Des emplois et de l’eau pure : les promesses d’Anne Hidalgo pour les Jeux olympiques

Les anneaux olympiques devant l’hôtel de ville de Paris, le 23 juin 2018.
Les anneaux olympiques devant l’hôtel de ville de Paris, le 23 juin 2018. LUCAS BARIOULET / AFP

Des emplois par milliers, de l’eau pure, des quartiers durablement accessibles aux personnes handicapées… A Paris, les Jeux olympiques (JO) et paralympiques n’apporteront pas seulement un peu de spectacle et d’agitation durant l’été 2024. Anne Hidalgo, la maire socialiste de la capitale, entend faire en sorte que cette manifestation sportive soit l’occasion d’« accélérer la transformation de la ville », avec des effets positifs avant, pendant et après la compétition.

Tel est le sens des vingt mesures présentées, mardi 25 juin, par ses adjoints Jean-François Martins et Célia Blauel. Un programme qui tombe à point nommé, à neuf mois des élections municipales, à l’issue desquelles Anne Hidalgo espère bien être réélue.

Parmi les nouvelles promesses figure l’ouverture de 10 000 formations gratuites dans les domaines du BTP, de la sécurité et de la restauration. Les Parisiens non qualifiés qui sont visés pourront ainsi travailler durant les jeux, par exemple pour filtrer les entrées dans les stades ou servir dans les restaurants éphémères, et faire valoir ensuite ces nouvelles compétences. La mairie entend également « insérer 20 000 personnes dans l’emploi » en améliorant leur bagage grâce aux structures d’insertion par l’activité économique.

Des quartiers « 100 % accessibles »

Autre projet : la création, à l’occasion des jeux, de plusieurs quartiers 100 % accessibles aux personnes handicapées, qu’il s’agisse d’accéder aux logements, aux transports, aux commerces, aux équipements sportifs ou encore aux écoles. Ces quartiers pilotes devraient se trouver autour des sites olympiques et paralympiques, mais leur localisation exacte n’est pas encore connue.

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Pour que les jeux ne bénéficient pas qu’aux athlètes olympiques, l’équipe d’Anne Hidalgo promet, par ailleurs, de créer « un nouvel équipement sportif par arrondissement », ainsi que deux parcours sportifs. Elle s’engage aussi à rénover quatre centres sportifs, qui seront mobilisés pour les entraînements olympiques, comme la piscine Georges-Vallerey (20e arrondissement).

Plusieurs autres promesses étaient déjà connues, et sont confirmées, comme la construction, porte de la Chapelle, d’une arène de 8 000 places pour les épreuves de badminton, d’escrime-fauteuil et de parabadminton. Elle pourra, en principe, accueillir dès 2022 des compétitions sportives ainsi que des concerts et des spectacles, et devrait « contribuer à la métamorphose » de ce quartier en grande difficulté.

Rendre la Seine à la baignade

La mairie confirme également son engagement d’améliorer suffisamment la qualité de l’eau de la Seine pour que le fleuve soit « rendu à la baignade » à l’issue des épreuves. Depuis 1923, il est interdit de s’y baigner, en raison notamment de la présence de bactéries de type Escherichia coli. Tenir cette promesse nécessite en particulier d’équiper les stations d’épuration de Valenton (Val-de-Marne) et Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) de nouveaux systèmes de dépollution.

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Anne Hidalgo entend aussi profiter des JO pour faire de Paris une ville « sans plastique jetable » d’ici à 2024. Cela passerait par la suppression des articles jetables en plastique au sein de l’administration en 2020, puis de tous les services publics parisiens (crèches, cantines, musées, etc.) en 2022. A terme, la mairie aimerait convaincre l’Etat d’obtenir l’interdiction pour tous de l’usage du plastique jetable.

Sur le front de l’écologie, Anne Hidalgo et son équipe souhaitent, en outre, que la « voie olympique » réservée sur le périphérique aux sportifs et aux délégations durant les jeux soit conservée par la suite. Elle pourrait alors être utilisée par les transports en commun, les véhicules propres et ceux comptant plusieurs passagers.

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« Les jeux créent une contrainte doublement positive, commente Jean-François Martins, l’adjoint chargé des sports. Cela met une pression forte pour que les équipements, les projets se concrétisent en 2024, sans perdre de temps. Et cela suscite un supplément de bonne volonté chez tous nos partenaires, les entreprises, l’Etat, les autres collectivités, etc. »

D’autres restent beaucoup plus critiques. « L’urgence écologique devrait dicter à Anne Hidalgo de renoncer aux Jeux olympiques », juge Danielle Simonnet, qui sera la tête de liste de La France insoumise aux prochaines municipales.

