Le flou subsiste sur la réforme de l’Assurance-chômage

Elisabeth Borne, ministre du travail, à l’Elysée, le 17 juillet.

Mise en place à partir de 2019, la réforme de l’assurance-chômage a, dès le départ, été très critiquée par les syndicats. Et ce, car plusieurs des dispositions prises durcissent l’accès au régime et sont susceptibles de réduire le montant de l’allocation pour des centaines de milliers de personnes. Leur entrée en application va être décalée, comme l’a annoncé, vendredi 17 juillet, Jean Castex, sans donner plus d’indications. Le flou subsiste encore un peu sur des aspects concrets de cette décision.

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Sont repoussées au 1er janvier 2021 trois mesures, si l’on en croit les explications livrées par Elisabeth Borne, la ministre du travail, dans un entretien au Parisien de samedi, et par son entourage. Parmi elles, il y a les nouvelles modalités de calcul de la prestation, qui sont désavantageuses pour les salariés enchaînant contrats courts et périodes d’inactivité.

Autre règle reportée à début 2021 : celle instaurant la dégressivité de l’indemnisation à partir du septième mois pour ceux qui avaient une rémunération élevée quand ils occupaient un emploi (au moins 4 500 euros brut par mois).

Règle provisoirement mise de côté

Enfin, les conditions d’éligibilité au régime subissent le même sort : depuis le 1er novembre 2019, pour pouvoir être couvert par l’assurance-chômage, il faut avoir travaillé six mois sur une « période de référence » de vingt-quatre mois et non plus quatre mois sur vingt-huit ; cette règle-là va être provisoirement mise de côté. Qu’en est-il de la durée de cotisation requise pour recharger les droits à indemnisation, qui avait été accrue ? L’incertitude prévalait encore, samedi matin.

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Quant au bonus-malus, qui module les cotisations patronales en fonction du nombre de contrats de travail ayant pris fin, il devrait être décalé de six mois, pour glisser du 1er mars au 1er septembre 2021.

Certaines des mesures contenues dans la réforme, qui s’avèrent favorables aux demandeurs d’emploi, devraient être maintenues. Ainsi en irait-il de l’allocation instaurée pour les indépendants et du droit à indemnisation créé pour les salariés qui démissionnent de leur poste en vue d’un projet professionnel.

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Avec la crise du coronavirus, vous avez accepté de baisser votre salaire ou de réduire vos congés ? Racontez-nous

Baisser son salaire, rogner sur ses congés payés, oublier primes et treizième mois… Pour éviter une vague de licenciements liée à la crise du Covid-19, Emmanuel Macron a rappelé, mardi 14 juillet, qu’il était favorable à une réorganisation du travail afin de relancer l’économie. « Je préfère au maximum qu’il y ait des salaires qu’on accepte de momentanément baisser plutôt que des licenciements, parce que, parfois, on met des années à revenir vers un emploi », a déclaré le président de la République, qui a lancé début juin une concertation avec les partenaires sociaux pour « sauver l’emploi ».

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Sans attendre les conclusions de cette concertation, plusieurs entreprises ont déjà pris des mesures concernant l’emploi, comme chez Derichebourg, filiale d’Airbus, où il a été demandé aux salariés de baisser leur salaire de 20 %. Les entreprises ont également été autorisées à se pencher plus arbitrairement qu’à l’accoutumée sur la répartition des congés annuels. De nombreux employeurs sont tentés de les limiter à deux semaines consécutives cet été. Chez PSA, quatre syndicats sur cinq ont validé, début avril, l’accord qui a diminué de trois à deux semaines consécutives les congés d’été.

Pour sauver votre emploi, vous avez accepté une baisse de votre salaire, une réduction de vos congés ou une suppression de vos primes ? Racontez-nous. Qu’est-ce qui vous a incité à accepter ces changements ? Comment l’avez-vous vécu ? Quelles sont les répercussions de ces mesures ? En quoi cela a-t-il changé votre quotidien et vos projets d’avenir ? Pensez-vous qu’un retour à la normale sera possible ?

