Les deux offres de reprise de Camaïeu divisent les salariés

Le siège de Camaïeu, à Roubaix (Nord), le 27 mai.

L’avenir de Camaïeu divise ses salariés. Une cinquantaine d’entre eux se sont rassemblés, vendredi 24 juillet, devant le tribunal de commerce de la métropole de Lille, à Tourcoing, alors que les juges examinaient les sept offres de reprise de l’entreprise placée en redressement judiciaire fin mai. Les deux principales offres font débat au sein de l’entreprise de Roubaix, qui emploie 3 134 salariés.

La première émane de la Financière immobilière bordelaise. Elle porterait sur la reprise de 511 magasins et environ 2 700 salariés, selon la CGT. Interrogée par Le Monde sur son projet, la société fondée par Michel Ohayon, à Bordeaux, a décliné toute communication en assurant « ne vouloir faire aucun commentaire à ce jour ». Toutefois, cette offre bénéficie du soutien de l’intersyndicale de l’entreprise. « Car elle maintient l’emploi au sein du siège de Roubaix. Et la Financière immobilière bordelaise s’engage à reprendre davantage de magasins » que celle de son rival, explique Thierry Siwik, délégué CGT.

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La seconde offre est, elle, présentée par trois des cinq actionnaires de l’entreprise détenue en leveraged buy-out (LBO, achat avec effet de levier) : les fonds américains Farallon et Golden Tree et le luxembourgeois CVC Credit Partners. Les créanciers de l’entreprise, devenus actionnaires de Camaïeu, en 2018, lors de la conversion de leurs dettes en capital, entendent reprendre l’entreprise aux côtés de l’équipe actuelle de direction : Joannes Soënen, son président depuis août 2019, et Robert Bensoussan, président du comité de gouvernance. Ils se partageraient à parité le capital de l’enseigne de prêt-à-porter féminin.

« Un projet plus abouti »

Pour l’emporter, les candidats ont amélioré leur première offre en s’alliant à deux autres repreneurs locaux. Grain de Malice, enseigne détenue par l’association familiale Mulliez, reprendrait 43 de ses points de vente. Log’S, société de logistique installée à Lesquin (Nord), s’est, lui, engagé à reprendre l’entrepôt Camaïeu et ses 153 salariés.

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En tout, ce consortium s’est dit prêt à poursuivre l’activité de 446 des 632 magasins français de l’enseigne et à reprendre 2 520 de ses 3 134 salariés. L’ensemble mettrait la main sur l’enseigne née en 1984 pour un montant de l’ordre de 2 millions d’euros. Il s’est, par ailleurs, engagé à apporter 30 millions d’euros de fonds propres et à contracter un emprunt de 45 millions d’euros garanti par l’Etat, dont « la validation est en cours », assure un porte-parole. La direction de l’enseigne promet désormais une révolution au sein de l’entreprise connue pour ses vêtements fabriqués en grande série à l’étranger et vendus à petits prix. Camaïeu pourrait désormais vendre davantage de tenues fabriquées en France et dans le bassin méditerranéen, assure-t-elle.

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Bien que ce projet de reprise déboucherait sur près de 800 licenciements, contre environ 600 au sein de l’offre de la Financière immobilière bordelaise, ce dossier bénéficie du soutien de l’UPAE, syndicat autonome au sein de l’entreprise. « Le projet des anciens actionnaires porté par notre management actuel est beaucoup plus abouti et construit dans une vision qui assurera la pérennité de Camaïeu sur le long terme », a estimé dans un communiqué l’UPAE, jeudi 23 juillet. A l’inverse, l’intersyndicale de Camaïeu s’inquiète de ce projet qui aboutirait sur « un plan social » et permettrait aux actionnaires de « supprimer la dette de l’entreprise », selon Thiery Siwik. « Réduire les effectifs de Camaïeu » serait nécessaire, affirme un porte-parole du consortium.

Baisse de la consommation

Le tribunal de commerce devrait rendre son jugement le 17 août. Le dossier est suivi de près au ministère de l’économie par Bruno Le Maire et par le Comité interministériel de restructuration industrielle. Il est aussi de nouveau à l’agenda de Xavier Bertrand. En 2016, le président de la région Hauts-de-France était déjà intervenu auprès de BNP Paribas pour éviter une crise de trésorerie à Camaïeu. Et, aujourd’hui, il s’inquiète des conséquences de ce nouveau plan social dans sa région, au sein de cette figure de l’économie nordiste. Camaïeu a connu des années folles, notamment sous la houlette de son ancien PDG, Jean-François Duprez, peu après son entrée en Bourse, en 2000.