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Violences, Sursollicitation, manque de moyens: les pompiers alertent un été de grève

A la décision de sept syndicats qui ont mandaté leur antécédent directement à Christophe Castaner, les sapeurs-pompiers doivent commencer, mercredi 26 juin, une grève entrevue pour durer jusqu’au 31 août. Au ministère de l’intérieur, on se veut tranquillisant : « Le mouvement n’aura pas d’impact sur la prise en charge de nos concitoyens. » Tenus de garantir un service minimum, les grévistes se contenteront d’inscriptions sur les casernes, les véhicules et les tee-shirts, ou de brassards lors des interventions.

Les signataires – qui évoquent 85 % des 40 500 pompiers professionnels de France, et nomment les 195 000 pompiers volontaires à les maintenir – sollicitent notamment « le retrait du projet de loi de transformation de la fonction publique », « une revalorisation de la prime de feu à 28 % » – comme la prime de risque des gardiens de la paix – contre 19 % maintenant, et un « recrutement massif » pour combler les besoins. Les 12 500 pompiers de Paris et de Marseille, ayant le statut de militaires, ne sont pas concernés par le mouvement.

André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels (FA/SPP-PATS), premier syndicat du métier, explique :

« Il s’agit surtout d’exprimer le ras-le-bol général. On nous demande chaque année d’assurer de plus en plus de missions avec de moins en moins d’effectifs. Le service public de secours est malade. »

« De 2003 à 2018, rappelle Sébastien Delavoux (CGT), on est passé de 3,5 à 4,6 millions d’interventions par an », un chiffre en hausse de 7 % chaque année. Le « secours aux personnes » représente 84 % des interventions, contre à peine plus de 50 % au début des années 2000. « On nous appelle trop souvent pour des choses qui ne sont pas dans notre périmètre, déplore Sébastien Delavoux. Parce que si vous appelez le 18, il y aura toujours quelqu’un pour vous répondre. »

« En cas d’ivresse sur la voie publique par exemple, la police devrait verbaliser l’individu et le placer en dégrisement, expose André Goretti. Mais comme la police manque d’effectifs, on nous appelle pour emmener l’individu aux urgences. » Les syndicats dénoncent en chœur une « sursollicitation » due aux « carences de l’Etat », révélatrice des déserts médicaux, du vieillissement de la population, et d’une organisation défaillante entre le SAMU, qui dépend du ministère de la santé, et les pompiers.

Pas d’« embauche massive »

Place Beauvau, on garantit « partager » ce constat : « Des groupes de travail pensent aux moyens de faire baisser la pression au niveau de la prise en charge des personnes, comme le rapprochement entre les ARS [agences régionales de santé] et les SDIS [services départementaux d’incendie et de secours], ou la limitation du temps d’attente des pompiers aux urgences. »

Pas de « recrutement massif » au programme, néanmoins. « La solution consiste plutôt à ne faire sortir les pompiers que quand c’est nécessaire, déclare Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des SDIS, et représentant de l’Assemblée des départements de France – lesquels paient les salaires des pompiers. La mise en place d’un numéro unique et de plates-formes d’appels départementales communes aux acteurs de l’urgence – SAMU, pompiers, police et gendarmerie – permettrait de réduire le nombre d’interventions. »

La hausse de la prime de feu ne semble pas plus à l’ordre du jour, six mois après les augmentations consenties aux policiers et gendarmes lors du mouvement des « gilets jaunes », et quelques jours après le délivrance de 70 millions d’euros pour des urgentistes en grève. « Cela coûterait 130 millions d’euros, calcule Olivier Richefou, et les départements n’ont pas 130 millions d’euros pour cela. »

Les pompiers essaient d’autre part l’attention sur les violences à leur égard, qui éprouvent une hausse inquiétante : en 2015, 1 939 déclaraient avoir été victimes d’une agression. Ils étaient 2 813 en 2017, selon l’Observatoire national de la criminalité et des réponses pénales. Le ministère de l’intérieur a sollicité, en mars, à tous les préfets « d’établir un diagnostic sur la sécurité des pompiers », et lancera en septembre « une campagne nationale de sensibilisation » sur le sujet.

