A l’éducation nationale, 4 000 postes d’enseignants en moins malgré un budget constant

Nul changement à l’éducation nationale par rapport à ce que prévoyaient les « lettres plafonds » envoyées en août par le précédent premier ministre, Gabriel Attal. La mission enseignement scolaire, plus gros budget de l’Etat, est dotée de 64,5 milliards d’euros pour 2025, contre 64,4 milliards en 2024, selon le projet de loi de finances (PLF) 2025 présenté jeudi 10 octobre. Parmi eux, l’éducation nationale bénéficie de 63 milliards d’euros, soit quasiment la même enveloppe que dans le PLF 2024.

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Avant de quitter la Rue de Grenelle, l’ancienne ministre Nicole Belloubet avait prévenu que ces montants quasi stables « nous contraindraient à une particulière rigueur budgétaire », en raison de l’évolution naturelle à la hausse du budget de l’éducation nationale du fait de l’avancement de carrière des personnels.

Le ministère met en avant une augmentation de « 834 millions d’euros » par rapport au budget que la nouvelle locataire de la Rue de Grenelle, Anne Genetet, « a trouvé en arrivant ». Cette hausse est toutefois en trompe-l’œil, puisque les fonds de l’éducation nationale avaient été amputés de près de 700 millions d’euros en février dans le cadre du plan d’économies. « Ces économies sont annulées en 2025 et l’éducation nationale bénéficie d’une rallonge », précise-t-on au ministère.

Réforme de la formation interrompue

L’éducation nationale supportera néanmoins l’essentiel des suppressions de postes de la fonction publique d’Etat. Le plus gros employeur public perd en net 2 000 postes, sur les 2 200 retranchés à l’Etat. Les effectifs enseignants diminueront de plus de 4 000 postes, dont 3 155 dans le premier degré public, et 181 dans le second degré public, le reste concernant l’enseignement privé. Quelque 2 000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap sont, en revanche, créés, expliquant le solde global au niveau ministériel. L’ampleur de ces suppressions d’emplois, inédite depuis quinze ans, s’explique, selon le ministère, par la perte de 97 000 élèves à la rentrée 2025.

En matière de réformes, celle de la formation, interrompue à la dernière minute par la démission du gouvernement Attal, ne sera pas opérationnelle pour les concours 2025 et ne figure donc pas au budget. II était aussi prévu de généraliser les groupes de besoin aux classes de 4e et de 3e à la rentrée 2025. Les emplois nécessaires à la montée en charge du dispositif ne figurent pas au budget, car la nouvelle ministre souhaite « échanger » avec les enseignants et les organisations syndicales, puis consulter les évaluations lancées par l’inspection générale et la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance sur les deux niveaux existants, avant « d’arbitrer », a fait savoir son entourage.

Fonction publique : le retour des suppressions de postes fait bondir les syndicats

Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, lors d’une conférence de presse, à Paris, le 13 mars 2024.

Depuis son arrivée à Matignon, Michel Barnier ne cesse d’envoyer des signaux en direction des organisations de salariés. Il affiche sa volonté de changer de méthode dans la relation aux syndicats, pour rompre avec sept années de macronisme qui ont malmené les corps intermédiaires. Pourtant, cette nouvelle façon de faire ne semble pas concerner la fonction publique. C’est en tout cas ce que pensent les représentants des agents.

Le nouveau ministre de la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique, Guillaume Kasbarian, les a tous reçus, entre le lundi 30 septembre et le lundi 7 octobre. Tous les syndicats font part d’une première rencontre cordiale et d’un ministre à l’écoute. Ils ont donc été d’autant plus surpris de découvrir le sort que Michel Barnier réserve à la fonction publique.

Le 3 octobre, dans l’émission « L’Evénement », sur France 2, le premier ministre a ramené dans le paysage une antienne qui avait quelque peu disparu ces dernières années : les suppressions de postes. « On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent à la retraite », a signalé le chef du gouvernement, évoquant aussi des fusions. Alors que l’exécutif cherche à faire 40 milliards d’euros d’économies pour 2025, les coupes budgétaires ne devraient donc pas épargner la fonction publique.

