« L’hôpital va continuer à se casser la figure » : après les accords du Ségur, des soignants de nouveau dans la rue

Manifestation de soignants pour dénoncer l’insuffisance des accords du Ségur de la santé, à Paris, le 14 juillet.

« Ségur = imposture. » De nouveaux slogans se sont ajoutés, mardi 14 juillet, à ceux désormais habituels dans les rangs des soignants mobilisés ces derniers mois pour réclamer plus de moyens pour l’hôpital public. Au lendemain des accords du Ségur de la santé, des milliers d’infirmières, d’aides-soignantes, de manipulateurs radio… ont défilé à Lyon, Toulouse, Bordeaux, Paris, à l’appel de plusieurs syndicats et collectifs, dont la CGT, SUD, Solidaires, le Collectif inter-hôpitaux, pour dire leur insatisfaction face à ces accords signés à Matignon avec plusieurs syndicats majoritaires (FO, CFDT, UNSA).

Pour les manifestants, le compte du Ségur n’y est pas. « Ce n’est pas à la hauteur, cela fait plus d’un an qu’on demande 300 euros, et ce n’est que justice, c’est un rattrapage », défend Yann Duvinage, masseur-kinésithérapeute à l’hôpital de Saint-Maurice (Val-de-Marne), dans le cortège parisien, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, depuis la place de la République jusqu’à celle de la Bastille.

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Ce soignant, élu CGT, rappelle, comme nombre de ses collègues, que cela fait une décennie que les salaires de la fonction publique hospitalière sont gelés. « L’hôpital va continuer à se casser la figure, dénonce-t-il. Il n’y a rien dans le Ségur pour augmenter le nombre de lits : comment imaginer qu’on est prêts pour une seconde vague ? On va se retrouver avec le même bricolage si le Covid-19 repart, sauf que le monde hospitalier est à bout. »

« C’est de l’enfumage, on est des héros »

Le texte signé le 13 juillet, portant sur le volet des revalorisations salariales et des carrières et salué comme un « accord historique » par le premier ministre, Jean Castex, prévoit une enveloppe globale de 8,1 milliards d’euros, qui doit notamment permettre une augmentation de 183 euros net pour les personnels paramédicaux (infirmiers, aides-soignants) et non médicaux (agents techniques et administratifs) d’ici à mars 2021.

Manifestation de soignants à Paris, le 14 juillet.

« J’avais l’espoir qu’on obtiendrait des choses, j’y ai cru, dit Pierre, jeune infirmier qui travaille depuis un an et demi à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. Mais c’est totalement insuffisant et j’ai perdu l’espoir, maintenant qu’ils ont donné quelque chose, la population va croire que c’est bon, alors que pas du tout. »

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« On n’est pas des marchands de tapis », s’énerve Marie, infirmière en psychiatrie à Rouen, venue grossir les rangs du cortège parisien. « C’est de l’enfumage, on est des héros, mais on n’a toujours rien sur les lits, quasiment rien sur les postes », dit-elle, à propos des 10 000 à 15 000 postes promis par le premier ministre. « Mais l’après-Covid-19 en psychiatrie, c’est pire que le Covid-19, raconte-t-elle. Les patients, après être restés confinés, nous arrivent dans un état lamentable, dénutris… J’avais une femme hier de 1 mètre 65, 40 kilos, terrorisée par l’idée de ressortir. »

« Macron asphyxie l’hôpital »

En cette période de congés estivaux, la situation de l’hôpital inquiète, après ce que beaucoup appellent une « parenthèse » du Covid-19, pendant laquelle des moyens ont pu être débloqués plus facilement. « Ça a recommencé comme avant, ils veulent du chiffre, de l’activité, mais il n’y a toujours pas les effectifs suffisants dans les services », dit Elisabeth, manipulatrice radio au CHU de Lille.

Dans son étage, c’est la bataille pour préserver le temps de nettoyage des machines et instruments entre les patients. « Avec la crise, les collègues sont fatigués, il y a aussi des gens en arrêt », souligne-t-elle, choquée de voir nommé comme premier ministre Jean Castex, l’un des artisans du système de « tarification à l’activité » dans les hôpitaux au début des années 2000, à l’origine de « la destruction du service public », juge-t-elle.

Quelques heures plus tôt, lors de la cérémonie du 14-Juillet sur la place de la Concorde, placée par Emmanuel Macron sous le signe de l’hommage aux soignants, une banderole géante s’est envolée pour dénoncer la situation de l’hôpital, portée par des ballons. « Derrière les hommages, Macron asphyxie l’hôpital », pouvait-on y lire. Deux personnes ont été brièvement interpellées pour « survol d’une zone interdite ».