Malgré la concurrence de Zara et H&M, l’enseigne était parvenue à se hisser au premier rang des distributeurs de mode féminine en France. Cela s’est fait notamment au prix d’une expansion tous azimuts, partout dans l’Hexagone, dictée, à partir de 2005, par des fonds d’investissement désireux d’augmenter le chiffre d’affaires de l’entreprise pour qu’elle leur rembourse sa dette. La baisse de la consommation, en France, depuis douze ans a eu raison de ce modèle.

Vous ne trouvez pas de job d’été à cause de la crise sanitaire ? Racontez-nous

La pandémie de Covid-19 paralyse encore de très nombreux secteurs économiques, parmi lesquels le tourisme, grand pourvoyeur d’emplois temporaires pendant la saison estivale. Ces jobs d’été sont pourtant essentiels pour beaucoup, notamment étudiants, qui y trouvent une source de revenus cruciale.

Vous pensiez tenir l’entrée de la piscine municipale, l’accueil d’un camping ou d’un immeuble de bureau, travailler dans un restaurant, un bar ou un magasin ; vous deviez surveiller une plage, faire du nettoyage, garder des enfants ; bref, trouver un petit emploi pour l’été afin de payer vos études, votre loyer ou d’arrondir vos fins de mois, mais rien ne s’est finalement déroulé comme prévu ? Vous pensiez trouver au dernier moment, mais aucune offre ne vous convient, ou vous n’en trouvez pas ? Ce manque de rentrées financières vous inquiète pour les prochaines semaines, les prochains mois ? Il remet en question vos projets ?

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Aux Etats-Unis, la reprise de l’emploi se fait hésitante

Des centaines de personnes attendent devant un centre de carrières pour s’inscrire au chômage, à Frankfort (Kentucky) aux Etats-Unis, le 18 juin.

Annoncée plusieurs fois par le président américain Donald Trump, la reprise économique espérée semble marquer le pas face à la nouvelle flambée de la pandémie liée au Covid-19 aux Etats-Unis. Jeudi 23 juillet, pour la première fois depuis début avril, les chiffres hebdomadaires du chômage sont repartis à la hausse, avec 1,4 million de demandeurs d’emploi supplémentaires inscrits entre le 12 et le 18 juillet. La semaine précédente, 1,3 million de personnes étaient déjà venues grossir les rangs des chômeurs, dont le nombre s’établit désormais à 16,2 millions. Au total, si l’on prend en compte les personnes non salariées mais également indemnisées, quelque 30 millions de personnes ont demandé des aides, soit un cinquième des travailleurs américains.

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Le nombre de contaminations et de morts qui, depuis trois semaines, atteint des niveaux record dans plusieurs Etats du sud et de l’ouest du pays, contraint certaines régions à de nouvelles restrictions et fermetures de commerces. Cette résurgence de la crise sanitaire – 4 millions de personnes infectées et 143 800 morts, selon l’université Johns Hopkins – freine à nouveau les embauches, alors que les mois de mai et juin, marqués par une réouverture rapide de l’économie dans plusieurs Etats, avaient vu la création de 7,5 millions emplois.

Le ralentissement survient alors que les aides débloquées lors du premier plan de soutien de 2 000 milliards de dollars adopté en mars touchent à leur fin le 31 juillet. Elles ont permis aux demandeurs d’emploi de recevoir 600 dollars par semaine, assurant à certains travailleurs un revenu supérieur à leur salaire initial. Faute d’un nouveau plan de soutien, ces millions de travailleurs rejoindront le régime général de l’assurance-chômage, moins généreux (350 dollars par semaine en moyenne) et dont les conditions varient fortement d’un Etat à l’autre.

Prolonger les aides

Pour éviter une crise sociale d’ampleur, il ne reste donc que quelques jours au Congrès américain pour s’accorder sur un deuxième plan de soutien massif à l’économie. Mais les propositions, âprement discutées depuis plusieurs semaines, n’avaient toujours pas permis de dégager, jeudi, un consensus entre républicains et démocrates.