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Le locataire de Matignon a toutefois nuancé son propos, dans La Tribune Dimanche du 6 octobre. « Nous ne voulons pas de coup de rabot », a-t-il souligné, estimant qu’une « partie » des « efforts » demandés aux administrations centrales et aux opérateurs « pourraient être redistribués en interne, comme cela se pratique dans les entreprises ». L’exécutif a par ailleurs laissé entendre que, sur les 5,7 millions d’agents publics en France, ce sont les 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’Etat qui seront avant tout concernés par les suppressions de postes. Le détail n’est pas encore connu et sera précisé dans le projet de loi de finances pour 2025, qui doit être présenté jeudi.

« Vingt ans en arrière »

Le 4 octobre, Guillaume Kasbarian a assuré, sur BFM-TV, qu’il « souten[ait] l’objectif du premier ministre de faire plus avec moins de moyens ». S’il s’est refusé à dire combien de postes seraient supprimés, disant ne pas vouloir « préempter » les débats sur le budget, il a cependant précisé qu’il « est possible que sur des fonctions support, sur un certain nombre de fonctions qui ne sont pas en contact direct avec le citoyen ou l’usager, certains départs à la retraite ne soient pas forcément remplacés ».

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Craintes sur l’emploi chez Auchan qui va réduire la taille de ses hypermarchés

Auchan va-t-il enterrer le modèle de l’hypermarché et une partie de ses emplois ? Telle est l’inquiétude des salariés du distributeur nordiste depuis plusieurs semaines, depuis que le groupe de distribution appartenant à la famille Mulliez a dévoilé, dans le courant de l’été, les contours de son dernier traitement de choc pour retrouver le chemin de la rentabilité : repositionnement sur les prix en France, adaptation du modèle de l’hypermarché, développement de la franchise… Ces annonces, délivrées au compte-gouttes en pleine période estivale, ont rapidement fait craindre aux syndicats des suppressions massives d’emplois dans un groupe qui compte 59 000 personnes en France et 160 000 dans le monde.

Les représentants du personnel espéraient obtenir des éclaircissements quant aux répercussions sur l’emploi, mercredi 9 octobre, lors d’une réunion avec la direction concernant la stratégie commerciale. Mais leurs questions sont restées sans réponse, la direction ayant laissé entendre que les informations seraient fournies site par site, en fonction de leur taux de rotation de l’emploi.

Or, la situation financière est catastrophique : le chiffre d’affaires d’Auchan (hors pays en guerre) a continué de chuter, de 3,3 % au premier semestre. La baisse a atteint 4,7 % en France, après un recul de 2,7 % en 2023. L’entreprise justifiait, fin juillet, ces résultats par une concurrence « mieux positionnée en matière de prix et de formats » et par un « phénomène de déconsommation » qui touche davantage « les hypermarchés (– 5,2 %), plus exposés aux produits non alimentaires » que « les supermarchés (– 1,6 %) ». Des résultats qui se sont traduits par une perte de près de 1 milliard d’euros pour sa maison mère ELO, qui regroupe Auchan et ses activités foncières. Dès lors, comment, s’interroge-t-on jusqu’au sein de la famille Mulliez, ne pas faire le parallèle avec l’effondrement éclair du Groupe Casino, qui avait conduit à la cession de l’ensemble ses hypermarchés et supermarchés au tournant de 2024 ?

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Au cœur du plan de relance mené par Guillaume Darrasse, qui cumule depuis fin août les fonctions de directeur général d’Auchan Retail et de président Auchan Retail France : un projet stratégique baptisé « ADN » susceptible de modifier l’empreinte génétique d’un distributeur qui a fait des grands hypermarchés sa marque de fabrique. Cela consiste à diminuer des surfaces de vente dans un tiers de ses hypermarchés dans tous ses pays européens. « Au total, ce plan conduira à une réduction moyenne de 25 % des surfaces de vente et le parc d’hypermarchés sera à terme composé d’environ 70 % de magasins d’une surface inférieure ou égale à 10 000 mètres carrés », a indiqué Auchan en juillet. Le tout échelonné jusqu’en 2027, au rythme de 50 000 à 100 000 mètres carrés en moins par an.

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L’égalité salariale, âpre combat des travailleuses britanniques

Lors d’une grève de quarante-huit heures menée par des milliers d’employées de la ville de Glasgow (Ecosse) pour réclamer l’égalité salariale, le 23 octobre 2018.

