« Vivre deux licenciements en un peu plus d’un an, ça fait très mal » : le repreneur de Whirlpool Amiens mis en liquidation

Il n’y a plus d’avenir pour la société WN, qui avait repris 182 salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens (sur 282) après sa fermeture le 1er juin 2018 due à la délocalisation de sa production de sèche-linge en Pologne. Ce mardi 30 juillet, le tribunal de commerce de la capitale picarde a prononcé la liquidation de WN. En quatorze mois, WN avait enregistré un peu moins de 300 000 euros de chiffre d’affaires et 5 millions d’euros de dettes, selon des sources proches du dossier.

Le tribunal a validé, dans le même temps, la cession partielle de WN pour 6 euros symboliques à Ageco Agencement, une société d’aménagement en mobilier de magasins, créée en 2012 et déjà implantée sur le site, avec 52 salariés. Ceux-ci seront rejoints, dès le 19 août, par 44 ex-salariés de WN. Les 138 autres seront licenciés. « Vivre deux licenciements en un peu plus d’un an, ça fait très mal, souligne Antonio, un ancien délégué CGT de Whirlpool. Vingt personnes sont en arrêt maladie. Une cellule psychologique a été mise en place » par l’Etat en juillet, associée à Pôle emploi.

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« Leur entreprise peut être compétitive »

En septembre 2017, alors que Whirlpool avait déjà annoncé la fermeture de l’usine le 1er juin 2018, WN était apparu comme le sauveur, choisi par le géant américain de l’électroménager, propriétaire du site. Il indiquait avoir signé un accord avec l’industriel picard Nicolas Decayeux, le patron de WN et président du Medef de la Somme. Soulagés, les représentants syndicaux de Whirlpool avaient approuvé cette solution à l’unanimité. En octobre 2017, le président de la République Emmanuel Macron était venu apporter son soutien sans faille au projet.

Le président Emmanuel Macron visite l’usine Whirlpool d’Amiens, le 3 octobre 2017.
Le président Emmanuel Macron visite l’usine Whirlpool d’Amiens, le 3 octobre 2017. PHILIPPE WOJAZER / AFP

WN devait produire, notamment, des casiers réfrigérés connectés, appelés Shopping box, activité que reprendrait Ageco, qui a obtenu deux prêts de 1,7 million d’euros chacun de la part de l’Etat et de la région des Hauts-de-France. Ces box sont des boîtes métalliques dans lesquelles des livreurs déposent les commandes des clients qui viendraient ensuite les y retirer. Clin d’œil de cette histoire : Ageco Agencement commencera par rapatrier en France la partie de son activité « mobilier métal » sous-traitée jusqu’à présent en Pologne. Lors de l’audience, les dirigeants d’Ageco ont estimé que « les salariés sont compétents et que leur entreprise peut être compétitive », rapporte Daniel Valdman, administrateur judiciaire de WN.

La société n’a produit que quelques casiers et des pylônes pour ascenseurs. « On avait alerté le préfet de la Somme de l’époque sur l’inactivité du site dès octobre 2018, mais il est parti sans rien faire », déplore Antonio.

Tardivement, l’Etat a fini par réagir. Le 28 mai 2019, la préfète de la Somme, Muriel Nguyen, commandite un rapport qui révèle « une impasse de trésorerie très importante ». En clair, la caisse est presque vide. Pour elle, « la priorité, désormais, est de reclasser » les salariés. Un plan social se profile donc. Déjà, en mai, le régime de garantie des salaires (AGS) avait dû régler les paies des employés, la mise en redressement judiciaire intervenant le 3 juin. Elle paiera aussi celles de juillet.

« Qu’a fait Decayeux avec tout cet argent ? »

Pourtant, WN avait été bien dotée lors de la reprise : une subvention de 7,4 millions de Whirlpool et une de 2,5 millions de l’Etat. La région des Hauts-de-France avait payé 300 000 euros pour la formation. De quoi rassurer les salariés…

« Qu’a fait Decayeux avec tout cet argent ? », s’interrogent les salariés. Percevant leurs « interrogations », leurs « soupçons » lors de sa venue le 18 juillet, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, a commandité un audit sur les comptes de Wn, réalisé du 22 au 24 juillet par KPMG. Le rapport, présenté aux salariés jeudi 25 juillet et qui sera transmis au procureur en vue d’éventuelles poursuites, n’a calmé personne.