« Nous n’allons pas payer plus pour rester à la maison que pour travailler », Steven Mnuchin, secrétaire américain au Trésor

Ces derniers souhaitent renouveler l’aide aux chômeurs telle qu’elle existe jusqu’à la fin de l’année, tandis que les républicains veulent la diminuer, plus ou moins drastiquement. Prolonger les aides est « une priorité », a assuré jeudi le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, sur la chaîne CNBC. Le gouvernement envisage une indemnité équivalant à « environ 70 % » du salaire touché avant le chômage : « Nous n’allons pas payer plus pour rester à la maison que pour travailler », a-t-il déclaré. Une déclaration en porte-à-faux avec la proposition des républicains au Congrès, dont le plan prévoit une aide correspondant à 100 % des revenus antérieurs à la pandémie. Au-delà des traditionnelles divergences partisanes, les discussions ont aussi été ralenties par l’exigence de M. Trump de lier le nouveau plan à une réduction des charges sociales pour les employeurs, une mesure rejetée à la fois par les démocrates et les républicains. Le président y a finalement renoncé jeudi.

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Les restaurants Courtepaille en cessation de paiements

Avec seulement 55 restaurants ouverts sur 187 détenus (hors franchise), la chaîne Courtepaille peine à se relever de la crise de Covid-19.

« Fermé aujourd’hui ». Sur la carte de France des restaurants Courtepaille, la même litanie s’égrène le long de la route des vacances. Avec seulement 55 restaurants ouverts sur 187 détenus (hors franchise), la chaîne préférée du couple présidentiel Brigitte et Emmanuel Macron peine à se relever de la crise due au Covid-19. De source syndicale, elle s’est même déclarée mardi 21 juillet en cessation de paiements auprès du tribunal d’Evry, afin de déclencher l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire. Une audience en ce sens est prévue le 27 juillet. Cette démarche « technique », selon un bon connaisseur du dossier, vise à faciliter une restructuration de Courtepaille, avant sa reprise.

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Car, malgré ses difficultés, l’enseigne née en 1961, en Bourgogne, au bord de la nationale 6, suscite l’appétit. Selon plusieurs sources, quatre prétendants ont fait connaître leur intérêt dans le cadre de l’appel d’offres organisé par la banque Lazard pour le compte d’ICG, le fonds britannique propriétaire de Courtepaille.

Le boulimique groupe Bertrand, numéro un français de la restauration (Hippopotamus, Bert’s, Brasserie Lipp, La Coupole…) serait le mieux placé, devant Butler Industries, la holding du spécialiste des entreprises en difficulté, Walter Butler (propriétaire du Paradis latin et ancien actionnaire des brasseries Flo), le fonds d’investissement Naxicap, actionnaire de l’enseigne familiale La Boucherie, et enfin Buffalo Grill, grand concurrent de Courtepaille.

Courtepaille a déjà traversé de fortes turbulences ces dernières années

Le tribunal choisira le repreneur en fonction du nombre de sites repris, du montant prévu des investissements et des engagements formulés en termes d’emploi. Le groupe compte quelque 2 700 salariés.

Courtepaille a déjà traversé de fortes turbulences ces dernières années. D’abord créancier, ICG avait pris le contrôle de l’enseigne en 2015, au terme d’une crise de gouvernance, en convertissant la dette qu’il détenait en capital. Il avait ainsi évincé un autre fonds, Fondations Capital, qui avait acquis 53 % de Courtepaille en 2011 pour 245 millions d’euros, dans le cadre d’une opération avec effet de levier ou LBO (leveraged buy out).

Sur fond de résultats 2019 déjà décevants, selon une source, le roi des grillades avait sollicité un prêt garanti par l’Etat (PGE) mais ne l’a pas obtenu, à ce stade. La politique de Bercy consiste à mettre la pression sur les entreprises dont les difficultés avaient démarré bien avant l’épidémie de Covid-19 pour qu’elles prennent des mesures structurelles, recapitalisation voire cession, avant de recevoir l’argent du contribuable. La chaîne d’ameublement Conforama n’a ainsi décroché un PGE qu’après avoir conclu un adossement à son concurrent But.

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Aides financières et contrats d’insertion : le détail du « plan jeune » de 6,5 milliards d’euros

Le premier ministre, Jean Castex, en visite dans les locaux de l’entreprise Cryla, spécialisée en micromécanique, jeudi 23 juillet, à Besançon.