Pour Mireille Stivala, secrétaire générale CGT-Santé, difficile de recevoir cet hommage du président de la République. « Quand on sait que la reconnaissance de la maladie professionnelle du Covid-19 pour nos agents a été conditionnée à la sévérité de la pathologie et qu’on n’a toujours aucun chiffre sur le nombre de soignants contaminés, décédés, ce n’est pas possible », dit -elle. Pour la responsable, le bilan de la crise et des responsabilités est « totalement éludé ».

« Un scandale d’Etat »

Au-delà de la déception sur les salaires et les moyens, de nombreux manifestants font part de leur colère face à ce qu’ils ont vécu ces derniers mois.

« Si on a transféré des patients à l’autre bout de l’Europe, ça montre bien que l’hôpital n’est pas en capacité de tenir », pointe Rachida Abdelli, aide-soignante encartée à FO, en désaccord avec son syndicat qui a signé le Ségur. « On n’a soigné que les “Covid”, on n’a pas pu soigner les autres, des gens sont morts chez eux, insiste-t-elle. Nous, on gardait les masques chirurgicaux pendant huit heures, c’est un scandale d’Etat. »

A Paris, la manifestation a été marquée par des heurts sporadiques entre les forces de l’ordre et des manifestants en fin de cortège sur la place de la Bastille. Les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogène.

Parmi les manifestants, certains venaient d’un rassemblement organisé par des « gilets jaunes » devant l’inspection générale de la police afin de dénoncer les violences policières, en présence de certaines figures du mouvement blessées lors de manifestations.

Olivier Véran répondra aux « attentes » des personnels de santé la semaine prochaine

Les personnels soignants ont « encore des attentes », malgré les revalorisations salariales annoncées lors du Ségur de la santé, a reconnu mardi 14 juillet le ministre de la santé, Olivier Véran, qui a promis d’y répondre la semaine prochaine par de nouvelles mesures « non salariales », notamment sur l’« organisation de l’hôpital ». Après la signature des accords salariaux lundi, « un temps d’explication est nécessaire », a-t-il estimé à l’issue d’une visite au SAMU de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne).

Olivier Véran a par ailleurs minimisé l’ampleur de la mobilisation des soignants, qu’il a estimée à « quelques centaines de soignants à Paris ». Les accords salariaux ont été signés « avec des syndicats représentatifs », ce qui n’était « pas arrivé depuis des années », a-t-il fait valoir. « Ça ne veut pas dire que tout le monde est forcément d’accord, [mais] que les avancées ont été reconnues par la majorité des personnes qui représentent le personnel. »

« Créer une prime de déménagement pour redonner de l’élan à l’emploi des jeunes »

Tribune. Mardi 14 juillet, le Président de la République a esquissé son plan d’aide à l’emploi des jeunes. Si on ne connaît que les contours de la politique, deux points sont d’ores et déjà actés : le plan sera massif – on parle d’au moins de deux milliards d’euros – et visera essentiellement à faire baisser le coût du travail et à améliorer la formation des jeunes.

Le gouvernement a raison d’aider les jeunes de la génération coronavirus. Le fait est bien connu des économistes du travail, les jeunes appartenant à des cohortes touchées par des crises économiques souffrent d’un stigmate qui les suit tout au long de leur carrière professionnelle : ils sont moins payés, accumulent moins de patrimoine et ont globalement une trajectoire plus chaotique sur le marché du travail.

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Pourtant, si la question du coût du travail et de la formation sont importantes, réduire la question du chômage à ces dernières conduit à passer à côté d’une caractéristique essentielle du marché du travail, sa dimension spatiale. Les évolutions du marché du travail dans les pays développés depuis les années 1990 fournissent un éclairage intéressant sur les possibilités offertes par le télétravail dans le monde post corona.

Difficulté d’accès des villes pour les jeunes

Avec l’arrivée d’internet, nombre d’observateurs ont annoncé la fin des avantages comparatifs des grandes villes et l’avènement d’une société où les distances n’importeraient plus. Mais c’est le phénomène inverse qui s’est produit. Au cours des trois dernières décennies, les créations d’emploi ont principalement eu lieu dans les grandes villes. La France ne fait pas exception : depuis 2007, les trois quarts des créations d’emploi se concentrent dans 15 aires urbaines.

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Or, en plus d’être créatrices d’emplois, les grandes villes permettent à ceux qui les fréquentent de bénéficier d’un gain de productivité qui les suit toute leur vie, comme l’ont montré les études économiques. En Espagne par exemple, les travailleurs qui sont passés par les grandes villes bénéficient d’une meilleure trajectoire professionnelle (« Learning by Working in Big Cities », Jorge De La Roca et Diego Puga, Review of Economic Studies n° 84, 2017).

