A l’usine Renault de Sandouville, une « charrette » d’intérimaires sur fond de baisse des commandes et de normes européennes

Dans l’usine du constructeur automobile Renault, à Sandouville (Seine-Maritime), le 29 mars 2024.

Des centaines d’ouvriers s’extraient du flot ininterrompu de cars venus les déposer devant l’usine Renault de Sandouville, dasn la zone industrielle et portuaire du Havre (Seine-Maritime). Il est un peu moins de 13 heures, ce vendredi 28 février, et l’embauche est imminente. Ici, on travaille en 3 × 8 pour assembler le véhicule utilitaire Trafic. Quatre jours plus tôt, lundi 24, lors d’un conseil social et économique (CSE) extraordinaire, la nouvelle est tombée par l’entremise du syndicat Force ouvrière (FO) : la direction a annoncé la suppression de la moitié des postes d’intérimaires : 300 sur les 600 au total.

A compter du 17 mars, l’usine ne devrait plus produire que 450 véhicules par jour, contre 620 à la fin de 2024. « On est un peu sonnés », glisse Tom Boudin, 19 ans, avant d’aller enfiler son bleu de travail. Le jeune homme, en intérim depuis novembre 2023, espère « ne pas être dans la charrette », sans savoir pour l’heure « qui dégagera ». Erwan (qui n’a pas souhaité donner son nom), 22 ans, même profil, confie sa « peur » lui aussi : « J’ai deux enfants… »

Le groupe Renault, par la voix d’une porte-parole, confirme que « tous les contrats d’intérim ne pourront malheureusement pas être renouvelés », sans avancer de chiffres précis, et renvoie au lundi 10 mars, date du prochain CSE à Sandouville, au cours duquel seront dévoilés les contours de ce « projet d’ajustement de la production à la baisse de la demande commerciale ».

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La chaîne internationale de magasins de décoration Casa dépose le bilan en Belgique

Des clients lisent l’avis affiché à l’entrée d’un magasins Casa, alors que l’entreprise a déposé son bilan, à Saint-Nicolas (Belgique), le 5 mars 2025.

Les sociétés Casa International et Casa Logistics ont déposé leur bilan, ont annoncé les médias belges, mercredi 5 mars. Les 63 magasins belges, le centre de distribution et le siège social d’Olen fermeront leurs portes, ce qui aura un impact sur les 544 employés en Belgique, a déclaré l’entreprise dans un communiqué de presse cité par le média RetailDetail. Dans le monde, la chaîne de distribution exploite moins de 400 magasins, implantés dans huit pays, et emploie 2 230 personnes. En France, où le groupe compte 600 salariés, ce sont 143 magasins qui sont aujourd’hui potentiellement menacés.

« Nous n’avons pas d’information. Pour l’instant le magasin est ouvert », a réagi la responsable du magasin du 15e arrondissement de Paris, au moment où les chaînes de télévision belges constataient que des boutiques avaient déjà fermé le rideau. « Le dépôt de bilan ne concerne pour le moment que la Belgique. La France n’est pas en procédure collective mais elle va en examiner les impacts », précise au Monde la communication de l’enseigne : Casa Holdings, la société mère, est enregistrée aux Pays-Bas. Elle possède des filiales dans chacun des pays, dont Casa International et Casa Logistics en Belgique, où se situe le cœur du réacteur. Cette dernière entité est celle qui réceptionne pour l’ensemble du groupe la marchandise des fournisseurs venue d’Asie et les livre aux magasins.

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La rédaction du « Parisien » vote une grève et une motion de défiance pour dénoncer le plan d’économies

A la veille des vacances scolaires de février, les salariés du Parisien avaient pris date afin de discuter d’un possible débrayage pour dénoncer le plan d’économies proposé par la direction. A l’issue de l’assemblée générale organisée jeudi 6 mars à l’appel des syndicats, ils ont voté une grève de vingt-quatre heures, qui aura lieu vendredi 7 mars à partir de minuit. Sur 319 votants, 163 personnes se sont prononcées pour, 143 contre, et 13 votes blancs et abstentions ont été comptabilisés. La production du site Web du média – racheté en 2015 par LVMH, géant du luxe détenu par le milliardaire Bernard Arnault – pourrait donc être moindre vendredi.

