Jean Castex annonce le prolongement des mesures d’activité partielle et une baisse des impôts de production

Jean Castex dans le studio de France Inter, mercredi 26 août 2020.

Port du masque dans les salles de spectacle, plan d’aide à la culture, autorisations préfectorales, port du masque en entreprise… Dans un long entretien sur France Inter puis dans un discours donné à l’université d’été du Medef, le premier ministre, Jean Castex, a dévoilé des éléments du plan de relance et a annoncé quelques-unes des décisions prises la veille lors d’un conseil de défense.

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Au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand, le premier ministre a affirmé que la présentation du plan de relance de l’économie, dont le montant total s’élève à 100 milliards d’euros, dont 40 milliards venus de l’Union européenne, aura lieu jeudi 3 septembre.

  • 2 milliards d’euros pour la culture

Le secteur de la culture bénéficiera d’une « dotation exceptionnelle » de deux milliards d’euros dans le plan de relance de 100 milliards qui sera annoncé le 3 septembre, a précisé le premier ministre. « Le secteur culturel a beaucoup souffert de cette crise », et cette réponse est « inédite », a assuré le chef du gouvernement.

« Il faut y aller, au théâtre, au cinéma, il faut soutenir le secteur culturel », a lancé Jean Castex, annonçant également des compensations pour combler les recettes perdues du fait des contraintes sanitaires. « Ça veut dire que nous pensons d’abord que la culture est une activité économique, (…) et que s’il y a une spécificité française, c’est vraiment que vivre avec le virus, c’est aussi se cultiver avec le virus. »

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  • Port du masque « systématique » au théâtre et au cinéma

Jean Castex a annoncé une « inversion » de la logique pour les mesures barrières dans les espaces culturels : le masque sera désormais « systématique » au cinéma et dans les théâtres – même au cours de la séance ou de la représentation, semble-t-il – et ce à la place des mesures de distanciation sociale. Dans les zones où la circulation du virus est active, cependant, la distanciation sociale reste maintenue, en plus du port du masque. « Oui, je dis aux Françaises et aux Français, allez au cinéma, allez au théâtre, vous ne risquez rien », a lancé le premier ministre.

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La ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a peu après repris ces annonces sur Twitter :

  • Fin des dérogations pour la jauge de 5 000 personnes en zone rouge

« Il ne sera plus possible à l’autorité préfectorale de déroger » à la jauge maximale de 5 000 personnes « dans les départements rouges, c’est-à-dire où il y a une forte circulation virale », a annoncé Jean Castex. Les préfets pourront également « carrément interdire » certains événements avec moins de 5 000 personnes. « Ce n’est pas parce qu’on ne peut plus déroger au-delà [de la jauge des 5 000 personnes] qu’on ne peut pas aussi [l’]abaisser », a justifié le premier ministre.

  • Appel à la « responsabilité » pour le port du masque, des assouplissements possibles en entreprise

Jean Castex a appelé les Français « à l’esprit de responsabilité » quant au port du masque, en contestant toute « défaillance de l’Etat » en ce qui concerne la décision de ne pas généraliser sa gratuité à l’école. « Je n’ai jamais cru que l’Etat pouvait tout faire, il a sa part de responsabilité (…), mais il faut que tout le monde se sente concerné par la lutte contre l’épidémie », a insisté M. Castex, tout en concédant que le port du masque pouvait parfois être « pénible ».

Interrogé sur le refus de généraliser sa gratuité pour les élèves, il a fait valoir qu’« aucun pays au monde » n’avait pris une telle mesure, en rappelant que les personnes fragiles, pour des raisons médicales ou financières, bénéficiaient déjà de la gratuité. « On [ne] va [pas] payer des masques à des familles qui n’en ont absolument pas besoin », a-t-il encore argué, alors que le masque devient obligatoire pour les collégiens et lycéens à partir de la rentrée, mardi 1er septembre.

Quelques heures plus tard, à l’université du Medef, le chef du gouvernement a annoncé que des assouplissements seraient possibles au sujet du port du masque en entreprise, obligatoire à partir du 1er septembre, et ce afin d’éviter « une mesure trop générale et trop impérieuse ». « Les règles seront clarifiées et complètes pour le 1er septembre », a-t-il assuré.