On connaît désormais le montant de l’enveloppe globale. Le gouvernement a présenté, jeudi 23 juillet, un plan jeunes de 6,5 milliards d’euros sur deux ans. Avec en mesure-phare une aide – déjà annoncée – de 4 000 euros pour favoriser 450 000 embauches d’ici au mois de janvier.

Baptisé « Un jeune, une solution », ce plan table aussi sur la signature de 230 000 contrats d’apprentissage et 10 000 contrats de professionnalisation. Outre 100 000 places supplémentaires en service civique, il prévoit 300 000 « parcours d’insertion », dont 60 000 contrats aidés dans le secteur marchand, et 200 000 places supplémentaires en formation.

Ce plan est destiné à soutenir l’arrivée de 700 000 à 800 000 jeunes sur le marché du travail « dans une rentrée compliquée », selon le premier ministre, qui l’a présenté après la visite d’un centre de formation d’apprentis à Besançon, où il a multiplié les échanges avec les jeunes.

Des formations « dans les métiers d’avenir »

Pour aider les entreprises qui hésitent à embaucher en ce moment, le gouvernement instaure une prime pour tout jeune de moins de 25 ans recruté entre août et janvier sur un contrat d’au moins trois mois jusqu’à deux smic. Cette « compensation de cotisations » sera de 1 000 euros chaque trimestre pendant un an maximum.

Le plan reprend aussi les aides, déjà en vigueur depuis le 1er juillet, pour les embauches de jeunes en alternance d’ici à la fin février : 5 000 euros pour un apprenti ou un contrat de professionnalisation de moins de 18 ans, 8 000 euros pour un majeur. Il prévoit également 20 000 missions supplémentaires en service civique dès cette année, d’une durée moyenne de huit mois, et 80 000 l’année prochaine.

Pour les jeunes en échec dans l’enseignement supérieur, 100 000 formations qualifiantes ou préqualifiantes seront proposées « dans les métiers d’avenir » (transition écologique, santé, numérique, secteurs prioritaires du plan de relance).

« On enferme les jeunes dans la précarité », regrette la CGT

Par ailleurs, le plan marque aussi le retour des « contrats aidés » dans le secteur marchand, qui avaient été supprimés en 2017 par la nouvelle majorité (sauf en outremer), mais en les ciblant sur les jeunes les plus éloignés de l’emploi. Sont ainsi prévus 60 000 contrats initiative emploi (CIE) pour des jeunes rencontrant des difficultés particulières d’insertion dont une partie du salaire est financée par l’Etat. Dans le secteur associatif ou public, les contrats aidés (parcours emplois compétences, au nombre de 94 000 en 2019) seront augmentés de 60 000 en 2021.

Le plan prévoit aussi 150 000 entrées en garantie jeunes en 2021 (contre 100 000 initialement programmées), un dispositif d’insertion géré par les missions locales pour les jeunes sans emploi ni formation, avec un accompagnement renforcé pendant un an et une allocation mensuelle de 497 euros.

Philippe Martinez, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), a regretté sur Franceinfo que « beaucoup d’exonérations et de cadeaux » soient accordés au patronat sans garantie que les jeunes gardent un emploi stable. « Nous proposions que ces aides soient conditionnées à des embauches en CDI [contrat à durée indéterminée]. Avec de telles mesures, on enferme les jeunes dans la précarité. Or, on ne construit pas sa vie dans la précarité. »

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Le Monde avec AFP

L’aide à l’embauche des jeunes concernera les salaires jusqu’à deux smic, confirme Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, à Chambord, mercredi 22 juillet.

Emmanuel Macron a confirmé mercredi que l’aide de 4 000 euros à l’embauche d’un jeune à la rentrée serait finalement accordée jusqu’à un salaire équivalent à deux smic, soit environ 2 400 euros net, comme l’avaient rapporté la veille des sources syndicales.

Au cours d’une visite au château de Chambord (Loir-et-Cher) à la rencontre de jeunes ne partant pas en vacances et participant au programme « Quartiers d’été », le chef de l’Etat a détaillé le « dispositif extrêmement puissant d’aide à l’emploi des jeunes » mis en place par le gouvernement pour faire face aux conséquences de la crise du Covid-19 sur le marché du travail.

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Cet ensemble de mesures comprend « une forme de prime qui supprime toutes les charges qui existent jusqu’à deux smic pour les plus jeunes à la rentrée, ce qui va jusqu’à 4 000 euros d’exonération de charges », a-t-il expliqué, au côté de la ministre du travail, Elisabeth Borne. Initialement, cette aide devait se limiter aux salaires dont le montant n’excédait pas 1,6 smic, mais le Mouvement des entreprises de France (Medef) a jugé que cela exclurait les jeunes les plus qualifiés dont les salaires d’embauche peuvent être supérieurs.

