Les « cas sévères » de Covid-19 reconnus comme maladie professionnelle

Il aura fallu un peu plus de trois mois au gouvernement pour esquisser les modalités permettant à des travailleurs, qui ont contracté le Covid-19 dans le cadre de leur activité, de le faire reconnaître en maladie professionnelle. Le 23 mars, après le décès de cinq médecins, Olivier Véran avait pris cet engagement « pour tous les soignants qui sont tombés malades » : « Il n’y aura aucun débat là-dessus », avait ajouté le ministre des solidarités et de la santé. Une annonce qu’il a finalement concrétisée, mardi 30 juin, dans un communiqué commun, paraphé par son cabinet, celui de la ministre du travail, Muriel Pénicaud, et du secrétaire d’Etat chargé des retraites, Laurent Pietraszewski.

La démarche de l’exécutif comporte deux volets : « une reconnaissance automatique » et systématique pour les soignants ; « une reconnaissance facilitée » pour les autres professionnels « ayant travaillé en présentiel pendant la période du confinement ». Dans un cas comme dans l’autre, l’objectif est d’« éviter les procédures complexes ». Seront concernées les personnes ayant développé une « forme sévère » de la pathologie liée au SARS-CoV-2. Au ministère de la santé, on précise vouloir viser les types « de coronavirus suffisamment graves pour nécessiter une assistance respiratoire ».

Une telle mesure offre « une prise en charge des frais de soins à hauteur de 100 % des tarifs d’assurance-maladie », une meilleure couverture en termes d’« indemnités journalières » lors des arrêts de travail et « une indemnité (…) en cas d’incapacité permanente ». Enfin, si la personne meurt, une rente est versée à ses ayants droit. Pour l’heure, le ministère de la santé indique ne pas être en capacité de donner le nombre de bénéficiaires potentiels, ni le coût du dispositif.

« Un pas en avant »

Seront éligibles à une reconnaissance automatique « tous les soignants des établissements sanitaires et médico-sociaux ». Les personnels non soignants, qui travaillent « en présentiel dans ces structures » pourront également la réclamer, tout comme les individus « assurant le transport et l’accompagnement des personnes atteintes du Covid-19 ». Même chose, enfin, pour les professionnels de santé libéraux. L’automaticité de la reconnaissance pour ces catégories d’actifs se justifie par la présomption « assez forte d’être exposé, quand on soigne des personnes infectées », affirme-t-on au cabinet de M. Véran.

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En Occitanie, les sous-traitants de la filière aéronautique retiennent leur souffle

Un employé de Cauquil, sous-traitant d’Airbus, sur le site de la société, à Mondouzil (Haute-Garonne), le 5 juin.

Un silence assourdissant. « On entend l’air qui s’échappe des machines », se lamente en soupirant Florian Ruscassie. Avant la crise, les allées du site de production de Cauquil étaient bruyantes, arpentées en pleine journée par soixante-quinze salariés. Ce mercredi 24 juin, ils sont moins d’une quinzaine à se croiser. Les étagères, qui supportaient matières premières et pièces finies, sont désespérément vides et vingt-cinq machines, sur trente, sont à l’arrêt.

Cette PME installée à Mondouzil (Haute-Garonne), à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, devait enregistrer un résultat record en 2020, affirme le commercial de cette entreprise vieille de soixante-treize ans. Mais la pandémie a douché toutes les prévisions de ce sous-traitant de l’aéronautique. Le résultat annuel sera divisé par deux fin décembre. L’entreprise adapte pour l’instant sa production aux besoins de certains clients de l’aviation d’affaires, mais une restructuration, à la fin de l’année, semble inéluctable. « Nous n’éviterons pas un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] », déplore le patron, Didier Cauquil, qui reste vague quant au nombre de suppression de postes.

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Alors que, en 2019, l’aéronautique connaissait une année record, avec un carnet de commandes de 7 500 avions à fournir, soit huit années de production pour les quelque 450 entreprises de la région et leurs 94 500 salariés, l’arrêt du transport aérien provoqué par la crise sanitaire a tout remis en cause.

