Pas de coup de pouce du gouvernement en faveur du smic

Même si la décision était attendue, la date et la méthode retenues pour l’annonce ne sont guère appréciées par les syndicats. Dans un entretien au Parisien daté du mardi 17 décembre, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, indique qu’en 2020 aucun coup de pouce ne sera donné au smic, celui-ci ne devant progresser qu’en fonction des règles de revalorisation automatique auxquelles il est assujetti. Il s’accroîtra de 1,2 % au 1er janvier 2020, pour atteindre 1 219 euros net par mois si la personne travaille à temps plein. Soit une hausse mensuelle de 15 euros, qui n’est donc assortie d’aucun « bonus ». L’absence d’un tel geste de la part de l’exécutif en faveur des personnes payées au salaire minimum « peut alimenter un peu plus les manifestations [de mardi] contre la réforme des retraites », commente Karen Gournay, secrétaire confédérale chez Force ouvrière.

Les propos de Mme Pénicaud ne constituent nullement une surprise. Son arbitrage va, en effet, dans le sens des recommandations formulées, il y a quelques jours, par une commission d’experts, présidée par l’économiste Gilbert Cette. Chaque année, cette instance rend un rapport pour éclairer le gouvernement dans ses choix.

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Les textes prévoient que le smic doit être augmenté, tous les douze mois, en fonction de deux paramètres : l’inflation (mesurée pour les 20 % de ménages situés en bas de l’échelle des revenus), et la moitié de la hausse annuelle du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés. Outre cette évolution, qui est de droit, le pouvoir en place a donc également la faculté d’octroyer un « supplément ». Mais la dernière fois qu’une telle décision a été prise, c’était au tout début du quinquennat de François Hollande.

« Impact limité »

Les arguments mis en avant par la commission d’experts sont, grosso modo, les mêmes que ceux des années précédentes. D’abord, « le revenu disponible au salaire minimum en France en 2019 » est relativement important (c’est le plus élevé dans les pays occidentaux). En outre, l’instance présidée par Gilbert Cette souligne que la revalorisation du salaire minimum a « un impact limité » si l’on cherche à améliorer le sort des familles démunies. Pour réduire le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté (1 050 euros par mois en 2018, pour un individu seul), il vaut mieux, selon le comité d’experts, relever la prime d’activité. C’est, du reste, ce qu’avait fait le gouvernement, fin 2018, pour répondre au mouvement des « gilets jaunes ». Selon la ministre du travail, cette mesure, ajoutée à d’autres, débouchera sur un surcroît de ressources de « près de 2 000 euros » par an en 2020 (comparé à 2017), pour une personne rétribuée au smic.

Mais il n’est pas certain que cette amélioration soit saluée par les organisations de salariés. Les arbitrages de Mme Pénicaud ont été dévoilés par voie de presse, quelques heures avant la réunion de la Commission nationale de la négociation collective consacrée à la revalorisation du smic, qui devait se tenir mardi, en présence des partenaires sociaux. L’initiative de la ministre, même si elle est synonyme de confirmation, froisse des dirigeants syndicaux : « En gros, on se fout de notre avis », se désole Gilles Lecuelle (CFE-CGC). « Tout se passe comme si les instances dans lesquelles nous siégeons servaient de cellule d’enregistrement », renchérit Mme Gournay.

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« Reconduire la prime Macron n’est pas sans risques pour les entreprises »

« Près de cinq millions Français qui ont pu bénéficier de cette mesure, pour un montant moyen de 401 € »
« Près de cinq millions Français qui ont pu bénéficier de cette mesure, pour un montant moyen de 401 € » Johnér / GraphicObsession

Tribune. Lorsque le Président de la République annonce, le 10 décembre 2018, l’instauration d’une prime exceptionnelle défiscalisée en réponse au mouvement des « gilets jaunes », la mesure n’a pas vertu à être pérennisée dans le temps. Son objectif, largement salué par l’opinion publique, est d’apporter un soutien financier d’un montant maximum de 1 000 euros pour les Français dont le salaire est inférieur à trois fois le smic.