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Pourtant, l’accès aux grandes villes est de plus en plus difficile pour les jeunes actifs, principalement à cause d’un marché du logement tendu qui obère toute possibilité de mobilité. Dans ces conditions, si diminuer le coût du travail et améliorer leur formation permettra aux jeunes des villes dynamiques de s’insérer plus facilement sur le marché du travail, cela ne bénéficiera que faiblement aux jeunes des territoires les moins dynamiques.

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Chez Engie, polémique autour d’une application « anti-Covid »

« Cette affaire relance le vif débat autour du respect des libertés publiques, suscité par l’application de tracking StopCovid »

Alors que le risque d’une résurgence de la pandémie occupe tous les esprits, certains employeurs ont recours à des dispositifs qui promettent d’évaluer en quelques secondes l’état de santé des collaborateurs, afin de limiter les risques de contagion sur leur site. Mais le déploiement de telles solutions, qui mettent en jeu les données personnelles, suscite de vives polémiques. Confrontée au risque d’atteinte à la vie privée de ses collaborateurs, Engie en a récemment fait les frais.

Séduit par l’application Copass, le fournisseur d’énergie a décidé, comme plusieurs autres entreprises, d’expérimenter ce dispositif. Lancée conjointement par le Crédit agricole et l’entreprise Onepoint fin avril, cette solution repose sur un questionnaire de santé visant à déterminer le niveau de risques des salariés face au Covid. En fonction des réponses de chaque collaborateur, l’application émet un code QR qui lui indique le protocole à suivre : retour (ou non) dans l’entreprise, orientation vers un test de dépistage…

Application « a priori » obligatoire

En pleine crise du Covid-19, ce projet échappe d’abord au radar de Nicolas Blanc, élu CSE chez Engie et délégué national CFE-CGC au numérique : « On nous a présenté cette expérimentation noyée dans la masse du plan de continuité d’activité », se désole-t-il. Etudiant le dossier plus en profondeur, il finit par tomber sur une étude d’impact réalisée par Onepoint. « Selon cette étude, l’application devrait être “a priori” obligatoire pour les salariés », s’insurge Nicolas Blanc.

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Consulté par Le Monde, le document précise en effet que « la mise en place du questionnaire pourrait être considérée obligatoire [sic] » à condition, toutefois, que celle-ci soit mise en place en collaboration avec les partenaires sociaux. Pour justifier le fait d’imposer ce questionnaire aux salariés, le document invoque la nécessité, pour l’employeur, de protéger la santé et la sécurité de ses salariés. Cette dernière obligation figure effectivement dans le code du travail.

L’étude relève aussi que le simple consentement du collaborateur ne pourrait suffire aux yeux de la loi, car il est susceptible d’être « vicié » au regard du lien de subordination qui existe entre le salarié et son employeur.

Caractère intrusif

Cette découverte fait bondir Nicolas Blanc. Au-delà de l’obligation potentielle faite aux salariés de répondre à ce questionnaire de santé, le délégué syndical dénonce le caractère intrusif de ce type d’outils : « De telles applications risquent d’ouvrir une brèche quant au respect de la vie privée et à l’utilisation qui est faite des données personnelles du salarié. » Pour parer aux critiques, Copass précise que le questionnaire est transmis « uniquement au corps médical », et non à l’employeur. D’autant que le traitement des données de santé se voit sévèrement encadré par la CNIL.

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« Les conférences scientifiques en ligne offrent un potentiel de diffusion, d’ouverture et de socialisation inouï »

Tribune. La crise du Covid-19 a bousculé le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. En un temps record, enseignants et chercheurs ont été contraints de télétravailler massivement et à numériser leurs cours, leurs recherches et leurs tâches administratives. Les conférences scientifiques, rendez-vous incontournables de la recherche, n’ont pas été épargnées.

La plupart des conférences du printemps et de l’été 2020 ont été annulées ou reportées à l’automne, malgré le risque d’une seconde vague. Peu d’entre elles ont fait le choix de se tenir « à distance » ; souvent par peur des difficultés techniques et organisationnelles, mais aussi parce qu’une conférence implique une dimension sociale très forte, que les organisateurs ont souvent craint de perdre.

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Des conférences ont cependant fait le choix de la numérisation, comme celles du Group for Research on Organizations and the Natural Environment (Gronen), du European Group for Organization Studies (EGOS), ou de l’Association internationale de management stratégique (AIMS). Le défi était de taille. Ces conférences peuvent en effet rassembler des milliers de scientifiques du monde entier pour une courte période de trois à cinq jours. Les journées y sont longues, souvent douze heures d’affilée, et les échanges intensifs.