« De la chair à canon »

Avant même l’annonce par Airbus de la baisse de cadence de production, les trois quarts des entreprises locales anticipaient déjà un chiffre d’affaires en recul de plus de 50 %, selon la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) Occitanie. A court terme, jusqu’à 40 000 emplois seraient même menacés, avance Alain Di Crescenzo, le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Occitanie. « Il s’agit d’un risque maximum déterminé à partir d’un postulat : en associant l’aide de l’Etat, la sous-traitance perdra un tiers d’activité en 2021 et un quart en 2022 », prévient-il.

Face à l’urgence, la CGT se mobilise. « Les sous-traitants sont considérés comme de la chair à canon, s’indigne Frédéric Birobent, secrétaire régional de la CGT Occitanie. Ils seront mis sous pression par les donneurs d’ordres. Il n’est pas acceptable qu’une filière ne supporte par les coups durs. » La première organisation syndicale de la filière plaide pour la tenue d’états généraux associant les salariés et appelle à une journée de mobilisation le 9 juillet pour défendre l’emploi. « La survie du secteur doit passer par un changement de rapport entre donneurs d’ordres et sous-traitants. Les règles du jeu doivent changer pour conserver cette industrie », insiste Xavier Pétrachi, délégué CGT chez Airbus.

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En Occitanie, les sous-traitants de la filière aéronautique retiennent leur souffle

Un employé de Cauquil, sous-traitant d’Airbus, sur le site de la société, à Mondouzil (Haute-Garonne), le 5 juin.

Un silence assourdissant. « On entend l’air qui s’échappe des machines », se lamente en soupirant Florian Ruscassie. Avant la crise, les allées du site de production de Cauquil étaient bruyantes, arpentées en pleine journée par soixante-quinze salariés. Ce mercredi 24 juin, ils sont moins d’une quinzaine à se croiser. Les étagères, qui supportaient matières premières et pièces finies, sont désespérément vides et vingt-cinq machines, sur trente, sont à l’arrêt.

Cette PME installée à Mondouzil (Haute-Garonne), à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, devait enregistrer un résultat record en 2020, affirme le commercial de cette entreprise vieille de soixante-treize ans. Mais la pandémie a douché toutes les prévisions de ce sous-traitant de l’aéronautique. Le résultat annuel sera divisé par deux fin décembre. L’entreprise adapte pour l’instant sa production aux besoins de certains clients de l’aviation d’affaires, mais une restructuration, à la fin de l’année, semble inéluctable. « Nous n’éviterons pas un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] », déplore le patron, Didier Cauquil, qui reste vague quant au nombre de suppression de postes.

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Alors que, en 2019, l’aéronautique connaissait une année record, avec un carnet de commandes de 7 500 avions à fournir, soit huit années de production pour les quelque 450 entreprises de la région et leurs 94 500 salariés, l’arrêt du transport aérien provoqué par la crise sanitaire a tout remis en cause.

« De la chair à canon »

Avant même l’annonce par Airbus de la baisse de cadence de production, les trois quarts des entreprises locales anticipaient déjà un chiffre d’affaires en recul de plus de 50 %, selon la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) Occitanie. A court terme, jusqu’à 40 000 emplois seraient même menacés, avance Alain Di Crescenzo, le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Occitanie. « Il s’agit d’un risque maximum déterminé à partir d’un postulat : en associant l’aide de l’Etat, la sous-traitance perdra un tiers d’activité en 2021 et un quart en 2022 », prévient-il.

Face à l’urgence, la CGT se mobilise. « Les sous-traitants sont considérés comme de la chair à canon, s’indigne Frédéric Birobent, secrétaire régional de la CGT Occitanie. Ils seront mis sous pression par les donneurs d’ordres. Il n’est pas acceptable qu’une filière ne supporte par les coups durs. » La première organisation syndicale de la filière plaide pour la tenue d’états généraux associant les salariés et appelle à une journée de mobilisation le 9 juillet pour défendre l’emploi. « La survie du secteur doit passer par un changement de rapport entre donneurs d’ordres et sous-traitants. Les règles du jeu doivent changer pour conserver cette industrie », insiste Xavier Pétrachi, délégué CGT chez Airbus.

