Nucléaire : un travailleur irradié par Aglaé, l’accélérateur de particules du Louvre

Une sculpture antique en bronze analysée à l’aide de la dernière version de l’Accélérateur Grand Louvre d’analyse élémentaire (Aglaé), un appareil d’analyse chimique des œuvres d’art et des pièces archéologiques. Au Musée du Louvre, à Paris, le 21 novembre 2017.

L’incident de sûreté impliquant de la radioactivité le plus grave des quinze dernières années s’est produit en plein Paris au cœur de l’été, passant largement inaperçu. Le 22 juillet, un travailleur a été irradié par l’accélérateur de particules du Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF), installé dans les sous-sols du Louvre. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) l’a classé au niveau 3 de l’échelle internationale de gravité des événements nucléaires et radiologiques, ce qui en fait le troisième « incident grave » observé en France depuis 1981, le dernier ayant eu lieu en 2008. Alors que l’accélérateur est à l’arrêt depuis plus de deux mois, la direction du C2RMF assure s’employer à « répondre à toutes les questions de l’ASNR et à restaurer la confiance ».

Installé depuis 1988 au sein du Louvre, l’accélérateur, baptisé « Aglaé », pour Accélérateur Grand Louvre d’analyses élémentaires, est le seul au monde à être consacré exclusivement à l’étude des objets du patrimoine culturel. Des particules chargées en protons sont « bombardées » sur les œuvres d’art ou les objets anciens, ce qui permet de connaître la composition des matériaux qui les constituent. En 2017, cet instrument avait été largement révisé et amélioré pour devenir le « Nouvel Aglaé », qui analyse plusieurs centaines d’objets chaque année.

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Derniers battements de cœur pour Carmat, en route vers la liquidation

Au siège de Carmat, à Bois-d'Arcy (Yvelines), le 16 janvier 2024.

C’était le dernier espoir de Carmat. Pierre Bastid, seul investisseur à avoir manifesté son intérêt, par le biais de son bureau de gestion de patrimoine familial, Hougou, pour une reprise du développeur et concepteur de cœur artificiel placé en redressement judiciaire le 1er juillet, ne sera finalement pas en mesure de finaliser une offre, mardi 30 septembre, devant le tribunal des activités économiques de Versailles.

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Lors d’une audience le 19 août, le tribunal avait accordé à l’homme d’affaires, président du conseil d’administration de Carmat et actionnaire de la société à hauteur d’environ 17 %, un délai supplémentaire pour « finaliser son offre » afin de réunir les fonds. « A ce jour, le repreneur n’a toutefois pas été en mesure de confirmer son offre, faute d’avoir sécurisé les financements nécessaires à la reprise », a indiqué dans un communiqué la société Carmat, lundi 29 septembre. Aucune autre offre n’ayant été déposée, l’avenir de Carmat semble donc scellé.

« C’est une déception colossale », confie M. Bastid, qui confirme avoir échoué à rassembler les liquidités nécessaires au sauvetage de l’entreprise, qui compte 130 salariés. Pour permettre à Carmat de mener sereinement à bien son développement et d’atteindre son seuil de rentabilité sans retomber dans « les affres des augmentations de capital à faire tous les trois à six mois », l’homme d’affaires estimait le besoin de financement à 150 millions d’euros. Son plan prévoyait notamment d’apporter 20 millions d’euros dès le mois d’octobre, puis 20 autres millions d’euros en janvier, la somme restante devant être injectée dans un second temps.

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En Chine, un nouveau visa « talent » suscite l’inquiétude des jeunes diplômés locaux

L’Observatoire souterrain de neutrinos de Jiangmen, à Kaiping, dans la province du Guangdong (Chine), le 11 octobre 2024.

Les premiers titulaires de « visa K » n’avaient pas encore mis le pied sur le territoire chinois que des internautes dénonçaient déjà la mesure : pourquoi attirer des étrangers alors que les jeunes diplômés chinois ont déjà du mal à entrer sur le marché du travail ? Mercredi 1er octobre, date de l’entrée en vigueur du nouveau sésame, il était le sujet le plus commenté sur la plateforme Weibo. Le visa, multi-entrée, permet notamment à ses titulaires de rester plus longtemps sur le territoire et de se passer du parrainage d’employeurs locaux. De quoi intéresser des étrangers souhaitant rester en Chine après des études dans le pays, ou des startups qui peuvent avoir du mal à remplir les critères pour délivrer des visas de travail.