Repenser les modalités d’échange scientifique

Comment recréer, à distance, ces espaces de discussion et d’échange vitaux pour la confrontation des résultats, et donc pour l’avancement de la connaissance ? A l’AIMS, nous avons choisi d’organiser la conférence 2020 en ligne pour deux raisons principales. Nous tenions d’abord à maintenir coûte que coûte la conversation scientifique ; nous ne voulions pas d’année blanche, notamment pour les jeunes chercheuses et chercheurs, qui ont particulièrement besoin de ces échanges. Ensuite, nous souhaitions conserver une forme de convivialité, qui fait partie de l’identité de cette association et de sa communauté, et permet que les débats de fond se développent sereinement.

Nous avons dû, en moins de deux mois, repenser entièrement les modalités d’échange scientifique ainsi qu’une partie du contenu de la conférence. Nous étions convaincus que, comme dans une conférence présentielle, le succès ne se jouerait pas uniquement sur la possibilité de présenter des articles et d’obtenir des retours. C’est pourquoi nous avons tenu à maintenir des sessions plénières et réfléchi aux moyens d’incarner une forme de convivialité, malgré la lassitude due aux longues heures seul devant l’écran.

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Nathalie Bondil, la directrice française du Musée des beaux-arts de Montréal, congédiée

Nathalie Bondil, à New York aux Etats-Unis, en octobre 2013.

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a annoncé, lundi 13 juillet, mettre fin immédiatement au contrat de sa directrice générale et conservatrice, la Française Nathalie Bondil, invoquant notamment des accusations de harcèlement psychologique.

Le conseil d’administration a expliqué dans un communiqué avoir pris « à regret » cette décision au sujet de Mme Bondil. Cette diplômée de l’Ecole du Louvre était arrivée au MBAM en 1999 et le dirigeait depuis 2007.

« Depuis l’an dernier, le musée a vu plusieurs départs d’employés-clés et a été mis au courant de témoignages troublants d’employés faisant état d’une détérioration évidente du climat de travail », précise le communiqué.

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Un environnement de travail « toxique »

Alerté à l’automne par le syndicat, le conseil d’administration dit avoir mandaté une firme extérieure pour « établir un diagnostic indépendant ». Le rapport préparé par cette firme évoquait un environnement de travail qualifié de « toxique » par « certains employés », selon le conseil.

« Au cours des derniers mois, les tentatives maintes fois répétées par le conseil d’administration de trouver une solution à cette situation devenue intolérable se sont butées à l’inflexibilité de Mme Bondil et à son déni de plusieurs conclusions pourtant sans appel du rapport », selon le communiqué.

En outre, « les allégations de harcèlement psychologique au sein de la direction de la conservation du musée persistent », selon le communiqué. Le conseil invoque « le refus catégorique » de Mme Bondil d’accepter un compromis pour « mettre fin immédiatement à son emploi », plutôt qu’à la fin de son contrat, en juin 2021.

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La ministre de la culture du Québec « estomaquée »

« Madame Bondil a contribué de façon significative au développement du musée », reconnaît le conseil, qui qualifie de « regrettable » la fin d’une « association remarquable de plus de vingt et une années ».

« Il est toutefois triste de constater que le visage humaniste du musée instauré par madame Bondil ne trouvait pas écho à l’intérieur même de ses murs », affirme le président du conseil, Michel de la Chenelière, qui assurera l’intérim en attendant la nomination d’un successeur.

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Jeudi, Mme Bondil avait reçu le soutien de la ministre de la culture du Québec, Nathalie Roy, « estomaquée » par cette affaire.

« Nathalie Bondil est une sommité mondiale dans le monde muséal et une femme directrice générale, qui plus est qui fait un travail remarquable au MBAM, avait-elle déclaré au quotidien La Presse. Je ne comprends pas pourquoi le conseil d’administration voudrait se priver de ses services alors que les grands musées de ce monde se l’arrachent. »

Mme Bondil n’avait pas publiquement réagi à son éviction lundi après-midi.

Le Monde avec AFP

« Si on ne peut pas rouvrir, on va mourir » : la colère des gérants de discothèques contre le gouvernement

Nouveau coup dur pour les discothèques : le Conseil d’Etat a estimé, lundi 13 juillet, que la fermeture prolongée des boîtes de nuit, décidée par le gouvernement, n’était pas « disproportionnée », rejetant un recours en référé du Syndicat national des discothèques et lieux de loisir (SNDLL).