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Un employé de Cauquil, sous-traitant d’Airbus, sur le site de la société, à Mondouzil (Haute-Garonne), le 5 juin.

Un silence assourdissant. « On entend l’air qui s’échappe des machines », se lamente en soupirant Florian Ruscassie. Avant la crise, les allées du site de production de Cauquil étaient bruyantes, arpentées en pleine journée par soixante-quinze salariés. Ce mercredi 24 juin, ils sont moins d’une quinzaine à se croiser. Les étagères, qui supportaient matières premières et pièces finies, sont désespérément vides et vingt-cinq machines, sur trente, sont à l’arrêt.

Cette PME installée à Mondouzil (Haute-Garonne), à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, devait enregistrer un résultat record en 2020, affirme le commercial de cette entreprise vieille de soixante-treize ans. Mais la pandémie a douché toutes les prévisions de ce sous-traitant de l’aéronautique. Le résultat annuel sera divisé par deux fin décembre. L’entreprise adapte pour l’instant sa production aux besoins de certains clients de l’aviation d’affaires, mais une restructuration, à la fin de l’année, semble inéluctable. « Nous n’éviterons pas un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] », déplore le patron, Didier Cauquil, qui reste vague quant au nombre de suppression de postes.

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Alors que, en 2019, l’aéronautique connaissait une année record, avec un carnet de commandes de 7 500 avions à fournir, soit huit années de production pour les quelque 450 entreprises de la région et leurs 94 500 salariés, l’arrêt du transport aérien provoqué par la crise sanitaire a tout remis en cause.

« De la chair à canon »

Avant même l’annonce par Airbus de la baisse de cadence de production, les trois quarts des entreprises locales anticipaient déjà un chiffre d’affaires en recul de plus de 50 %, selon la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) Occitanie. A court terme, jusqu’à 40 000 emplois seraient même menacés, avance Alain Di Crescenzo, le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Occitanie. « Il s’agit d’un risque maximum déterminé à partir d’un postulat : en associant l’aide de l’Etat, la sous-traitance perdra un tiers d’activité en 2021 et un quart en 2022 », prévient-il.

Face à l’urgence, la CGT se mobilise. « Les sous-traitants sont considérés comme de la chair à canon, s’indigne Frédéric Birobent, secrétaire régional de la CGT Occitanie. Ils seront mis sous pression par les donneurs d’ordres. Il n’est pas acceptable qu’une filière ne supporte par les coups durs. » La première organisation syndicale de la filière plaide pour la tenue d’états généraux associant les salariés et appelle à une journée de mobilisation le 9 juillet pour défendre l’emploi. « La survie du secteur doit passer par un changement de rapport entre donneurs d’ordres et sous-traitants. Les règles du jeu doivent changer pour conserver cette industrie », insiste Xavier Pétrachi, délégué CGT chez Airbus.

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Cette PME installée à Mondouzil (Haute-Garonne), à une vingtaine de kilomètres de Toulouse, devait enregistrer un résultat record en 2020, affirme le commercial de cette entreprise vieille de soixante-treize ans. Mais la pandémie a douché toutes les prévisions de ce sous-traitant de l’aéronautique. Le résultat annuel sera divisé par deux fin décembre. L’entreprise adapte pour l’instant sa production aux besoins de certains clients de l’aviation d’affaires, mais une restructuration, à la fin de l’année, semble inéluctable. « Nous n’éviterons pas un PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] », déplore le patron, Didier Cauquil, qui reste vague quant au nombre de suppression de postes.

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« De la chair à canon »

Avant même l’annonce par Airbus de la baisse de cadence de production, les trois quarts des entreprises locales anticipaient déjà un chiffre d’affaires en recul de plus de 50 %, selon la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) Occitanie. A court terme, jusqu’à 40 000 emplois seraient même menacés, avance Alain Di Crescenzo, le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Occitanie. « Il s’agit d’un risque maximum déterminé à partir d’un postulat : en associant l’aide de l’Etat, la sous-traitance perdra un tiers d’activité en 2021 et un quart en 2022 », prévient-il.