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Sur 12 millions de recettes entre juillet 2017 et juin 2019, 5,3 millions ont payé les salaires, 4,8 les investissements et 1,8 les frais d’exploitation. Toutefois, des dépenses « à hauteur de 179 000 euros suscitent des interrogations quant à (…) leur lien avec l’intérêt social d’une entreprise en création », indique Bercy dans un communiqué. Il s’agit notamment, selon l’AFP, de location de logements, de voitures, d’une loge dans un stade de foot. « Les salariés sont super en colère et dégoûtés de voir que Decayeux a profité de cet argent », dénonce encore Antonio. M. Decayeux n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

L’expert prend la précaution, dans son rapport, d’indiquer que ses travaux « ont porté sur la comptabilité et les pièces justificatives, et pas sur l’opportunité des dépenses engagées ». « C’est consternant de voir que l’audit n’a pas été chargé de vérifier si les dépenses même justifiées par des factures correspondaient bien aux besoins de l’activité de WN ! », déplore Fiodor Rilov, l’avocat des salariés de WN.

« WN a en réalité permis à Whirlpool de se débarrasser d’un conflit social, par le biais d’une reprise sans projet sérieux »

Ces derniers ont demandé à leur avocat une expertise des comptes menée par un cabinet indépendant. Pour Me Rilov, « WN a en réalité permis à Whirlpool de se débarrasser d’un conflit social, par le biais d’une reprise sans projet sérieux ». Pour tenter de le démontrer, il a assigné devant le tribunal de grande instance d’Amiens WN et Whirlpool, afin d’obtenir divers documents : plan d’affaire de WN, contrat de cession entre Whirlpool et WN ainsi que les correspondances entre les deux entreprises et les ministères concernés et l’Elysée. L’audience est prévue le 11 septembre.

Sur France Bleu Picardie, vendredi 26 juillet, M. Decayeux a livré sa version des faits. Embaucher dès le début 182 salariés, « ce n’était pas mon projet initial [qui était de] recruter 50 personnes, a-t-il dit. Mais on m’a très vite demandé de monter un projet pour 180 personnes. » « C’était une opération d’image pour Whirlpool et M. Macron, faite sur le dos des salariés », affirme leur avocat.

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La consolidation s’accélère en Europe dans la livraison de repas à domicile

Le néerlandais Takeaway.com rachète le britannique Just Eat pour contrer Deliveroo et Uber. Les deux sociétés combinées affichent une valorisation boursière de près de 10 milliards d’euros.

Par Publié aujourd’hui à 10h51

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À Londres, en décembre 2017.
À Londres, en décembre 2017. BEN STANSALL / AFP

Dans la course à la livraison de repas, un concurrent vient de quitter la piste : le britannique Just Eat. Il a annoncé, lundi 29 juillet, son rachat par son rival néerlandais Takeaway.com. Les deux sociétés combinées affichent une valorisation boursière estimée à près de 10 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires proche du milliard d’euros.

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Ce montant illustre, à lui seul, l’appétit croissant des investisseurs pour ce secteur en pleine consolidation. « Sur ce marché fou, des acteurs récents lèvent des sommes colossales comme Uber Eats et Deliveroo. Just Eat et Takeaway.com ont réagi à cette concurrence en fusionnant », affirme Sébastien Forest, fondateur d’Allo Resto, pionnier du marché français créé en 1998 et racheté par Just Eat en 2012.

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Lors de sa dernière levée de fonds, en mai, le britannique Deliveroo a récolté 575 millions d’euros. Avec cette opération, le montant total collecté par l’entreprise fondée en 2013 atteint 1,53 milliard de dollars (1,37 milliard d’euros). Surtout, le nouveau tour de table était mené par le géant de l’e-commerce Amazon. La société fondée par Jeff Bezos avait lancé son propre service Amazon Restaurants en Grande-Bretagne avant de jeter l’éponge, fin 2018. Ses nouvelles ambitions restent toutefois soumises au feu vert de l’autorité de la concurrence britannique.

Amazon n’est pas le seul géant du Web à vouloir croquer une part du marché de la livraison de repas. Uber met les bouchées doubles avec son service Uber Eats, force de frappe financière à l’appui. De quoi mettre la pression pour imposer sa marque dans l’esprit du consommateur.

Uber Eats, qui a fait ses débuts en France en 2016, a choisi de miser plus de 30 millions d’euros pour être sponsor titre de la Ligue 1 de football pendant deux ans, poussant Conforama sur le banc de touche. Il a également décidé de s’afficher sur le maillot de l’Olympique de Marseille pour trois saisons.

Adapter l’offre

Face à cette concurrence redoublée, les start-up de la livraison de repas sont confrontées au dilemme : grossir, être mangées ou disparaître. Déjà certains pionniers ont été rayés de la carte, comme le belge Take Eat Easy. D’autres ont coupé ou cédé des pans entiers d’activité. A l’exemple de l’allemand Delivery Hero, qui a purement et simplement liquidé sa filiale française Foodora à l’été 2018 avant de céder son activité britannique à Just Eat et son pilier allemand à Takeaway.com pour 930 millions d’euros.

Les investisseurs qui misent des dizaines, voire des centaines de millions dans les start-up du secteur se grisent des prévisions de croissance du marché

Delivery Hero poursuit sa route dans les pays en voie de développement. Pour sa part, l’américain DoorDash, qui a levé 600 millions de dollars au mois de mai, se consacre à la conquête des Etats-Unis face à Grubhub ou Postmates.