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La Cour des comptes étrille la gestion des ressources humaines de Pôle emploi

La Cour des comptes peut être certaine d’une chose, avec le rapport qu’elle a rendu, jeudi 16 juillet, sur Pôle emploi : il va provoquer des grincements de dents à tous les étages de l’opérateur public – de la direction générale aux salariés, en passant par les élus du personnel. Dans ce document de près de 160 pages, la haute juridiction passe au crible la gestion, entre 2012 et 2018, de cet établissement administratif chargé d’accompagner et d’indemniser les chômeurs. Le bilan qu’elle tire n’est pas univoque, plusieurs satisfecit étant décernés – par exemple sur la « transformation » du service offert aux individus à la recherche d’un poste. Mais les points positifs qui émergent risquent fort d’être occultés par d’autres observations, nettement plus abrasives : « niveau très élevé d’absentéisme », « temps de travail annuel inférieur à la durée légale », « statut particulièrement favorable » pour les plus hauts cadres, « moyens excessifs consacrés au dialogue social »

Pôle emploi est une énorme machine disposant de crédits importants : un peu plus de 5,5 milliards d’euros en 2018, dont 1,5 milliard est attribué par l’Etat et 3,4 milliards émanent de l’Unédic – l’association paritaire chargée de piloter l’assurance-chômage. Quant aux effectifs, ils se situaient autour de 53 000, il y a deux ans. Autant de moyens dévolus à un « public de masse » qui n’a cessé de s’étoffer : le nombre de demandeurs d’emploi, avec ou sans activité, est passé de 4,2 millions, fin 2011, à 5,6 millions au premier trimestre 2019.

L’absentéisme progresse

Pôle emploi y a fait face, en réorganisant l’accueil des personnes et en augmentant sa productivité – en particulier sur les tâches liées au traitement des demandes d’allocation. Ainsi, près de 2 350 postes ont pu être redéployés sur des fonctions d’« accompagnement » des chômeurs et d’« aide au recrutement », entre 2014 et 2018.

Mais des « excès » subsistent « dans la gestion des ressources humaines », relève la Cour des comptes. Parmi les points mis en exergue, les cinq jours de repos supplémentaires qui s’ajoutent à ceux prévus dans le droit commun : cette gratification permet aux agents de Pôle emploi de passer près de quarante heures en moins à leur poste sur une année, comparativement à une personne soumise à la durée légale du travail. En outre, l’absentéisme, tous motifs confondus – y compris pour des raisons médicales –, progresse, représentant vingt-deux jours par an et par salarié en moyenne. Un phénomène que la direction impute, notamment, à la pénibilité accrue des tâches, sous l’effet de la montée du chômage, et au vieillissement des personnels. Mais ces explications ne convainquent pas pleinement les magistrats de la rue Cambon, qui recommandent des mesures correctrices.

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Vous terminez ou envisagez de faire un service civique ? Témoignez

Dans son interview du 14 juillet, Emmanuel Macron a annoncé la création de 100 000 places supplémentaires en service civique dans les six mois à venir. Alors qu’ils seront environ 700 000 jeunes à la recherche d’un emploi en septembre et que le taux de réussite du baccalauréat 2020 (95,7 %) risque de faire de nombreux déçus sur ParcourSup, victimes d’une concurrence plus élevée que les autres années, le président a déclaré que la jeunesse doit « être la priorité de [la] relance ».

Vous avez terminé votre service civique en période de Covid-19, ou vous vous êtes lancé dans la recherche d’une mission pour la rentrée ? Racontez-nous. Quelles étaient vos motivations ? Qu’avez-vous retiré de cette expérience ? Comment vous êtes-vous adapté pendant le confinement ? Votre contrat a-t-il été annulé, reporté, prolongé ? Vous cherchez un service civique actuellement : pour quelle(s) raison(s) ? Quel est votre parcours universitaire, professionnel ? Rencontrez-vous des difficultés à décrocher un contrat de travail classique ?

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Contrats d’insertion, service civique… quatre nouvelles mesures pour l’emploi des jeunes

Tout mettre en œuvre pour conjurer le risque d’une génération sacrifiée. Durant son entretien télévisé, Emmanuel Macron a dévoilé, mardi 14 juillet, quatre nouvelles mesures en faveur de l’emploi des jeunes. Une thématique que le chef de l’Etat a placée au faîte de ses préoccupations. « Notre jeunesse, ça doit être la priorité de cette relance », a-t-il martelé.