Face à l’urgence, la CGT se mobilise. « Les sous-traitants sont considérés comme de la chair à canon, s’indigne Frédéric Birobent, secrétaire régional de la CGT Occitanie. Ils seront mis sous pression par les donneurs d’ordres. Il n’est pas acceptable qu’une filière ne supporte par les coups durs. » La première organisation syndicale de la filière plaide pour la tenue d’états généraux associant les salariés et appelle à une journée de mobilisation le 9 juillet pour défendre l’emploi. « La survie du secteur doit passer par un changement de rapport entre donneurs d’ordres et sous-traitants. Les règles du jeu doivent changer pour conserver cette industrie », insiste Xavier Pétrachi, délégué CGT chez Airbus.

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Gilles Gateau prend les rênes de l’APEC

Economiste de formation, Gilles Gateau, a baigné dans les chiffres et l’emploi durant toute sa carrière : à la direction générale de l’ANPE de 1993 à 1997, au ministère du travail de Michel Sapin de 2012 à 2014, puis dans le privé comme DRH d’Air France, où il arrive en 2015 en pleine vague de suppressions d’emplois. Un profil « écosocial », qui lui sera bien utile à l’Association pour l’emploi des cadres, où il a pris, mercredi 1er juillet, ses fonctions de directeur général, en plein retournement du marché du travail.

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L’association, qui surfe depuis 2016 sur des records historiques de recrutements, avec trois années successives de croissance à deux chiffres, a vu ses offres d’emploi s’effondrer et passer d’une moyenne quotidienne de 90 000 avant le confinement à moins de 53 000 en avril et 63 000 en juin. 296 600 recrutements étaient attendus en 2020. Mais « il pourrait y avoir entre deux et trois fois moins d’embauches que prévu. Une des premières choses que je demanderai, c’est d’actualiser dès septembre, l’enquête annuelle sur les intentions de recrutements », annonce M. Gateau.

« Rediscuter avec l’Etat »

« Mon intention est aussi de rediscuter avec l’Etat des objectifs 2020, dans la mesure où ils ont été définis dans une phase ascendante de l’emploi. » L’APEC est un organisme paritaire reconnu d’utilité générale qui a une mission de service public pluriannuelle (2017-2021) pour sécuriser le parcours professionnel des cadres, et dont les résultats sont examinés chaque année par un comité de suivi. L’association doit remplir quinze objectifs chiffrés sur quatre axes : les services aux entreprises pour faciliter le recrutement, le service aux cadres pour sécuriser leur parcours professionnel, la collecte et la diffusion des offres d’emploi et, enfin, le travail de veille sur le marché du travail.

Sur un marché de l’emploi sinistré, on voit mal, en effet, comment garantir un taux de 45 % d’actifs en poste parmi les cadres ayant bénéficié des services de l’APEC. C’était pourtant un objectif fixé et tenu en 2019. « Face aux gels d’embauches et à la vague de suppressions d’emplois, notre priorité sera l’accompagnement des entreprises et des jeunes diplômés. Il ne faut pas croire que plus il y a de chômage, plus c’est facile de recruter. Et plus l’offre est rare, moins l’erreur de recrutement est acceptable. L’originalité de l’APEC est de se tourner vers les TPE, PME », affirme Gilles Gateau.

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Si le nouveau directeur général peut, pour sa mission, s’appuyer sur un statut « cadre » dûment inscrit, au terme de deux ans de négociations, dans l’accord national interprofessionnel enfin approuvé par tous les syndicats depuis la signature de la CGT le 18 juin, les moyens vont être réduits par les pertes d’emploi, puisque l’association est financée par une cotisation sur la masse salariale cadre. « Le sujet est soit celui d’un cap de trésorerie à passer, soit un retournement de la dynamique de l’emploi cadre. On n’a pas la possibilité de faire de la dette, reconnaît M. Gateau. Il appartiendra aux partenaires sociaux de réfléchir aux solutions », tranche-t-il. En attendant, l’APEC reprendra son activité en présentiel avec l’accueil des clients à partir du lundi 6 juillet.