C’est dans ce contexte que Just Eat et Takeaway.com ont décidé de faire cause commune. A l’issue de cette OPA à 5 milliards de livres (5,5 milliards d’euros), le nouvel ensemble sera détenu à 52 % par les actionnaires de Just Eat, siégera à Amsterdam et sera dirigé par Jitse Groen, fondateur et patron de Takeaway.com.

Les investisseurs qui misent des dizaines, voire des centaines de millions dans ces start-up se grisent des prévisions de croissance du marché. Pourtant, la plupart de ces entreprises ne dégagent aucun bénéfice. Just Eat fait partie des exceptions. Initialement, à l’image d’Allo Resto, le service consistait en une mise en relation entre clients et restaurateurs, sans service de livraison. Un exercice bénéficiaire. Même si Just Eat a dû, à son tour, évoluer vers la livraison.

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Chaque entreprise s’efforce en effet d’adapter son offre pour réduire ses pertes, conquérir les clients et séduire les restaurants. En particulier les chaînes de restauration rapide telles que McDonald’s ou Starbucks, prêtes à nouer des partenariats. Mais le modèle économique de ces sociétés a une autre fragilité, et de taille : le statut des livreurs fait l’objet d’âpres batailles juridiques. Les cyclistes ne veulent pas être la dernière roue du carrosse des start-up de livraison.

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« Le procès France Télécom nous enjoint de renforcer le rôle des représentants du personnel »

Syndicalistes ou inspecteurs du travail, ceux qui ont stoppé la « machine infernale » à France Télécom sont affaiblis par les réformes du code du travail, plaide, dans une tribune au « Monde », Sophie Taillé-Polian, sénatrice (Génération.s) du Val-de-Marne.

Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 10h47 Temps de Lecture 4 min.

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L’ancien PDG de France Télécom Didier Lombard lors du procès de l’entreprise à Paris, le 4 juillet 2019.
L’ancien PDG de France Télécom Didier Lombard lors du procès de l’entreprise à Paris, le 4 juillet 2019. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Tribune. Le procès des anciens dirigeants de France Télécom qui s’est achevé le 11 juillet [le jugement doit être rendu le 20 décembre] a mis en lumière les conséquences dramatiques d’une politique d’entreprise tournée uniquement vers le profit des actionnaires. Le premier constat que l’on peut en tirer est celui de l’inadéquation des outils de détection à la réalité des risques professionnels. Le second est que ceux qui ont permis à la machine infernale enclenchée par la direction de France Télécom de s’arrêter ont été, depuis, considérablement affaiblis par les réformes du code du travail des trois dernières années.

Pas moins de 19 suicides ont été comptabilisés et 39 personnes ont été reconnues comme victimes au total. Les dommages sont évidemment bien plus étendus. On ne saura pourtant jamais avec précision combien a coûté en souffrances et en vies humaines le plan « Next » qui, au début des années 2000, visait à faire partir en moins de trois ans 22 000 salariés sur 120 000. En effet, les règles actuelles permettent d’occulter une très grande part des atteintes à la santé qui sont le fait du travail, plus particulièrement les troubles psychosociaux. Par exemple, la reconnaissance d’une dépression à caractère professionnel est aujourd’hui un véritable parcours du combattant.

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Responsabiliser davantage les employeurs

Alors, combien de pathologies déclenchées ou aggravées par l’exposition au stress chronique ? Il est urgent de rendre effective la possibilité de faire reconnaître ces atteintes à la santé relevant du travail, afin de permettre la prise en charge et la réparation pour les victimes et, surtout, afin de responsabiliser davantage les employeurs. Le procès France Télécom nous a permis de penser ces vies brisées et d’en parler. Mais il nous faut aussi également parler des vies « sauvées ». Sauvées par qui ?

Sauvées par des agents d’abord, qui ont soutenu leurs collègues, solidaires malgré l’effrayant dispositif mis en œuvre pour diviser les collectifs de travail. L’appui des collègues est une protection qui a permis à de nombreux agents de tenir ou de ne pas sombrer.

Sauvées par certains manageurs, ensuite, qui ont résisté autant qu’ils le pouvaient aux injonctions de leur hiérarchie pour faire partir « par la porte ou par la fenêtre » les salariés, malgré la peur, malgré les primes offertes à qui obtiendrait le plus de départs… Ceux-là nous rappellent qu’il ne faut jamais céder à la « banalité du mal ».