Le plan d’économies entraînant la suppression de 39 postes, dont 29 au sein des rédactions sur environ 400, ne passe pas. Il est jugé inacceptable par la motion votée jeudi, tout comme « la réorganisation de la rédaction telle qu’envisagée » par la direction. Les départs se feront « sur une base de volontariat », insistait la direction en février, expliquant la nécessité de ces mesures par l’obligation de ne pas creuser les pertes, qui étaient de plus de 33 millions d’euros en 2024.

Mais les conditions de travail pour les collaborateurs restants inquiètent particulièrement en interne. « Les salariés n’auront plus les moyens de travailler correctement, et encourront de graves risques psychosociaux », alerte le texte de motion, dénonçant un projet menaçant la « qualité éditoriale » des titres Le Parisien et Aujourd’hui en France.

Le précédent plan de réduction d’effectifs au Parisien, qui remonte à 2020, avait déjà conduit au départ d’une cinquantaine de salariés et à la disparition des neuf cahiers départementaux de l’Ile-de-France et de l’Oise, fondus dans un cahier « Grand Paris ». En contrepartie, une trentaine de personnes avaient été recrutées, principalement dans des postes chargés de l’actualité en direct pour le site Internet.

Paragraphe « purement et simplement supprimé »

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« Abandon, trahison » contre « liberté d’entreprendre » : la location-gérance chez Carrefour devant la justice

Un hypermarché Carrefour à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), le 29 mars 2023.

Mobilisations, négociations ou interpellation en assemblée générale des actionnaires ayant eu jusqu’ici peu d’effet, c’est désormais devant les tribunaux que se mène la fronde contre la stratégie de Carrefour d’externaliser chaque année la gestion de plusieurs dizaines de grandes surfaces. Devant le palais de justice d’Evry, près d’une centaine de salariés, de l’Essonne, du Nord ou de l’Isère, en chasubles orange fluo de la CFDT, étaient ainsi venus soutenir l’action en justice de leur syndicat contre le géant de la grande distribution, vendredi 7 mars. Une audience en référé devant le tribunal judiciaire dont l’objectif était de suspendre en urgence le transfert de 39 nouveaux magasins en location-gérance, annoncé par le groupe pour avril.

Car une procédure sur le fond est en cours : il y a un an, la CFDT a assigné Carrefour en justice pour abus de droit de la liberté d’entreprendre. Le syndicat estime que l’entreprise dévoie le système de la location-gérance et réclame 23 millions d’euros de dommages et intérêts et l’arrêt du transfert de magasins sous ce régime.

« C’est un procédé prévu normalement pour l’expansion d’une entreprise, et Carrefour l’emploie à l’envers, pour se séparer de ses magasins les moins rentables et de ses salariés, dénonce Erwanig Le Roux, délégué syndical central CFDT Carrefour. Plutôt que de dépenser 700 millions d’euros par an en rachat d’actions, ils feraient mieux d’investir dans leurs magasins, qui dépérissent ! »

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L’arrêt provisoire d’un haut-fourneau à Dunkerque provoque l’inquiétude des salariés d’ArcelorMittal

Des salariés de l’aciérie ArcelorMittal de Dunkerque, dans le Nord, le 11 février 2022.

Il s’agit du plus important haut-fourneau d’Europe. ArcelorMittal a annoncé, lundi 10 mars, la mise à l’arrêt du principal haut-fourneau de son aciérie de Dunkerque (Nord) pendant trois mois. Le groupe sidérurgique, leader européen et numéro deux mondial de l’acier, indique que ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un programme de maintenance de 254 millions d’euros, mais, pour de nombreux salariés, c’est une nouvelle inquiétude sur l’avenir de ce site industriel qui s’étend sur 450 hectares et emploie plus de 3 000 personnes.