Il s’opère alors, en France, un large mouvement de solidarité des entreprises qui, au total, verseront entre décembre 2018 et mars 2019 plus de 2,19 milliards d’euros à leurs salariés. Ce sont ainsi près de cinq millions de Français qui ont pu bénéficier de cette mesure, pour un montant moyen de 401 €. Si de nombreux grands groupes ont annoncé leur participation à cet élan social, ce sont surtout les entreprises de moins de 50 salariés qui se sont mobilisés pour leurs salariés.

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Cet effort exceptionnel ne devait être qu’une opération ponctuelle. L’absence de recette fiscale liée à son application a d’ailleurs un impact non négligeable. Sur un montant total de 2,19 milliards d’euros versé à travers cette prime, le « manque à gagner » pour l’État peut être évalué à près d’1,8 milliard d’euros.

Le 12 juin 2019, toutefois, le Premier Ministre Édouard Philippe annonce la reconduction de cette prime pour la fin 2019 dans un contexte social toujours sensible. En y ajoutant une condition complémentaire : introduire dans les entreprises un dispositif d’intéressement avant le 30 juin 2020. Les contours de cette pérennisation ont été précisés dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020.

La pérennisation de la prime Macron présente un coût

Mais, reconduire cette prime pour une année supplémentaire n’est pas sans risque pour les entreprises. Certes, elles avaient favorablement accueilli l’annonce de sa défiscalisation pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs salariés. La plus grande part des entreprises ayant participé à cet élan de solidarité ont été des TPE et PME de moins de 50 salariés. Elles ont très largement concouru à son succès.

Mais la pérennisation de cette prime présente un coût. À l’inverse des heures supplémentaires, également défiscalisées, cette prime n’est pas créatrice de richesse pour l’entreprise. Elle devient même une source de dépenses majeure lorsque son intégration au budget prévisionnel réduit de facto ses marges de manœuvre.

En 2019, 49 journalistes tués dans le monde, un bilan en baisse

Quarante-neuf journalistes ont été tués dans le monde en 2019, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF) qui souligne que « même si le journalisme demeure un métier dangereux, le nombre de tués n’a jamais été aussi bas depuis 16 ans ».

Ce chiffre « historiquement bas » en comparaison avec la moyenne de 80 morts enregistrée ces deux dernières décennies, traduit essentiellement la baisse du nombre de journalistes tués sur les terrains de conflits armés (Yemen, Syrie, Afghanistan) explique RSF.

Cette baisse inédite ne saurait occulter une réalité qui perdure : le nombre de journalistes tués dans les pays dits « en paix » reste aussi élevé d’une année sur l’autre, souligne toutefois l’ONG, citant le Mexique qui compte comme l’année précédente dix journalistes tués.

« Plus largement, l’Amérique latine, avec un total de 14 tués sur l’ensemble du continent, est devenue une zone aussi meurtrière pour les journalistes que le Moyen-Orient meurtri par ses conflits fratricides », déplore RSF.

« S’il convient de se réjouir d’une baisse inédite du nombre de journalistes tués dans les zones de conflit, nous constatons parallèlement que de plus en plus de journalistes sont sciemment assassinés pour leur travail dans des pays démocratiques, ce qui constitue un véritable défi pour les démocraties dont ces journalistes sont issus », commente dans un communiqué le secrétaire général de RSF Christophe Deloire.

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Hausse des journalistes emprisonnés

Ce bilan recense également le nombre de journalistes emprisonnés dans le monde pour avoir exercé leur fonction : 389 journalistes, une hausse de 12 % par rapport à 2018.

« Près de la moitié des journalistes prisonniers sont détenus dans seulement trois pays : la Chine, l’Égypte et l’Arabie saoudite. La Chine, qui a intensifié sa répression contre la minorité ouïgoure, détient à elle seule un tiers des prisonniers dans le monde », regrette l’ONG.

Parallèlement, 57 journalistes sont détenus en otages à travers le monde à la fin 2019. Les otages se concentrent comme l’an dernier dans quatre pays (la Syrie, le Yémen, l’Irak et l’Ukraine), selon RSF qui remarque qu’« il n’y a eu aucune libération notable cette année malgré d’importants changements en Syrie, ce qui fait craindre le pire pour nombre d’entre eux ».