 

La profession des réalisateurs de documentaires est fragilisée par un financement déstabilisé par les chaînes.

Au festival Sunny Side of the Doc, à La Rochelle, en 2016.
Au festival Sunny Side of the Doc, à La Rochelle, en 2016. XAVIER LEOTY / AFP

Le mouvement de réclamations des opérateurs de documentaires poussait depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Il s’interprétera bientôt par la création du premier syndicat professionnel, alors qu’il ne présentait jusqu’à actuellement qu’une multitude d’associations.

Cette « Guilde », dont la naissance à l’automne doit être proclamé le 25 juin au festival du documentaire Sunny Side of the Doc à La Rochelle, a montré fin mars sur Facebook, en réaction à la proposition par des syndicats de producteurs d’un salaire minimum – exigé de longue date par les documentaristes – de 120 euros par jour, un montant jugé « méprisant » par ces derniers. Le 20 mai, 500 réalisateurs ont voté pour la formation de ce syndicat.

« Notre rémunération, mais aussi le temps de tournage, baisse depuis plusieurs années, alors qu’on nous demande de faire des films toujours plus exigeants », regrette Elizabeth Drévillon, membre du comité provisoire de la Guilde et coréalisatrice de Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise, dispensé sur Arte en mars.

« Réaffirmer les bonnes pratiques »

Ce futur syndicat entend peser dans les négociations avec les producteurs pour « réaffirmer les bonnes pratiques », déclare Mme Drévillon. Parmi les premiers griefs que la Guilde soutiendra : la rémunération systématique du travail d’écriture en amont, des forfaits moins déconnectés du temps de travail effectif du réalisateur ou encore une transparence sur la répartition du financement du documentaire.

« Le service juridique pourra aussi jouer un rôle de conseil en fournissant des contrats types et des grilles de salaires selon le programme, pour savoir quoi demander à certains producteurs qui fonctionnent parfois à la tête du client », déclare le journaliste Stéphane Bentura, en accentuant être « bien conscient que la production va mal elle aussi ».

La fragilisation du secteur s’est pressée avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste

De fait, le bouleversement du secteur s’est accéléré avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste. « Le volume de la production de documentaires a été démultiplié avec les chaînes thématiques ou de la TNT, qui ont des capacités financières moins grandes que les chaînes historiques », déclare Stéphane Le Bars, délégué général de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Pour un documentaire de 52 minutes, un réalisateur est ainsi rémunéré en moyenne 17 090 euros sur les grandes chaînes publiques, contre 9 805 euros sur la TNT, d’après une étude de la Société civile des auteurs multimédia (Scam) de 2018.

Une action d’enchantement entre entrepreneurs et chercheurs dans le Forum BIOTechno

A l’accès, l’affiche annonce un atelier « jeux de rôle », qui peut paraître occasionnel dans un très sérieux Forum BIOTechno consacré à soutenir les étudiants en biologie à adopter une carrière. En poussant la porte, on aperçoit plusieurs jeunes gens, âgés de 25 à 30 ans, tous sur leur trente et un, exceptionnellement accumulés, maniant un langage pas forcément accessible pour le commun des mortels, où l’on capte qu’il est question de « paillasses », de « patents » ou de « biomarqueurs ». Ici ce ne sont pas des luttes ou des grands faits historiques que l’on simule, mais des entretiens d’embauche. Et c’est dans la peau de recruteurs et de candidats qu’on se glisse.

Ces jeunes font partie de l’embellissement de l’université française dans le domaine de la biologie. Ils sont doctorants (en cours de thèse), docteurs (titulaires d’un doctorat, bac + 8) ou postdocs (jeunes chercheurs diplômés, recrutés en CDD dans un laboratoire de recherche). Ils parviennent de consacrer trois années ou plus de leur vie à la recherche scientifique. Mais s’ils sont dans cette pièce en ce vendredi de juin, c’est qu’ils envisagent, comme disent certains, de « passer du côté obscur » : quitter le monde académique – parcours considéré comme classique, menant à des carrières de chercheur et d’enseignant – et entrer dans celui de l’entreprise.