Jackie Ballantyne, 45 ans, travaille depuis dix-sept ans chez Asda, l’une des quatre principales chaînes de supermarchés britanniques. Elle est employée au service client d’un magasin dans l’ouest de Glasgow (Ecosse). Membre du syndicat GMB Scotland, elle est engagée, aux côtés de 60 000 autres salariées d’Asda (presque toutes des femmes œuvrant dans les magasins), dans une action en justice contre leur employeur afin d’obtenir une paie équivalente à celle des manutentionnaires dans les entrepôts – pour la plupart des hommes. « Ils sont payés 3 livres [3,60 euros] de plus par heure, alors que nous sommes confrontées à beaucoup d’agressivité et de vols. Notre travail est physiquement et émotionnellement éprouvant », témoigne la syndicaliste.

En 2021, la Cour suprême a donné raison aux employées, qui assuraient que leurs tâches pouvaient être comparées à celles de leurs collègues dans les entrepôts. Le 9 septembre 2024, leur plainte est entrée dans une phase cruciale : l’Employment Tribunal de Manchester (jugeant les litiges entre employeurs et employés) étudie si le travail des plaignantes requiert des compétences équivalentes à celui des manutentionnaires. Si la conclusion est positive, une dernière phase judiciaire s’ouvrira, au cours de laquelle la direction d’Asda devra justifier les différences salariales. Ce contentieux au long cours (il a commencé en 2014) est la plus grosse bataille pour l’égalité salariale jamais menée par des travailleuses britanniques.

« Si Asda perd en justice, les indemnités que le groupe devra verser aux employées pour les années durant lesquelles elles ont été discriminées pourraient atteindre 2,5 milliards de livres sterling », explique Joshua Boyle, un jeune membre du syndicat GMB – l’une des principales organisations du pays, avec Unison et Unite –, qui travaille chez Asda comme livreur, côté magasin. Lui aussi est moins rétribué que dans les entrepôts et fait partie des rares employés masculins à s’être associés à la plainte. « Les indemnités pourraient aller de 50 000 à 100 000 livres sterling, selon l’ancienneté dans l’entreprise. De quoi changer la vie des plaignantes. Cela peut permettre d’acheter un logement ou d’aider ses enfants à s’en offrir un », souligne Rhea Wolfson, responsable des questions de santé et d’égalité salariale au sein de la direction de GMB.

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« Si j’avais été mieux payée, j’aurais pu prendre plus de congés afin de me remettre de mon traitement du cancer du sein et faire le deuil de mon père, qui est mort du Covid-19 », raconte Jackie Ballantyne. Si elle obtient gain de cause devant la justice, elle rêve de partir à la retraite pour souffler un peu. « Aujourd’hui, je dois faire des extras. Je travaille du lundi matin au dimanche soir, car ma paie ne suffit pas pour payer les emprunts et les factures », observe la syndicaliste. Le cas d’Asda est loin d’être unique. Sainsbury’s, Morrisons, Tesco, Co-op : quasiment tous les distributeurs sont aux prises avec des dizaines de milliers d’employées en colère. En août, le distributeur de vêtements Next a perdu un bras de fer judiciaire de six ans contre 3 500 de ses salariées.

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Les propositions de deux économistes pour « désmicardiser la France »

Ce n’est pas un big bang ni une révolution, mais des propositions prudentes pour améliorer un système d’une complexité extrême. Jeudi 3 octobre, les économistes Antoine Bozio et Etienne Wasmer ont remis leur rapport sur les politiques d’exonération de cotisations sociales. Le résultat d’une mission confiée par l’ancienne première ministre Elisabeth Borne à l’issue de la conférence sociale d’octobre 2023 pour évaluer l’impact de ces allègements sur la progression des salaires.

Car les politiques de tous bords le répètent depuis des mois : le travail doit mieux payer. Dès sa nomination à Matignon, Michel Barnier a dit vouloir « revaloriser le travail ». Son prédécesseur, Gabriel Attal, souhaitait, lui, « désmicardiser la France », une phrase dont il avait presque fait un slogan. De fait, jamais la France n’a compté autant de personnes payées au smic. Au 1er janvier 2023, ce sont 17 % des salariés du privé qui étaient rémunérés au niveau du salaire minimum.