Partie de foot à Chambord

Cette aide – techniquement « une compensation de cotisations » – sera versée trimestriellement par tranches de 1 000 euros et pourra être perçue pour l’embauche d’un jeune de moins de 25 ans en CDI ou en CDD d’au moins trois mois, ont détaillé des sources syndicales après une réunion au ministère du travail mardi.

Avec ce seuil relevé, elle devrait concerner la très grande majorité des jeunes embauchés. Elle concernera toutes les embauches qui auront lieu dans les six mois après l’entrée en vigueur du dispositif, probablement en septembre. Selon les sources syndicales, le ministère a évoqué un budget de 1,2 milliard d’euros pour l’opération, et tablerait sur 600 000 embauches. L’ensemble du plan « Jeunes » doit être détaillé jeudi par le premier ministre, Jean Castex, au cours d’un déplacement à Besançon.

Emmanuel Macron joue au football avec une dizaine d’adolescents sur un petit terrain près du château de Chambord, mercredi 22 juillet.

Lors de sa visite à Chambord, le président a également pris quelques minutes pour jouer au foot, en chemise et cravate, avec une dizaine d’adolescents sur un petit terrain. Il a échangé avec ces jeunes participant à l’opération « Quartiers d’été », qui « a pour ambition de faire de cette période estivale un temps de renforcement du lien social et d’accès à de nouvelles opportunités pour les habitants des quartiers prioritaires qui ne peuvent pas partir en vacances », selon l’Elysée.

Sur le site de Chambord, quelque 300 jeunes participent aux activités, notamment à celles visant à favoriser la formation professionnelle et le retour vers l’emploi avec des programmes comme « Pass’Sport pour l’emploi » ou « Cuisine mode d’emploi(s) », une structure mise en place avec le soutien du chef Thierry Marx, également présent mercredi.

Le Monde avec AFP

Assurance-chômage : les syndicats s’estiment trompés par le gouvernement

Le premier ministre Jean Castex, à l’Assemblée nationale, le 21 juillet.

Alors que leur prise de contact avec Jean Castex s’était plutôt bien passée, les syndicats ont, aujourd’hui, la désagréable impression d’avoir été un peu floués par le nouveau chef du gouvernement. A l’origine de ces premières crispations, il y a la réforme – très controversée – de l’assurance-chômage, dont le report avait été annoncé, le 17 juillet, lors d’une « conférence » avec les partenaires sociaux, à Matignon. Les organisations de salariés assurent que cette décision leur avait été présentée comme un rétablissement – temporaire – de dispositions élaborées avant l’élection d’Emmanuel Macron. Mais l’exécutif semble finalement avoir retenu une autre option, moins favorable pour les demandeurs d’emploi, si l’on en croit un projet de décret, que Le Monde a consulté.

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Pour comprendre de quoi il retourne, un petit retour en arrière s’impose. En juillet 2019, le gouvernement a pris deux décrets, ayant pour effet – entre autres – de durcir les conditions d’accès au système d’indemnisation. Désormais, pour pouvoir être éligible à une allocation, il faut avoir travaillé six mois sur une « période de référence » de vingt-quatre mois et non plus quatre mois sur vingt-huit. En outre, les droits à une prestation ne sont reconstitués qu’à partir du moment où le demandeur d’emploi est en activité pendant au moins 910 heures (six mois environ), contre 150 heures auparavant (un mois environ).

Des mesures critiquées

Le 17 juillet, lors de la « conférence » avec les partenaires sociaux, l’exécutif a indiqué que ces dispositions, entrées en vigueur le 1er novembre 2019 et dénoncées par les syndicats, cesseront momentanément de s’appliquer. De leurs échanges, ce jour-là, avec les membres du gouvernement, les responsables syndicaux ont compris qu’un tel arbitrage signifiait la restauration des critères antérieurs à la réforme : « Le premier ministre a évoqué un retour aux règles avant les décrets de 2019 », confie Marylise Léon, la numéro deux de la CFDT.