Pour cela, ils doivent apprendre à « se vendre », et ce n’est pas une évidence. « Les doctorants et docteurs sont extrêmement capés, ce sont de vrais spécialistes de leurs thématiques de recherche, explique Charlène Planchenault, animatrice de cet atelier et consultante chez Kelly Scientifique, un cabinet de recrutement. En revanche, ils ne vont pas naturellement mettre en avant leurs compétences transversales, tout simplement parce qu’ils n’en sont absolument pas conscients. Alors qu’en trois ans ou plus de doctorat ils ont acquis d’énormes qualités, surtout en gestion de projet et en recherche de partenaires. On leur apprend à s’en prévaloir face aux recruteurs. »

« Les années de thèse sont actuellement considérées comme de réelles expériences professionnelles. » Charlène Planchenault, animatrice de cet atelier et consultante chez Kelly Scientifique

Perles rares

Depuis plusieurs années, la cote des bac + 8 a éclaté sur le marché du travail. Eux que les entreprises ont souvent vus comme des rats de laboratoire inadaptés aux contraintes du privé sont aujourd’hui de plus en plus recherchés. « Ce sont vraiment des profils très complets, très autonomes et très créatifs, assure Charlène Planchenault. Les années de thèse sont actuellement considérées comme de réelles expériences professionnelles. »

Les employeurs potentiels viennent donc complimenter les docteurs dans les événements qui leur sont simulés. Au Forum BIOTechno, entre les ateliers de CV et d’entretiens et les tables rondes sur les différents métiers abordables, une dizaine d’entreprises ont décidé d’investir dans des stands – payants – pour avoir accès à ces perles rares. Les deux cofondateurs de Neoplants, « jeune pousse » en biologie synthétique des plantes, attardent bien y recruter plusieurs de leurs futurs assistants. « Nous allons embaucher six personnes, dont quatre docteurs, explique Patrick Torbey, lui-même docteur de l’Ecole normale supérieure. C’est un vrai choix stratégique. Ils sont les meilleurs pour innover, pour résoudre des problèmes qui n’ont jamais été résolus jusque-là. Et ils sont très curieux, y compris dans les domaines qui ne sont pas les leurs. »

« Quand on crée une petite entreprise, on passe son temps à devoir dénouer des problèmes, augmente son associé Lionel Mora. Or 90 % du temps d’une thèse consiste à être apprécié à des embûches. Ça a une valeur inappréciable ! Mais tout le monde n’est pas adapté au monde de l’entreprise. Les expirations sont beaucoup plus agressives, ce n’est pas la même gestion du temps. Moi qui ne suis pas issu de ce milieu, ça m’a toujours fasciné de voir à quel point les chercheurs ont besoin de temps pour lire de la bibliographie et pour penser, tout simplement. Il faut juste réussir à combiner cela avec la réalité du privé. »

Nouvelle esprit

L’intérêt est mutuel. Ce jour-là, les jeunes chercheurs font la queue, CV en main, discours de motivation en tête, pour tenter de séduire ces employeurs potentiels. Maya (les prénoms ont été changés à la demande des intéressés), qui a effectué sa thèse sur le diagnostic des maladies infectieuses il y a cinq mois, s’en développe : « Je veux changer le monde, participer à l’innovation concrète, faire des découvertes qui vont agiter la vie des gens. Et je ne pense pas que ce soit dans l’académique que je peux y arriver. On perd trop de temps avec toutes les contraintes administratives et de publications. C’est dans le privé qu’on a effectivement les moyens et le contexte propices à la découverte. Mais, attention, pas n’importe quel privé ! Je suis très attachée à l’éthique, je ne veux pas être une machine à produire de l’argent. »

Pour Allan, spécialisé dans les prothèses, ce sont des attentions réalistes qui ont guidé son choix : « En poursuivant dans l’académique, je me préparais à quatre, dix, voire quinze ans de CDD, d’incertitude, de précarité et de pression avant, peut-être, d’obtenir un poste. Ce n’est pas ma conception de l’existence. J’adore la science et la recherche mais ce n’est pas toute ma vie. Je veux édifier une famille, profité et non m’imposer encore des années de sacrifices. Et je pense qu’on peut faire un travail tout aussi passionnant en entreprise. Evidemment, je ne vais pas me précipiter. Je choisirai le poste qui me fera vibrer. »