A Belfort, l’espoir d’un nouvel avenir pour General Electric prend corps

Il ne faut pas s’y tromper : si le quatrième comité paritaire de suivi de l’accord du 21 octobre 2019, qui s’est tenu mardi 30 juin au ministère de l’économie et des finances en présence de représentants de l’Etat, de General Electric (GE) et des syndicats (hormis la CGT), n’a débouché sur aucune annonce ferme, il a enfin posé les bases d’un futur pour le site de Belfort et de sa filière turbines à gaz ébranlés, l’an passé, par un plan social (485 suppressions de postes sur 1 760). « Il offre la possibilité de sortir du tunnel, résume Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC. Rien n’est encore acquis, mais l’espoir renaît. »

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La direction du conglomérat américain de l’énergie a, en effet, accepté d’intégrer huit axes de diversification du site dans ses orientations stratégiques et dans son processus budgétaire (année 2021) qui doit débuter courant juillet. Ils ont été élaborés, ces derniers mois, au sein de groupes de travail composés notamment de membres du personnel. « Il y aura deux nouvelles réunions à Bercy, l’une fin août-début septembre, l’autre en décembre, afin d’évaluer la consistance des axes du nouveau projet industriel et d’analyser les budgets qui y seront associés », précise le syndicaliste.

« Être plus compétitifs »

L’un de ces axes, c’est l’utilisation de l’hydrogène dans le fonctionnement des turbines à gaz alors qu’un écosystème autour de cette énergie verte est en gestation dans le pôle métropolitain Nord – Franche-Comté. Il y a tout juste un an, l’équipementier automobile Faurecia a choisi de localiser son centre d’expertise mondial pour le stockage de l’hydrogène à Bavans, dans le Doubs, à une trentaine de kilomètres de Belfort. « GE investirait 50 millions d’euros, avance M. Petitcolin. Le plus difficile consiste à trouver un partenaire alors que tous nos concurrents ont déjà franchi cette étape. Siemens s’est, par exemple, associé à Engie. »

Il y a aussi l’énergie à la demande (« power on demand »). « Il s’agit ici de rendre les centrales plus flexibles, explique Alexis Sesmat, délégué syndical SUD. C’est un enjeu crucial lié à deux phénomènes : la déréglementation des réseaux électriques et le développement des énergies renouvelables, instables par essence. » GE a encore accepté de travailler sur le montage d’une ligne d’arbre standardisée (turbine à gaz et alternateur). « On veut en faire un dénominateur commun à toutes les centrales que nous vendons, tout en laissant la possibilité à nos clients de les customiser, poursuit M. Sesmat. L’objectif, c’est de baisser les coûts, de diminuer les délais entre la commande et la livraison, et donc d’être plus compétitifs. »

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La cohésion d’équipe dans les entreprises à l’épreuve du Covid

Depuis quelques semaines, Jean-Claude (qui témoigne sous le couvert de l’anonymat), directeur financier dans une grande entreprise, reçoit des messages de salariés impatients. « Nous faisons revenir très progressivement nos équipes sur site et beaucoup aimeraient que les choses s’accélèrent, constate-t-il. Ils voudraient quitter le 100 % télétravail et retrouver pour au moins quelques jours la vie de bureau, comme avant. » Problème, à ses yeux : « Tout a changé. Un grand nombre de collègues ne sont plus là en même temps que vous, les mails ont remplacé les discussions autour d’un café… Les collaborateurs n’ont pas forcément conscience que, protocole sanitaire allégé ou pas, une partie de la convivialité a disparu. »

De fait, les mesures de distanciation ont complexifié les relations entre salariés. « Durant les premières semaines de déconfinement, ils n’ont par exemple pas pu retrouver sur les plateaux cette fluidité des échanges qui permet de s’entraider de manière informelle », expose Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et psychologue du travail. Qu’en sera-t-il avec l’allégement des dispositifs sanitaires ? « On ne reviendra pas directement à la situation d’avant-crise, estime-t-elle. Beaucoup de salariés se montrent très prudents dans leur rapport aux autres et ne souhaitent pas perdre, par un relâchement, le bénéfice de plusieurs mois d’efforts. »

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A l’heure du déconfinement, le vivre-ensemble est fragilisé. Affaibli par les règles de distanciation, il est aussi mis à l’épreuve par plusieurs mois de télétravail massif et porteur de nombreux défis. Comment préserver la cohésion de l’entreprise avec un effectif dispersé façon puzzle ? Comment s’assurer également qu’une fracture n’apparaisse pas entre les salariés ayant accès au télétravail et ceux qui poursuivent l’activité sur site ?