Plusieurs raisons expliquent cette situation. D’abord, le fait que le smic soit indexé sur l’inflation. Ainsi, le contexte inflationniste que la France a connu ces dernières années a fait passer le smic de 1 554,58 euros brut début 2021 à 1 766,92 euros début 2024. Mais le tassement des salaires au niveau du smic est également dû au système d’exonérations de cotisations sur les salaires mis en place à partir des années 1990.

Un scénario réalisé à budget constant

C’est tout l’objet du rapport remis par Antoine Bozio et Etienne Wasmer. Les deux économistes posent un diagnostic et dressent un état des lieux indispensable de trois décennies de politique de réduction de cotisations sociales. Le premier enseignement est que « le système est d’une complexité redoutable, avec des barèmes, des assiettes et des taux de cotisations multiples et enchevêtrés, des exonérations tout aussi multiples et, au final, des milliards de combinaisons possibles et stratifiées, avec très rarement de remise à plat de ces superpositions », écrivent-ils, appelant donc à une grande simplification des choses.

Surtout, ils proposent des pistes de réformes à court terme que le gouvernement pourrait sans doute reprendre à son compte. Dans sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 1er octobre, Michel Barnier l’a d’ailleurs clairement exprimé : « Il est désormais démontré que notre dispositif d’allègement de charges freine la hausse des salaires au-dessus du smic : nous le reverrons. » Reste à savoir quand, et sous quelle forme.

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La Cour des comptes propose de supprimer 100 000 postes dans les collectivités locales

Si Michel Barnier veut réduire les dépenses publiques comme il l’a annoncé, il n’a pas à chercher bien loin comment s’y prendre. Les armoires de Matignon regorgent de rapports de la Cour des comptes sur les économies possibles. Et sur le bureau même du premier ministre vient d’arriver un document qui analyse la dérive budgétaire spécifique des collectivités locales, et suggère des mesures correctrices. Dont la suppression de 100 000 postes d’agents locaux.

Commandé par le prédécesseur de M. Barnier à Matignon, Gabriel Attal, ce rapport, dévoilé mercredi 2 octobre, confirme le dérapage actuel des finances des communes, départements et régions, qui représentent ensemble 18 % des dépenses publiques.

L’ex-ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait lancé l’alerte, début septembre, en évoquant un écart de 16 milliards d’euros entre le déficit des collectivités locales initialement prévu pour 2024 et celui qui se profile réellement. Le rapport du 2 octobre corrobore cette analyse. « La trajectoire financière des collectivités dérape de plus en plus », écrivent les magistrats.

D’un côté, les recettes de TVA progressent moins que prévu. Quant à celles tirées des taxes sur les transactions immobilières, elles connaissent « une chute plus prononcée qu’anticipé » : à la fin août, elles reculaient de 20 % par rapport à la même période de 2023. De l’autre, les dépenses augmentent à vive allure. Sur les huit premiers mois de l’année, celles de fonctionnement ont crû de 5,4 % à périmètre constant, en raison à la fois d’une hausse des rémunérations, du recours croissant à des prestataires extérieurs, et d’un accroissement du nombre de bénéficiaires de certaines aides, comme l’allocation personnalisée d’autonomie. Les dépenses d’investissement montent encore plus rapidement (+ 13 % en un an).

Un objectif « de plus en plus hypothétique »

Résultat : le besoin de financement des collectivités locales « va connaître une hausse considérable par rapport à 2023 », donc les conduire à s’endetter d’autant, note la Cour des comptes. Et l’objectif officiel visant à ce que les collectivités dégagent un excédent de financement de plus de 17 milliards d’euros à l’horizon 2027 « apparaît de plus en plus hypothétique ».

« Je préside la commission des finances de mon département et, pour la première fois, je n’arrive pas à boucler mon budget, témoigne Véronique Louwagie, députée (Les Républicains) de l’Orne. L’Etat nous a transféré des missions, le nombre de mineurs non accompagnés à prendre en charge croît de 20 %, celui des allocataires du revenu de solidarité active grimpe aussi, les rémunérations des agents sont revalorisées, et je perds 14 millions d’euros de taxes sur les transactions immobilières. On va donc devoir tailler à la serpe dans les dépenses. »

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Le projet de mine de lithium dans l’Allier suscite de nombreux doutes sur les choix de l’Etat

Sur le site de la mine d’Imerys, à Echassierres (Allier), le 17 janvier 2024.

