Ce que la réforme des retraites devrait changer pour la pénibilité au travail
Les perdants de la réforme portée par Jean-Paul Delevoye sont tout désignés : les travailleurs affiliés à un régime spécial et les agents publics non régaliens émargeant dans une catégorie active.
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Pour indisposer Emmanuel Macron, il suffit de prononcer trois mots : pénibilité au travail. Le président de la République n’« adore pas » que l’on présente les choses ainsi « parce que ça donne le sentiment que le travail, ça serait pénible », comme il l’a déclaré, le 3 octobre, lors du débat sur les retraites à Rodez. Cette opinion, M. Macron l’avait déjà défendue, en mars 2017 durant la campagne présidentielle, sur un ton encore plus direct devant le Medef : « Le terme pénibilité (…) induit que le travail est une douleur et ne correspond pas à ce dont nous avons besoin car le travail, c’est l’émancipation qui vous donne une place. »
Le chef de l’Etat va pourtant devoir s’y faire : la reconnaissance de l’usure professionnelle représente un des enjeux de la réforme des retraites. Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire en charge du dossier, y a même consacré plusieurs pages dans son rapport remis en juillet. Mais l’opposition – à gauche – et de nombreux responsables syndicaux considèrent que le gouvernement n’a, en la matière, que des ambitions très limitées.
A l’heure actuelle, la pénibilité est prise en considération de diverses manières – que ce soit au travers des différents plans santé au travail, de référentiels de branches professionnels ou d’accords d’entreprise spécifiques. Dans le secteur privé, il y a également le compte professionnel de prévention (C2P) pour les salariés exposés à des conditions de travail éprouvantes : ce mécanisme permet aux personnes concernées d’accumuler des points qui financent des formations, un passage à temps partiel sans baisse de la rémunération ou de partir deux ans plus tôt à la retraite. S’ajoutent au C2P d’autres dispositifs qui offrent la possibilité de cesser sa carrière de façon précoce (notamment celui pour incapacité permanente).
« Objectif d’équité »
La fonction publique, elle, abrite le système dit des « catégories actives » : grâce à lui, les agents dont le métier s’avère dangereux ou difficile physiquement (policier, agent hospitalier…) peuvent réclamer le versement de leur pension entre 52 et 57 ans, soit plus tôt que dans le privé (62 ans). Idem pour les salariés de plusieurs entreprises publiques (RATP, SNCF…), qui sont affiliés à des régimes spéciaux de retraites.