Réforme des retraites : « On a connu des avocats mieux inspirés et plus généreux »

Dans une tribune au « Monde », l’avocat Jean-Paul Tran Thiet fustige la réaction corporatiste des instances représentatives de sa profession à la réforme des retraites mise en œuvre par le gouvernement.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Le Conseil national des barreaux (CNB), s’érigeant en porte-parole des avocats de France et s’appuyant sur le soutien affiché de la bâtonnière de Paris, proclame son opposition à la réforme des retraites et appelle à une mobilisation nationale de tous les avocats, le 16 septembre. Il prétend même prendre « la tête de la fronde des indépendants » contre l’unification des régimes et la mise sur un pied d’égalité de tous les bénéficiaires (la même retraite pour tous, pour chaque euro cotisé).

On a connu des avocats mieux inspirés, plus généreux et moins corporatistes. Comme beaucoup de mes confrères, je ne me reconnais pas dans ce conservatisme et dans cet égoïsme.

Car de quoi s’agit-il ? Voici une profession qui, depuis quelques décennies, a bénéficié d’une évolution démographique favorable. Beaucoup de jeunes l’ont rejointe et les départs à la retraite y sont plus tardifs que dans certaines autres activités. Sur cette base, le régime autonome de nos retraites, la Caisse nationale des barreaux français (CNBF), a accumulé des réserves significatives. Ces réserves, largement sécurisées par des augmentations importantes de cotisations, introduites il y a quelques années, seront peut-être suffisantes ou ne le seront pas pour faire face aux évolutions démographiques de notre profession, au cours des décennies qui viennent. Mais là n’est pas le sujet.

Le sujet, c’est le refus, catégorique et fort mal argumenté, opposé à une réforme qui va dans le sens de plus d’équité, par ceux qui sont perçus – souvent à bon droit – comme les défenseurs des valeurs humanistes et républicaines.

Intérêts pécuniaires

La suppression progressive des inégalités entre les pensions publiques et les retraites privées (notamment s’agissant des régimes spéciaux dont le caractère injuste et coûteux pour les contribuables a été récemment dénoncé par la Cour des comptes) ?… Une « réforme inacceptable », dit le CNB.

La création d’une solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle ? Le relèvement de la retraite minimale pour les plus défavorisés (85 % du smic net, alors que bon nombre d’indépendants en touchent aujourd’hui moins de 70 %) ?… On n’en veut pas, on a déjà notre propre système de péréquation, répliquent nos organisations professionnelles.

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La Fédération nationale des unions de jeunes avocats (Fnuja), qui a pourtant l’habitude de brandir les valeurs de l’avocat, son rôle social et son désintéressement, enfourche la même monture et dénonce l’atteinte portée à notre fonction et à notre passion de la défense. Celle de nos intérêts pécuniaires, en l’occurrence, mais ne faisons pas le détail…

Responsabilité sociale : Berlin envisage de mettre au pas les multinationales allemandes

Le gouvernement d’Angela Merkel pourrait présenter un projet de loi contraignant à davantage de responsabilité éthique les groupes outre-Rhin ayant une activité à l’étranger.

Par Publié aujourd’hui à 10h16

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Cela aura été laborieux, mais le gouvernement allemand vient de franchir une nouvelle étape dans son projet visant à inciter les entreprises à plus de vigilance en matière de droits humains, voire à les y contraindre si nécessaire. Mandaté par Berlin, un consortium privé dirigé par le cabinet d’audit EY a commencé, lundi 29 juillet, à envoyer des questionnaires à 1 800 entreprises allemandes de plus de 500 salariés, à propos des contrôles qu’elles ont mis en œuvre pour garantir le respect des droits de l’homme chez leurs fournisseurs, sous-traitants et filiales à l’étranger. Les destinataires du questionnaire, long de 30 pages, ont été choisis de manière à bâtir un échantillon représentatif des quelque 7 100 sociétés allemandes répondant à ce critère de taille.

En fonction des résultats de l’enquête, attendus au plus tard pour l’été 2020, le gouvernement avisera. Si plus de la moitié des entreprises sondées se montrent suffisamment attentives en matière de droits sociaux et environnementaux chez leurs partenaires commerciaux dans les pays en développement, alors Berlin ne changera pas la législation actuelle. Mais, dans le cas contraire, le gouvernement d’Angela Merkel s’est d’ores et déjà engagé à présenter un projet de loi contraignant, s’inspirant de dispositifs récemment introduits en France et au Royaume-Uni. « Si les engagements volontaires ne suffisent pas, alors le gouvernement allemand introduira des mesures législatives », a prévenu Gerd Müller, le ministre du développement.

Succession d’enquêtes

Alors qu’en France, l’Assemblée nationale adoptait dès février 2017 une loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères, l’Allemagne continue de privilégier jusqu’à présent la voie de l’autodiscipline. Lancé par le gouvernement en décembre 2016, le Plan d’action national pour l’économie et les droits de l’homme, dont font partie les questionnaires, en est encore à la phase exploratoire.

Lire la chronique : En quoi consiste le devoir de vigilance des multinationales ?