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  • « Au moins un quart » des 100 milliards d’euros du plan de relance bénéficiera aux PME et TPE

« Au moins un quart » des 100 milliards d’euros prévus pour relancer l’économie française dans le contexte de crise sanitaire bénéficiera aux PME et aux TPE, a annoncé le premier ministre, qui s’est exprimé en début d’après-midi lors de l’université d’été du Medef à l’hippodrome de Longchamp, dans l’ouest de Paris. Le plan de relance sera « équilibré entre les grandes et les petites entreprises », a promis le chef du gouvernement.

Dans le cadre de son plan de relance, le gouvernement va baisser dès le 1er janvier prochain les impôts de production, à hauteur de 10 milliards d’euros par an, a-t-il également déclaré, précisant que l’impôt sur les sociétés continuerait de baisser, comme s’y est engagé le chef de l’Etat, Emmanuel Macron.

  • Les mesures d’activité partielle prolongées

Les mesures d’activité partielle vont être étendues « au moins jusqu’au 1er novembre » dans les entreprises en difficulté, a par ailleurs annoncé le premier ministre : « L’activité partielle demeurera ouverte dans [les] conditions actuelles, au moins jusqu’au 1er novembre, et au-delà pendant deux ans, pour toutes les entreprises couvertes par un accord sur l’activité partielle de longue durée », a annoncé le premier ministre. « Quant aux secteurs parmi les plus touchés – la culture, le sport, le tourisme, l’événementiel –, ils conserveront jusqu’à la fin de l’année un accès à l’activité partielle, même sans accord », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le dispositif d’aides gouvernementales à l’embauche, décidé en juillet pour favoriser l’emploi des jeunes de moins de 26 ans, va être étendu aux chômeurs en situation de handicap, « sans limite d’âge », a annoncé mercredi le premier ministre, dont le gouvernement débloquera 100 millions d’euros à cet effet.

  • Des recrutements pour la justice

« Le service public de la justice dans ce pays fonctionne insuffisamment bien, parce que l’Etat, qu’aujourd’hui je représente, n’a pas fait son travail à son égard », a affirmé le chef du gouvernement. « Dès ma prise de fonction [début juillet], c’était autant symbolique qu’effectif, j’ai demandé au ministre chargé des comptes publics, Olivier Dussopt, de créer 250 emplois en plus en cours d’année 2020 » dans le domaine de la justice, a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agissait de postes de greffiers et de magistrats.

« Dans la loi de finances 2021, qui sera soumise au Parlement [cet automne], nous allons créer 550 emplois en plus », a assuré M. Castex, soulignant que le budget du ministère de la justice serait augmenté.

  • Impôts, télétravail, StopCovid…

Impôts. Interrogé sur les conséquences du plan de relance pour les finances des Français, le premier ministre l’a assuré, « il n’y aura pas de hausse d’impôts. Ça, c’est clair ». Pour Jean Castex, « la stabilité des règles du jeu » est « un des outils de lutte contre la crise ».

Télétravail. Pour le premier ministre, c’est simple, « on repart au travail ». Mais cette reprise « ça peut être tout à fait du télétravail », assure-t-il. « Voilà un effet positif et structurel de cette crise. On va se mettre à regarder différemment le télétravail. On va même se dire que, peut-être, le télétravail, ça s’organise. »

Appel aux personnes fragiles. « Je lance un appel aux personnes de plus de 75 ans, aux personnes plus jeunes qui ont des pathologies lourdes, aux personnes avec des diabètes importants, particulièrement vulnérables. Protégez-vous ! », a lancé le premier ministre. Interrogé sur les reconfinements en Ehpad, Jean Castex a indiqué que cela pourrait intervenir « au cas par cas, si nécessaire ».

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Marseille. A propos de la deuxième ville de France, où le port du masque vient d’être rendu obligatoire dans toute la ville, le premier ministre prévient d’un « taux de prévalence de pénétration d’épidémie particulièrement élevé chez les personnes âgées, ce qu’on n’avait pas, par exemple, constaté en Mayenne. Donc, on a pris des dispositions plus importantes, peut-être plus contraignantes, à Marseille », justifie-t-il.

StopCovid. Le premier ministre a reconnu, en fin d’entretien, que l’application de suivi des contacts StopCovid « n’a pas obtenu les résultats qu’on en espérait, peut-être, je veux bien en convenir, par défaut de communication ».