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Infirmiers, aides-soignants… A l’hôpital, les arrêts maladie s’allongent chez les personnels non médicaux

« Etre en arrêt maladie, il y a dix ans, c’était quelque chose d’exceptionnel. Maintenant, on ne s’étonne même plus quand l’une d’entre nous s’arrête. » Le constat de cette aide-soignante de 45 ans résume parfaitement une bonne partie de la crise qui secoue depuis plusieurs mois le monde de la santé : l’hôpital public est malade.

Personnels non médicaux : 117 hôpitaux touchés par des arrêts maladie de 30 jours et plus par agent

Le personnel non médical comprend l’ensemble du personnel administratif, soignant et éducatif, médico-technique, technique… tels les infirmiers, les sages-femmes, les psychologues, les puéricultrices, les aides-soignants, les gardes-malades, les brancardiers, les personnels des services de pharmacie ou de laboratoire, les personnels des services d’électroradiologie…

Sont représentés les établissements publics de plus de 300 salariés qui ont répondu au questionnaire Hospidiag et qui enregistrent 30 jours et plus d’arrêt maladie par agent en 2018.

Nombre de jours moyen d’arrêt maladie
par agent en 2018

Plus de 40 jours

Entre 35 et 40 jours

Entre 30 et 35 jours

Les 60 établissements ayant déclaré en moyenne 30 jours et plus d’arrêt maladie par agent par an en 2017

Paris – 41,97 jours (18 établissements)

Bretonneau ; Hôtel-Dieu-La Collégiale ; Saint-Louis (Lariboisière-APHP) ; Saint-Louis ; Rothschild ; Saint-Antoine ; Trousseau ; Pitié-Salpétrière ; Cochin-Saint-Vincent-de-Paul ; Necker enfants malades ; Vaugirard ; Bichat-Claude-Bernard ; Tenon ; Sainte-Périne Lagache ; Robert-Debré Broca-La Rochefoucault ; Georges Pompidou-Broussais

Petite couronne – 41,97 jours (16 établissements)

Henri-Mondor (2 sites) ; Ambroise-Paré ; Antoine-Beclère ; Beaujon ; Louis-Mourier ; Raymond-Poincaré ; Bicêtre ; Corentin-Celton ; René-Muret ; Avicenne ; Jean-Verdier ; Charles-Foix ; Emile-Roux ; Paul-Brousse

Outre-mer (3 établissements)

CH Louis-Constant-Fleming – 33,94 jours (Saint-Martin) ; CHU de Martinique – 30,66 jours ; CHU de Pointe-à-Pitre-Abymes – 31,39 jours

Le « taux d’absentéisme pour motif médical » des personnels non médicaux est fourni par Hospidiag. Il exclut les arrêts pour maternité, paternité ou adoption. Ce taux est calculé à partir du temps de travail pendant une année complète d’un équivalent Atemps plein (ETP).

CHU : centre hospitalier universitaire
CH : centre hospitalier
CHS : centre hospitalier spécialisé
CHIC : centre hospitalier intercommunal
CHSH : centre d’accueil et de soins hospitaliers

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Selon les calculs du Monde, le nombre d’hôpitaux où les personnels non médicaux (infirmiers, aides-soignants, agents techniques et administratifs…) connaissent trente jours ou plus d’arrêt maladie par an pour raison médicale (hors grossesse) a flambé ces dernières années. Il a été multiplié par cinq en quatre ans, passant de 22 en 2014 à 117 en 2018, soit plus d’un quart (26 %) des établissements de plus de 300 agents.

Ces chiffres proviennent des données collectées par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH). En 2018, celle-ci a recueilli le taux d’absentéisme de 393 établissements publics de santé dénombrant plus de 300 agents (soit plus de 88 % d’entre eux).

« Sujet de préoccupation majeure »

La hausse se retrouve logiquement à l’échelle nationale. Entre 2014 et 2017 (la moyenne 2018 n’a pas encore été communiquée par l’ATIH), les arrêts maladies des salariés des hôpitaux (hors médecins) ont augmenté en moyenne de presque trois jours, passant de 23,3 à 26 jours par an.

