Aux Etats-Unis, les médias plongés dans la crise, du « Los Angeles Times » à « Sports Illustrated »

Aux Etats-Unis, les médias plongés dans la crise, du « Los Angeles Times » à « Sports Illustrated »

Lors d’une manifestation contre les licenciements au « Los Angeles Times », à Los Angeles (Etats-Unis), le 19 janvier 2024.

Etre racheté par un milliardaire ne suffit pas. C’est l’amère expérience vécue par le Los Angeles Times, aux prises avec une perte de ses recettes et une érosion de ses ventes. Le quotidien du sud de la Californie avait été racheté en 2018 pour 500 millions de dollars (460 millions d’euros) par l’entrepreneur de la biotech Patrick Soon-Shiong. Le quotidien a connu, vendredi 19 janvier, la première grève depuis sa fondation en 1881. En cause, un prochain plan social qui fait suite à la suppression de 70 postes dans la salle de rédaction en juin 2023.

En 2023, le journal, qui compte quelque 500 000 abonnés numériques, a ainsi perdu de 30 millions à 40 millions de dollars. Son directeur de la rédaction, Kevin Merida, a jeté l’éponge début janvier. En cause, les résultats décevants, l’absence d’accord salarial avec le syndicat de la presse depuis plus d’un an et des frictions avec la rédaction sur le conflit israélo-palestinien : lorsqu’en novembre une trentaine de journalistes du Los Angeles Times ont signé une pétition « exhort[ant] à l’intégrité dans la couverture médiatique occidentale des atrocités commises par Israël contre les Palestiniens », Kevin Merida leur a interdit de couvrir le conflit pour trois mois.

D’autres grands médias sont aussi dans la tempête, comme le Washington Post, racheté en 2013 pour 250 millions de dollars par Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, ou le magazine hebdomadaire Time, repris par Marc Benioff, l’un des fondateurs de Salesforce, pour 190 millions en 2018. Ainsi, selon une enquête du New York Times, le Washington Post est retombé durement après avoir profité de la mobilisation du lectorat dans les années Trump (« La démocratie meurt dans les ténèbres », avait ajouté le quotidien en guise de devise) et aurait perdu 100 millions de dollars en 2023. Le journal, qui révéla le scandale du Watergate en 1972, a réduit ses effectifs de 240 personnes sur 2 000, se séparant de certaines de ses plumes.

Paysage sinistré

Time, lui, perdrait quelque 20 millions de dollars. Interrogé par le New York Times, le spécialiste et entrepreneur des médias Ken Doctor note que les milliardaires ayant investi dans les médias montrent « de plus grands signes de fatigue » : « Les très riches ont beaucoup de mal à perdre de l’argent année après année, même s’ils en ont les moyens. »

Quelques journaux s’en sortent. Bien sûr, le New York Times avec plus de 10 millions d’abonnés (9,4 millions numériques et 670 000 print, 2,5 milliards de chiffre d’affaires et 194 millions de bénéfices) ou le quotidien économique Wall Street Journal avec ses 4 millions d’abonnés (3,4 millions numériques, 560 000 en version papier), leaders de leur marché et profitant de la logique « le gagnant prend tout ». Localement, le Boston Globe enregistrerait aussi des bénéfices.

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LJD

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