L’objectif est de ne laisser aucun individu de moins de 25 ans sans solution à la rentrée. Un tel volontarisme tient au fait qu’ils seront environ 700 000, en septembre, à postuler pour un emploi, dans un contexte sinistré – les opportunités de recrutements s’étant contractées sous l’effet de la récession. Voulant prévenir une flambée du chômage chez ceux qui commencent leur vie active, le président de la République et son gouvernement prennent donc des décisions, qui s’ajoutent à celles déjà annoncées, début juin, en faveur des apprentis.

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Premier axe : diminuer le coût du travail pour que les entreprises fassent appel à des jeunes. Dans cette optique va être instauré « un dispositif exceptionnel d’exonération des charges (…), en particulier pour les faibles qualifications et les emplois [rémunérés] jusqu’à 1,6 smic », a promis le chef de l’Etat. Ce mécanisme « durera un à deux ans » et fera l’objet d’évaluations, a-t-il ajouté. Une autre option – la prime à l’embauche – avait été envisagée, mais elle a donc été abandonnée au profit d’une exemption de cotisations, qui présente le mérite, selon une source au sein de l’exécutif, d’être simple et « automatique » dans l’esprit des patrons.

Cet allégement des prélèvements s’appliquera-t-il à des salariés de moins de 25 ans ou un peu plus âgés ? Concernera-t-il ceux qui exercent déjà une activité ou seulement ceux qui signeront un contrat de travail prochainement ? De larges zones d’ombre demeurent, ce qui inspire des réactions prudentes dans le monde patronal. « Nous attendions une mesure qui produise un effet-choc, confie Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef. A ce stade, il est difficile d’apprécier l’impact de l’annonce faite par le président de la République, ce qui nous inquiète un peu. Il faudra que des précisions soient données pour que nous puissions nous prononcer. »

M. Roux de Bézieux regrette, par ailleurs, que l’exonération cesse de jouer pour les rémunérations supérieures à 1,6 smic car un tel paramètre « va exclure les plus hauts diplômés du supérieur » – ceux-ci percevant bien souvent un salaire supérieur au seuil fixé. Président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin exprime une forme de réserve : l’emploi, souligne-t-il, est tributaire de « l’activité des entreprises » – donc de leurs carnets de commandes. Le plus important est d’offrir des « perspectives » claires aux dirigeants de sociétés, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas, à ses yeux.

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Pour les voyageurs d’affaires, la reprise ne s’annonce pas de tout repos

« De l’intention à la mise en œuvre, la planification d’un voyage d’affaires demeure parsemée d’embûches »

Avec l’assouplissement des restrictions sanitaires dans de nombreux pays et la reprise du trafic aérien, salariés et dirigeants vont-ils regagner les tarmacs des aéroports pour aller à la rencontre de leurs partenaires à l’étranger ? Deux sondages laissent croire à un prochain redémarrage des voyages d’affaires et des déplacements professionnels.

Le 4 juin, l’organisme d’assistance International SOS annonçait avoir constaté une « forte augmentation des demandes des organisations pour planifier la reprise de leurs déplacements » : dans le détail, 77 % des 273 professionnels interrogés en France par cette société, en mai 2020 (responsables des ressources humaines, managers voyage et sécurité), ont déclaré envisager un déplacement professionnel en Europe dans les trois prochains mois, et 65 % hors d’Europe.

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Fin mai, la Global Business Travel Association (GTBA), qui regroupe l’ensemble des acteurs de la chaîne, avait également prédit un redémarrage relatif des déplacements professionnels. Selon cet organisme, plus de la moitié de ses membres interrogés dans le monde envisagent de reprendre les voyages d’affaires, sans indiquer de délai.

Un redémarrage qui demeure théorique, tempère Michel Dieleman, président de l’Association française du Travel Management (AFTM) : « Pour le moment, on est encore dans l’expectative, fait-il valoir. La reprise est dans les têtes, mais elle reste difficile à mettre en œuvre car il y a encore beaucoup de points de blocages ».