Le phénomène est donc aujourd’hui le « sujet de préoccupation majeure » des directeurs des ressources humaines, selon Sophie Marchandet, la vice-présidente de l’Adrhess, une structure réunissant les responsables RH des établissements de soins. Selon elle, le rétablissement du jour de carence dans la fonction publique hospitalière, le 1er janvier 2018, a contribué à « augmenter la durée des arrêts ».

De façon plus générale, aux contraintes connues de ces métiers (horaires décalés, de nuit, exposition à une charge émotionnelle, pénibilité physique) s’ajoutent ces dernières années des journées de travail plus denses, en raison des restructurations et d’une hausse continue de l’activité.

« On remplace moins »

Les « taux de remplacement », eux, sont globalement en baisse. « Auparavant, on remplaçait les absents sans se poser de question. Depuis à peu près cinq ans, avec les objectifs de maîtrise de la masse salariale, on remplace moins. Beaucoup d’établissements sont en plan de retour à l’équilibre, ce qui ne les autorise pas à remplacer les absents », assure Mme Marchandet. Un cercle vicieux se met alors en place : « Les présents finissent par s’arrêter du fait de l’absentéisme de leurs collègues. »

Emilie Delorme, première femme nommée à la tête du Conservatoire de musique et de danse de Paris

Emilie Delorme, en décembre 2019, au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP).
Emilie Delorme, en décembre 2019, au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). FERRANTE FERRANTI

C’est une première pour le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). Le ministère de la culture a annoncé, samedi 14 décembre, la nomination d’Emilie Delorme, 44 ans, faisant de la Française, née le 23 novembre 1975 à Villeurbanne, la première femme de l’histoire à diriger la vénérable institution fondée en 1795. Un symbole fort après le brelan masculin qui vient de rafler la mise des places fortes musicales du pays – Alexander Neef à l’Opéra de Paris, Richard Brunel à l’Opéra de Lyon, Jean-Philippe Thiellay au Centre national de la musique. Un profil atypique au regard de la noria de compositeurs, de Luigi Cherubini à Gabriel Fauré, qui se sont succédé au sommet de l’institution.

Emilie Delorme, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2020, n’a certes pas l’aura médiatique de son prédécesseur Bruno Mantovani. Le compositeur et chef d’orchestre de 45 ans a quitté son poste fin juillet après neuf ans de directorat et prendra la tête de l’Ensemble Orchestral Contemporain (EOC). Mais la jeune femme a pour elle des états de service remarqués au Festival d’Aix-en-Provence dont elle dirige depuis 2009 l’Académie européenne de musique, une plate-forme d’apprentissage et de création qui accueille chaque année plus de 250 artistes venant d’une quarantaine de pays, dans le cadre d’ateliers et de concerts.

Femme de conviction

En dix ans, cette femme de conviction et boulimique de travail a joué un rôle important dans le domaine de la création lyrique contemporaine, développant des réseaux d’académies européennes tel l’European Network of Opera Academies (ENOA), bâtissant des coopérations avec des artistes du bassin méditerranéen dans le cadre du Mediterranean Incubator of Emerging Artists (Medinea) – deux instances fondées par le festival. Elle a également joué un rôle actif dans l’intégration aixoise en 2014 de l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée.

Lire le reportage au Festival d’Aix (en juillet 2017) : La Méditerranée en bassin créatif

Emile Delorme a fait des études d’ingénieur à l’Ecole nationale supérieure des mines de Nancy avant d’intégrer en 1999 l’Institut supérieur de management culturel, tout en travaillant au sein de l’agence artistique IMG Artists. En 2000, elle est chargée de production au Festival d’Aix-en-Provence avant de rejoindre le Théâtre royal de La Monnaie de Bruxelles où elle devient directrice des plannings sous le patronat de Bernard Foccroulle. C’est lui qui oriente son retour au Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, où il succède à Stéphane Lissner en janvier 2007. Emilie Delorme possède par ailleurs une double formation musicale : des cursus d’instrumentiste – alto et violon – et d’analyse musicale, suivis aux conservatoires de région de Lyon puis de Nancy.

