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Jacques Mézard : « 15 millions d’euros pour les associations en 2019 »

Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires, a organisé, mercredi 11 juillet, un « rendez-vous de mobilisation nationale pour les habitants des quartiers politique de la ville ». L’occasion de faire le point sur la stratégie de l’exécutif pour les banlieues, axée sur l’emploi.

Vous évoquez une « séquence avec les entreprises ». De quoi s’agit-il ?

BNP Paribas, Engie, Ikea, Leclerc, Fnac, Orange, Elior, Sodexo, Aéroports de Paris… Nous avons rencontré une trentaine de grandes entreprises. Le président de la République va bientôt faire venir les entreprises du SBF 120 [les 120 plus grosses sociétés cotées à la Bourse de Paris]. Nous proposons à chacune un pacte d’engagement sur mesure. Trois sociétés en signent un ce mercredi : Accor, Adecco, qui s’engagent à proposer 400 stages de 3e par an, et la Fédération régionale des travaux publics d’Ile-de-France, qui en proposeront 1 500 ainsi que 300 contrats d’apprentissage.

S’engagent-elles aussi à recruter ?

Non. J’ai un principe : ne pas tromper les gens. Il faut être réglo. Annoncer des CDI alors que l’on n’est pas certain que cela puisse se réaliser, non. Pousser les entreprises à s’engager, en revanche, oui. Il s’agit d’une amicale pression, et c’est un vrai message politique.

Les entreprises qui ne respectent pas leurs engagements seront-elles sanctionnées ?

Non. Mais nous n’hésiterons pas à les nommer publiquement, tout comme l’Etat, qui s’est engagé à proposer 15 000 stages aux collégiens de 3e. C’est le même principe que celui du « name and shame » [nommer et faire honte] appliqué aux testing, que nous allons par ailleurs développer.

Vous proposez également une « séquence avec les associations »…

Les associations sont un élément-clé de l’action dans les quartiers. Nous allons leur donner un coup de main, notamment financier : quinze…

Loi travail : vers une nouvelle allocation chômage longue durée ?

Emmanuel Macron, président de la république, parle devant le parlement réuni en Congrès à Versailles, lundi 9 juillet 2018 - 2018©Jean-Claude Coutausse / french-politics pour Le Monde

On ne badine pas avec le Parlement, même lorsqu’on s’appelle Jupiter. C’est le sens du message adressé, mardi 10 juillet, par les sénateurs à Emmanuel Macron, alors qu’ils ouvraient les débats en séance sur le projet de loi « avenir professionnel ». Les élus de plusieurs sensibilités ont voulu donner une leçon de savoir-vivre républicain au chef de l’Etat, après ses propos de la veille, devant le Congrès, qui furent perçus comme de bien vilaines manières.

A Versailles, M. Macron avait créé la surprise en révélant que des changements seraient apportés au volet assurance-chômage du texte durant son examen au Palais du Luxembourg. « Nous sommes stupéfaits de la méthode de travail », a déclaré, mardi, Bruno Retailleau, le patron du groupe Les Républicains au Sénat, en regrettant que lui et ses collègues n’aient pas été informés en amont de ces modifications substantielles. Un sentiment partagé et exprimé avec plus de vigueur encore à gauche de l’Hémicycle. « Je suis scandalisé », s’est exclamé le chef de file des socialistes, Patrick Kanner. La communiste Laurence Cohen, elle, a dénoncé « un certain mépris, pour ne pas dire plus, vis-à-vis de la représentation nationale ». Dans un registre plus sobre, Oliver Henno (Union centriste) a confié qu’il ressentait une « contrariété ».

A l’origine de toutes ces critiques, il y a donc le discours du président de la République, prononcé lundi. A cette occasion, M. Macron avait exprimé le souhait que le patronat et les syndicats engagent « dans les prochains mois » des négociations, à l’échelon interprofessionnel, pour revoir les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Deux objectifs, au moins, doivent être poursuivis, avait-il précisé : résorber la précarité sur le marché du travail en diminuant le recours aux contrats courts et combattre la « permittence » – c’est-à-dire l’alternance de petits boulots et de périodes d’inactivité, qui…

Assurance-chômage : le gouvernement envisage la création d’une allocation longue durée

Une allocation-chômage de longue durée. C’est ce que le gouvernement envisage, a annoncé, mardi 10 juillet devant le Sénat, la ministre du travail Muriel Pénicaud à l’occasion du débat sur le projet de loi réformant l’apprentissage et la formation professionnelle.