« Nous ne pouvons être que très déçus et mécontents de ce retour en arrière », Eric Courpotin (CFTC)

Les organisations de salariés ont donc été ravies par la décision du pouvoir en place, d’autant plus qu’elle a pour conséquence de suspendre ou de différer dans le temps d’autres mesures très critiquées (dégressivité des allocations pour les individus qui touchaient des rémunérations élevées quand ils occupaient un poste, nouvelle formule de calcul de la prestation qui se traduit par une baisse des sommes versées à certains chômeurs).

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La direction de NextRadioTV lance unilatéralement son plan de départs

Des salariés de BFM-TV, RMC et RMC Decouverte manifestent contre les suppressions d’emplois prévues par Altice France, devant le siège d’Altice, à Paris, le 24 juin.

Plusieurs fois déjà, la date butoir pour signer l’accord-cadre destiné à border le plan de départs annoncé par la direction de NextRadioTV (la branche médias du groupe Altice, qui coiffe les chaînes BFM-TV, BFM Business, RMC, RMC Sport…), le 19 mai, était arrivée. De demande de précision supplémentaire en réponse jugée insatisfaisante, elle avait été décalée à maintes reprises. Jusqu’au lundi 20 juillet à midi, quand la direction de NextRadioTV a estimé que ces allers et retours épistolaires avec les délégués syndicaux étaient terminés.

Prenant acte de ce qu’ils considèrent comme un refus de signer, Alain Weill et Arthur Dreyfuss, respectivement PDG d’Altice France et directeur général, se sont dits « contraints » de « conduire sans cadre consensuel » la mise en œuvre de leur « projet de transformation et de reconquête de NextRadioTV ». C’est, en tout cas, ce qu’ils ont expliqué aux salariés dans un long courriel envoyé en milieu de matinée, mardi 21 juillet.

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Une communication qui n’a pas vraiment surpris l’intersyndicale, puisqu’elle avait été destinataire, dans la nuit de lundi à mardi, d’un e-mail en forme de coup d’accélérateur avec la livraison des livres I et II (76 et 237 pages) du plan de départs, qui détaillent les conditions ainsi que les justifications économiques, et lancent le processus d’information-consultation.

« Mépris »

Or, c’est justement parce qu’ils ne connaissaient pas avec précision la teneur de ces livres que les élus, explique l’un d’eux, retenaient leur signature : ils ne voulaient pas « donner de chèque en blanc » à leur direction… « Malgré les avancées considérables obtenues par les délégués syndicaux, se sont-ils défendus dans un communiqué envoyé mardi après-midi, il aurait été trop dangereux pour l’ensemble des salariés de signer l’accord proposé par la direction avant la présentation intégrale du plan. » Mise devant le fait accompli, l’intersyndicale fustige le « mépris » dont elle se sent l’objet et regrette ce qu’elle considère comme une tentative de la direction pour « discréditer les organisations syndicales ».

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Tous les éléments sont désormais sur la table. Alors qu’à l’origine, entre 330 et 380 postes étaient menacés, ce sont désormais 250 personnes qui devraient quitter l’entreprise, sur la base du volontariat. « Aucun licenciement économique contraint ne sera possible avant le 30 novembre 2021 », ajoutent Alain Weill et Arthur Dreyfuss, qui proposent de fixer à 2,45 mois par année d’ancienneté, en moyenne, les indemnités de rupture (plus 0,3 mois pour les journalistes, en plus de l’indemnité conventionnelle).

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Des mobilisations en soutien à l’inspecteur du travail suspendu

Le ministère du travail vit, à nouveau, des heures mouvementées. Une intersyndicale, formée par la CGT, la CNT, FO, la FSU et SUD, a appelé à la grève et à un rassemblement, mardi 21 juillet, à Paris, pour soutenir un inspecteur du travail qui devait, ce jour-là, passer en conseil de discipline. Membre de la CGT, Anthony Smith se voit reprocher d’avoir « méconnu, de manière délibérée, grave et répétée, les instructions » que la direction générale du travail avait données à l’ensemble des agents, durant l’épidémie de Covid-19. Des « agissements » qui lui valent d’être suspendu de son activité « dans l’intérêt du service », depuis la mi-avril. L’intersyndicale, elle, dénonce une « action folle de répression et d’acharnement », portant gravement atteinte à l’indépendance de ce fonctionnaire – et, au-delà, à celle de tous ses collègues.