Parmi les ateliers les plus affectionnés, ceux de l’Association Bernard Gregory (ABG), qui conduit les docteurs dans leurs évolutions de carrière depuis près de quarante ans. Et a vu apparaître, ces dernières années, ce nouvel esprit. « Pendant longtemps, le renoncement à une carrière académique était considéré comme un échec, reconnaît Vincent Mignotte, directeur d’ABG. Actuellement, le privé n’est plus forcément un choix contraint. Certains débutent même leur thèse en sachant déjà qu’ils ne resteront pas dans la recherche fondamentale. Ils sont de plus en plus conscients des débouchés captivants qui peuvent exister dans le monde de l’entreprise. C’est évidemment le cas pour les sciences dures et naturelles, mais également pour les sciences humaines et sociales. Par exemple, pour le développement de la voiture autonome ou des objets connectés, on a besoin de sociologues et d’anthropologues pour travailler sur les réactions de la population. »

Sarah doit entretenir sa thèse d’immunologie à la fin de l’année et sait depuis plus d’un an qu’elle rejoindra ensuite le secteur privé. Mais elle redoute d’informer son directeur de thèse…

Reste à persuader les plus récalcitrants : les encadrants des jeunes chercheurs. Sarah doit entretenir sa thèse d’immunologie à la fin de l’année et sait depuis plus d’un an qu’elle rejoindra ensuite le secteur privé. Mais elle redoute de prévenir son directeur de thèse : « Deux de mes camarades ont été transparents avec leurs directeurs. Ceux-ci, bien plus âgés, avec une mentalité “à l’ancienne”, ont été rebutés par ce choix et se sont totalement désintéressés d’eux pour la fin de leur doctorat. Ça a été très violent. J’admire beaucoup mon encadrant et je ne veux vraiment pas le décevoir. L’informer va être une épreuve. Rien que d’y penser, j’ai une boule au ventre ! Mais je ne peux quand même pas choisir ma carrière en fonction de lui… »

Le changement de l’assurance-chômage va augmenter le sentiment d’inquiétude des travailleurs

Frédéric Guzy, professionnel des ressources humaines, développe que le retour des chômeurs à l’emploi tient plus à l’accès à la propriété qu’à la limitation des conditions d’allocation.

Le premier ministre et la ministre du travail ont montré, lei 18 juin, les fondements de la modification de l’assurance-chômage. C’est le troisième volet de la transformation de modèle social retenu en 2017 par le gouvernement après les ordonnances travail et la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». L’objectif affiché est de admettre aux entreprises de s’ajuster aux évolutions de leurs marchés, et aux salariés de se préparer aux ruptures approches dans leur parcours professionnel simultanément un haut niveau d’employabilité.

De façon schématique, l’amélioration présentée par le gouvernement pressent qu’il sera plus complexe de rentrer dans le régime de rémunération et plus rapide d’en sortir. En clair, moins de personnes bénéficieront d’une indemnisation. Cette situation aura pour effet de renforcer, aux yeux des salariés, la sensation d’insécurité lié aux ruptures de carrière. Les mesures regardant les cadres ne vont pas non plus inciter à la mobilité professionnelle…

Une étude effectuée par Harris Interactive fin 2018 confirmait qu’une majorité des actifs de moins de 40 ans spécifieraient conserver le même employeur durant leur carrière. La mutation d’employeur et/ou de métier fait souvent peur. Une autre étude menée par BVA exposait que 89 % des salariés considéraient qu’il était difficile de se reconvertir après 45 ans.

L’équilibre comme un obstacle

Les DRH savent bien que l’envie légitime de stabilité est souvent un obstacle majeur aux politiques de reconduction des dynamismes. Dans un monde où un modèle de carrières à ruptures multiples se substitue à celui du métier unique dans la même entreprise, les instruments de rémunération prévus par le gouvernement éprouvent donc d’accroître le sentiment d’insécurité des salariés.

Le système de bonus-malus, quant à lui, a pour objectif de disputer contre la précarité. Bien sûr, si ce système encourage les entreprises à procéder en faveur de la qualification et de l’employabilité des salariés en contrats momentanés, alors il sera utile, nous sommes en droit de l’espérer. Néanmoins, empêcher les entreprises d’utiliser des contrats momentanés n’est pas une fin en soi.

Ces emplois admettent à des salariés peu ou pas qualifiés de subsister connectés du travail. Il serait paradoxal que cette mesure limite le nombre de contrats passagers sans admettre à leurs bénéficiaires d’atteindre à un emploi plus stable, c’est-à-dire souvent plus qualifié.