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Le Monde

Immobilier de bureaux : la conjoncture sera plus importante que le développement du télétravail

Pour les gestionnaires de fonds immobiliers le developpement n’a pas eu d’effet sur les loyers ou le prix des bureaux.

C’est un véritable « stress test » qu’ont connu les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) au deuxième trimestre. Ces placements prisés par les épargnants en quête de revenu sont constitués d’investissements réalisés principalement dans les immeubles de bureaux et, dans une moindre mesure, les locaux commerciaux et les hôtels. Le confinement et les fermetures administratives au deuxième trimestre pouvaient faire craindre une diminution des loyers perçus par les SCPI, et donc une baisse des rendements. Certains hôtels et commerces ont, en effet, dû fermer pendant cette période, tandis que des entreprises ont eu des difficultés à régler leurs baux.

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« Le taux de récupération des loyers atteint une moyenne de 78 % au deuxième trimestre. Ce résultat est finalement très positif : les sociétés de gestion avaient envisagé des scénarios plus pessimistes face à la crise », constate Pierre Garin, directeur du pôle immobilier de Linxea, qui publie un observatoire des SCPI analysant les résultats de 61 d’entre elles sur la centaine commercialisée.

Pour autant, les prochains trimestres ne s’annoncent pas plus calmes. La hausse constatée de la circulation du Covid-19 rend aléatoire la reprise du tourisme et des voyages d’affaires, ce qui va pénaliser le secteur hôtelier. De grandes enseignes de commerce ont commencé à fermer des points de vente, tandis que la fréquentation des centres commerciaux est en berne et que le commerce en ligne se développe.

Un télétravail ponctuel

Sur le front des bureaux, la situation fragile de certaines entreprises fait peser une menace sur le paiement des loyers à court terme, et à plus long terme sur la demande de bureaux, alors même que le télétravail devrait rester massif si la situation sanitaire ne s’améliore pas.

C’est la grande question qui taraude les gestionnaires de SCPI : la mise en place de façon systématique du télétravail va-t-elle, à terme, avoir des conséquences sur la demande de bureaux, et donc sur le niveau des loyers et le prix des immeubles ?

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Le groupe Perial, qui gère 4 milliards d’euros, a même commandé une étude à Ipsos fin juin pour connaître le sentiment des salariés français sur le télétravail. Avec des résultats plutôt rassurants pour les gérants. La majorité des sondés s’accordent plutôt à dire que le télétravail restera ponctuel, qu’il va se développer en complémentarité du travail sur site, sans jamais le remplacer (57 %). Seule une minorité des employés ayant télétravaillé pendant le confinement estiment qu’ils y auront régulièrement recours, à jours fixes, à partir de septembre (38 %). Un autre petit tiers (30 %) considère, quant à lui, qu’il n’en fera jamais ou presque jamais.

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A travers l’Europe, la révolution du télétravail

A la fin du confinement en Angleterre, Aviva a progressivement permis aux employés qui se plaignaient de travailler de chez eux de retourner au bureau. L’offre n’a visiblement guère attiré : mi-août, seuls 500 de ses 17 000 employés étaient de retour. La compagnie d’assurance se prépare désormais à accélérer la tendance et prévoit… 10 % de sa main-d’œuvre en présentiel le mois prochain. Ses bureaux vont encore résonner vide pendant longtemps.

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« La pandémie a mis en place la plus grande expérience de télétravail jamais tentée, et les gens se sont rendu compte que ça marchait », estime Peter Cheese, directeur du Chartered Institute of Personnel and Development, l’organisme représentant les professions de ressources humaines au Royaume-Uni. Pour lui, c’est une évidence : « Nous sommes en train de vivre un changement de long terme. » Même une fois le coronavirus sous contrôle, on ne reviendra pas au travail systématique au bureau.

Son organisme a mené un sondage auprès d’un millier d’entreprises britanniques : 37 % prévoient que leurs employés travaillent partiellement de chez eux après la crise, contre 18 % avant. Même constat en Allemagne : selon un sondage de l’institut Fraunhofer pour l’économie du travail réalisé auprès de 500 sociétés, publié début juillet, 42 % de celles-ci ont décidé d’étendre les possibilités de télétravail à l’avenir. « La crise due au coronavirus pourrait signifier une poussée durable du travail à la maison », estime Oliver Falck, expert à l’institut économique Ifo. Les pays du sud de l’Europe se montrent cependant moins enthousiastes. Comme un symbole, la mairie de Milan vient de demander à la majorité de ses employés de retourner travailler dans ses locaux.