Mais une succession d’enquêtes a mis en lumière la passivité, en l’absence de contrôles des autorités publiques, des multinationales allemandes face à de graves violations de droits de l’homme à l’étranger. En juin 2017, un rapport des organisations non gouvernementales Germanwatch et Misereor épinglait, entre autres, Siemens, l’énergéticien EnBW ou encore KfW, une banque publique d’investissement, pour leur manque de responsabilité sociale et environnementale dans divers projets au Honduras, en Colombie, au Mexique ou au Kenya.

La réforme de l’assurance chômage officiellement prête à entrer en application

Le décret mettant en oeuvre la réforme présentée par le gouvernement en juin a été publié dimanche.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h43

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Les nouvelles règles d’indemnisation de l’assurance chômage entreront en vigueur à partir du 1er novembre 2019.
Les nouvelles règles d’indemnisation de l’assurance chômage entreront en vigueur à partir du 1er novembre 2019. PASCAL GUYOT / AFP

Le ministère du travail a publié dimanche 28 juillet au Journal officiel le décret mettant en oeuvre la réforme vaste – et contestée – de l’assurance chômage, annoncée par le gouvernement le 18 juin. Ce texte de six articles comprend surtout une annexe de 190 pages qui constitue le nouveau règlement de l’assurance chômage. Il entrera en vigueur en partie au 1er novembre.

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  • Six mois de travail requis

Pour ouvrir des droits à indemnisation, il faudra avoir travaillé six mois (soit 130 jours ou 910 heures) sur les 24 derniers mois. Aujourd’hui, cette condition est de quatre mois sur les 28 derniers. Une exception : pour les plus de 53 ans, la période de référence restera de 36 mois.

La durée minimale d’indemnisation passe aussi de quatre à six mois. La durée maximale reste de deux ans pour les moins de 53 ans, deux ans et demi pour les 53-55 ans, trois ans pour les plus de 55 ans.

Le seuil permettant un rechargement des droits, lorsqu’on travaille pendant sa période de chômage, sera également de six mois (910 heures) contre un mois (150 heures) aujourd’hui.

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  • Une allocation mensuelle plus faible pour ceux qui travaillent de manière fractionnée

Actuellement, la durée d’indemnisation est calculée sur le nombre de jours travaillés pendant la période de référence (multipliés par 1,4 pour obtenir des jours calendaires). Au 1er novembre, cette durée sera égale au nombre de jours calendaires, travaillés ou non, à partir du premier jour d’emploi pendant la période de référence jusqu’au terme de celle-ci.

Conséquence, les personnes qui ont travaillé de manière fractionnée pendant leur période d’affiliation (en alternant CDD courts et inactivité) auront une indemnisation potentiellement plus longue mais aussi d’un montant mensuel plus faible.

En effet, à partir du 1er avril, le « salaire journalier de référence », base de calcul de l’allocation chômage, sera obtenu en divisant les salaires de la période de référence par l’ensemble des jours à partir du premier jour d’emploi, et non plus les seuls jours travaillés.

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Pour un même travail, ce salaire journalier sera donc désormais identique entre une personne ayant travaillé en continu et une personne ayant alterné contrats courts et inactivité, alors qu’il était jusqu’ici plus favorable à la deuxième. « A travail égal, allocation égale », selon le gouvernement. Selon le gouvernement, l’allocation chômage sera toujours comprise entre 65 et 96 % du salaire net mensuel moyen de la période de référence.

  • Dégressivité pour les hauts revenus

Les salariés qui avaient un revenu du travail supérieur à 4 500 euros brut par mois verront leur indemnisation réduite de 30 % au début du 7e mois d’indemnisation, avec un plancher à 2 261 euros net.

Les salariés âgés de 57 ans ou plus ne seront pas concernés par la mesure. Le plafond de l’indemnisation maximale restera de 6 615 euros net.

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  • Des droits pour les démissionnaires et indépendants

Promesse de campagne du candidat Macron, l’indemnisation sera ouverte aux démissionnaires ayant travaillé dans la même entreprise au cours des cinq dernières années. Elle sera conditionnée à « un projet de reconversion professionnelle nécessitant le suivi d’une formation ou un projet de création ou de reprise d’une entreprise ».

Ce projet sera évalué par « la commission paritaire interprofessionnelle » (qui succède aux Fongecif) de la région du salarié qui jugera notamment de la « cohérence du projet de reconversion », la « disponibilité et la pertinence de la formation identifiée, la pertinence des modalités de financement envisagées ». En cas d’acceptation, le salarié aura six mois pour déposer une demande d’allocation de chômage.

Les indépendants bénéficieront eux d’une allocation forfaitaire (800 euros par mois pendant six mois) en cas de liquidation judiciaire. L’activité professionnelle devra avoir généré un revenu minimum de 10.000 euros par an sur les deux dernières années avant la liquidation.