Certains messages teintés de nationalisme font écho à des thèmes martelés par la propagande officielle, accusant les autorités de choisir les « forces étrangères » plutôt que les Chinois, tandis que d’autres, franchement xénophobes, s’inquiètent d’un afflux de jeunes diplômés de pays en développement, comme les Indiens, qui ont vu l’accès aux Etats-Unis fortement compliqué par l’administration Trump. Mais d’autres encore pointent le niveau élevé du chômage des jeunes, qui a atteint 18,9 % en août, son taux le plus élevé depuis un changement de méthode de calcul controversé, en 2023. Au point que les médias d’Etat ont dû faire le service après-vente du nouveau visa, dénonçant « l’étroitesse d’esprit » des commentaires, relève le média américain CNBC, et rappelant que le pays manque encore de talents de haut niveau pour renforcer son avance technologique.

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« Il faut sortir le projet Territoires zéro chômeur de longue durée de l’expérimentation permanente »

La spécificité du projet Territoires zéro chômeur de longue durée réside dans son caractère expérimental et territorial. Une première loi avait ouvert la voie, en 2016, à dix territoires pionniers, qui s’engageaient à embaucher en contrat à durée indéterminée (CDI) et à temps choisi, dans des « entreprises à but d’emploi », les personnes privées durablement d’emploi volontaires de leur territoire. Depuis une deuxième loi de 2020, 83 territoires, répartis sur l’ensemble du pays, sont habilités à expérimenter ce dispositif.

Le projet séduit les responsables politiques par ses slogans. Dès 2016, l’Assemblée nationale l’avait adopté à l’unanimité, à la fois pour son audace, son ancrage territorial et le syncrétisme de ses idées. Reposant sur trois postulats subversifs, à savoir que ce n’est ni le travail ni l’argent qui manquent, et que nul n’est inemployable, la réussite du projet dépend de la mobilisation d’un écosystème local d’acteurs, y compris des chômeurs concernés, afin de définir les besoins localement non satisfaits et les moyens d’y répondre en fonction des aspirations et des compétences des personnes privées durablement d’emploi. Enfin, son attractivité tient aussi, pour certains acteurs publics, au principe « d’activation des dépenses passives » : « Plutôt un salaire que des allocs. »

Divers travaux ont finement étudié la mise en œuvre de l’expérimentation, soulignant d’indéniables effets positifs pour les personnes et les territoires : remobilisation et accès à l’emploi stable de personnes en butte aux politiques traditionnelles d’emploi et d’insertion, construction de dynamiques partenariales locales… Mais ces travaux insistent aussi sur les écarts entre l’utopie du projet et sa réalisation sur le terrain.

Tendance à la standardisation

A l’issue de la première loi, les évaluations avaient déjà identifié des angles morts, notamment une attention portée à l’emploi au détriment du travail lui-même, et une faible représentation de ce que pouvait être une entreprise à but d’emploi chargée d’embaucher les salariés issus du chômage de longue durée.

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Les syndicats de SFR inquiets pour l’emploi

Une boutique SFR, à Paris, le 15 october 2025.

Pour les représentants du personnel de SFR, c’est la douche froide. Tous ont pris un méchant coup sur la tête en apprenant, mardi 14 octobre, qu’Orange, Bouygues Telecom et Free se lançaient ensemble à l’abordage de l’opérateur au carré rouge, propriété de Patrick Drahi, pour le dépecer, suscitant de vives craintes concernant l’emploi. Quand bien même leur offre de 17 milliards d’euros a été retoquée, mercredi 15 octobre, par Altice France, la maison mère de SFR, les syndicats redoutent que les près de 8 000 salariés de ce dernier fassent les frais de cette bataille qui se profile pour son rachat. Sans que, d’après eux, cela chagrine personne.

Le « problème » de cette opération, c’est que « l’emploi n’est jamais pris en compte », fustige Olivier Lelong, le délégué syndical central de la CFDT. Et la dernière sortie de Roland Lescure, le nouveau ministre de l’économie, ne le rassure guère. Mercredi 15 octobre, sur l’antenne de RTL, celui-ci a promis qu’il se montrerait « extrêmement vigilant », en cas de rachat de SFR par ses rivaux, à propos de « deux choses » : « L’impact sur les prix des consommateurs, et l’impact sur la qualité de service. » Mais pas un mot, à cette occasion, pour les employés.

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Michel Barnier s’attaque aux congés maladie des fonctionnaires

Le premier ministre, Michel Barnier, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, le 2 octobre 2024.