Une évidence

Travailler de chez soi ne concerne, bien sûr, qu’une partie de la population. Pendant le confinement, le quart de la main-d’œuvre (médecins, éboueurs, commerçants…) continuait à se rendre sur leur lieu de travail. Pour eux, rien ne changera. Mais un peu partout en Europe, alors que la rentrée se profile, la question du retour au bureau se pose. Et tout semble indiquer qu’un changement structurel est en cours.

« En quelques mois, nous avons accompli vingt ans de progrès dans notre attitude vis-à-vis du travail flexible » – Emma Holden, directrice des ressources humaines chez Schroders

En Allemagne, l’assureur Allianz, 150 000 salariés, est un symbole. Le groupe a annoncé, début août, son intention de généraliser le « home office » (en anglais dans le texte). A terme, au moins 40 % de son personnel devraient travailler depuis la maison, prévoit la direction de la compagnie.

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« La vraie question que pose le télétravail, c’est celle de l’utilité du travail »

Un employée échange avec ses collègues depuis son appartement de Nice (Alpes-Maritimes), le 15 mai.

La rentrée s’annonce comme une « télé-rentrée ». Le télétravail imposé brutalement par le confinement s’installe comme un mouvement de fond dans les entreprises. Avec trois bonnes raisons : lutter contre une reprise de la pandémie, répondre à l’attente de nombreux travailleurs, et gagner en efficacité. Si les deux premiers mobiles sont facilement audibles, le troisième est la zone de tous les dangers. Car derrière la recherche d’efficacité, se profile la question de l’utilité, utilité des heures travaillées, utilité de certaines fonctions, utilité de certaines tâches.

C’est la question que j’ai entendue au cours d’une réunion (distancielle) avec des chargés de communication en ressources humaines : « Mais si tout cela c’était du vent ? » Tout cela ? Tout simplement les missions, qu’ils assumaient depuis des années dans leur entreprise, des tâches occupant leurs semaines de travail et assurant leur salaire de fin de mois.

Le bilan est là : le job est fait !

Avec le télétravail, beaucoup de tout ce qui nous occupait disparaît : les trajets travail-domicile bien sûr, mais aussi tous les déplacements intraprofessionnels. Les moments de socialisation se réduisent à peau de chagrin : les pauses, les déjeuners, les « afterworks » [moments conviviaux entre collègues]. Les conférences, les cours, les réunions peuvent parfaitement se tenir en distanciel.

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En effet, le bilan est là : le job est fait ! Est-ce que pour autant, tout ce qu’il y avait autour, était superfétatoire ? Inutile le pot à la fin d’une soutenance de thèse ? Inutiles les discussions de fin de cours autour du prof ? Inutiles les échanges de regards, les discussions en off lors d’une réunion ? Inutiles les petits bavardages dans le couloir ? Bien sûr que non !

En parallèle, une prise de conscience se fait : ce qui était accepté en présentiel devient insupportable en distanciel. Ces réunions qui durent des heures avec de longs monologues qui n’intéressent que celui qui « cause », ces enseignants qui se contentent de lire leurs slides, ces conférences mal préparées qui brassent des idées vagues. Le distanciel grossit le trait, zoome sur toutes ces dérives et amène la question : entre temps au travail et temps de travail, quel est l’écart acceptable ?

Les « temps inutiles » du management

De nombreuses entreprises ont pu vérifier le temps de connexion de leurs salariés en télétravail pendant le confinement et en tirent d’ores et déjà des conclusions sur la réelle « utilité » du temps alloué. Un directeur des ressources humaines évoquait récemment lors d’une émission de grande écoute les « temps inutiles » du management. Personne n’a relevé. La tentation est grande de vouloir « rationaliser », en supprimant tous les temps « improductifs », puis, pourquoi pas, ensuite, tous les « improductifs » ?