  • Un système de « bonus-malus »

Un système de « bonus-malus » est créé sur la cotisation d’assurance chômage payée par les entreprises dans sept secteurs grands consommateurs de contrats courts et d’intérim (hébergement-restauration, agroalimentaire, transports…). Il prévoit d’augmenter les cotisations des entreprises où la main-d’œuvre tourne fréquemment et de diminuer celles des employeurs dont le personnel est stable.

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« La faute d’un dirigeant risque d’impacter plus ou moins sévèrement son entreprise, selon son profil, autoritaire ou prestigieux »

« On devient dirigeant par le prestige (en partageant son savoir-faire, ses compétences) ou par la domination (en s’imposant par l’intimidation, par la coercition ou la peur). Diriger en dominant est commun au règne animal » Photo : Jack Ma, fondateur du groupe Alibaba lors d’une présentation à Bangkok de son entreprise en octobre 2016.
« On devient dirigeant par le prestige (en partageant son savoir-faire, ses compétences) ou par la domination (en s’imposant par l’intimidation, par la coercition ou la peur). Diriger en dominant est commun au règne animal » Photo : Jack Ma, fondateur du groupe Alibaba lors d’une présentation à Bangkok de son entreprise en octobre 2016. DPA / Photononstop

Tribune. L’ex-ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy aura démissionné pour rien : ses dîners étaient aussi professionnels que nécessaires pour tenir son rang de président de l’Assemblée nationale (on ne l’imaginerait tout de même pas commander des plateaux-repas pour ses visiteurs !). Les dépenses pour le logement de fonction étaient aussi justifiées. La pression publique l’aura emporté sur les faits.

Etonnamment, on n’a pas plus évoqué, même au Parlement européen, le CV approximatif de Ursula Von der Leyen qui fit scandale en 2015. On n’a pas évoqué non plus l’implication pour négligence de la future présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, dans l’affaire Tapie. A l’époque non plus, elles ne furent pas inquiétées. Ici, la compétence a pris le dessus face à des « fautes » ambiguës. Là-bas, non.

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Selon les cas, la carrière de certains dirigeants s’arrête net pour des écarts qu’on pardonne à d’autres. Lorsque, en 2009, deux candidats de Barack Obama aux postes de secrétaire au Trésor et à la santé furent mis sur la sellette pour des oublis dans leurs impôts, personne ne comprit pourquoi l’un fut nommé (Timothy Geithner) tandis que l’autre (Tom Daschle) dut se retirer.

Diriger en dominant est commun au règne animal

On devient dirigeant par le prestige (en partageant son savoir-faire, ses compétences) ou par la domination (en s’imposant par l’intimidation, par la coercition ou la peur). Diriger en dominant est commun au règne animal (Two ways to the top : Evidence that dominance and prestige are distinct yet viable avenues to social rank and influence. Cheng, J. T Journal of Personality and Social Psychology, 104 (1), 2013). On évite des conflits sans fin pour les ressources, les partenaires sexuels, etc., qui sont d’un coût élevé pour la survie de l’espèce.

Diriger par le prestige est, en revanche, unique à l’homme : une communauté survit mieux en organisant efficacement la diffusion des compétences du plus brillant individu, c’est-à-dire en lui donnant le pouvoir. Les dirigeants populistes, agressifs, à l’éthique douteuse sont un exemple de la voie « domination » pour arriver au pouvoir. Elle a du succès quand les électeurs ont le sentiment de ne plus avoir leur destin en main, en période d’incertitude (mutation technologique, mondialisation). Ils préfèrent un profil autoritaire qui décide pour eux, d’après une expérience menée en 2017 (When the appeal of a dominant leader is greater than a prestige leader Hemant Kakkar and Niro Sivanathan, PNAS, 2017 11).

Marseille : victoire d’un salarié de McDonald’s menacé de licenciement

Kamel Guemari avait pris la tête du combat des employés d’un fast-food menacé de fermeture. Son licenciement a été refusé par l’inspection du travail.

Le Monde avec AFP Publié le 27 juillet 2019 à 01h41

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Leader du combat des employés d’un McDonald’s des quartiers Nord de Marseille pour sauver leurs emplois, Kamel Guemari peut poursuivre sa lutte : l’inspection du travail a refusé le licenciement de ce salarié protégé, dans une décision transmise à l’intéressé vendredi 26 juillet.

« La sauvegarde de la compétitivité en tant que motif économique n’est pas établie » et « l’employeur n’a pas satisfait à son obligation de reclassement » de M. Guemari, délégué du personnel FO, estime l’inspection du travail, dans un courrier daté de mardi.

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Car ce sont bien les mandats syndicaux de ce salarié, arrivé dans ce McDo en 1998, à 16 ans, et devenu sous-directeur, qui sont le motif réel du licenciement demandé par Jean-Pierre Brochiero, le franchisé à la tête de ce fast-food marseillais, selon l’inspection du travail : « Le lien entre la demande d’autorisation de licenciement et l’exercice des mandats de monsieur Kamel Guemari est établi », conclut le courrier.