La gauche et les syndicats de fonctionnaires voient rouge. En quête d’économies pour boucler le budget de l’Etat et limiter l’envolée du déficit public, Michel Barnier a décidé de s’attaquer aux congés pour maladie des agents publics, un sujet extrêmement sensible. Dès 2025, le gouvernement souhaite ne plus payer du tout les deuxième et troisième jours d’absence des fonctionnaires pour raison de santé, tout en limitant, ensuite, leur rémunération à 90 % de leur traitement, si l’arrêt de travail se prolonge au-delà de cette période de trois jours. Des amendements au projet de loi de finances actuellement en discussion au Parlement vont être déposés en ce sens par le gouvernement, ont indiqué le ministère du budget et celui de la fonction publique, dimanche 27 octobre. Autant dire que la reprise des débats sur le budget à l’Assemblée, le 5 novembre, s’annonce tumultueuse.

En dévoilant son projet de budget, le 10 octobre, le premier ministre avait prévenu qu’il n’avait pas eu le temps de rendre certains arbitrages, et que des économies d’environ 5 milliards d’euros seraient présentées ultérieurement, sous forme d’amendements. Après deux semaines de suspense, le gouvernement a arrêté le détail de ces mesures supplémentaires.

La moitié de ces 5,2 milliards d’euros doit provenir d’un coup de rabot sur l’ensemble des dépenses de l’Etat, à l’exception des ministères dont les crédits sont sanctuarisés par une loi de programmation (défense, intérieur, justice, enseignement supérieur et recherche) et de celui de l’outre-mer. Pour tous les autres, une partie des crédits jusqu’alors mis en réserve sera définitivement annulée. A charge pour chaque ministre de décider où il taille dans ses dépenses.

Situation « devenue insoutenable »

A cette mesure générale s’ajoute une série de décisions plus ciblées. La plus spectaculaire vise l’absentéisme des fonctionnaires. « Un fléau », dit-on dans l’entourage de Guillaume Kasbarian, le ministre de la fonction publique, en mentionnant une forte hausse du nombre de jours d’absences pour les agents employés par l’Etat, les collectivités locales et les hôpitaux (77 millions en 2022 contre 43 millions en 2014). Alors que les salariés du public et du privé étaient à peu près aussi absents il y a quatre à cinq ans, l’écart, depuis, s’est creusé, selon une « revue de dépenses » réalisée par l’inspection générale des finances (IGF) et par celle des affaires sociales (IGAS), et rendue publique début septembre : en 2022, les fonctionnaires comptaient en moyenne 14,5 jours d’absence par an, contre 11,6 jours dans le privé.

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Stellantis supprime 250 postes d’intérimaires dans une usine près de Rennes

La direction de l’usine historique de Stellantis de La Janais (Ille-et-Vilaine), près de Rennes, a annoncé mardi 29 octobre la suppression de 250 emplois d’intérimaires à partir de janvier 2025. « Cette nouvelle organisation temporaire permettra de s’ajuster au volume de production », a expliqué Stellantis à l’Agence France-Presse (AFP), assurant que « ce personnel sera prioritaire pour réintégrer notre organisation lors de la montée en cadence de la nouvelle C5 Aircross », à l’horizon de l’été 2025.

« La direction dit “on les reprendra à partir de juillet ou septembre”, explique Fabrice Lucas, secrétaire CGT du site. Pour la direction ce sont de simples variables d’ajustement. Pour nous ce sont des êtres humains qui ont besoin de payer leurs loyers. » Il dénonce des conditions de travail déjà « très difficiles » avec des cadences « très élevées » entraînant de « nombreux arrêts de travail ». Une situation qui pourrait s’aggraver avec les postes en moins. « La direction de l’usine a déjà supprimé une demi-équipe en février 2024 », rappelle-t-il. Avec ces nouvelles suppressions de postes, en janvier 2025, il ne reste plus qu’une équipe sur les deux.

De l’autre côté de la France, à Sochaux (Doubs), l’usine historique de Peugeot va accélérer la production des SUV 3008 et 5008 électriques et hybrides. Une équipe de nuit doit commencer à travailler le 4 novembre et l’usine restera ouverte tous les samedis de novembre, notamment. En décembre, la tendance devrait être la même, a déclaré Stellantis mardi, et la direction pourrait faire appel à des volontaires pour travailler pendant la semaine de Noël.