Les travaux, qui concernent le haut-fourneau 4, auront lieu au cours du deuxième trimestre, pour une durée de quatre-vingt-dix jours. Ils doivent permettre de « maintenir l’efficacité de ces outils (…) tout en préparant le site industriel à sa prochaine phase de décarbonation », précise le groupe dans un communiqué. Parallèlement, un autre projet de maintenance est programmé sur le haut-fourneau 1 du site d’ArcelorMittal de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), pour un montant de 53 millions d’euros. Le redémarrage de ce haut-fourneau, à l’arrêt depuis 2024, faute de demande, est « prévu au cours du premier trimestre de 2026 ».

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La banque suisse UBS condamnée en France pour harcèlement moral envers des lanceurs d’alerte

Une enseigne UBS à Lucerne, en Suisse, le 14 juin 2024.

La banque suisse UBS a été condamnée, lundi 10 mars à Paris, à une amende de 75 000 euros pour harcèlement moral – par sa filiale française – à l’encontre de deux lanceurs d’alerte qui avaient dénoncé le système d’évasion fiscale organisé par l’établissement bancaire.

UBS Europe, qui a absorbé la succursale française, a en outre été condamnée à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à Nicolas Forissier, ancien chef de l’audit interne. L’autre victime, l’ex-responsable marketing Stéphanie Gibaud, s’était désistée de sa constitution de partie civile après avoir trouvé un accord avec la banque.

La banque a en revanche été relaxée du chef de subornation de témoin et d’entrave au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

« C’est la vérité qui ressort (…). J’ai fait mon travail, que mon travail, mais j’ai servi les intérêts de l’Etat et j’ai respecté la loi de mon pays, j’en suis très, très fier », a réagi M. Forissier à l’issue du délibéré.

« Puissant message »

Selon son avocat, Me William Bourdon, c’est la première fois en France qu’un « lanceur d’alerte » obtient la condamnation de son ancien employeur. Si le montant de l’amende « paraît un peu dérisoire », « on est heureux et fiers de cette décision, a poursuivi Me Bourdon. C’est aussi un puissant message en direction des lanceurs d’alerte de demain, qui doivent voir cette décision comme un bouclier dissuasif ».

De son côté, la banque s’est dite satisfaite de la relaxe intervenue sur deux des trois infractions qui lui étaient reprochées. « Néanmoins, nous sommes en désaccord avec la condamnation pour harcèlement moral, que nous trouvons injuste, a ajouté la banque. Nous allons analyser attentivement la décision et décider des prochaines étapes. »

Lors de l’audience, le parquet avait requis l’amende maximale de 225 000 euros pour les trois infractions. La défense de la succursale avait plaidé la relaxe, appelant à « dépassionner le débat ».

Dans l’affaire principale, UBS France a été relaxée définitivement en 2021 pour complicité de blanchiment de fraude fiscale mais condamnée à une amende de 1,875 million d’euros pour complicité de démarchage bancaire illégal.

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Mais pour la maison mère, UBS AG, l’affaire se poursuit. En 2019, elle a été condamnée à une amende record de 3,7 milliards d’euros, plus 800 millions de dommages et intérêts, pour avoir mis en place un « système » visant à « faciliter » la fraude fiscale de riches contribuables français entre 2004 et 2012.

En appel en 2021, après une évolution de jurisprudence, la sanction a été réduite à un total de 1,8 milliard d’euros. Et en 2023, la Cour de cassation a définitivement confirmé la culpabilité de la banque, mais elle a annulé les peines et les dommages et intérêts, ordonnant un nouveau procès pour les réexaminer.

Le Monde avec AFP

La réindustrialisation de la France a subi un « coup d’arrêt » en 2024

Des salariés du fabricant de pneumatiques Michelin manifestent après l’annonce de la direction de fermer, début 2026, les usines de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes, à Clermont-Ferrand, le 13 novembre 2024.

La dissolution de l’Assemblée nationale, décidée en juin 2024 par Emmanuel Macron, et les mois d’instabilité politique qui en ont découlé semblent avoir coûté cher à l’économie française. C’est ce qui ressort de l’analyse du bilan annuel de l’emploi et de l’investissement en France réalisé par le cabinet de recherche Trendeo et publié le 11 mars.