Les discothèques espéraient pouvoir rouvrir le 10 juillet, ne serait-ce qu’en proposant un service de bar, mais le gouvernement avait invoqué un risque trop grand de dissémination du nouveau coronavirus.

« Eu égard au caractère clos des établissements en cause, à la nature d’activité physique de la danse ainsi qu’à la difficulté de garantir le port du masque ou le respect des règles de distanciation sociale dans un contexte festif, il n’apparaît pas » que l’interdiction d’exploitation édictée par le gouvernement « revêt (…) un caractère disproportionné », a estimé le Conseil d’Etat.

Une décision qu’a déplorée l’avocat du SNDLL, Me Henri de Beauregard :

« On laisse les bars faire la discothèque mais on refuse aux discothèques le droit d’exploiter en bar. »

« A l’heure ou l’on rouvre les stades, les salles d’entraînement aux sports de combat… cette décision témoigne aussi d’une forme de défiance à l’endroit des discothèques », a-t-il également regretté.

« La moitié des clubs vont disparaître »

Fermées depuis le début de la crise sanitaire et au bord de la ruine au moment où elles devraient faire le plein de vacanciers, les discothèques demandaient instamment leur réouverture.

« La moitié des clubs vont disparaître », soit environ 800 discothèques, si une réouverture n’est décrétée qu’en septembre et « 30 à 40 %, maintenant », a prévenu Matthieu Lebrun, porte-parole des gérants de discothèques de Normandie, venu protester dimanche 12 juillet avec quelque 200 autres professionnels à proximité du ministère de la santé, au centre de Paris.

« Ils nous ont laissé espérer une réouverture hypothétique début juillet. Là, il faut une date précise », dit-il, assurant que les établissements sont prêts à rouvrir en respectant un « protocole sanitaire strict » comprenant notamment l’usage obligatoire du masque et le respect de la distanciation.

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Les professionnels tablaient sur une réouverture le 10 juillet. Ils avaient été soutenus en ce sens par une centaine de députés. Mais mercredi, le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé que les discothèques resteraient fermées, évoquant la Suisse, où un cas dans une discothèque a « conduit au confinement de 300 personnes, avec des risques de diffusion communautaire ».

Dans ce cas, « refermons les restaurants, refermons les bars, refermons les supermarchés ou les clubs de sport ! », s’insurge M. Lebrun, lui-même propriétaire d’une discothèque à Baudre, dans la Manche. « Beaucoup d’établissements ne peuvent plus tenir. Normalement la trésorerie pour une discothèque, c’est deux mois », fait valoir Alexandre Habibi de Groupe Paris Nuit, magazine du secteur.

« Si on ne peut pas ouvrir pour l’été, ça va pénaliser tous les établissements de la côte qui ne sont ouverts que l’été », poursuit-il, alors que les discothèques saisonnières « jouent, selon les organisateurs », 60 % à 70 % de leur chiffre d’affaires pendant la saison estivale.

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« Deux poids, deux mesures »

Tous les professionnels interrogés sur place se sont dits choqués par une Fête de la musique les uns sur les autres, la multiplication des soirées privées sans respect des gestes barrières et des concerts rassemblant des milliers de personnes non masquées, comme samedi à Nice. « Cela ne se passerait jamais chez nous ! », assure Thierry Fontaine, de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). A l’image des carrés VIP, avec des box sécurisés, on ne pourrait pas avoir d’infections croisées.

« On ne comprend pas, il y a deux poids, deux mesures », s’émeut Aziz Sebhaoui, le représentant UMIH des patrons de discothèques des Pyrénées-Orientales, où une banderole a été accrochée aux grilles de la mairie de Prades, la ville du premier ministre, Jean Castex. « On offre une garantie de sécurité, ce qui n’est actuellement pas le cas des soirées privées, où on ne maîtrise rien du tout », comme dans les bars et restaurants devenus des discothèques déguisées, insiste Matthieu Lebrun à Paris.

« On nous interdit d’ouvrir alors qu’on est capable de respecter un protocole sanitaire strict comme n’importe quelle entreprise », la moyenne des établissements accueillant 200 à 300 personnes, soutient le DJ et directeur artistique de l’Eclipse (Lot-et-Garonne), Matt Perso. « Si on ne peut pas ouvrir on va mourir, car l’aide de l’Etat ne couvre pas du tout les charges. »

La star française David Guetta a apporté dimanche tout son soutien aux DJ, discothèques et au monde de la nuit, dans un message sur Twitter.