Le constructeur, en difficulté, avait présenté un bénéfice net divisé par deux au premier semestre 2024, principalement dû à un recul des ventes en Europe mais aussi en Amérique du Nord. Le groupe a promis d’ici la mi-novembre un plan de production à trois ans pour donner de la « visibilité » aux différents sites français. Carlos Tavares, le directeur général du groupe, n’a pas exclu des fermetures de sites.

Le Monde avec AFP

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Projet de loi de finances 2025 : les députés annulent en commission la suppression des 4 000 postes d’enseignants

Les députés ont annulé, mardi 29 octobre en commission des finances à l’Assemblée nationale, la suppression des 4 000 postes d’enseignants prévue dans le budget 2025, donnant un signal avant les débats dans l’hémicycle. Il ne s’agit que d’un premier tour de chauffe sur cette partie « dépenses » du budget de l’Etat, et tous les amendements devront être de nouveau adoptés dans l’hémicycle, où les députés repartiront de la version initiale.

La commission des finances de l’Assemblée a adopté l’amendement du député La France insoumise (LFI) Paul Vannier. « Tout le Nouveau front populaire [NFP] a voté pour », a assuré à l’Agence France-Presse l’entourage de M. Vannier.

Selon lui, « la baisse de la démographie scolaire qui est engagée maintenant depuis quelques années et qui va se prolonger dans les années à venir pourrait permettre à la France de rejoindre enfin la moyenne de l’OCDE [Organisation pour la coopération et le développement économiques] ». Et de préciser : « Dans notre pays, il y a 22 élèves par classe en élémentaire contre 19 dans la moyenne de l’OCDE ; au collège c’est 26 contre 21. Il faut donc a minima maintenir le nombre de postes d’enseignants et nous proposons d’en créer davantage. »

« Une véritable saignée »

Le gouvernement a annoncé le 10 octobre la suppression de 4 000 postes d’enseignants lors de la présentation du budget 2025, suscitant de vives réactions des syndicats enseignants qui ont évoqué « une véritable saignée ».

Dans le détail des postes d’enseignants en moins, le premier degré public (maternelle et élémentaire) est le plus touché avec une baisse de 3 155 postes. Le second degré public (collèges et lycées) perd 180 postes, le premier degré privé 660 et enfin le second degré privé 40, selon le ministère. Pour justifier ces suppressions de postes, la Rue de Grenelle met en avant la baisse du nombre d’élèves, « qui devrait s’accélérer avec 97 000 élèves en moins à la rentrée 2025 ».

La ministre de l’éducation, Anne Genetet, a toutefois déclaré dans la foulée de la présentation du budget que « des évolutions » sont encore possibles lors du « débat parlementaire ».

Le Monde avec AFP

Safran étend son réseau de maintenance pour assurer sa montée en cadence

Au centre de maintenance des moteurs LEAP à Steenokkerzeel (Belgique), près de Bruxelles, le 29 octobre 2024.

Safran veut accélérer la maintenance de ses moteurs LEAP de dernière génération. Ceux qui propulsent les A320neo d’Airbus, les 737 MAX de Boeing et le moyen-courrier Comac chinois. Pour y parvenir, Safran Aircraft Engines (SAE), la filiale moteurs du groupe français, a annoncé, mardi 29 octobre, un plan d’investissement de plus de 1 milliard d’euros pour développer « un réseau mondial de maintenance pour le moteur LEAP ».

SAE a aussi annoncé l’extension de son site près de l’aéroport de Bruxelles avec 120 000 mètres carrés supplémentaires. La veille, lundi 28 octobre, la filiale présidée par Jean-Paul Alary avait conclu un accord avec les autorités marocaines pour la construction et l’ouverture, en 2026, d’un atelier de maintenance du moteur LEAP, développé par CFM International, la coentreprise à 50-50 entre Safran et l’américain General Electric.

Au total, ce sont sept sites, en Inde, au Mexique, aux Etats-Unis, en France, en Belgique et bientôt au royaume chérifien, qui seront chargés de l’entretien et des réparations du nouveau moteur. Pour accompagner cette montée en puissance, SAE prévoit aussi de recruter 4 000 salariés d’ici à 2028. Dans quatre ans, la division du motoriste aura doublé de taille, pour atteindre 8 000 employés.