Parité femmes-hommes : La ministre du travail averti 200 entreprises de punitions

La ministre du travail a certifié dimanche que 200 entreprises nécessitent encore remplir leur devoir légale de proclamer un index sur l’égalité, faute de quoi elles seront punies.

Plus de 200 entreprises traînent des pieds face à leurs nouvelles obligations en matière d’égalité femmes-hommes. Alors que la loi contraint depuis le 1er mars les structures de plus de 1 000 salariés de publier un index de l’égalité professionnelle, « on a 1 130 entreprises sur les 1 340 concernées » qui n’ont pas respecté cette obligation, a témoigné dimanche, Muriel Pénicaud, lors du « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ».

« D’ores et déjà, pour ceux qui n’ont pas répondu, dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, l’inspection du travail et la direction générale du travail sont en train de les contacter. S’ils ne se conforment pas très vite, ils vont être mis en demeure et ils pourront avoir des sanctions financières, même pour ne pas avoir répondu », a averti la ministre.

« Les sanctions peuvent aller jusqu’à 1 % de la masse salariale. Je dis souvent aux employeurs : “plutôt que de donner [cet argent] au Trésor public, donnez-le aux femmes !” », a-t-elle déclaré.

Une note sur 100 points en matière d’égalité femmes-hommes

L’index est une mention globale sur 100 points, décomposée en cinq critères : l’écart de rémunération femmes-hommes (noté sur 40 points), l’écart dans les aggravations annuelles (20 points), l’écart dans les promotions (15 points), les accroissements au retour de congé maternité (15 points) et, enfin, la présence de femmes parmi les plus gros salaires de l’entreprise (10 points).

« La grande majorité » des entreprises ayant publié leur index « a du travail à faire », a déclaré la ministre, et « 15 % sont en alerte rouge », c’est-à-dire sous la barre des 75 points. Ces mauvaises élèves, qui risquent des sanctions si elles n’amendent pas leur situation dans les trois ans, « ont des résultats vraiment mauvais » et « doivent tout de suite agir ».

A l’inverse, seule une « toute petite minorité » des entreprises examinées a obtenu la note maximale de 100 points, a défini la ministre.

Une fois confirmé par l’entreprise, l’index est « public », a par ailleurs accentué Mme Pénicaud. « Quand vous voulez postuler dans une entreprise, regardez s’ils sont bons ou nuls en égalité salariale », a-t-elle ajouté. Les entreprises de plus de 250 salariés seront, à leur tour, observées par l’obligation de publier cet index le 1er septembre, puis celles de plus de 50 salariés le 1er mars 2020.

 

Les pompiers alertent d’une grève

Un préavis de grève du 26 juin au 31 août a été posé par des syndicats.
Sept syndicats de pompiers, délégué 85 % de la profession, ont posé un préavis de grève du 26 juin au 31 août pour solliciter plus de moyens face à un accroissement de leurs interventions. « Le service public de secours est malade. On veut alerter les Français », a exposé à l’AFP André Goretti, président de l’organisation FA – SPP-PATS, premier syndicat chez les 40 000 pompiers professionnels.

Ces syndicats ont proclamé un courrier mercredi dernier au ministre de l’intérieur, dans lequel ils dénoncent « un déni de dialogue social » et « les politiques et projets néfastes du gouvernement ».

« Sur-sollicitation » et « violences verbales »

Ils sollicitent le retrait du projet de loi de modification de la fonction publique, la réévaluation de la prime de feu similaire aux autres métiers à risque, et « le recrutement massif d’emplois statutaires ». M. Goretti regrette un « profond malaise au sein de la profession » :

« Nous devons répondre à une sur-sollicitation avec de moins en moins d’effectifs et de moyens (…) Nous assumons de plus en plus de missions qui ne relèvent pas de nos compétences, à cause des manquements des services de l’Etat. »

A cela s’additionnent « de plus en plus de violences verbales et parfois physiques », suivant le responsable syndical.

Même s’ils se formulent en grève, les pompiers peuvent être astreints à un service minimum, en tant qu’« agents assurant le fonctionnement des services indispensables à la garantie de la sécurité physique des personnes ».

Assurance-chômage : un changement « mal reliée et trop craintif »

L’économiste François Fontaine regrette, que le cœur de la réforme – l’aboutissement des contrats courts – ait été contaminé par des termes annexes et « baroques ».