Grève et blocages dans le transport routier pour demander de meilleurs salaires

Blocages, barrages filtrants, opérations escargot… les salariés du transport routier et logistique mènent, lundi 16 décembre au matin, diverses actions dans le cadre d’une grève à l’appel de quatre syndicats de leur branche pour réclamer de meilleures conditions de travail et de salaires, compliquant davantage la situation sur les routes en plein conflit social sur les retraites.

« Les blocages se sont mis en place à partir de 4 heures du matin, à Lille, Vannes, Toulouse, Lyon (le marché MIN), Nancy (zone industrielle de Ludres), etc. », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) Charles Morit, de la CFDT-Transports et environnement, premier syndicat de la branche, à l’origine du mouvement et rejointe par FO, la CFTC et la CFE-CGC. « Les voitures particulières ne sont pas concernées » par les barrages filtrants, a-t-il ajouté.

Augmentation des salaires, 13e mois conventionnel, permis professionnel, maintien du dispositif de congé de fin d’activité (CFA)… En pleine mobilisation contre la réforme des retraites, les mots d’ordre sont spécifiques.

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Les salaires « peinent à être revalorisés »

« A l’heure où la profession est au plus mal avec une pénurie de 50 000 salariés, où le dialogue social peine à s’installer dans les entreprises », et face à « des conditions de travail qui mènent à la recrudescence des arrêts maladie » pour « des salaires qui peinent à être revalorisés », la CFDT-Transport et environnement appellerait à la mobilisation.

Elle réclame notamment « la mise en place d’un 13e mois conventionnel, de vraies revalorisations des grilles salariales, une amélioration des conditions de travail ». « Il y a une tension énorme dans la profession, dénonce Thierry Douine, de la CFTC, et on ne veut pas améliorer les conditions sociales, [malgré une] pénibilité monstrueuse qui se développe dans la logistique. »

Ces syndicats s’inquiètent également pour le congé de fin d’activité (CFA), que l’Etat souhaite voir renégocié par les partenaires sociaux. Il s’agit d’un dispositif financé à la fois par l’Etat et les cotisations patronales et salariales, permettant aux conducteurs attestant d’une certaine ancienneté de partir en retraite cinq ans avant l’âge légal. « On ne veut pas que les organisations professionnelles le dénoncent en invoquant les tensions sur l’emploi », souligne M. Douine.

La ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne, qui a la tutelle sur les transports, a assuré lundi sur France 2 que « le gouvernement leur a confirmé que ce congé de fin d’activité sera maintenu, il faut maintenant qu’il y ait des discussions avec les organisations patronales ».

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Des blocages un peu partout en France

Ce lundi matin dans le Pas-de-Calais, quelque 200 personnes ont bloqué dès 5 heures l’accès à la zone industrielle de Douvrin, une importante base logistique au nord de Lens.

« Nous venons de quitter la zone escortés par la police. Nous roulons à 20 km/h sur la N41, il y a plusieurs kilomètres de bouchons derrière nous. On va rejoindre l’A25 puis l’A1, l’opération devrait durer jusqu’à la mi-journée », a précisé Henri Talleu (CFDT). Au sud de Nancy, environ 150 routiers organisent des barrages sur la zone industrielle de Ludres depuis 3 h 30 et a priori jusqu’à la mi-journée.

En Alsace, une opération escargot est également menée depuis tôt lundi matin sur l’A35-A4 par une vingtaine de camions avec une trentaine de militants, occasionnant un trafic très ralenti au sud et au nord de Strasbourg.

En banlieue parisienne, des blocages ont été installés en Seine-et-Marne et à Genevilliers (Hauts-de-Seine). Un rassemblement doit se tenir à Paris devant le siège de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) dans le 17e arrondissement, où les routiers doivent être reçus en fin de matinée.

Réforme de la haute fonction publique : les propositions-chocs de la mission Thiriez

Frédéric Thiriez, dans son bureau, à Paris, le 29 mai.
Frédéric Thiriez, dans son bureau, à Paris, le 29 mai. Lorenzo Meloni pour «Le Monde»

Six mois après le début de sa mission, la petite équipe conduite par Frédéric Thiriez a les idées claires sur ce qu’elle compte proposer au président de la République, fin janvier, pour réformer la haute fonction publique. Le rapport qui conclura la mission confiée en mai à l’avocat, énarque et ancien président de la Ligue de football professionnel devrait rester fidèle aux idées-forces d’Emmanuel Macron, révélées par Le Monde en avril.