Il est vrai que Safran est victime de son succès. Lancé en 2016, le LEAP équipe déjà 4 000 avions auprès de 180 compagnies aériennes. Mieux, le groupe affiche « plus de 10 600 moteurs dans son carnet de commandes », s’est félicité M. Alary. Mais, comme Airbus et Boeing, ses deux plus gros clients, SAE rencontre des difficultés pour assurer la remontée en cadence de sa production depuis la sortie de la pandémie de Covid-19.

Pour preuve, Olivier Andriès, directeur général de Safran, a revu à la baisse, vendredi 25 octobre, ses prévisions annuelles de livraisons. Plutôt que d’augmenter, comme prévu, sa production de 25 %, le patron du motoriste a indiqué qu’il livrerait 10 % de LEAP de moins qu’en 2023. Cette même année, les compagnies clientes avaient pu réceptionner 1 570 moteurs.

Les moteurs LEAP-1A sur le site Safran Aircraft Engines à Villaroche, près de Paris, le 16 juin 2023.

Importantes perspectives de croissance

A l’instar des avionneurs, Safran doit faire face à la faiblesse de certains des maillons de sa chaîne de fournisseurs. « Ceux qui m’empêchent de dormir se comptent sur les doigts », précise le président de SAE. Il assure que son groupe « est en passe de résorber ses quelques points de fragilité de la supply chain [“chaîne logistique”] ». « Je n’ai aucun plaisir à ne pas livrer Airbus », a expliqué M. Alary. Tandis que Boeing, confronté a des problèmes récurrents de qualité et à une longue grève, depuis la mi-septembre, qui paralyse ses productions, a demandé à Safran de réduire ses livraisons, au moins le temps du conflit.

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Qui sont les morts de la chaleur au travail ?

Des ouvriers sous 39 °C, lors d’une vague de chaleur, à Ajaccio, en Corse, le 21 juin 2023.

Le 26 juin 2023, la chaleur écrase Orgon, une petite ville des Bouches-du-Rhône. Dans le département, la température monte ce jour-là jusqu’à 36° C. Pour autant, rien d’inhabituel à cette période de l’année. Météo-France n’a d’ailleurs pas lancé d’alerte à la canicule. Sur la route d’Avignon, à l’ouest du village, des ouvriers s’activent sur le chantier d’une résidence de quarante-six logements.

Parmi eux, Joao Manuel C., 47 ans. Ce coffreur-bancheur a commencé sa journée à 7 h 30, puis a pris une pause entre 12 heures et 13 heures. En a-t-il profité pour se rafraîchir dans la base vie climatisée où des boissons fraîches sont disponibles ? Dès 13 heures, le voilà à nouveau en train de poser des ferrailles sur un plancher. A 14 h 30, Joao Manuel C. se sent mal. Alerté, le chef de chantier le découvre inconscient au sol et appelle les pompiers, qui arrivent sur les lieux quinze minutes plus tard. A 16 h 50, le décès de l’ouvrier est constaté.

L’inspection du travail arrive peu après sur place pour relever les circonstances de l’accident. Ses constatations parviendront jusqu’au service de l’inspection médicale du travail (IMT) qui, quelques mois plus tard, comptabilisera ce décès comme « en lien avec la chaleur ». Joao Manuel C. fait donc partie des onze personnes qui sont officiellement mortes de leur exposition à de trop fortes chaleurs sur leur lieu de travail en 2023.

A partir des signalements de l’IMT, la direction générale du travail (DGT) réalise chaque année un bilan national, ensuite publié par l’agence Santé publique France. Le Monde a eu accès à l’ensemble des fiches de signalement détaillant les circonstances de chaque accident depuis le premier bilan établi en 2018 jusqu’à la fin de l’été 2023 – les derniers chiffres disponibles à ce jour.

La construction, secteur le plus accidentogène

En six ans, entre le 1er juin 2018 et le 15 septembre 2023, au moins quarante-huit travailleurs auraient été victimes d’un accident mortel lié à la chaleur – un chiffre probablement sous-estimé, de l’aveu même de Santé publique France. Ces cas ne représentent qu’une fraction marginale des quelque 700 accidents mortels du travail répertoriés chaque année, mais leur part augmente au cours de la période estivale : dix des cent douze accidents mortels recensés entre juin et septembre 2019 étaient, par exemple, en lien avec la chaleur, soit 9 %. En outre, ce risque professionnel est amené à prendre de plus en plus d’importance avec le réchauffement climatique, à l’origine d’une multiplication des épisodes climatiques extrêmes, susceptibles de favoriser sur le lieu de travail le risque de malaises liés à la chaleur, qu’ils soient mortels ou non.

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