« Des clubs sont en danger, des emplois menacés, c’est une catastrophe économique qui s’annonce », a ajouté le DJ aux tubes planétaires Titanium ou Lovers on the Sun. Les clubs sont capables d’accueillir du public en toute sécurité, a-t-il plaidé. Les seuls qui se réjouissent ce sont les dealers qui louent des villas sur Airbnb pour écouler de la drogue, lâche avec amertume Thierry Fontaine.

Notre sélection d’articles sur le coronavirus

Le Monde avec AFP

Signature du Ségur de la santé, « un effort historique » en faveur de l’hôpital, selon le premier ministre

Olivier Véran et Jean Castex lors de la signature des accords du Ségur de la santé à Matignon à Paris, le 13 juillet.

Après plus de six semaines de négociation entre les syndicats et le gouvernement dans le cadre du Ségur de la santé, ce plan « massif » en faveur de l’hôpital, promis par Emmanuel Macron au plus fort de la crise du Covid-19, vient d’être signé, lundi 13 juillet, à Matignon.

Le premier ministre, Jean Castex, a salué ces accords salariaux, qui octroient 8,1 milliards d’euros aux personnels hospitaliers, évoquant un « moment historique » pour le « système de santé ». « Cet effort historique se veut d’abord une reconnaissance considérable à l’égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie », a déclaré le chef du gouvernement à l’issue de la cérémonie de signature.

Le chef de l’Etat a également salué sur Twitter une aide à ceux « qui ont tant donné pendant la crise ».

Le volet sur les carrières et les rémunérations, au cœur des discussions menées entre les organisations hospitalières et le gouvernement, a abouti à trois protocoles d’accord, validés par une majorité de syndicats.

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Salaires, primes, indemnités… Tour d’horizon des principales avancées actées par ces « accords de la santé ».

  • Personnels paramédicaux et non médicaux

Les personnels paramédicaux (infirmiers, aides-soignants, masseurs-kinésithérapeutes…) et non médicaux (techniciens, brancardiers, agents administratifs…) ont obtenu une enveloppe de 7,6 milliards d’euros pour améliorer leurs rémunérations.

Cette somme, qualifiée d’« historique » par le ministre de la santé, Olivier Véran, servira en majorité à financer une hausse de salaire dite « socle » pour l’ensemble des personnels des hôpitaux et des établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics, de 183 euros net mensuels. Cette augmentation, qui devra être votée en fin d’année dans le budget de la Sécurité sociale, se fera en deux temps : une première revalorisation de 90 euros « avec un effet rétroactif » au 1er septembre et une autre de 93 euros au 1er mars 2021.

L’accord prévoit également une « révision » des grilles de salaires pour certains métiers, qui devra être achevée avant le printemps. Selon le ministère, cela se traduira par une hausse de salaire de 35 euros net en moyenne pour les agents concernés.

De nouvelles majorations sont en outre envisagées pour les heures supplémentaires, tandis que des mesures seront prises pour développer l’intéressement collectif. Des « recrutements » sont enfin mentionnés, dont le nombre exact ne figure pas noir sur blanc. « On part sur une création de 15 000 postes », a cependant prévenu Olivier Véran dans un entretien accordé dimanche aux quotidiens du groupe Ebra.

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A noter que les salariés du secteur privé bénéficieront eux aussi d’une partie des 7,6 milliards d’euros, pour une revalorisation évaluée à 160 euros net par mois. Des discussions seront menées dans les établissements concernés pour en fixer les modalités.

  • Médecins hospitaliers

L’accord pour les médecins hospitaliers, signé par trois syndicats représentatifs sur cinq, porte sur un ensemble de seize mesures, pour une enveloppe globale de 450 millions d’euros. L’essentiel de cette somme servira à augmenter l’indemnité de « service public exclusif », versée aux praticiens qui s’engagent à ne travailler que dans les hôpitaux publics, qui ne peuvent pas, à l’évidence, pratiquer de dépassement d’honoraires.

Cette indemnité est aujourd’hui de 490 euros brut par mois pour un temps plein, portée à 700 euros pour ceux dont l’ancienneté est de quinze ans et plus. Elle passera à 1 010 euros pour tous les praticiens éligibles, avec une première étape en septembre et une seconde en mars 2021.

En parallèle, une « révision » des grilles de salaires est prévue à compter du 1er janvier 2021, avec fusion des trois premiers échelons et création de trois échelons supplémentaires en fin de carrière : 100 millions d’euros y seront alloués.

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Le texte inclut également des dispositions sur la formation et le statut des médecins, avec des visites médicales rendues obligatoires, et des mesures pour encadrer l’intérim avec un « respect strict » du « plafonnement des rémunérations ».