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En Allemagne, les patrons affichent un optimisme prudent

En Allemagne, les patrons commencent à voir la lumière au bout du tunnel. Les analyses prudemment optimistes se sont multipliées ces dernières semaines, laissant espérer une reprise en forme de « courbe en V » : un rebond fort et rapide après le plongeon du printemps, où l’économie allemande a chuté de 10,1 %.

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Dans son édition du 27 juillet, l’indice Ifo de l’Institut de recherche économique de Munich, qui sonde chaque mois le moral des patrons, a affiché une troisième embellie depuis le mois de mai. La situation actuelle est jugée meilleure qu’il y a quelques mois, et les chefs d’entreprise tablent sur une amélioration de leurs affaires dans les mois à venir. C’est l’industrie manufacturière qui affiche la plus grosse progression, avec une augmentation de l’indice de 10 points. Cette industrie, qui désigne la production de biens hors énergie et construction, est d’une importance cruciale pour l’économie allemande, tournée vers l’export. Elle a aussi une fonction d’alerte : les commandes de l’étranger renseignent sur la reprise ailleurs dans le monde.

« Sur la bonne voie »

Autre signe encourageant : le taux d’utilisation des capacités de production a progressé – de 70,4 % à 74,9 % –, même s’il reste nettement en deçà de sa moyenne de long terme de 83,5 %. Dans les services, le commerce de détail et la construction, tous les indicateurs sont en progression. « Ce sont les anticipations sur les prochains mois qui sont en hausse, nous partions d’un niveau très faible, précise Clemens Fuest, directeur de l’Ifo. La situation actuelle des entreprises est encore très mauvaise, elles continuent à licencier, nous ne sommes pas sortis de la crise, mais nous sommes sur la bonne voie. Il est essentiel que nous évitions tout nouveau confinement généralisé, cela couperait net la reprise. »

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L’Institut de recherche économique de Berlin (DIW) voit aussi une amélioration prochaine. Son baromètre de conjoncture est remonté à 90 points au mois de juillet, après s’être effondré à 26 points au second trimestre. « Les signes de reprise sont évidents », souligne Claus Michelsen, chef du département conjoncture à l’institut, qui tempère cependant : « Malgré les fortes progressions, nous aurons besoin de deux ans pour compenser totalement la chute historique que nous avons connue au printemps. »

La publication des résultats trimestriels des grands groupes permet aussi d’entretenir l’optimisme : les patrons osent, pour la première fois depuis longtemps, formuler des perspectives prudemment positives. « Le coronavirus nous a gravement touchés surtout en avril et en mai, mais en juin nous avons déjà des données très différentes », a déclaré le patron du groupe chimique et pharmaceutique Merck, Stefan Oschmann, qui table même sur une légère augmentation du résultat opérationnel de son entreprise en 2020.

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La reprise de l’épidémie inquiète les chefs d’entreprise

Partis en congés après un premier semestre calamiteux marqué par deux mois de confinement et une chute historique de l’activité du pays, les chefs d’entreprise espéraient retrouver un horizon plus dégagé à la rentrée. Mais la reprise de la circulation du Covid-19, qui se traduira, dès le 1er septembre, par l’obligation de porter le masque en entreprise, a douché les élans d’optimisme, même parmi ceux dont l’activité a été relativement préservée. La perspective d’une forte montée du chômage, qui risque de freiner un peu plus l’activité, fragilise encore les perspectives.

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« Contrairement à ce que nous espérions il y a encore quelques semaines, la rentrée va s’opérer dans un environnement marqué par beaucoup d’incertitudes », résume ainsi Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration d’Engie. « Nous avons retrouvé 90 % à 95 % de notre niveau d’activité normal. C’est bien sûr important pour toute l’économie de récupérer le plus rapidement possible ces 5 % à 10 % qui manquent. Il ne faut pas que les incertitudes sanitaires ou les plans d’ajustement dans les secteurs en crise pèsent sur le moral des agents économiques », ajoute-t-il.

« Des réalités très différentes »

De fait, au premier semestre, à la faveur de l’épidémie due au coronavirus, 600 000 emplois ont été détruits dans le secteur privé. Le second semestre sera sans aucun doute pire encore. Le ministère du travail s’attend à voir arriver « plusieurs centaines de milliers de chômeurs de plus à la fin de l’année ». Le total des licenciements envisagés dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi depuis le début de la crise avoisine les 49 000, soit trois fois plus que sur la même période de 2019, auxquels il convient d’ajouter les « petits » plans de licenciement qui totalisaient 2 700 emplois au jeudi 20 août.