Ni Matignon ni la mission Thiriez ne souhaitent s’exprimer à ce stade. Mais, selon les informations du Monde, c’est bien une réforme d’ampleur qui se prépare, et plusieurs piliers de la haute administration française devraient vaciller sur leurs bases. L’un des plus emblématiques est bien entendu l’Ecole nationale d’administration. L’ENA, dont Emmanuel Macron a annoncé la disparition, devrait, selon le projet Thiriez, connaître une évolution profonde. L’une des ambitions du chef de l’Etat est de créer un nouvel établissement qui formerait tous les plus hauts cadres de l’Etat pour leur donner une culture commune. La mission Thiriez a donc imaginé un système à deux étages assez novateur.

Le premier étage du système est un tronc commun qui sera cogéré par sept écoles

Le premier est un tronc commun qui sera cogéré par sept écoles : celles qui forment les administrateurs civils (ENA), les magistrats (Ecole nationale de la magistrature), les cadres de la territoriale (Institut national des études territoriales), les commissaires de police (Ecole nationale supérieure de la police) ou encore les cadres de la santé publique (Ecole des hautes études en santé publique). Après le concours, les élèves seront réunis pour « voir la réalité du terrain », selon une source qui suit de près le travail de la mission Thiriez. Ce sera par exemple l’occasion d’être sensibilisé aux enjeux de la défense nationale par une sorte de « préparation militaire supérieure » de trois semaines, ou de découvrir « une jeunesse qu’ils n’ont pas fréquentée » en encadrant des jeunes du service national universel. En plus des stages et des enseignements.

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Après ce tronc commun, qui devrait durer de six à douze mois, les élèves rejoindront leur école spécifique. Grande nouveauté : l’ENA nouvelle manière accueillera les futurs administrateurs, comme aujourd’hui, mais aussi les ingénieurs des grands corps techniques de l’Etat. Ces élèves, souvent diplômés de l’école des Mines, des Ponts et Chaussées, de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique ou des filières de l’armement, termineraient donc leurs études avec les énarques. Les élites de l’élite, « qui s’ignorent, voire ne s’aiment pas », souligne-t-on dans l’entourage de la mission, seraient fondues dans le même moule. Une révolution. La nouvelle ENA, toujours située à Strasbourg, accueillerait donc 240 élèves, contre 80 aujourd’hui.

Charles Gardou, spécialiste du handicap : « Il n’y a pas de société inclusive sans remise en cause de prés carrés »

Anthropologue, professeur des universités, spécialiste du handicap et organisateur de la troisième édition des Trophées Lumière de l’entreprise inclusive – qui se tiendra le 19 mai 2020 à l’université Lumière-Lyon-II –, Charles Gardou fait le point sur la place accordée aux jeunes en situation de handicap en France.

Peu de jeunes handicapés s’engagent au service de l’intérêt général à travers le service civique dans notre pays, ce constat vous étonne-t-il ?

Pas vraiment, car notre culture produit chez eux des formes d’autocensure. En effet, on reste enclin à les priver de parole, à s’exprimer en leur nom et, plus globalement, à minorer, si ce n’est à nier, leurs compétences d’expression, de décision, d’action. On a du mal à les reconnaître comme les premiers experts de ce qu’ils vivent, au sens premier d’expertus, « ceux qui font l’épreuve de ». Aussi en viennent-ils à s’autolimiter dans leurs projets d’engagement, d’études, de vie professionnelle.

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Que dit encore de notre société leur quasi-absence de la vie associative ?

On a situé la question du handicap du côté de la charité, de la tolérance. Si ces valeurs ne sont pas, bien sûr, à rejeter, elles induisent une asymétrie relationnelle. Chaque culture a sa manière de considérer et traiter ceux qu’elle juge inconformes à l’ordre régnant. Michel Foucault écrivait même que l’on peut caractériser les sociétés par la façon dont elles se débarrassent non pas de leurs morts mais de leurs vivants. On est bien loin de l’idée inclusive !