  • Internes et étudiants en médecine

Les internes, futurs médecins employés à l’hôpital dans le cadre de stages de fin de cursus, vont bénéficier d’une enveloppe de 124 millions d’euros ainsi que de mesures visant à assurer « un meilleur respect du temps de travail ».

Selon l’Inter-Syndicale nationale des internes (ISNI), principal syndicat d’internes, les 124 millions d’euros serviront à améliorer les indemnités versées aux jeunes praticiens, portées au niveau du smic horaire – une revendication de longue date des futurs médecins.

Une enveloppe de 55 millions d’euros a par ailleurs été débloquée pour les étudiants en médecine, tandis que les étudiants de filières paramédicales bénéficieront d’un coup de pouce à 20 millions d’euros.

Le Monde avec AFP

Une fraude très organisée au chômage partiel grâce à une usurpation de l’identité des entreprises

Les milliards d’euros débloqués par les pouvoirs publics pour soutenir l’économie ont ouvert l’appétit d’aigrefins. Vendredi 10 juillet, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, a annoncé, dans un communiqué de presse, que ses services enquêtaient sur des fraudes à l’activité partielle (ou chômage partiel). Ce dispositif, mis en place à très grande échelle depuis la mi-mars pour prévenir les licenciements en cascade, s’est traduit par l’octroi d’aides financières massives, dont une partie – semble-t-il infime, à ce stade – a été détournée.

Les incriminations retenues par le parquet portent sur des chefs « d’escroqueries en bande organisée » et « de blanchiment en bande organisée de ces escroqueries ». Précision importante : ces infractions ne concernent pas des employeurs qui auraient touché des subsides tout en faisant travailler leurs salariés, théoriquement placés en chômage partiel. Elles renvoient, en l’espèce, à des « demandes frauduleuses de versement d’indemnités », qui ont été déposées en usurpant « la raison sociale et le numéro d’identification » d’entreprises existantes – alors même que celles-ci n’avaient jamais effectué une telle démarche.

Ces pratiques avaient été détectées, récemment, de deux façons différentes. En Occitanie, ce sont les services déconcentrés du ministère du travail et de l’emploi qui les avaient mises au jour : dans cette région, quelque 160 sociétés, au moins, ont été victimes d’une usurpation de leur raison sociale. Parallèlement, l’Agence de services et de paiement (ASP), qui octroie l’argent aux employeurs, avait constaté l’existence d’« une fraude massive au versement des indemnités » dans treize régions, selon le communiqué de M. Heitz.

Les agissements, similaires dans les deux cas, avaient été signalés aux procureurs de la République de Toulouse, le chef-lieu de l’Occitanie, et de Limoges – la ville où se situe le siège de l’ASP. Deux enquêtes distinctes avaient été ouvertes.

« Plus de 1 740 opérations frauduleuses » recensées

Le parquet de Paris a finalement décidé de se saisir de ces procédures, « au titre de sa compétence nationale en matière de la lutte contre la criminalité organisée de très grande complexité » (Junalco). Un choix motivé par le fait que les escroqueries ont été commises sur la quasi-totalité du territoire, selon un mode opératoire qui va nécessiter « une forte coopération internationale », une partie des fonds indûment captés s’étant évaporée au-delà de nos frontières.

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Ubisoft : « Management toxique au pays des jeux vidéo »

Le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, à Los Angeles, en juin 2019.

Pertes & profits. Le paravent est tombé. Depuis des mois, et dans la foulée du mouvement #metoo, les rumeurs et témoignages se succèdent sur les pratiques de harcèlement, sexuel et moral, dans le petit monde du jeu vidéo. Les témoignages, de plus en plus nombreux sur Twitter, se font de plus en plus explicites. Parmi les cibles désignées, Ubisoft, champion français et dans les tout premiers mondiaux du secteur. A regret, la firme a dû admettre l’inadmissible : au-delà des cas isolés et sanctionnés depuis les premières accusations de la mi-juin, c’est tout un management, qualifié de toxique, qui est en cause. En conséquence, le PDG, Yves Guillemot, a choisi, dimanche 12 juillet, de décapiter lui-même la direction de son entreprise, en se séparant de son numéro deux et principal créatif, Serge Hascöet, de sa directrice des ressources humaines, du patron de la filiale canadienne et de plusieurs de ses concepteurs vedettes.

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A tel point que l’on est en droit de se demander comment l’entreprise se sortira de cette affaire. Car les racines de la crise sont profondes et touchent à la culture même de ce secteur. Depuis que les jeux sont en ligne et que chacun peut se mesurer à des inconnus du monde entier dans des parties qui peuvent être elles-mêmes visionnées par d’autres amateurs, les témoignages déferlent sur le comportement de beaucoup de joueurs, majoritairement masculins, à l’égard de leurs homologues féminines. Si le monde de la tech est un monde moderne, cool et machiste, celui des jeux vidéo l’est encore plus.