De nouveaux dispositifs

La capacité à mener des projets collectifs est questionnée, alors qu’un roulement permanent a lieu dans les équipes entre salariés en distanciel et en présentiel. « Le travail implique une dimension relationnelle et collaborative qui a été fortement impactée durant cette période, note Maurice Thévenet, professeur à l’Essec. Une conférence Zoom n’est pas forcément suffisante pour développer la créativité ou pour concevoir collectivement des solutions face à des situations difficiles. »

Ces menaces qui pèsent sur le collectif de travail sont aujourd’hui au cœur des réflexions des services des ressources humaines. « C’est “la” préoccupation, confirme Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH. Nous devons nous concentrer sur un défi de taille : parvenir à reconstituer l’unité de l’entreprise. » Le sujet est d’autant plus sensible dans le contexte actuel de crise économique, estime M. Thévenet : « Les entreprises vont se retrouver face à un impératif de productivité. Ce qui implique de disposer, en interne, d’une cohésion et d’un fort engagement dans le travail. »

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Coronavirus : Les salariés décrocheurs

Carnet de bureau. « Il n’y a pas qu’à l’école qu’il y a des décrocheurs. Des salariés ne veulent pas revenir », confie Régis Mulot, le DRH du groupe biopharmaceutique Ipsen. Les responsables d’entreprises comme les enquêtes réalisées auprès des salariés le confirment, ces derniers sont nombreux à ne pas souhaiter rejoindre leur lieu de travail.

Plus d’un sur deux (56 %) s’inquiète du retour en entreprise, indique l’étude Malakoff Humanis, publiée le 25 juin et réalisée du 6 au 20 mai auprès de 2 970 salariés du secteur privé. Ils mettent en avant une sécurité sanitaire insuffisante, les contraintes de l’open space, les changements d’organisation. Mais quelle que soit l’origine des réticences, la reprise, organisée jusqu’alors sur la base du volontariat, devient progressivement obligatoire.

« Les DRH ont constaté que le volontariat ne permettait pas de faire revenir les salariés. Au tout début du déconfinement, très peu de salariés revenaient, ce qui n’était pas surprenant. Mais ça s’est prolongé », explique Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise & Personnel. Les responsables des ressources humaines ont donc changé les consignes. « Aujourd’hui, on est moins sur la gestion du risque Covid que sur celle de l’appréhension du retour sur site. On essaie un jour de retour obligatoire sur site, puis ce sera deux, etc. jusqu’en septembre », témoigne Jérôme Friteau, le DRH de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.

Le sens de leur travail

Parmi les réticents, il y a les salariés en activité partielle et ceux dont le travail n’a pas été qualifié d’« essentiel ». Pendant des semaines, les manageurs étaient au four et au moulin et leur priorité allait aux collaborateurs qui avaient une forte activité. Ceux qui n’avaient plus l’obligation de se rendre au bureau ont été isolés du collectif. « Il n’y a pas plus de décrocheurs que d’habitude, mais le confinement a zoomé sur des situations particulières qu’il a amplifiées, relativise Frédéric Guzy. Ainsi, la personne qui est en chômage partiel à 80 % de son temps quand son voisin l’est à 20 % sur une même activité révèle une différence de performance et d’implication », illustre-t-il.

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Mais le faible retour s’explique davantage par la perte du collectif que par un manque d’investissement. Le réseau Entreprise & Personnel constate ainsi auprès des grandes entreprises que plus les mesures de sécurité sanitaires (roulement d’équipes, contacts directs interdits) limitent les interactions entre collaborateurs et la cohésion du collectif, moins les salariés reviennent durablement. Ils passent au bureau une fois ou deux pour, finalement, se réinstaller chez eux. « Ces mesures sanitaires très restrictives qui accompagnent l’obligation de retour empêchent le collectif de fonctionner », alerte M. Guzy.

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