Un projet d’« halal asiatique »

Désireux de céder ses six McDonald’s à Marseille, M. Brochiero en a définitivement cédé cinq en septembre, à un autre franchisé. Quant à celui de Saint-Barthélémy, il veut d’abord le vendre à Hali Food, une société tunisienne inconnue. Objectif : faire du halal « asiatique ». Mais ce projet est retoqué par le juge des référés du TGI de Marseille, le 7 septembre, ne présentant aucune viabilité « à brève et moyenne échéance ».

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Contraint de rester à la tête de ce restaurant, M. Brochiero présente en mai un plan de licenciement de sept salariés, dont Kamel Guemari. La seule solution selon lui pour réduire la masse salariale de 400 000 euros et rendre viable un restaurant qui aurait affiché 992 000 euros de pertes en 2018, après 3,3 millions d’euros évaporés depuis 2009.

Les salariés dénoncent eux « une faillite organisée » : « rien n’a été fait pour augmenter le chiffre d’affaires », accusait Kamel Guemari, en juin, auprès de l’AFP : « Pas de deuxième piste drive, pas de livraisons à domicile. Pendant un an, nous avions même disparu de l’application McDonald’s ! »

« Victoire amère »

Et l’inspection du travail a largement repris cet argumentaire : « La cause des licenciements envisagés est le mouvement social en cours et non le motif économique invoqué, (qui) résulte partiellement de la volonté de l’employeur de ne pas mettre en œuvre les solutions existantes pour améliorer la compétitivité de l’entreprise ».

Quant à l’obligation de reclasser M. Guemari, celle-ci non plus n’a pas été respectée, selon l’inspection du travail, qui rappelle que le salarié a postulé sur d’autres postes, « qui lui ont été refusés », et qu’il a officiellement « proposé de diminuer son salaire ».

« Les larmes aux yeux » après cette « victoire amère », M. Guemari a promis vendredi de continuer à se battre, pour sauver le restaurant, et pour les six autres salariés licenciés : « On ne reprendra pas le travail tant qu’ils ne reviendront pas, on ne peut pas lâcher ».

Jean-Pierre Brochiero, le franchisé à la tête de ce fast-food marseillais, a dit vendredi soir « prend (re) acte de la décision de l’inspection du travail qui ne permet pas la mise en œuvre du plan de sauvetage du restaurant très lourdement déficitaire depuis plusieurs années. Un recours hiérarchique est en cours d’étude. »

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Le chômage poursuit sa lente décrue en France

Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité a diminué au deuxième trimestre de 16 800 dans tout le territoire.

Par Publié aujourd’hui à 12h03, mis à jour à 12h17

Temps de Lecture 2 min.

Les bonnes nouvelles continuent de s’enchaîner sur le marché du travail. Au deuxième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A de Pôle emploi) a diminué de 16 800 sur l’ensemble du territoire – outre-mer compris, donc. Il atteint désormais un peu plus de 3,632 millions de personnes (près de 3,38 millions uniquement en métropole), en recul de 1,9 % en un an. Amorcée à la mi-2015, la tendance – quasi ininterrompue – à la baisse se poursuit, mais à un rythme toujours aussi poussif et avec des bataillons de chômeurs dont les effectifs restent massifs.

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La décrue observée de début mars à fin juin est nette pour les personnes de 25 à 49 ans (– 0,6 % en un trimestre, en métropole) et, à un degré moindre, pour les seniors (– 0,4 %). Les jeunes, en revanche, voient leur situation se dégrader légèrement, avec une petite augmentation du nombre de ceux qui recherchent un poste (+ 0,2 % en trois mois) ; toutefois, si l’on regarde sur un an, le nombre de personnes de moins de 25 ans inscrites dans la catégorie A de Pôle emploi reflue de 1,4 %.

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Un taux de chômage à 8,3 % fin 2019 ?

Autre chiffre plutôt encourageant : qu’ils exercent déjà une activité (catégories B et C) ou qu’ils soient sans travail (catégorie A), les individus en quête d’un emploi depuis au moins un an diminuent de 0,2 % sur l’ensemble du territoire, entre mars et juin. Un fait qui mérite d’être relevé car cette catégorie n’avait pas cessé de croître, jusqu’à maintenant, et ce depuis de nombreux mois. Elle regroupe cependant beaucoup de monde (près de 2,825 millions de personnes) et s’est étoffée en un an (+ 1,6 %).

Parmi les données moins riantes, il y a la poursuite de l’accroissement du nombre de demandeurs d’emplois qui ont travaillé au moins 78 heures au cours du mois écoulé (catégorie C) : + 0,2 % en un trimestre et +1,8 %, dans l’Hexagone. Les syndicats y voient l’une des manifestations de la précarité qui touche le monde du travail.