Les faits remontent à la mi-mars. Des élus du personnel de l’Aradopa, une grosse association d’aide à domicile dans la Marne, saisissent l’inspection du travail afin de signaler le manque d’équipements de protection attribués aux salariés contre le risque d’infection par le SARS-CoV-2. M. Smith écrit à l’employeur, pour lui demander de prendre des mesures destinées à garantir la santé et la sécurité de ses équipes : il existe, d’après lui, des menaces sérieuses pesant sur leur intégrité physique. Insatisfait par les réponses du patron de l’Aradopa, l’agent de contrôle le relance puis engage une action judiciaire en référé, le 15 avril, que le tribunal de Reims rejette – M. Smith n’ayant pas démontré « l’urgence qu’il invoque ».

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Dans le même temps, le fonctionnaire s’est mis à dos sa hiérarchie, celle-ci estimant qu’il agit en dehors des clous – à l’égard de l’association d’aide à domicile mais aussi d’autres entreprises. Dans une lettre datée du 11 avril, la responsable départementale des services du ministère lui reproche d’avoir envoyé à l’Aradopa des « instructions de plus de 10 pages avec 35 demandes » et « un délai de réponse (…) manifestement trop court ». Elle observe également que M. Smith exige l’octroi aux salariés de masques de « type FFP2 ou FFP3, en contradiction avec la doctrine sanitaire nationale » puisque de tels accessoires étaient réservés aux soignants et ne se justifiaient pas pour les personnels de l’Aradopa.

Shérif

D’autres griefs sont exprimés : interventions dans des sociétés « hors de [sa] compétence territoriale », initiatives « qui se placent hors du cadre collectif » alors qu’elles portent sur des « situations complexes [devant] donner lieu à un échange préalable avec le responsable de l’unité de contrôle », suppression d’e-mails de sa boîte professionnelle, formulation d’avis sur le recours au droit de retrait « alors que les conditions d’appréciation de ce droit relèvent (…) du juge », etc. Autrement dit, pour le ministère, M. Smith s’est autoproclamé shérif, quitte à perturber – voire à mettre en péril – le fonctionnement d’une association qui assiste des personnes vulnérables.

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Pour soutenir l’emploi des jeunes, le Sénat défend une prime à l’embauche plus large

Le Sénat se place du côté des personnes affectées par la crise. Il a voté, dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 juillet, une prime à l’embauche, notamment des jeunes, plus large que celle défendue par le gouvernement, ainsi qu’en faveur de « bons d’achat » pour les foyers modestes utilisables dans les secteurs du tourisme et des loisirs.

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Ces deux amendements, présentés par le rapporteur Les Républicains (LR) Albéric de Montgolfier au nom de la commission des finances et adoptés contre l’avis du gouvernement, ont peu de chances de résister à la navette parlementaire. Mais ils alimentent le débat sur la réponse face à la crise, en plein examen du troisième projet de loi de finances rectificative.

Le premier dispositif, évalué à 400 millions d’euros, propose aux entreprises de moins de 250 salariés une prime à l’embauche pour tout CDI ou CDD de plus de six mois, d’un montant de 4 000 euros maximum sur deux ans. Avec une majoration de 50 % pour l’embauche de jeunes de moins de 26 ans en sortie de formation initiale, soit 6 000 euros.

Hormis pour les jeunes, pour lesquels il n’y aurait pas de plafond, le bénéfice d’une telle prime serait limité aux embauches de salariés jusqu’à 1,6 SMIC.

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Le ministre des comptes publics Olivier Dussopt a contesté une prime « trop large », attribuée « quel que soit l’âge » et a appelé les sénateurs à « se rallier à l’amendement » du gouvernement sur l’emploi des jeunes, attendu dimanche au Sénat.

Le gouvernement opposé aux bons d’achat

Albéric de Montgolfier (LR) a ensuite brièvement défendu une mesure de bons d’achat ou de chèques loisirs de 400 euros pour 6 millions de foyers modestes, dans leurs activités culturelles et touristiques, y compris pour des prestations hôtelières ou dans la restauration.

Le Sénat, à majorité de droite, a voté ce dispositif de 2,4 milliards d’euros contre l’avis du gouvernement.

« Pour les ménages les plus modestes, nous avons clairement préféré affecter les moyens dont nous disposons au financement de l’activité partielle et du fonds de solidarité avec l’objectif de préserver l’emploi et les compétences d’un maximum de Français », a réagi le ministre Olivier Dussopt, opposé à cet amendement.

Le Monde avec AFP