Hadjipanayotou. Le crédit impôt recherche ? « Le calcul déclenche un contrôle fiscal les trois quarts du temps », constate un participant. Le crédit de TVA, « une abomination !, déplore un autre. Un expert-comptable s’y colle, mais c’est pas gratuit ! » Les aides à la rénovation énergétique ? « Ça aussi on s’y perd ! » « On vient de lancer la version bêta d’une plate-forme pour aider les petites boîtes à s’y retrouver dans plus de 300 aides à la transition écologique », signale la ministre.

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LJD

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