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Le constat dressé par M. Clamadieu est largement partagé par les chefs d’entreprise, qui craignent d’autant plus ces incertitudes qu’ils ont pu garder la tête hors de l’eau jusqu’à présent. « Contrairement à ce qui s’était passé pendant la crise de 2008-2009, on assiste à des réalités très différentes : il y a des secteurs d’activité où la situation est dramatique, et d’autres qui se portent bien, avec également de fortes disparités régionales », explique Christophe Catoir, président France et Europe du Nord d’Adecco.

En première ligne des secteurs durement affectés, on trouve l’aéronautique et le transport aérien, l’automobile, l’hôtellerie-restauration – avec un bilan à nuancer selon les régions du fait de la saison touristique. Viennent ensuite les domaines de la santé et de l’industrie pharmaceutique, le bâtiment et la construction – en forte reprise –, l’e-commerce, l’agroalimentaire… C’est pour ces entreprises-là que l’enjeu sanitaire de la rentrée est le plus important, car il peut faire basculer la reprise amorcée en juin-juillet. « On rattrape étape par étape nos deux mois de retard », explique Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) et président du groupe Poujoulat, leader européen de la fumisterie, dont l’activité a repris « assez nettement » durant l’été. « Mais la situation sanitaire se dégradant, on peut imaginer que cela aura des conséquences sur l’écosystème. Beaucoup de nos clients sont des TPE et PME et ne supporteraient pas un deuxième confinement ».

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Salariés, comment envisagez-vous l’obligation du port du masque dans votre entreprise à la rentrée ? Racontez-nous

Mardi 18 août, à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a annoncé que le port du masque serait obligatoire à partir de la rentrée « dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés », comme les « salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces ».

Cette nouvelle vous rassure-t-elle ou est-elle plutôt porteuse d’inquiétude ? Avez-vous d’ores et déjà reçu des informations de votre employeur sur la manière dont cette obligation sera appliquée ? Va-t-elle changer la façon dont vous travailliez jusqu’à présent ? L’estimez-vous réaliste au regard de vos conditions de travail ?

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L’Allemagne discute d’une réduction du temps de travail dans l’industrie

Jörg Hofmann, président du syndicat IG Metall, en 2015.

Pour sauver les emplois, faut-il réduire durablement le temps de travail ? C’est ce que défend Jörg Hofmann, le président du syndicat IG Metall (2,3 millions de membres), qui redoute un automne dramatique pour les emplois dans l’industrie. La semaine de quatre jours pour tous pourrait permettre de « conserver les emplois dans l’industrie au lieu de les détruire, » défend-il. Le sujet pourrait être au cœur des prochaines négociations salariales de la branche.

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La semaine de quatre jours revient régulièrement dans le débat allemand. En 2018, un « droit à la semaine de 28 heures » pendant deux ans avait été négocié par IG Metall pour offrir plus de flexibilité aux salariés de l’industrie, notamment aux femmes. La semaine de quatre jours avait surtout été adoptée en 1994 chez Volkswagen, lui permettant de sortir de l’ornière. Pour IG Metall, la mesure pourrait être utilisée dans la crise actuelle, dont les effets sur l’emploi pourraient être bien plus destructeurs que celle de 2009. Elle survient en effet au moment où l’industrie allemande est en pleine transition technologique vers le numérique et le moteur électrique. « La semaine de quatre jours serait la réponse à la transition actuellement en cours dans certaines branches comme l’automobile », soutient M. Hofmann.

A court de liquidités

IG Metall est convaincu que maintenir les employés en poste en réduisant leur temps de travail est une méthode qui a fait ses preuves et qui est avantageuse pour les entreprises. En 2010, les mesures de chômage partiel avaient permis aux entreprises allemandes de se relever très rapidement, sans grosse destruction d’emplois, en profitant au bon moment de la forte demande asiatique de véhicules et biens d’équipement.