Il aura fallu deux  ans  au gouvernement pour faire achever la réforme de l’assurance-chômage. Il faut dire que le travail était infini. En détournement financière depuis le début des années 2000 et entassant plus de trente milliards d’euros de dette, elle était transformée délicat en cas de nouvelle crise économique et, dans le cadre des règles actuelles, la punition des comptes était illusoire.

Si nous en sommes arrivés là, c’est que les partenaires sociaux comme les pouvoirs publics n’ont longtemps pas compris que les règles de l’assurance-chômage ont un effet arrangeant sur le marché du travail. Ainsi, la rupture conventionnelle – départ sacrifié qui donne droit à indemnisation –, les modalités du cumul emploi-chômage, celles du rechargement des droits et, plus directement, celles du calcul du montant de l’allocation, ont été autant d’encouragements pour les entreprises à fractionner les contrats de travail.

Dans un même mouvement, elles ont rendu viable pour les travailleurs l’alternance rétablie entre emplois et courtes périodes de chômage et ont autorisé aux entreprises de soutenir une gestion irresponsable de leurs ressources humaines. Il y a bien eu quelques tentatives d’y atténuer, mais elles ont été tardives, timides et inopérants.

Revenu mensuel au chômage et en emploi

La réforme devait donc se concevoir autour d’une idée simple : puisque c’est l’envolée des contrats courts qui explique une part importante du déficit structurel de l’Unédic, il fallait mettre un coup d’arrêt à ce mouvement. Malheureusement, la réforme ne répond que partiellement à cet enjeu. Aux mesures utiles, elle en superpose d’autres, mal ficelées et un peu baroques. Enfin, quand il s’agit de responsabiliser les entreprises, elle se montre étrangement timide.

Certes, on y trouve bien de nouvelles solutions de calcul des droits. Le montant de l’allocation dépendra de la paye mensuelle et non du revenu journalier moyenne. C’est un point technique, mais c’est sans doute le plus important de la réforme : il évitera que le revenu mensuel au chômage ne dépasse le revenu en emploi. C’était le cas avant si, par exemple, le salarié n’avait travaillé qu’une semaine sur deux sur la période servant à calculer ses droits. Cette mutation devrait ainsi casser la principale incitation à fractionner les contrats.

C’est une mesure indispensable, mais elle aura des suites financières importantes pour les nouveaux solliciteurs d’emploi. Et pourquoi avoir allongé, dans un même mouvement, le nombre de jours besognés essentielles pour être éligibles ? Quel intérêt aussi d’introduire une dégressivité pour les allocations des cadres ? Elle ne touche pas au problème réel de l’assurance-chômage, tout en créant un régime à deux logiques de rémunération : allocations abaissantes pour les uns, constantes pour les autres.

Le géant du jeu vidéo américain convoité par un lourd plan social

Le stand d’Activision Blizzard à l’Electronic Entertainment Expo de Los Angeles, en janvier 2013.
Le stand d’Activision Blizzard à l’Electronic Entertainment Expo de Los Angeles, en janvier 2013. Jae C. Hong / AP

La maison-mère américaine veut suspendre 134 postes dans sa filiale française, où les arrangements sont ratés et le moral est au plus bas.

Sur une photo épinglée dans l’open space, 27 collaborateurs installent les uns à côté des autres. Sur le visage de la moitié d’entre eux, des petites gommettes ont été installées. Ce sont tous ceux qui, depuis le début de l’année, ont abandonné la « famille » Blizzard Entertainment, soit pour fuir sous des cieux plus cléments, soit parce qu’ils sont immobilisés pour burn-out ou dépression. Cette succursale européenne du géant du jeu vidéo Activision Blizzard, sise à Versailles, a abondamment été aperçue comme l’une des plus protégées et solidaires de l’industrie en France. Ses 450 travailleurs sont actuellement affectés par un plan de réduction de 30 % des effectifs annoncé le 12 février.

Ce jour-là, durant d’une réunion téléphonique avec ses actionnaires, Bobby Kotick, président d’Activision Blizzard, numéro un mondial de l’édition de jeux vidéo, établi aux Etats-Unis, annonce une réduction de 8 % des effectifs, soit approximativement 800 postes en moins dans le monde, principalement dans les métiers de l’édition, du support client et du marketing, pour s’ajuster sur la création. Avec 134 postes annulés, Blizzard Entertainment (nom de la structure versaillaise), filiale européenne polyglotte spécialisée dans l’animation de la communauté des joueurs, est le plus touché. Le lendemain, une réunion de crise est organisée. Depuis, plus rien ou presque.