S’il voit le jour, ce projet sera l’un des plus importants chantiers miniers en France métropolitaine depuis plus de cinquante ans. La Commission nationale du débat public (CNDP) a présenté, lundi 30 septembre, la synthèse de ses travaux concernant le projet de mine de lithium dans l’Allier, porté par le groupe Imerys. Dénommé Emili (pour « exploitation du mica lithinifère ») et d’un montant estimé à un milliard d’euros d’investissement pour l’industriel français, ce programme a fait l’objet d’un débat public durant cinq mois qui s’est terminé fin juillet, marqué par une forte participation citoyenne – plus de 3 000 participants aux douze réunions publiques – mais aussi par des tensions de la part de ses opposants.

Dans le détail, Emili se découpe en trois entités : le site d’extraction et de transformation du lithium à Echassières, dans une mine souterraine où Imerys exploite déjà du kaolin depuis 2005 ; le site de stockage, dans la commune de Saint-Bonnet-de-Rochefort, distante d’une quinzaine de kilomètres ; et l’usine de conversion pour le raffinage, à Montluçon, à 49 kilomètres. Le transport du minerai d’un site à l’autre se ferait par voie souterraine ou par train.

Imerys promet, à terme, entre 500 et 600 emplois directs, et un millier d’emplois indirects, dans un département en souffrance démographique et économique. L’entreprise prévoit de produire, à partir de 2028, 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an, qui permettraient d’équiper 700 000 batteries de véhicules électriques. La mine bourbonnaise serait alors un maillon important de la politique française visant à bâtir une filière nationale de minerais et métaux stratégiques, afin d’être moins dépendant aux importations, notamment en provenance de Chine.

Divergences d’opinions

Le débat public a fait remonter les inquiétudes locales liées aux risques environnementaux (gestion des déchets, usage de l’eau, risque de pollution des sous-sols, impact sur la biodiversité) et socio-économiques (retombées réelles en termes d’emplois, aménagement du territoire, partage de la rente minière pour les communes retenues).

Mais au-delà du cas d’Emili, les échanges ont surtout mis en lumière les divergences d’opinions au sein de la population concernant la transition écologique et énergétique dans sa globalité. « Pour une partie du public, l’urgence d’une transition justifie de faire évoluer notre consommation vers des mobilités plus soutenables, et la production d’un lithium français est alors perçue comme une opportunité industrielle pour décarboner les transports », écrit la CNDP dans son rapport.

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Clap de fin pour les derniers hypermarchés et supermarchés Casino

Devant un supermarché Casino, à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), le 9 février 2024.

« Le couperet est tombé ! Fermeture du magasin CS 778 (Malestroit 56) le 5 octobre ! 32 ans de carrière et 19 collègues sur le carreau » ; « Géant Malemort CG 330, même sort fin septembre : 35 ans de carrière et 68 collègues » ; « cg304 st brieuc, aucun repreneur, donc fermeture définitive au 30 septembre » ; « Odysseum, fermeture définitive le 30 septembre »

Depuis un mois, les employés des hypermarchés et supermarchés Casino gravent sur des groupes Facebook, telles des épitaphes, la date à laquelle leur magasin baissera définitivement le rideau. D’où les « CG », pour Casino Géant, « CS » pour Casino Supermarché, avec leur nomenclature interne, le tout accompagné d’émojis pleurs et colère.

C’est le clap de fin pour les derniers établissements que Casino n’est pas parvenu à vendre. L’épilogue de l’effondrement éclair, en 2023, d’un groupe historique de la grande distribution lourdement endetté, qui a conduit à sa reprise, le 27 mars, par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky (associé à Marc Ladreit de Lacharrière, fondateur de la holding Fimalac, et au fonds d’investissement britannique Attestor), ainsi qu’à la mise en vente de l’ensemble de ses hypermarchés et supermarchés.

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Plus de 400 magasins ont été cédés, principalement à Intermarché et à Auchan, mais aussi à Carrefour, ce qui a entraîné la réorganisation de l’ensemble des divisions du groupe. Une déflagration sociale. Fin avril, le nombre de postes supprimés était estimé entre 1 293 et 3 267, en fonction des magasins devant fermer. A l’issue de l’année 2023, Casino employait 44 168 salariés en France.