Embûches

De l’intention à la mise en œuvre, la planification d’un voyage d’affaires demeure parsemée d’embûches. « La principale problématique, ce sont les fermetures de frontières », signale Jean-Jacques Richard, PDG d’Haxxom, un cabinet de conseil en sûreté et gestion de crise. Non loin de l’Hexagone, l’horizon devrait se dégager : la circulation est à nouveau libre au sein de l’espace Schengen, et depuis le 1er juillet, les ressortissants d’une quinzaine de pays non européens peuvent franchir les frontières de l’espace Schengen, sauf vers l’Italie et la Hongrie.

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Hors Union européenne, de nombreuses incertitudes demeurent. Les Etats-Unis ont restreint jusqu’à nouvel ordre l’entrée sur leur territoire des passagers en provenance d’Europe. Décision analogue de la Chine, à l’exception d’un vol affrété spécialement pour deux cents employés et parti de Francfort fin mai. De son côté, la Grande-Bretagne a mis en place une quatorzaine, qui s’applique entre autres aux voyageurs français.

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S’expatrier en 2020 reste possible

« Les mobilités intra-européennes sont maintenues et de nombreux pays hors Europe restent ouverts en imposant une quatorzaine à l’arrivée. »

Carnet de bureau. Les expatriés suivent la croissance comme le tournesol le soleil ; c’est bien connu, ils sont aussi sensibles au risque de guerre ou de pollution, mais comment réagissent-ils au Covid ? « Environ 90 % des salariés expatriés sont restés en poste pendant la crise, indique Alix Carnot, directrice associée d’Expat communication, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises. Quant aux départs, ils sont extrêmement ralentis, mais pas totalement interrompus ».

« Dans l’industrie automobile, on a ralenti l’expatriation en Chine et en Inde dès le début de l’année à titre sanitaire », témoigne Olivier Angotti, avocat associé chez FTMS. Mais les expatriés dont la mobilité est prévue de longue date ne se désistent pas.

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A l’Agence française de développement (AFD), « tous les départs sont maintenus, sauf en Guyane. En 2020, on avait entre 60 et 70 salariés prévus en mobilité, dont plus de la moitié partant de France. Après le black-out de mi-mars à mi-juin, une dizaine de personnes sont parties, on a même réussi à expatrier quelques volontaires internationaux qui étaient jusqu’alors en télétravail, mais on est contraints par les programmations de vol », témoigne Stéphane Hlusko, responsable expatriation et protection sociale de l’AFD.

Sur la stricte base du volontariat

Les mobilités intra-européennes sont maintenues et de nombreux pays hors Europe restent ouverts en imposant une quatorzaine à l’arrivée. « La dernière famille qu’on a accompagnée est partie le 14 juillet pour Singapour, confirme Mme Carnot. Mais certaines destinations sont complètement bloquées, comme l’Amérique. Il n’y a plus de mobilité avec les Etats-Unis jusqu’en janvier 2021 et les entreprises ont du mal à s’y résoudre ».

C’est le principe de précaution qui a guidé le fonctionnement des entreprises : diagnostic de santé avant le départ, test PCR pour certains, respect des règles de sécurité sanitaire, et information renforcée des salariés. « Il y a une réelle inquiétude dans les grandes entreprises à se rendre responsable de la contamination d’un collaborateur. La première mesure consiste à s’assurer que le salarié a conscience du risque inhérent à la destination choisie », explique Olivier Angotti.

Le Covid-19 a incité les entreprises à faire partir leurs salariés sur la stricte base du volontariat, quelles que soient les nécessités de l’organisation, et sans leur famille. « Un directeur de grand hôtel peut prendre son poste seul dans un premier temps », illustre M. Angotti. « Pour les jeunes familles, on a tendance à leur recommander de décaler leur départ », renchérit Stéphane Hlusko pour l’AFD. Il n’y a pas tellement de refus de mobilité, juste une crainte de rester coincé à l’étranger. Pour les expatriés en Amérique du Sud, le retour en France pour les congés d’été 2020 est plutôt compromis.

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Moins travailler pour moins licencier ?