Le gouvernement, a-t-elle dit, va déposer un amendement à son texte qui prévoit que « les partenaires sociaux, dans le cadre de la convention d’assurance-chômage, puissent se prononcer ou explorer la possibilité d’avoir une allocation-chômage de longue durée car au moment même où l’emploi repart, où il y a beaucoup de perspectives et où on crée des emplois, il y a néanmoins un chômage de longue durée sur lequel les partenaires sociaux pourraient avoir envie de faire quelque chose ».

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L’indemnisation du chômage de longue durée irait au-delà des deux ans prévus actuellement, a-t-elle précisé. Aujourd’hui, un chômeur de longue durée est indemnisé pendant deux ans avant de basculer dans l’allocation de solidarité spécifique (ASS).

Un second article à l’amendement prévoit que les partenaires sociaux puissent entrer « dans le dispositif de la négociation de l’assurance-chômage toute de suite », à savoir de septembre à fin 2018 ou début 2019. « Plusieurs des partenaires sociaux ont [demandé] au gouvernement qu’il y ait un agenda social plus important, entre eux, mais aussi avec le gouvernement, pour ouvrir un certain nombre de ces sujets », a dit la ministre.

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Proposition de rencontre le 17 juillet

« C’est dans ce contexte que le président de la République leur a proposé de les rencontrer mardi prochain, le 17 juillet, pour pouvoir discuter du champ de cet agenda social », a-t-elle poursuivi, rappelant que parmi les différents sujets qui pourraient être abordés Emmanuel Macron a évoqué lundi, devant le Congrès, la santé au travail, et l’assurance-chômage.

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« Mais il faut savoir que les conventions d’assurance-chômage ont un calendrier et qu’il n’est pas possible de déroger à ce calendrier sans disposition législative », d’où la nécessité de déposer cet amendement, a-t-elle souligné.

Auparavant les sénateurs avaient été unanimes à s’indigner de ne pas avoir le texte de l’amendement avant le début de la discussion générale. « J’estime que le Sénat n’a pas été complètement éclairé, a protesté le président du groupe LR Bruno Retailleau. C’est un problème de forme, mais aussi de fond. »

« On vit le champ de l’incroyable, a renchéri son homologue socialiste Patrick Kanner. Vous passez par pertes et profits des centaines d’heures de travail en commission et à l’Assemblée. » Pour Laurence Cohen (CRCE, à majorité communiste), « il y a mépris de la représentation nationale ». « Je suis comme vous attachée au fonctionnement des institutions et je m’engage à ce que le gouvernement le dépose avant la fin de la discussion générale », leur a répondu Mme Pénicaud.

La dernière convention d’assurance-chômage, en vigueur pour trois ans depuis octobre 2017, a été signée en mars 2017.

Air France-KLM, la piste d’un patron néerlandais

Le casting est difficile, mais le gouvernement mettra moins de temps pour trouver un nouveau patron à Air France-KLM qu’il ne lui en a fallu, en 2017, pour remplacer le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Réuni, jeudi 12 juillet, sous la présidence d’Anne-Marie Couderc, successeure intérimaire de Jean-Marc Janaillac, qui a démissionné le 4 mai après l’échec de son référendum sur les salaires, le conseil d’administration fera un point d’étape sur les candidats au poste de PDG et sur la future gouvernance de la compagnie.

Une liste de candidat pourrait être « finalisée cette semaine ou la semaine prochaine », a précisé à l’agence Reuters une source au fait des discussions. Mais c’est le président de la République, Emmanuel Macron, qui aura le dernier mot sur le nom du futur dirigeant de l’entreprise, dont l’Etat détient encore 14,3 % du capital. Le nom de Catherine Guillouard, PDG de la RATP et ancienne dirigeante d’Air France (1997-2007), a été avancé par Le Figaro, mais plusieurs sources gouvernementales démentent son arrivée, invoquant un manque d’expérience à l’international et, surtout, le fait qu’elle n’occupe son poste actuel que depuis août 2017.