« On travaille dans le noir »

Jeudi 20 juin, après quatre mois d’ambiguïté, les salariés de la principale antenne européenne de l’une des entreprises de jeu vidéo les plus mythiques (qui a créé World of Warcraft, Diablo, StarCraft, Hearthstone…) ont finalement été mis au courant par leur direction des contours du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) illégal mis en place par le « top management ». Dans les grandes lignes : un package de quatre à cinq semaines de salaire par année d’ancienneté et dix mois de congé de classement, un plan de départs volontaires ouvert cet été et des licenciements économiques à la rentrée. Mais ils ignorent encore qui, effectivement, est concerné par le plan.

Depuis, les syndicats peignent les employés comme « stressés », « fatigués », « inquiets », « démotivés ». « A Blizzard, on se connaît tous depuis longtemps, les collègues finissent par devenir des amis, et voir des amis craquer, c’est dur », affirme l’un d’entre eux, les yeux dans le vague. Tous révoquent l’opacité dans laquelle se terre la direction. « En tant que manageur d’équipe, je n’ai aucune information sur rien, on est entièrement aveugle, on travaille dans le noir », se décourage Romain, représentant de la CGT. « Il y a un énorme sentiment de peur et un stress intense », confirme un cadre de l’entreprise.

En France le secteur bancaire perd des emplois depuis 2011

La Société générale a annoncé en avril  la suppression de plus de 700 postes en France.
La Société générale a annoncé en avril  la suppression de plus de 700 postes en France. PIERRE VERDY / AFP

 

En 2018, les effectifs des banques françaises ont perdu 3 400 postes d’emploi, soit un repli de près de 1 %.

Le secteur bancaire, l’un des primordiaux embaucheurs privés en France, est-il encore en mesure d’engendrer une autre fois de l’emploi, comme ce fut le cas avant la crise financière ? La désagrégation poursuit du nombre de salariés depuis le tournant des années 2010 ne porte pas à l’optimisme. En 2018, pour la septième année produite, l’industrie bancaire française a, en effet, restreint une nouvelle fois ses effectifs, selon les chiffres diffusés jeudi 20 juin par la Fédération bancaire française (FBF). En 2018, 362 800 personnes œuvraient dans les banques en France, soit une diminution de 3 400 postes par rapport à 2017, et un recul de près de 1 % des effectifs.

Tandis, la profession recrute. Les établissements ont recruté, l’an dernier, 42 300 travailleurs dans l’Hexagone, « un chiffre en constante hausse depuis cinq ans », note la FBF. Le secteur offre, en outre, des emplois stables. Les banques dites « commerciales » (par opposition aux établissements mutualistes), qui éditent plus de données, disent avoir embauché 69 % de leurs nouveaux salariés en CDI. La durée moyenne de l’ancienneté atteint quinze années. Les postes sont aussi plus qualifiés, puisque les 63 % des recrutements en CDI concernent des Bac + 4 ou Bac + 5 (contre 52 % en 2014).

Des départs nombreux

Ces recrutements ne punissent toutefois pas les départs, plus nombreux. Les démissions indiquent « désormais le principal motif de départ, en lieu et place des départs à la retraite [largement majoritaires en 2014] », montrait l’Observatoire des métiers de la banque dans une étude diffusée en décembre 2018. La banque ne parvient plus, autant que par le passé, à fidéliser ses commerciaux. Selon cet observatoire, « pour la première fois en 2017 », les métiers de la force de vente ont évoqué moins de la moitié des effectifs des établissements, non pas à cause d’un recul des embauches, mais d’« une augmentation du turnover, notamment chez les jeunes générations ».

Mais au-delà des obstacles à fournir certains types de postes, les banques françaises cherchent principalement à borner leurs effectifs pour accomplir des économies. Bien moins rentables qu’avant la crise financière, en raison des taux d’intérêt très bas qui rognent leurs marges sur les crédits et de leurs efforts pour consolider leur capital, la plupart des établissements réduisent leurs réseaux d’agences, automatisent les tâches qui peuvent l’être et délocalisent certaines activités. En avril, la Société générale prévenait encore la rupture de plus de 700 postes en France. Le « douzième plan de réduction d’effectif de l’ère Oudéa [du nom du directeur général, Frédéric Oudéa] », selon un représentant syndical de la CGT.