« Tout repose sur le dialogue social »

Droit social. Après avoir consacré des milliards d’euros à l’activité partielle entre mars et juin afin d’éviter une hécatombe d’emplois, l’Etat cherche légitimement à éviter une explosion des licenciements et du chômage fin 2020. A côté de l’activité partielle classique, la loi du 17 juin 2020 a donc créé un dispositif spécifique, plus favorable : « l’activité partielle pour les employeurs faisant face à une baisse durable d’activité [APLD] ».

Sont visées par l’APLD les entreprises traversant un trou d’air de six mois à deux ans (aéronautique, automobile, avec leurs nombreux sous-traitants), sans toutefois être au bord du dépôt de bilan. Idée : en attendant que l’activité reprenne, garder les compétences, si possible en les formant. Bref, une flexibilité interne donnant-donnant-donnant : grâce à l’allocation versée par l’Etat, le salarié percevrait 70 % de sa rémunération brute (84 % du net), avec un reste à charge pour l’employeur se voyant rembourser 56 % selon le projet de décret.

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Tout repose sur le dialogue social : un accord collectif majoritaire, signé après un diagnostic partagé sur la situation économique et les perspectives d’activité de l’entité en cause (établissement, entreprise, voire groupe). Il définit les activités concernées et les engagements en termes d’emploi ou de formation. Enfin, un suivi employeur-syndicats signataires tous les trois mois, le tout sous le regard exigeant de l’administration. Du sur-mesure.

Mieux adapté à Airbus qu’à la Boucherie Sanzot

Et pour ne pas exclure du système des PME dépourvues de négociateurs habilités, un accord de branche étendu leur permettra de reprendre dans un document unilatéral le modèle y figurant. Encore faut-il que les branches d’activité s’en saisissent rapidement… Comme d’habitude en droit français, le système est mieux adapté à Airbus qu’à la Boucherie Sanzot.

Comme en matière de plan de sauvegarde de l’emploi, l’administration devra enfin valider l’accord collectif, ou homologuer le document unilatéral de l’employeur, avec à chaque renouvellement semestriel la transmission d’un bilan sur l’emploi et la formation. Normal, si l’on veut éviter les fraudes (du gonflement des salaires au discret télétravail), mais aussi ne pas subventionner des entreprises moribondes.

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Délicate sélection, qui commence par exclure celles devant réduire leurs horaires de plus de 40 %. Ce qui limite aussi la note finale, tout comme le plafond d’indemnisation de l’activité partielle, fixé à 4,5 smic. Reste à savoir quel va être l’impact sur les autres mécanismes de restructuration de ce régime, dont le financement repose d’abord sur la collectivité. Le coût de l’activité partielle est estimé à 32 milliards d’euros pour 2020.

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Les dérives de l’engagement

« Les métamorphoses de l’emprise dans les organisations », sous la direction de Vincent de Gaulejac et Jean Vandewattyne. « Nouvelle revue de psychosociologie », Editions Erès, 264 pages, 26 euros. A paraître le 13 août.

Le livre. C’était en 1979. Un groupe de sociologues et de psychosociologues examinait le système d’emprise conçu dans les multinationales, en mettant l’accent sur l’extension du pouvoir de la sphère économique aux sphères politique, idéologique et psychologique, à travers l’analyse des mécanismes à l’œuvre au sein d’IBM.

Cette entreprise se singularise alors par son usage de dispositifs de gestion qui se révéleront au cœur de la révolution managériale entamée dans les années 1980, et fait en ce sens partie de l’avant-garde du système capitaliste.

Quarante ans plus tard, les recherches ont montré la persistance mais aussi le développement et la diffusion de cette forme particulière d’exercice du pouvoir. Plus que jamais, « le discours managérial utilise les notions d’autonomie, de responsabilité ou encore d’implication pour mobiliser les “talents” à l’œuvre dans le secteur privé mais aussi dans le secteur public et, parfois même, dans le tiers secteur », constatent Vincent de Gaulejac et Jean Vandewattyne dans Les Métamorphoses de l’emprise dans les organisations.

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Ce dossier est la dernière pièce d’un triptyque ; la première est la réédition en 2019 de L’Emprise de l’organisation, initialement parue en 1979 et où on retrouve le sociologue Vincent de Gaulejac. La deuxième a pris la forme d’un colloque organisé à l’université de Mons, en septembre 2019, sur les « Formes contemporaines de l’emprise : travail, organisation, management et marché ».