La ministre des transports, Elisabeth Borne, expliquait récemment qu’« Air France-KLM est dans une compétition mondiale » et qu’elle a besoin d’« un spécialiste du domaine aérien qui puisse prendre au plus vite les commandes de la compagnie ». Ce recadrage est intervenu après la divulgation du nom de Philippe Capron. Le directeur général adjoint de Veolia chargé des finances avait les faveurs du comité de nomination d’Air France-KLM, mais pas celles du ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

L’hypothèse d’un patron néerlandais revient. Selon Challenges, le comité exécutif du groupe franco-néerlandais défendrait une candidature du président du directoire de KLM, Pieter Elbers. Mais à peine sorti, ce scénario a été démenti par la direction d’Air France-KLM qui a évoqué « une rumeur sans fondement ». D’autres noms ont été cités : des dirigeants ou ex-dirigeants de filiales, comme Nathalie Stubler (Transavia) ou Lionel Guérin (Hop !) ; celui de Marc Rochet, ancien patron d’Air Caraïbes, pourtant hors course en raison de ses 67 ans ; celui de Bruno Matheu, ex-directeur général délégué d’Air France parti pour la compagnie émiratie Etihad entre 2014 et 2017.

La question de la rémunération du futur PDG est aussi posée. Le patron d’Air France-KLM est beaucoup moins bien payé (environ 600 000 euros bruts, plus une part variable liée aux résultats) que ses homologues des grandes compagnies concurrentes, notamment celles du Golfe ou même d’Europe (British Airways, Lufthansa…). Difficile, dans ces conditions, d’attirer un patron chevronné.

Le gouvernement et l’entreprise ont-ils tranché sur la structure de la nouvelle gouvernance ? Trois scénarios sont envisageables : un président non exécutif, accompagné d’un directeur général exécutif d’Air France-KLM ; un PDG à la fois à la tête du groupe et président de la compagnie Air France au côté d’un PDG pour KLM, comme c’était le cas sous M. Janaillac ; ou un PDG du groupe au profil très international chargé des grandes alliances et du développement mondial, avec deux patrons plus opérationnels pour Air France et KLM.

Une chose est sûre, les Néerlandais veulent avoir davantage voix au chapitre. Et c’est logique. Dans l’alliance, KLM affiche un chiffre d’affaires trois fois inférieur à celui d’Air France, mais elle a généré près des deux tiers du résultat 2017. L’Etat doit aussi tenir compte des avis des actionnaires d’Air France-KLM. Notamment de celui de l’américain Delta Airlines (8,8 %), entré au capital en 2017 avec China Southern Airlines (8,8 %), deux compagnies à la fois actionnaires et partenaires commerciales sur des destinations capitales pour le groupe franco-néerlandais.

En revanche, la question d’une vente de sa participation par l’Etat n’est pas à l’ordre du jour. Air France-KLM n’est pas inscrit sur la liste des privatisables. D’autant que les grèves qui se sont étalées de février à mai ont entraîné une perte cumulée de 350 millions d’euros. Elle a pesé sur le cours et douché de potentiels investisseurs, qui voient le redressement engagé par M. Janaillac compromis. Le groupe vaut 3,1 milliards d’euros, valorisant la participation publique à 450 millions.

Le groupe AccorHotels, qui s’est porté candidat au rachat de la part de l’Etat, reste en embuscade. Dirigeants et salariés d’Air France n’y sont pas favorables, mais le géant aux 3 900 hôtels est intéressé par son portefeuille de clients. Il prépare un tour de table d’investisseurs français et européens pour que son offre soit eurocompatible en cas de vente par l’Etat, alors que 28 % de son capital est détenu par des Qataris, des Saoudiens et surtout des Chinois. En entrant dans Air France-KLM, le groupe de Sébastien Bazin se protégerait des appétits de son premier actionnaire (12,32 %) et concurrent Jin Jiang.