Mais cette fois-ci, la crise pourrait durer nettement plus longtemps et les entreprises se retrouver à court de liquidités. Daimler, ZF et Bosch négocient donc actuellement des réductions du temps de travail avec leurs salariés. Jörg Hofmann suggère que toutes les entreprises adoptent les mêmes mesures, mais avec une compensation salariale. « Il faut que les salariés puissent se le permettre », insiste-t-il.

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La proposition est loin de faire l’unanimité au sein du patronat. Les entreprises de taille moyenne ne survivront pas, redoutent certains experts. « L’économie allemande subit actuellement un gigantesque choc de productivité », a déclaré le président de la fédération patronale BDA, Steffen Kampeter. « Une semaine de quatre jours ne ferait que renforcer ce choc », redoute-t-il, assurant que « la crise ne peut être surmontée qu’avec davantage de travail et de sécurité pour les salariés ». Pour Michael Hüther, directeur de l’institut économique de Cologne, proche du patronat, la semaine de quatre jours avec compensation salariale « ne serait rien d’autre que la prolongation de la crise, et donc une capitulation devant elle ».

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Le refus du port du masque pourrait constituer une « faute » professionnelle

Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, a affirmé, mercredi 19 août, sur BFM-TV que le refus du port du masque en entreprise pourrait constituer une « faute » professionnelle, au lendemain des annonces du gouvernement visant à renforcer le port du masque sur les lieux de travail.

« Si jamais le salarié refuse de mettre le masque, d’abord, l’employeur lui fera les remarques, il pourra lui donner un avertissement et ça pourra être considéré comme une faute », a fait savoir le ministre délégué, en déplacement à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Il a, cependant, assuré que, globalement, il « préfère faire confiance à la responsabilité de chacun ».

Le Monde

Une « handimarche » pour garder son emploi

« Nous, on est des smicards, on transpire tous les mois pour 1 200 balles, on demande juste qu’on nous laisse travailler. » Tous les jours depuis lundi 17 août, Emile Prono plaide sa cause et celle de ses collègues du groupe Earta là où ses pas le portent. Lundi à Nantes, mardi à Ancenis (Loire-Atlantique), mercredi à Angers, puis ce sera Le Mans, La Ferté-Bernard (Sarthe), Chartres, et s’il n’a pas été entendu d’ici là, le délégué syndical CFDT Santé-sociaux et trésorier du CSE de la société sarthoise sera à Paris, le 31 août, devant le palais de l’Elysée ou l’Hôtel Matignon – voire les deux.

Avec lui, une vingtaine de collègues participe à cette « handimarche » de combat un brin désarmante : au 1er septembre, une partie des 230 salariés atteints de handicap (sur les 250 que compte l’entreprise dans la Sarthe et en Loire-Atlantique) risque de se retrouver sans activité. Tant que Presstalis existait, en effet, Earta sous-traitait les invendus de la presse récupérés par la SAD (Société Agence diffusion) sur une partie de l’Ouest de la France : d’un côté, des publications partaient au pilon (les quotidiens, les hebdomadaires), de l’autre, des titres (mensuels, trimestriels, hors-séries, etc.) étaient reconditionnés, en route pour une nouvelle vie en kiosque.

Une « situation inextricable »

Depuis que Presstalis, reprise par les quotidiens début juillet, est devenue France Messagerie (au prix d’une restructuration drastique), la SAD, l’une de ses filiales, a été liquidée, faisant passer sa collaboration avec Earta de vie à trépas. « On a investi 800 000 euros ces dernières années pour industrialiser la gestion des invendus, on a embauché 50 personnes, etc., se désole Didier Rio, le patron d’Earta. Presstalis apportait 2 des 7 millions d’euros de notre chiffre d’affaires. Si cela s’arrête, on va perdre 30 % à 35 % de notre activité, et je n’aurai d’autre choix que de licencier une soixantaine de salariés. » Dans l’espoir de retourner la situation, Didier Rio marche, lui aussi.

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« En coordination entre France Messagerie et les MLP [l’autre distributeur de la presse en France], ces mandats ont été réattribués à des opérateurs qualifiés, indépendants, qui ont leurs propres salariés à faire travailler », justifie Cédric Dugardin, le directeur général de France Messagerie, qui parle de « situation inextricable ». Un seul des dépositaires qui récupèrent cette activité de retour des invendus, celui du Mans, a accepté de continuer de travailler avec Earta ; celui de Nantes, lui, n’y tient pas.

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