Ce baromètre, qui fait référence dans les cercles économiques, souligne « une dégradation nette de l’activité » dans le pays, en 2024, en particulier « à partir du second semestre », qui enregistre un « décrochage » et un « coup d’arrêt à la réindustrialisation ». « Le ralentissement en cours depuis 2022 n’explique pas à lui seul la dégradation ressentie en fin d’année, avec une accélération entre septembre et décembre », explique au Monde David Cousquer, le fondateur de Trendeo.

Pour cet expert, l’incertitude politique provoquée par la dissolution s’est accompagnée d’un fort attentisme des milieux économiques : « La dissolution a incité des grands groupes à reporter des projets ou à baisser leurs embauches, une situation aggravée encore en fin d’année par les incertitudes internationales liées à l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis », précise-t-il.

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Au cabinet d’audit EY, les syndicats organisent un référendum sur le temps de travail

« Dans mon équipe, tout le monde avait de l’eczéma, moi je faisais de la tachycardie. On avait tous en commun des semaines de 60, 70, 80 heures, des journées qui commençaient à 9 heures et finissaient à 2 heures du matin », décrit Ariane (tous les prénoms ont été modifiés), auditrice récemment partie d’EY après y avoir passé cinq ans.

Dans cette entreprise de 3 000 salariés, qui vérifie les comptes de grandes entreprises, la surcharge de travail est une constante. Selon un sondage mené par l’intersyndicale CFDT-CGT-CFTC-FO début 2023 auprès de 218 personnes, 25 % des salariés déclaraient dépasser les 50 heures hebdomadaires plus de vingt semaines par an, et près de 90 % au moins cinq semaines.

C’est dans ce contexte que l’intersyndicale a annoncé le lancement d’un référendum : du 14 au 21 avril, les salariés seront invités à indiquer, via un lien qui leur sera envoyé sur LinkedIn, s’ils souhaitent le rétablissement de la limite hebdomadaire du temps de travail à 48 heures.

En cause, un accord d’entreprise, signé en 2021 entre la direction et la seule CFE-CGC, à l’époque majoritaire, qui permet aux cadres de dépasser le nombre maximum d’heures prévues par la convention collective, pour s’adapter aux périodes de forte activité, notamment en début d’année.

Le texte entérine la possibilité de dépasser les 48 heures, puisqu’il crée des seuils à 50 et 58 heures : si un salarié les dépasse pendant plusieurs semaines rapprochées dans le temps, les ressources humaines doivent intervenir pour alléger la charge de travail. Rares sont pourtant les salariés à avoir été réellement aidés après avoir déclaré des durées supérieures à ces seuils.

« On m’a déjà demandé de travailler en arrêt maladie »

L’intersyndicale a contesté en justice, puis a essayé de renégocier l’accord avec la direction, sans succès. Elle ne peut le dénoncer, faute du soutien de la CFE-CGC, qui reste un syndicat représentatif malgré une baisse lors des dernières élections professionnelles. Sans plus de précisions, la direction indique que le dialogue social « a permis d’adapter les règles de l’entreprise à son environnement, et de nombreuses évolutions ont ainsi vu le jour ».

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Un mouvement de grève au sein du Groupe Nice-Matin bloque la parution des journaux

Devant le siège du Groupe Nice-Matin, à Nice, le 20 décembre 2012.

Aucun journal du Groupe Nice-Matin n’est paru, jeudi 13 mars, en raison d’un mouvement de grève lié à plusieurs revendications.

Les inquiétudes tournent d’abord autour de l’impression : dans un tract, la chambre syndicale typographique niçoise (CSTN/CGT) a exprimé sa colère face à une potentielle remise en cause d’un projet de centre d’imprimerie commun entre les groupes Nice-Matin et La Provence au Muy, dans le Var. Les salariés redoutent que Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde), qui détient le Groupe Nice-Matin depuis 2019, par l’intermédiaire de sa holding NJJ, n’opte pour la délocalisation de la production à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône.

« L’avenir s’annonce sombre et les conséquences sociales, dramatiques. La faute à un actionnaire milliardaire qui renonce à investir pour préserver nos emplois, satisfaire son lectorat, ou même maintenir un journal digne de ce nom alors que le papier représente toujours 80 % de nos revenus ! », dénonce la CGT.