Une culture du secret et de l’étouffement

Par capillarité, cette ambiance remonte dans des entreprises dont les créatifs sont tous des passionnés. Face à ce phénomène, la complaisance des services de ressources humaines interroge. Dans le cas d’Ubisoft, les témoignages, confortés par l’enquête de Libération, le 1er juillet, décrivent une culture du secret et de l’étouffement. Celles qui se plaignent sont poussées vers la sortie. C’est aussi la limite d’une entreprise restée très familiale, peu ouverte à la représentation syndicale et qui préfère laver son linge sale en famille. Quand on emploie près de 20 000 personnes dans le monde, la direction des ressources humaines ne peut se contenter d’être la courroie de transmission de la direction, chargée d’éteindre les affaires gênantes pour protéger ses stars.

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D’autant que ces dernières, comme dans le football, sont conscientes de leur valeur et du fait que tout leur sera pardonné pour peu qu’elles apportent le succès. Bien sûr, tout cela repose pour l’instant sur des témoignages anonymes, aucune affaire n’est portée en justice. Mais ce soulèvement et la réaction violente de la direction de l’entreprise traduisent un malaise bien plus large, et un devoir d’exemplarité aussi.

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Dans le Calvados, le malaise social des éboueurs de la Coved

A Caen, en mars 2013.

« Une décision pleine de bon sens ». Voilà comment la CGT a salué, jeudi 8 juillet, le choix de la communauté de communes Cœur de Nacre (Calvados) de ne plus confier la collecte des déchets à la société Coved à partir du 1er janvier 2021. L’examen des appels d’offres pour ce marché public, renouvelé tous les cinq ans, est intervenu dans un contexte tendu dans plusieurs dépôts normands de l’entreprise.

Le 5 juin, l’un de ses éboueurs, Stéphano Patry, 47 ans, se donnait la mort chez ses parents, en tenue de travail. A ses pieds, la lettre de licenciement reçue la veille. L’entreprise lui reprochait son état d’ébriété pendant une collecte, mi-mai.

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Ses collègues ont aussitôt dénoncé une décision inique contre un salarié qui, en vingt-six ans de métier, « avait toujours bien fait son boulot ». Symbole pour eux d’une « gestion inhumaine » chez Coved, qui a remporté plusieurs marchés locaux de collecte en 2015. Depuis, 25 salariés sur un effectif de 33 ont quitté l’entreprise, selon les syndicats, un « turnover » signe d’un « climat délétère ».

Les éboueurs ont fait une première journée de grève le 19 juin, une seconde le 3 juillet. Le directeur général de Coved, Stéphane Leterrier, y a vu « une récupération lamentable, indécente et pathétique » du suicide de M. Patry, évoquant une manipulation des éboueurs par la CGT et un conflit très localisé.

« Réveillez-vous, les gars, ne vous laissez pas faire »

Mais le 3 juillet, le père et le frère de Stéphano Patry sont venus sans hésiter apporter leur soutien à ses collègues en grève au dépôt de Giberville. « S’habiller en tenue pour s’ôter la vie n’est pas anodin. Ça dit : vous m’avez poussé à bout et vous en assumerez les conséquences », témoigne Pablito Patry, dont les parents ont porté plainte contre Coved pour homicide involontaire – ce que confirme au Monde la procureure de la République de Caen, Amélie Cladière.

Leurs griefs ? Des équipements de protection qui font défaut, des véhicules en panne, des tournées seul derrière la benne plutôt qu’à deux

« C’est un message pour nous dire : réveillez-vous, les gars, ne vous laissez pas faire », estime également Donovan, rippeur de 24 ans. En 2017, après le rachat de Coved par la société Paprec, ses collègues et lui avaient déjà fait deux semaines de grève. En vain.

Leurs griefs ? Des équipements de protection qui font défaut, des véhicules en panne, des tournées seul derrière la benne plutôt qu’à deux : « J’ai fait 11 tonnes de déchets seul, hier, à la main. Quand tu rentres chez toi, le café n’a même pas le temps de couler que tu dors déjà ! » décrit Julien, 32 ans. Et les tournées qui s’allongent : « Avant, on faisait 5 h-13 h. Maintenant, même en faisant 5 h-15 h, on n’arrive pas à boucler les secteurs. » Les riverains déplorent des poubelles non ramassées. « Tout ça avec seulement vingt minutes de pause, qui, depuis Coved, ne nous sont même plus payées ! »

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