« Sentiment d’amertume »

A date, dix-neuf magasins devraient définitivement fermer, lundi 30 septembre pour certains, samedi 5 octobre pour d’autres (hors franchisés). Même si, tient-on à préciser au sein de l’entreprise, « les marques d’intérêt qui pourraient arriver entre fin septembre et début octobre seront analysées ».

Chez les salariés, toute trace d’espoir a disparu, cédant la place à « un sentiment d’amertume, de colère et de grand gâchis », soupire Ariane Vailland, responsable RH du Géant Montpellier Odysseum, « 12 000 mètres carrés, le dernier hyper ouvert par le groupe, il y a quinze ans ». Après avoir fait toute sa carrière chez Casino et y avoir rencontré le père de ses enfants, cette élue CFE-CGC « [pensait] y finir [sa] vie professionnelle calmement ». « Et du jour au lendemain, à 58 ans, on t’annonce que tu vas devoir te vendre sur le marché du travail », se désole-t-elle.

Laurent Cordier, élu FO au comité social et économique du supermarché Casino Valence 2, se souvient encore de ce jour de début septembre où « le couperet est tombé » pour le 30 du même mois. « Il y a eu un grand blanc », raconte ce père de famille. Certains de ses collègues se sont mis à pleurer. « On le savait, mais tant qu’on n’avait pas la date… »

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Le géant du lait Lactalis annonce un plan social touchant ses éleveurs français

La décision de Lactalis a fait l’effet d’une douche froide sur le secteur de l’élevage laitier français. Le numéro un mondial des produits laitiers, connu pour ses marques Président, Lactel ou Galbani, a annoncé, mercredi 25 septembre, son projet de réduire de 450 millions de litres sa collecte en France d’ici à 2030. Soit près de 9 % de ses volumes totaux annuels, estimés à 5,1 milliards de litres.

Le géant industriel mayennais, dirigé par Emmanuel Besnier, dont le chiffre d’affaires a frôlé les 30 milliards d’euros en 2023, ne communique pas le nombre d’éleveurs concernés par ce véritable plan social. Toutefois, en partant du postulat qu’une exploitation laitière produit en moyenne 500 000 litres par an, on peut estimer l’impact à environ neuf cents producteurs.

Le couperet tombe d’abord sur une coopérative de collecte baptisée « Unicoolait », dont le siège est situé à Sarrebourg, en Moselle, et qui regroupe des producteurs répartis entre la Moselle, la Meurthe-et-Moselle et l’Alsace. En 2023, Elle a livré 157 millions de litres de lait à Lactalis. Pourtant, Jean-Luc Jacobi, président d’Unicoolait, déclarait, en avril, lors de l’assemblée générale, selon des propos cités par Le Républicain lorrain qu’être « associé au numéro un mondial [des produits laitiers] est une force et une sécurité », une « assurance de stabilité ». Las. Le contrat qui liait la coopérative à son seul client, Lactalis, jusqu’en 2030, ne sera pas reconduit.

Une autre réduction de collecte à venir

Le géant laitier évoque, dans le communiqué, une autre réduction de collecte équivalente, soit 160 millions de litres, entre les « zones est et sud des Pays de la Loire », à horizon plus rapide, c’est-à-dire dès 2026. Certains s’interrogent sur l’avenir du site de Lactalis à Xertigny, dans les Vosges, qui a arrêté au fil des restructurations sa production de fromage et gardait une activité de collecte et de stockage de lait.

Enfin, l’industriel envisage une autre étape de réduction de 130 millions de litres, sans plus de précision. « L’adaptation de nos volumes de collecte permettra de mieux valoriser le lait de nos producteurs, en cohérence avec la récente évolution de notre formule de prix du lait. Nous veillerons à identifier des solutions pour chacun des producteurs », déclare Serge Moly, directeur de l’approvisionnement lait du groupe, cité dans le communiqué. L’entreprise de Laval affirme vouloir se « recentrer sur les produits de grande consommation français mieux valorisés, car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux », ce qui « implique de réduire la part du lait qui est collecté pour être transformé en ingrédients industriels destinés aux marchés internationaux ».

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