« Des conditions de travail devenues insupportables »

La tension monte aussi au sein de la rédaction du groupe, dont les éditions couvrent les Alpes-Maritimes, le Var et Monaco. Une motion de défiance contre le comité de direction a été adoptée à la majorité lors de deux assemblées générales à Nice et Toulon, les 6 et 7 mars, et adressée jeudi à la direction, selon le syndicat SNJ.

La motion dénonce essentiellement « une dégradation des conditions de travail devenue insupportable à la suite de dizaines de départs depuis cinq ans ».

« Comment faire face aux municipales, “notre coupe du monde” comme le dit le directeur de la rédaction, quand ce dernier assume le non-remplacement dans ses équipes ? », interroge le texte, qui demande « une réponse concrète et précise » avant une nouvelle assemblée générale, prévue mardi.

Le Monde avec AFP

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Retraites : troisième réunion de concertations entre syndicats et patronat, le Medef propose de durcir le dispositif de départ en carrière longue

Le président du Medef, Patrick Martin, et François Asselin, président de la CPME, avant une réunion avec le premier ministre et les syndicats, au ministère du travail, à Paris, le 17 janvier 2025.

Syndicats et patronat ont exprimé des positions toujours aussi antagonistes, jeudi 13 mars, lors de la troisième réunion de concertations sur les retraites. Le Medef a proposé de durcir le dispositif de départ en carrière longue et faire ainsi des économies, ce à quoi s’opposent les syndicats.

Sur proposition de Matignon, les partenaires sociaux se sont engagés dans trois mois de discussions visant à « améliorer » la réforme des retraites de 2023, qui a décalé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Dans sa lettre de mission, le premier ministre, François Bayrou, a toutefois posé une « exigence » : un retour vers « l’équilibre financier » du système à horizon 2030, qui impose aux partenaires sociaux de trouver 6 milliards d’euros d’économies, ou de nouvelles recettes.

Principale revendication des syndicats, un retour à 62 ans coûterait quelque 10,4 milliards d’euros supplémentaires à horizon 2030.

Un dispositif « éloigné de sa cible initiale »

Jeudi, la réunion a essentiellement porté sur l’emploi des seniors et le dispositif « carrières longues », mécanisme dérogatoire qui permet aux salariés ayant commencé leur carrière jeune de partir plus tôt, élargi lors de la réforme de 2023.

Ce dispositif concerne aujourd’hui « 22 % des départs » avec des bénéficiaires qui ont globalement une bonne espérance de vie, et il s’est donc « éloigné de sa cible initiale », a déclaré à la presse la négociatrice du Medef, Diane Milleron-Deperrois, en sortant de la réunion.

L’organisation patronale voudrait donc « le recentrer » sur ceux qui ont réellement « commencé de manière précoce » et pas seulement effectué quelques trimestres (jobs d’été, étudiants) quand ils étaient jeunes. « C’est un principe d’équité » mais aussi une « piste d’économie », a-t-elle défendu.

Les syndicats s’y opposent totalement. L’élargissement du dispositif « est l’un des rares points positifs de la réforme de 2023 qu’on n’a pas du tout l’intention de revoir », a tranché, pour la CFTC, Pascale Coton.

Aborder le sujet de la pénibilité

« On a dit qu’on fermait la porte à cette discussion-là », a aussi annoncé le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau. Pour lui, le débat sur les carrières longues ne peut avoir lieu que la semaine prochaine, lorsque sera abordée la pénibilité.

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Pour la CGT, le dispositif carrières longues doit au contraire être « amélioré », pour s’ouvrir aux personnes touchées par des périodes de chômage, d’arrêt de travail ou de maladie professionnelle, qui en sont aujourd’hui souvent exclus car ils ne peuvent pas justifier d’une « carrière complète ».

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) estime, elle, que le dispositif est « coûteux » et qu’on peut « clairement économiser » en « le rendant plus équitable ». Ces économies pourraient être réutilisées pour améliorer les droits des salariés concernés par l’usure professionnelle, a suggéré le négociateur de la CPME, Eric Chevée.

Le Monde avec AFP

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