Quelle est votre définition d’une société inclusive ?

En réalité, cette expression est un pléonasme, le mot « société » (societas en latin) signifiant lui-même « communauté, alliance, union ». Une société est une communauté de compagnons, reposant sur la solidarité, la coopération. De fait, exclure un seul d’entre eux engendre un appauvrissement du tissu communautaire. Le défi majeur de notre temps est de (re)faire société.

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Dans « La société inclusive, parlons-en ! » (éditions Erès, 2012), vous présentez les cinq piliers sur lesquels une telle société mérite de s’appuyer. Quels sont-ils ?

Le premier invite à retrouver le sens du patrimoine commun : la ville, l’habitat, les transports, les lieux d’éducation, etc., encore difficilement accessibles aux personnes en situation de handicap. Or, nul n’a l’exclusivité de ce « patrimoine ». Etymologiquement, c’est l’héritage du père, transmis pour inscrire chacun dans une histoire et lui conférer une identité. Il n’y a donc pas de société inclusive sans remise en cause de prés carrés, de territoires protégés persistants. Une société n’est pas un cercle réservé à des affiliés préservés du handicap. Une société inclusive, c’est d’abord le contraire d’une société exclusive.

Suspicion, délation, opacité… La lettre explosive de l’ex-patron de Renault sur l’ambiance délétère chez Nissan

L’ex-directeur général de Renault, Thierry Bolloré, le 24 janvier à Boulogne-Billancourt.
L’ex-directeur général de Renault, Thierry Bolloré, le 24 janvier à Boulogne-Billancourt. ERIC PIERMONT / AFP

Lorsque, à la veille du 8 octobre, Thierry Bolloré signe la lettre de dix pages qu’il va adresser au conseil d’administration de Nissan, il ignore encore que ce sera l’un de ses derniers actes comme cadre dirigeant de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Le directeur général de Renault, alors également membre du conseil d’administration du groupe japonais, sera congédié le 11 octobre. Mais la missive qu’il soumet à ses homologues administrateurs soulève une série de questions sur l’opacité du partenaire de Renault et sur l’ambiance délétère qui règne au sommet d’un des fleurons mondiaux de l’automobile.

Le Monde a pu avoir accès à ce courrier explosif. La lettre dépeint un management au plus haut niveau où règnent la suspicion, la délation, la rétention d’informations entre la direction du groupe et les administrateurs, entre les administrateurs eux-mêmes. Une organisation sans chaîne de commandement lisible, où l’un des représentants de Renault – l’actionnaire principal de Nissan avec 43 % du capital – est davantage informé par la presse ou par des courriers anonymes que par la voie hiérarchique classique.

Manifestement, un an après l’arrestation choc de son président, Carlos Ghosn, pour malversations financières, Nissan en est toujours profondément ébranlé.

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Que contient cette lettre ? M. Bolloré y soulève plusieurs sujets « qui ont mis en évidence des problèmes critiques dans la gouvernance de [Nissan] ». « A ma grande surprise, aucun de ces problèmes n’a été signalé à mon attention par le management de Nissan ou par des organes de gouvernance, mais soit par des articles de presse, soit par des lanceurs d’alerte. »

Une situation pour le moins baroque

M. Bolloré évoque d’abord une information révélée par le Wall Street Journal, le 23 septembre. Le directeur juridique de Nissan, Ravinder Passi, qui venait d’alerter, le 9 septembre, des administrateurs sur un potentiel conflit d’intérêts concernant Hari Nada, vice-président de Nissan chargé des affaires juridiques, est aussitôt remplacé dans ses fonctions auprès du conseil d’administration.

La situation est, il est vrai, pour le moins baroque : Hari Nada, ex-proche de Carlos Ghosn, fait partie de ceux qui l’ont fait tomber, bénéficiant, du coup, de la protection juridique que les procureurs japonais accordent aux témoins. A ce moment-là, M. Nada continue, malgré son implication dans l’affaire Ghosn, de prendre des décisions au plus haut niveau de Nissan en matière de gouvernance, d’affaires juridiques et de contrôle de la conformité.