Résistance et luttes sociales

En 2020, le travail a profondément changé, ainsi que la société et les individus qui la composent par rapport à ceux de 1980. « Rendre compte des métamorphoses de l’emprise dans les organisations implique aussi de s’ouvrir à la question du dégagement, de la déprise, pour le dire autrement encore, de la résistance, voire de l’émancipation, qu’elle soit de nature individuelle ou collective. »

Bon nombre de travailleurs montrent des signes manifestes de prise de distance par rapport aux anciennes sirènes organisationnelles et managériales. La résistance et les luttes sociales n’ont cessé, tant dans le travail qu’en dehors. Le dossier se compose de quinze articles qui déclinent « différentes figures ou formes de l’emprise actuelle, que ce soit en lien avec des organisations ou secteurs d’activités particuliers ou encore avec le travail ou son absence ». Agnès Vandevelde-Rougale explore les formes de résistance face au discours managérial moderne ; Marc Loriol analyse l’affaiblissement des collectifs et l’emprise des logiques comptables ; Gilles Herreros montre que les pĥénomènes d’emprise observés dans les organisations hypermodernes se retrouvent dans des associations de l’économie sociale et solidaire.

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Restauration : une reprise à petit feu

Au restaurant La Coupole à Paris, le 15 juin.

Boulevard du Montparnasse à Paris. La brasserie La Coupole, une institution du 14arrondissement de la capitale, a rouvert ses portes le 15 juin. Toute proche, La Rotonde n’a, elle, accueilli ses premiers clients que début juillet. Il est vrai que l’établissement rendu célèbre par le dîner donné par Emmanuel Macron pour fêter sa victoire au premier tour de l’élection présidentielle, touché par un incendie en janvier, s’est refait une beauté. Mais, en face, la devanture du Bar à huîtres, au 112 du boulevard, reste close et son banc d’écailler ne séduit plus les yeux des promeneurs.

Un exemple du retour en activité progressif des bars et restaurants en France. Depuis le 2 juin, le gouvernement a donné son feu vert à leur réouverture sur l’ensemble du territoire avec un bémol en Ile-de-France, où, dans un premier temps, seules les terrasses étaient autorisées. La région francilienne a dû attendre le 15 juin, et le passage en zone verte, pour pouvoir de nouveau accueillir ses clients en salle.

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Fin juin, le syndicat GNI (Groupement national des indépendants Hôtellerie et Restauration), a donné un coup de sonde pour établir un premier bilan du retour aux fourneaux de la restauration. Sur le panel des cafés-bars ayant répondu au questionnaire, neuf sur dix se déclaraient ouverts. Et seuls 5 % affirmaient préférer attendre septembre pour franchir le pas. A l’exemple du Sarah Bernhardt, une brasserie installée place du Châtelet, à proximité immédiate du Théâtre de la Ville.

Cédric Giacinti, patron de la chaîne de restauration rapide Subway, estime, lui, à trois le nombre de ses succursales encore à l’arrêt sur un total de 400. Dont deux installées devant des universités respectivement à Rennes et à Paris. Les responsables de ses franchises attendent le retour des étudiants pour redémarrer.

Une mise à l’arrêt forcée

Globalement, la réouverture des bars et restaurants est donc massive et généralisée sur tout le territoire. Pour autant, même si les cuisines ont, dans l’ensemble, remis les gaz, la vitesse de reprise est très variable selon les établissements. Les cuisines de la restauration tournent de façon très hétérogène.

« Je peux dire que mon chiffre d’affaires en juin est le double de celui de l’année dernière », déclare en une boutade Hubert Jan. Son établissement, le Bistrot Chez Hubert, à Fouesnant dans le Finistère, ferme habituellement deux semaines en juin. Rien de comparable cette année, où il a rouvert le 5 juin après la période de mise à l’arrêt forcée. Comme tous les restaurants, le Bistrot Chez Hubert avait dû fermer le 14 mars à minuit, une décision annoncée le jour même par le gouvernement désireux de juguler la pandémie de Covid-19 en imposant le confinement. Au redémarrage, les clients, fidèles, étaient au rendez-vous.

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