Qu’en est-il pour la suite ? Dans sa note de conjoncture publiée le 20 juin, l’Insee table sur une hausse des créations nettes d’emploi en 2019 (+ 254 000), qui sera plus forte que celle du nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail. Résultat : le taux de chômage devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 8,3 % à la fin 2019, soit un demi-point de moins en un an. « Il atteindrait ainsi son plus bas niveau depuis fin 2008 », relève l’Insee.

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Faute de repreneurs, la maison Sonia Rykiel est mise en liquidation judiciaire

Le tribunal de commerce de Paris a statué, jeudi, sur le sort de la marque de mode fondée en 1968. L’entreprise était détenue depuis 2012 par le groupe First Heritage Brands.

Par Publié hier à 11h08, mis à jour hier à 17h07

Temps de Lecture 2 min.

Une mannequin défile avec une création de la collection printemps-été de la marque Sonia Rykiel, à Paris, le 29 septembre 2018.
Une mannequin défile avec une création de la collection printemps-été de la marque Sonia Rykiel, à Paris, le 29 septembre 2018. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, jeudi 25 juillet, la liquidation judiciaire immédiate de la marque de mode Sonia Rykiel, placée en redressement judiciaire depuis le 18 avril. Depuis plusieurs jours, ses 135 salariés craignaient la disparition de la société que détient, depuis 2012, le groupe First Heritage Brands, holding de la famille Fung, originaire de Hongkong.

La société peinait à trouver preneurs. Les pertes nettes de la marque s’élevaient à 30 millions d’euros, fin 2018, pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, d’après les proches du dossier. Les cabinets d’administration judiciaire avaient lancé un appel d’offres dont la date limite, d’abord fixée au 31 mai, avait été repoussée au 12 juin, puis au 18 juillet. Début juillet, la presse avait évoqué une dizaine de marques d’intérêt pour l’entreprise fondée en 1968 à Paris.

Emmanuel Diemoz, un ancien dirigeant de Balmain qui s’était aussi porté candidat à la reprise de la marque Carven il y a un an, avait ainsi rencontré les représentants du personnel. Faute d’accord avec la famille Rykiel, propriétaire de l’immeuble du boulevard Saint-Germain à Paris dans le 6e arrondissement où la marque a son siège historique, il a finalement jeté l’éponge. Seul un seul dossier de reprise était parvenu aux administrateurs judiciaires. Il s’agissait de celui porté par Nicole Lévy et son fils, Julien Sedbon. Ces entrepreneurs du secteur immobilier proposaient de reprendre l’entreprise et 39 de ses salariés, selon nos informations, et de la relancer sur Internet.

Peu avant l’audience qui se tenait à Paris, quai de Corse, au tribunal de commerce, ces derniers ont finalement décidé de ne pas défendre leur dossier, en évoquant l’avis défavorable que les administrateurs judiciaires avaient décidé d’émettre à son encontre.

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Un montant de reprise jugé faible

Les candidats repreneurs, Mme Lévy et M. Sedbon, se disaient prêts à relancer sur Internet la marque, dont le chiffre d’affaires s’est effondré depuis la mort de la créatrice parisienne en 2016. Or, faute de garanties financières, leur dossier de reprise n’avait ni le soutien des deux administrateurs judiciaires, le cabinet Abitbol & Rousselet et FHB, celui d’Hélène Bourbouloux, figure de la profession, ni celui des représentants du personnel de la société Sonia Rykiel, d’après nos informations. Ces candidats avaient envisagé de proposer 200 000 euros pour reprendre l’entreprise, ses fonds de commerce et ses stocks. Un montant jugé faible. Le projet de relance de la marque sur Internet grâce à la blockchain n’aurait pas non plus convaincu.

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30 millions d’euros de pertes nettes

Dès lors, faute de repreneurs, les juges ont prononcé la liquidation judiciaire immédiate de la société. Cette décision entraîne le licenciement de l’ensemble des salariés. Le tribunal a nommé deux mandataires liquidateurs, Bernard Corre et Yohann Yang-Ting.
Lors de la mise en redressement judiciaire de la société, le comité d’entreprise de Sonia Rykiel avait souligné « la gestion hasardeuse et dispendieuse » de son actionnaire. Les représentants de First Heritage Brands assuraient pourtant avoir injecté « 200 millions d’euros en sept ans » dans l’entreprise pour relancer ses ventes.

La liquidation judiciaire immédiate de Sonia Rykiel va accélérer les négociations entre les salariés et les actionnaires hongkongais de l’entreprise pour que ces derniers financent le plan social et les mesures d’accompagnement des licenciés. En 2017, ils avaient procédé à un premier plan social, portant sur 40 % des effectifs. Thomas Hollande, avocat des salariés, « veut trouver un accord dans les prochains jours pour dégager une enveloppe financière » au bénéfice des licenciés.

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